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Accueil du site > Tribune Libre > Les folies de la Guerre Froide révélées (35) : Sarkozy (largement) battu (...)

Les folies de la Guerre Froide révélées (35) : Sarkozy (largement) battu par Nixon !

Durant la Guerre Froide, on en a vu de belles... mais on en a aussi entendu de salées. Entre le scandale Profumo, ces confidences sur l'oreiller du Ministre de la Guerre d'Harold Macmillan, recueillies par le mannequin Christine Keeler qui les partageait avec son autre amant Yevgeny Ivanov, l'homme étant surtout attaché principal de la marine à l'ambassade soviétique à la découverte (récente) d'Arnon Milchan, producteur de films hollywodiens ("L.A. Confidential" !) et espion israélien, en passant par le Watergate, on en a eu, des écoutes et des enregistrements. Mais le recordman toutes catégories de la longueur de bande enregistrée demeure... Richard Nixon, dont les bandes ("The Nixon Tapes") ont révélé la vraie nature du personnage : vil, grossier, raciste, antisémite... et alcoolique, comme quoi Nicolas Sarkozy n'aura pas été le pire... enfin, pour les américains. Car pour ce qui est de la France... bonjour l'image du suiveur de gourou facisant et revanchard de l'extrême droite !

Les bandes enregistrées de Richard Nixon occupent en effet des rayonnages impressionnants. En fait, rendons à César ce qui lui appartient, c'est l'administration Kennedy qui avait commencé à le faire, d'enregistrer tout ce qui se disait à la Maison Blanche, via un équipement dont je vous avais rappelé ici l'évolution... suisse. C'est tout d'abord Kennedy, donc, qui truffe deux salles de micros, dont son bureau ovale, à une date qui reste indéterminée mais qui se situe juste après la Baie des Cochons, où Kennedy s'est estimé se faire mener en bateau par Allen Dulles, qu'il a renvoyé juste après. "Il n'y a pas de réponse définitive à la question de savoir pourquoi le président Kennedy a installé le premier système pratique d'enregistrement sur bande à la Maison Blanche. Evelyn Lincoln, la secrétaire personnelle de JFK (ici à gauche), a rappelé que le président était furieux après avril 1961 et la catastrophe de la baie des Cochons, lorsque plusieurs conseillers qui avaient soutenu l'invasion lors de réunions à huis clos ont affirmé plus tard s'y opposer, elle a également soutenu que le Président voulait simplement des dossiers précis pour la rédaction de ses mémoires (tiens voilà qui rappelle un Buisson travaillant lui aussi pour la postérité !). Robert Bouck , l'agent des services secrets qui a installé les appareils d'enregistrement , a affirmé que le président lui a demandé personnellement de mettre en place le système d'enregistrement sur bande, mais n'a jamais mentionné une seule raison. Lui aussi, il a spéculé que JFK a voulu créer un enregistrement précis de son administration pour son usage personnel après avoir quitté la Maison Blanche", écrit le responsable de la Bibliothèque présidentielle.

Le procédé choisi par Kennedy était déjà bien tordu, à vrai dire : les magnétos étaient à la cave, et c'est le président qui les déclenchait lui-même à distance quand il le souhaitait (vous pouvez jouer ici à découvrir où sont les boutons secrets *) ! "Bouck a installé des systèmes de bandes dans le bureau ovale et la salle du Cabinet au printemps de 1962. Le dispositif d'enregistrement réel a été limité à une seule des deux chambres au sous-sol. Le président n'avait pas accès à l' enregistreur lui-même, il ne pouvait que mettre le système sous ou hors tension dans le Bureau ovale en actionnant un interrupteur " très sensible " caché dans un support de stylo sur son bureau, dans un serre-livres près de son fauteuil préféré ou dans une table basse en face de la cheminée de son bureau. Le commutateur de la salle du Cabinet a été installé sur la face inférieure de la table de conférence en face de la chaise de JFK. Les microphones du bureau ovale étaient cachés dans le bureau et dans le pied d'une table au milieu de la pièce, les microphones du Cabinet ont été montés sur le mur extérieur directement derrière le fauteuil de JFK dans des espaces qui retenaient les luminaires"... Voilà qui déjà refroidit pas mal ceux qui ont toujours vu chez Kennedy une idole... alors qu'il avait des côtés bien sombres et faisait de nombreuses confidences sur l'oreiller, à part qu'il ne s'adressait pas qu'à une seule copine de cœur de Christine Keeler... et qu'il serait tant aussi, je pense de revenir ici-même sur son assassinat !!!

Et ce ne fut pas le seul matériel installé, visiblement : "un système d'enregistrement sous Dictaphone (ah tiens !) séparé a été installé dans le bureau ovale et peut-être dans la chambre du président autour de Septembre 1962, pour enregistrer les conversations téléphoniques. Les bandes pouvaient enregistrer pour un maximum de deux heures environ, et Bouck devait ensuite installer une seconde sauvegarde du magnétophone qui était automatiquement activé si la première machine venait à manquer de bande. Les agents mettent les bandes dans une enveloppe scellée et les remetait en mains propres à Lincoln pour le stockage dans une armoire verrouillée près de son bureau de la Maison Blanche. Le 22 Novembre 1963, après avoir reçu la confirmation de la mort du président au Texas, Robert Kennedy a chargé Bouck de débrancher le système d'enregistrement. Les dossiers de l'administration Kennedy, dont 248 heures de bandes de réunions et 12 heures de Dictaphone téléphoniques, ont été transférés aux Archives nationales à Washington et plus tard transférés au Centre fédéral à Waltham, dans le Massachusetts"... et tout n'a pas été déclassifié encore, oublie de préciser le responsable des archives du musée Kennedy... mais on peut en entendre ici... L'engin qui les fabriquait était un drôle de modèle au regard de notre époque numérique : c'est un "Time-Master" Modèle 117000 Type P6, fabriqué à New York, qui enregistrait sur une bande en plastique qui est en fait le tour du tambour à droite avec les rainures qui ont été marquées par gravure des enregistrements. L'engin avait été inventé en 1947, le voici nu. En fait, ça gravait donc des cylindres comme on gravait du vinyl, mais sur un manchon de plastique souple !!! On n'était pas si loin que ça de l'invention d'Edison, à ce stade, en effet !

Avec Nixon, on va passer à un système plus élaboré, géré par la CIA, avec un meilleur matériel. Des Nagra spéciaux, automatisés pour surveiller les gens, tout d'abord, dans tout le pays : "La CIA deviendra cliente assidue, mais pour un autre modèle plutôt. A la fin des années 70, la CIA enregistre à fond... sur des Nagra disposés verticalement sur des murs complets, équipés de grosses bobines : dès que l'une est pleine, l'appareil à côté prend le relais automatiquement (l'appareil vide déclenchant lui-même le suivant un peu avant la fin de la bande !). Destiné au départ aux radios automatiques américaines, dans des racks standards de 19 pouces, l'appareil sans cabestan est équipé d'un compteur temporel, le premier du genre dans la compagnie. Il est mis en place dans les tours de contrôle pour enregistrer en temps réel tous les messages échangés... et remplit également des caves complètes appartenant à la CIA".. avais-je déjà expliqué ici-même. Avec la parano alcoolique de Nixon, ça va prendre des dimensions épiques en effet à la Maison Blanche même où Nixon va toujours privélégier la bande, au lieu de la cassette nouvellement apparue (l'espionnage par enregistrement est-il le fait de paranoïaques ou de malades ; comme l'a laissé entendre Jacques Attali ?). "Les bandes magnétiques de Nixon constituent de loin la plus grande collection d'enregistrements présidentiels - et la plus célèbre. Entre le 16 Février 1971, et 12 Juillet 1973, Nixon a secrètement enregistré plus de 3 700 heures de réunions et de conversations. Bien qu'il existe aussi sur conversations téléphoniques, la plupart de la collection se compose de bandes enregistrées en plusieurs endroits. Des microphones ont été installés dans sept endroits allant de la Maison Blanche à Camp David. Nixon a estimé que l'enregistrement de conversations et des réunions était un excellent moyen de s'assurer de l'exactitude historique et était le seul moyen de s'assurer que les personnes qu'il rencontrait étaient sur ​​bien enregistrées. Nixon voulait aussi un compte rendu précis de sa présidence pour une utilisation dans la préparation de ses mémoires et pour l'héritage historique en général. En 1971, le Service Secret a conçu et installé un système d'enregistrement à commande vocale qui fonctionnait automatiquement en conjonction avec le système de localisation présidentiel. Comme ce système a été automatisé, de nombreuses conversations non -présidentielles, des réunions et des divers sons ont été enregistrés accidentellement (ah tiens revoilà Buisson et ses bruits de gravier en arrivant à l'Elysée !).  En raison de tous ces facteurs, la qualité sonore globale des différentes collections de réunion est relativement pauvre. Les enregistrements téléphoniques sont généralement de bien meilleure qualité sonore. En outre, plusieurs enregistrements liés au scandale du Watergate sont inclus dans la collection". Le président Nixon utilisait deux Sony 800B, qui tournait à très faible vitesse (2,38 cm/seconde, la moitié de la vitesse habituelle sur casette, ce qui dégradait fort la qualité). Mais Nixon les réécoutait sur un Uher 5000 de bien meilleure qualité de sortie.

La plus célèbre bande de ce matériel est bien sûr celle du "Smoking Gun"... entre Nixon et son chef de cabinet, H.R. Haldeman, dans le bureau Ovale le 23 juillet 1972 de 10H04 à 11.39... une sale matinée pour les deux larrons : la bande servira a établir la culpabilité de Nixon dans le Watergate, pour lequel il plongera comme on le sait (Buisson aurait-il des bandes enregistrées lors de l'affaire Merah ??). On y parle ce jour-là de Mark Felt, qui sera celui qui dénoncera le complot (la bande n'est pas si mauvaise que cela, à la réécouter !!). 

Mais comme Sarkozy dérape souvent, comme Nixon, (l'alcool en moins, il faut bien le constater) on peut s'attendre à des surprises encore (et à mon avis c'est pour cela qu'il ne veut surtout pas que le reste des bandes paraisse).... car les bandes de Nixon révèlent un personnage bien faible et perclus de graves défauts, dont un racisme flagrant, rappelé ici : "Depuis 2009, plus de trois mille heures de conversations ont été déclassifiées. On y découvre un dirigeant paranoïaque, brusque, au langage souvent ordurier. Et la dernière livraison, provenant d'enregistrements réalisés entre le 9 avril et le 12 juillet 1973, ne fait pas exception. Elle rappelle notamment l'antisémitisme de Nixon, déjà perceptible dans des bandes rendues publiques ces dernières années. En avril 1973, parlant à son conseiller à la sécurité nationale, Henry Kissinger - lui-même juif -, d'un sommet entre les États-Unis et l'Union soviétique, il dit ainsi craindre que les Juifs ne ruinent ses efforts car ils placent "leur propre intérêt avant celui des Américains". Quelques mois plus tard, discutant de nominations dans le domaine judiciaire avec l'un de ses conseillers, il lui donne cette consigne : "Pas de Juif, est-ce clair ? Nous en avons assez. Mais si vous en trouvez un extraordinaire, prenez-le". Le président est en effet coutumier des propos racistes. Pointant le manque de bonne gouvernance en Jamaïque, il estime que "les Noirs en sont incapables. Nulle part. Et ils ne seront pas en mesure de le faire avant une centaine d'années, peut-être même un millier... Connaissez-vous un "pays noir" qui a été bien géré ?". A espérer qu'on n'aie pas de saillie similaire dans le dictaphone du "sérial looser" Buisson ! Celles d'un "Tricky Sarkozy" !!! Au lieu du Président, c'est le conseiller, en France, qui s'est emballé. Patrick Buisson a en effet écrit jadis dans la même veine nous rappelle JF Kahn, et Sarkozy semblait l'avoir oublié : "bénis soit le vieux Drumont (il s’agit de l’auteur antisémite de "La France juive" et du fondateur pré-hitlérien de "La libre parole") qui nous a appris à haïr le Veau d’or, l’unité des States, le Babel ploutocratique, "L’Enfer de Dante" semé des détritus de Zola, ce caravansérail que l’on nomme melting pot" (il se fâchera avec son fils le jour où il apprendra qu'il avait épousé une femme d'origine malgache)... et JFK (le nôtre) ajoute même cette phrase plus proche du nazisme que des pensées nixoniennes à mettre sous la plume de l'inommable Buisson : "une société saine assoit sa hiérarchie sur des inégalités résultant des différences naturelles… Il convient de purifier l’ordre social par des forces qui lui sont extérieures". Et à mon avis, le jour où il a dit ça il ne pensait pas à Jeanne d'Arc...("la sainteté casquée").

Nixon avait eu un dernier réflexe le 18 avril 1973, en ordonnant à son chef de cabinet de détruire les enregistrements. Ce dernier n'en fera rien et pire, puisque le 16 juillet 1973, on entendra la voix de Nixon lors de la commission d'enquête du Sénat qui sera chargé de le destituer. Haldeman aurait manqué de réflexes, car il débranchera effectivement les micros le 18 juillet. Faut dire qu'il était mal à l'aise : il sera reconnu comme le commanditaire de l'équipe de plombiers du siège du parti démocrate ! Chez Patrick Buisson aussi on avait la pose de micro facile : "le 28 mai 1987, Buisson quitte Minute dans des conditions rocambolesques. Plusieurs rédacteurs en chef le soupçonnent d'avoir posé des micros au sein de la rédaction. Las des tensions internes et de la violence qu'il suscite, il rejoint, l'année suivante, Valeurs actuelles. Selon une vieille technique éprouvée à Minute, il clive la rédaction, se cherche des soutiens, notamment auprès des jeunes rédacteurs", a fort justement rappelé LePoint. Patrick Buisson lui aussi, a mis du temps à comprendre que l'intégralité de ses conversations, qui tiennent toutes sur un seul DVD (et oui, la technique a pas mal évoluée depuis !) ou sur un toute petite clé USB, sont aujourd'hui déjà dans la nature ; échappées de son ordinateur qu'il ne savait pas trop manipuler, selon son propre fils (avec lequel il est plus que fâché). Et qu'il ne peut déjà plus rien débrancher.... qui a dit ici que la Guerre Froide n'était pas pleine d'enseignements pour aujourd'hui ??? Voici que déboule en France un Sarkogate ! Buisson finira-t-il comme Haldeman (**) ?

(*) si un programmeur a l'idée de faire la même chose avec l'effigie d'un Patrick Buisson et de sa veste piégée, qu'il le fasse, je serais le premier à l'applaudir !

(**) "Il est condamné en janvier 1975 pour conspiration, obstruction à la justice et parjure et effectue une peine de 18 mois de prison". Je vous laisse découvrir ici son surnom, qui semble déjà aller comme un gant au porteur de dictaphone français ; déjà ainsi affublé au sein même du parti présidentiel.

Un superbe dossier ici :

http://www.videointerchange.com/audio_history.htm

sur l'équipement de Nixon

http://www.pimall.com/nais/pivintage/nixonrecorders.html

livres de références sur Nixon : "Nixon's Darkest Secrets : The Inside Story of America's Most Troubled President" de Don Fulsom, "The Arrogance of Power"d'Anthony Summers, et "Official & Confidential : The Secret Life of J. Edgar Hoover" (également de Summers.)


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2 réactions à cet article    


  • Wald 9 mars 2014 00:14

     «  »bénis soit le vieux Drumont (il s’agit de l’auteur antisémite de « La France juive » et du fondateur pré-hitlérien de « La libre parole ») qui nous a appris à haïr le Veau d’or, l’unité des States, le Babel ploutocratique, « L’Enfer de Dante » semé des détritus de Zola, ce caravansérail que l’on nomme melting pot«  (il se fâchera avec son fils le jour où il apprendra qu’il avait épousé une femme d’origine malgache)... et JFK (le nôtre) ajoute même cette phrase plus proche du nazisme que des pensées nixoniennes à mettre sous la plume de l’inommable Buisson :  »une société saine assoit sa hiérarchie sur des inégalités résultant des différences naturelles… Il convient de purifier l’ordre social par des forces qui lui sont extérieures« . Et à mon avis, le jour où il a dit ça il ne pensait pas à Jeanne d’Arc...( »la sainteté casquée« ). »


    Bien joué Morice, c’est bon à savoir. C’est beau l’UMP, c’est beau le sarkozysme, ceux qui le soutiennent et votent pour lui. Un style tout droit sorti de Gringoire.

    • morice morice 10 mars 2014 17:07

      nouvelle du jour : Gilles-William Goldnadel en très grande forme..

      il vient de déclarer que « que les enregistrements avaient été déclenchés »par le dictaphone, à l’insu de (son) client« . 

      il parle de »dictaphone intelligent". Ce qui laisserait entendre que son porteur était... con. Avec un avocat de ce calibre-là il va jamais s’en sortir, Buisson...

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