Les Français moins sensibles à la situation des pauvres ?
Pauvres et paresseux ! Pauvres car ils ne font pas l'effort de chercher un emploi ! Non, nous n'en sommes pas encore là. Mais la situation dans une période de crise est inédite selon le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). Pour la première fois, le nombre de Français qui pensent que les pauvres sont dans la misère par manque d'efforts pour s'en sortir est en augmentation par rapport aux situations économiques difficiles du passé. Mais que se passe-t-il donc dans ce pays où la solidarité a pourtant toujours été une valeur fondamentale ?

Selon l'étude du Crédoc, 37% des personnes interrogées croient que les pauvres dans la misère ne font pas d'efforts pour s'en sortir, alors qu'en 2009 ils étaient seulement 25% à le penser. "Salauds de pauvres" qui abuseraient des aides sociales. Droitisation des esprits ou autres causes à cette évolution des mentalités, même si majoritairement les français savent faire preuve d'empathie avec ces sinistrés de la société.
Le regard porté sur les chômeurs suit également une évolution négative, 64% des sondés estiment que s'ils le voulaient les chômeurs pourraient retrouver un emploi. Autrement dit, ils sont au chômage parce qu'ils le veulent bien et préfèrent profiter des indemnités le plus longtemps possible. Il faut noter également que pour 44%, les aides auraient pour effet pervers de déresponsabiliser les assistés aidés par la collectivité. Les isoler aussi dans un sentiment d'échec.
D'après le COE (Conseil d'Orientation pour l'Emploi), 400 000 postes seraient non pourvus. Phénomène paradoxal dans un pays ou 11% de la population n'est plus active ou ne l'a jamais encore été. Mais là encore un raisonnement simpliste serait de résumer la situation actuelle à un "vous voyez bien qu'il y a du travail", ce qui est faux et beaucoup plus complexe que cela. Car entre le manque de formation, les écarts géographiques, les exigences sur le profil recherché par l'employeur, les emplois qui sont finalement pourvus et remplacés par d'autres, mais aussi ceux peu motivants. Ne peut-on pas logiquement considérer que même en période faste d'embauches, ce qui n'arrivera peut-être plus, il existera toujours plus où moins de jobs non pourvus, ceci malgré l'arrivée de travailleurs étrangers.
Au sujet des minima sociaux, 53% ont répondu que le RSA incitait à ne pas travailler, voire qu'il était parfois plus avantageux de rester chez soi que d'avoir un emploi mal rémunéré. Malgré tout, comment imaginer que le rêve d'un jeune est d'attendre d'avoir 25 ans pour toucher le RSA.
Ne faudrait-il pas d'abord se poser des questions sur le niveau du SMIC et le coût des loyers, des charges, de l'énergie. Mais aussi et surtout, entre ces des deux situations, smicard ou assisté, laquelle préféreriez -vous ?
Mais que se passe-t-il donc dans ce pays ?
Les Français qui subissent une crise plus dure et surtout plus longue que les autres sont-ils en train de changer d'opinion sur les causes de la pauvreté. Accident de la vie, manque de chance, inégalité des chances ou manque de volonté et de combativité. Certes les fraudeurs existeront toujours et pas seulement dans le social. Est-ce une raison suffisante pour imposer une punition collective aux plus démunis.
Faut-il rappeler les déclarations cyniques de certains hommes politiques incapables de trouver des solutions pour faire reculer le chômage, mais qui avaient osé tirer à boulets rouges sur le bouc émissaire bien commode de l'assistanat.
En conclusion, le Crédoc lorsqu'il donne son avis sur l'état de notre société, parle de "fatigue de la compassion".
Mais comment dans le pessimisme et le défaitisme ambiant, spécificité française paraît-il, ne pas soupçonner un repli sur soi et une forme d'indifférence.
D'après l'enquête certains français disent ne pas voir la misère autour d'eux. Ignorent-ils que la pauvreté se cache !
33 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON