Les Français sont en colère parce qu’on ne veut pas les écouter
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La place publique est pleine de bruyants bouffons - et le peuple se vante de ses grands hommes ! Ils sont pour lui les maîtres du moment.
Mais le moment les presse : ainsi ils te pressent aussi. Ils veulent de toi un oui ou un non. Malheur à toi, veux-tu placer ta chaise entre un pour et un contre ?
Tout ce qui est grand se passe loin de la place publique et de la gloire : loin de la place publique et de la gloire demeurèrent de tout temps les inventeurs de valeurs nouvelles.
Frédéric Nietzsche
Ce qui caractérise ces élections présidentielles de 2017, c'est l'ambiance malsaine qui la pollue et c'est le non-choix qui est offert à la majorité de la population.
Est-on encore en démocratie lorsque les électeurs ont théoriquement le choix entre deux candidats, mais que les médias, les politiciens et les intellectuels leur expliquent qu'ils ne peuvent choisir moralement qu'un seul ?
Ce n'est pas certain.
La majorité de la population n'a pas voté pour Emmanuel Macron.
Il y a eu quatre candidats qui se sont partagé principalement les votes : Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.
Parmi ces quatre candidats, les Français en avaient choisi deux soi-disant extrémistes, Jean-Luc Mélanchon à "l'extrême gauche" et Marine Le Pen à "l'extrême droite".
Mais si ces deux partis sont extrêmes pourquoi sont-ils tolérés ? Pourquoi ne sont-ils pas dissous l'un comme l'autre ?
Peut-être parce qu'ils servent aux politiciens à durer ?
Ces candidats représentent tous un message principal.
Il en reste deux aujourd'hui.
Les voix portées par François Fillon et Jean-Luc Mélanchon n'existent plus.
François Fillon avait axé sa campagne sur le redressement du pays, mais aussi un retour à des valeurs traditionnelles qui protégeaient la France des excès de la mondialisation, en insistant sur l'indépendance nationale, la régulation des flux migratoires et la lutte acharnée contre l'Islamisme totalitaire.
Jean-Luc Mélanchon, dans un autre registre, avait insisté sur les excès financiers et économiques de cette mondialisation en dénonçant le poids démesuré qu'a pris l'argent dans notre société et les inégalités abyssales qui séparent désormais en France les très riches, qui vivent dans leurs cocons, des très pauvres.
François Fillon a été éliminé pour des affirmations non encore prouvées sur sa personne et non pas pour le contenu de son programme.
Jean-Luc Mélenchon a effrayé les Français par ses appels à "la révolution bolivarienne" et autres références bien éloignées des préoccupations populaires.
Les représentants de "l'extrême gauche" et de la droite ayant été éliminés, il reste Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Emmanuel Macron, conseiller et ministre de François Hollande, explique doctement qu'il n'est l'héritier ni le fils de personne. Il n'a pas de passé. Il est entièrement neuf. Il vient de nulle part. Sauf qu'il rassemble l'immense majorité de ceux qui étaient au gouvernement de Hollande.
Il ne veut reprendre aucun des messages et valeurs des électeurs de François Fillon ou de Jean-Luc Mélenchon, ni sur les thématiques migratoires et sociétales ni sur les excès de la mondialisation financière.
Marine Le Pen, elle, au contraire, est la fille de son père. Elle est une héritière. Elle est donc fasciste. Ses électeurs n'existent pas. Ils ne disent rien. Ils n'ont pas de message à faire passer. Ils sont des parias. Tout ce qu'ils peuvent dire est irrecevable par nature, et par conséquent elle aussi.
Elle dit que les camps de la mort étaient une abomination, elle rompt avec son père et exclut les vieux néo-fascistes, elle s'incline devant un monument aux déportés. Elle peut dire et faire n'importe quoi, elle est la fille de son père. Son programme ne doit pas être lu et surtout pas débattu.
Elle est comme Vladimir Poutine qui, quoi qu'il fasse, reste un Soviétique et un Bolchevik et donc un héritier de l'Union soviétique. Même s'il n'y a plus d'Union soviétique ni de parti communiste depuis longtemps.
Mais il y a toujours les Etats-Unis…
Elle partage avec François Fillon l'objectif de la lutte contre l'islamisme radical et d'une société qui ne soit pas minée par le communitarisme et l'immigration de masse, qui ne peuvent que développer des réactions xénophobes dans n'importe quel pays du monde.
François Fillon peut le dire. Pas Marine Le Pen.
Jean-Luc Mélenchon, c'est Joseph Staline et Marie Le Pen, c'est Adolf Hitler. D'ailleurs Bertrand Delanoë l'a dit. Donc c'est vrai.
Les Français ont le choix entre le mal et le bien. Entre la lumière et la nuit. Entre la vie et la mort.
Charles de Gaulle, qui avait tant d'ennemis de son vivant, n'a plus que des admirateurs. La gauche qui l'a combattu avec acharnement sous la houlette de François Mitterrand lui dresse des couronnes.
Il avait su prôner l'union nationale avec tous les Français sans aucune exclusive, y compris les communistes qui étaient les staliniens de l'époque.
Qui prône aujourd'hui l'union nationale ?
Les querelles gauloises, la division, les exclusives, l'absence de dialogue et de débats, l'anathème, les excommunications, ne nous promettent pas des jours heureux.
Pensez printemps a dit le grand poète Emmanuel Macron au cours d'un de ses colloques, en s'inspirant du philosophe Alain qui l'avait écrit sans référence à une quelconque situation politique.
C'est un beau texte. Mais c'est surtout rassurant en politique. C'est la France heureuse. C'est éviter les prophètes de malheur. C'est ce qu'il faut vous répéter tous les soirs avant de vous coucher.
Pourtant, c'est ce que les Français veulent entendre.
En 1939 aussi, ils ne voulaient entendre que Léon Blum et Daladier pour des lendemains qui chantent.
On pense printemps, mais on rejette, on clive, on n'écoute pas, on condamne, on culpabilise, on divise.
Pourvu qu'on continue à penser printemps dans les années qui viennent !
Regarder le monde avec les yeux d'hier est un confort et une illusion qui se paie cher.
Les Français peuvent-ils encore être des esprits libres ?
Mais pour être libre, il faut aussi vivre dans le réel et voir où est et d’où vient le mal.
En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin écrivait déjà Nicolas de Chamfort au 18e siècle.
Il nous reste l'espérance.
Un jour la France sera redressée par le génie du renouveau.
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