Les frappes contre les Kata’ib Hezbollah sonnent le glas de la présence américaine en Irak
Par Moon of Alabama
Traduction : lecridespeuples.fr
Avec la réponse de Ali Khamenei aux menaces de Trump.
Trump just made the mistake of his presidency.
— Within Syria (@WithinSyriaBlog) 29 décembre 2019
Trump vient de commettre l'erreur de sa présidence.
Cela peut être vrai ou faux. Voici ce qui s'est passé.
Vendredi 27 décembre, une volée de quelque 30 roquettes Katyusha de 107 mm a frappé la base K1 qui abrite des troupes irakiennes et américaines près de Kirkouk, en Irak. Un mercenaire / entrepreneur américain a été tué, et deux Irakiens et quatre soldats américains ont été blessés. Au lieu de chercher les vrais coupables, à savoir des résidus de Daech, des habitants mécontents ou des Kurdes qui veulent reprendre le contrôle de Kirkouk, les États-Unis ont décidé que les Kata'ib Hezbollah étaient coupables de l'attaque.
Le Kata'ib Hezbollah est un groupe majoritairement chiite ayant des relations avec l'Iran. Il fait partie des Unités de mobilisation populaire (Hachd Cha'bi ou PMU) qui ont été fondées et formées avec l'aide de l'Iran pour arrêter et vaincre Daech alors qu'il occupait près d'un tiers de l'Irak et de la Syrie. Le Kata'ib Hezbollah, comme toutes les unités PMU, est maintenant sous le commandement et le contrôle du ministère irakien de la Défense. En somme, c'est une unité de l'armée irakienne à part entière.
Pour se venger de la mort d'un de ses mercenaires, l'armée de l'air américaine a attaqué cinq camps où étaient stationnés les Kata'ib Hezbollah et d'autres forces irakiennes :
En réponse aux attaques répétées des Kata'ib Hezbollah contre des bases irakiennes qui hébergent les forces de la coalition Operation Inherent Resolve (OIR), les forces américaines ont mené des frappes défensives de précision contre cinq installations des Kata'ib Hezbollah en Irak et en Syrie, ce qui dégradera leur capacité à mener de futures attaques contre les forces de la coalition OIR.
Les cinq cibles comprennent trois sites des Kata'ib Hezbollah en Irak et deux en Syrie. Ces emplacements comprenaient des installations de stockage d'armes et des emplacements de commandement et de contrôle que les Kata'ib Hezbollah utilisent pour planifier et exécuter des attaques contre les forces de la coalition OIR.
Toutes les positions des Kata'ib Hezbollah qui ont été touchées se trouvaient dans le désert ouest d'Anbar, à 450 kilomètres de Kirkouk. Les Kata'ib Hezbollah ont des bases des deux côtés de la frontière irako-syrienne où elles sont engagées dans la lutte contre les derniers éléments actifs de Daech. Les résultats des frappes aériennes ont été dévastateurs :
32 killed and 45 wounded the count of #US violent aggression on #Iraq security forces brigades 45 and 46 last night on a military position established to counter-attack and raid #ISIS remnant at al-Qaem, the borders between Iraq and Syria.https://t.co/pmBZ3fJu9e
— Elijah J. Magnier (@ejmalrai) 30 décembre 2019
32 tués et 45 blessés : voilà le résultat de l'agression #US violente contre les brigades 45 et 46 des forces de sécurité irakiennes la nuit dernière sur une position militaire établie pour contre-attaquer et éradiquer les résidus de Daech à al-Qaem, sur les frontières entre l'Irak et la Syrie.
Le poste frontière al-Qaem / al-Bukamal est le seul ouvert entre l'Irak et la Syrie qui n'est pas sous contrôle américain. Les États-Unis étaient furieux lorsque le Premier ministre irakien Adil Abdul Mahdi a autorisé sa création. Il avait précédemment été attaqué par Israël qui avait lancé son assaut depuis une base de l'armée de l'air américaine dans l'est de la Syrie.
It wasn't just Hezbollah Battalions members who were affected, there are also wounded among the ranks of the Missiles Forces / Rocket Battalion which is considered a separate unit apart from the numbered brigades.
— TØM CΛT (@TomtheBasedCat) 29 décembre 2019
Ce ne sont pas seulement les membres des bataillons du Hezbollah qui ont été touchés, il y a également des blessés dans les rangs des bataillons de missiles / roquettes, qui sont une unité distincte des brigades numérotées.
Parmi les morts figurent Abu Ali Madiniyah, le commandant du 1er bataillon de la 45e brigade.
Les frappes constituaient un acte de mépris total, une violation flagrante de la souveraineté irakienne et des forces placées sous le commandement direct de l'État irakien :
Dans un communiqué, Abdul-Mahdi a déclaré que le secrétaire à la Défense, Mark Esper, l'avait appelé environ une demi-heure avant les frappes américaines pour lui faire part de son intention de frapper les bases des milices soupçonnées d'être à l'origine de l'attaque à la roquette de vendredi. Abdul-Mahdi a déclaré dans le communiqué qu'il avait demandé à Esper d'annuler les plans de représailles américains.
Le communiqué indique que le Président irakien Barham Salih a également reçu un préavis d'un diplomate américain et a également demandé en vain aux Américains de l'annuler.
Les frappes ont été conçues pour tuer ceux qui combattent encore Daech dans ses cellules les plus virulentes :
The PMF group that was hit by the Americans has been fighting ISIS for years. They were on the front lines protecting Iraq from ISIS in Syria and engaged in the ongoing battles with ISIS in the Syrian and Iraqi deserts. They were THE line of defense.
— Rania Khalek (@RaniaKhalek) 29 décembre 2019
Le groupe PMU qui a été touché par les Américains combat Daech depuis des années. Ils étaient en première ligne pour protéger l'Irak de Daech en Syrie et étaient engagés dans les batailles en cours contre Daech dans les déserts syriens et irakiens. Ils étaient LA ligne de défense.
L'attaque américaine contre ce groupe PMU n'est pas seulement un acte de vengeance disproportionné, c'est aussi une menace pour la sécurité régionale. ET il est pathétique pour une soi-disant superpuissance de s'en prenre à une petite milice.
Voici une vidéo des suites sanglantes des frappes américaines.
One of the videos from last night : pic.twitter.com/ptqr9fnjPo
— TØM CΛT (@TomtheBasedCat) 30 décembre 2019
Il y a environ 5 000 soldats américains en Irak dans des bases qui abritent également des dizaines de milliers de soldats irakiens et de soldats des PMU. Des attaques de représailles contre l'occupant américain sont désormais inévitables :
Au lendemain des frappes américaines, le Premier ministre irakien Adil Abdul-Mahdi a déclaré : « Nous avons déjà confirmé notre rejet de toute action unilatérale des forces de la coalition ou de toute autre force en Irak. Nous considérons qu’il s’agit d’une violation de la souveraineté de l’Iraq et d’une escalade dangereuse qui menace la sécurité de l’Iraq et de la région », selon un communiqué publié à la télévision publique irakienne.
Abdul-Mahdi se trouve maintenant confronté à la possibilité cauchemardesque de paramilitaires liés à l'Iran, dont les ailes politiques exercent une énorme influence sur son gouvernement, faisant la guerre aux forces américaines sur le territoire irakien, ce qui aggraverait quelques mois désastreux au cours desquels des centaines de morts parmi les manifestants ont été déposés à ses pieds, ce qui l'a incité à remettre sa démission au Parlement.
Les prochains jours et semaines répondront à un certain nombre de questions sur la façon dont cette situation périlleuse se développera ; principalement, on verra dans quelle mesure les paramilitaires sont disposés à donner suite à leur rhétorique qui a sans cesse déclaré que la présence américaine en Irak était une continuation de l'occupation, en plus de leur volonté de prendre des mesures militaires afin de forcer les Américains à quitter l'Irak « une nouvelle fois ».
Les États-Unis et Israël ont déjà tué des centaines de soldats irakiens alignés avec l'Iran. Mais ce sont les frappes les plus flagrantes et les plus meurtrières. Il n'y a plus de doute : les forces américaines devront (à nouveau) quitter l'Irak :
Iraqi PMU Asai'b Ahl al-Haq statement on the American attack on Iraq tonight :
''The American military presence has become a burden for the State and a source of aggression against our forces and therefore it has become mandatory for all of us to expel them from Iraq.''— Brasco_Aad (@Brasco_Aad) 29 décembre 2019
Déclaration du PMU irakien Asai'b Ahl al-Haq sur l'attaque américaine contre l'Irak ce soir : « La présence militaire américaine est devenue un fardeau pour l'État et une source d'agression contre nos forces ; c'est maintenant un devoir pour nous tous de les expulser d'Irak. »
Le Président américain Donald Trump avait déclaré qu'il souhaitait que les troupes américaines quittent le Moyen-Orient.
[vimeo 325663472 w=640 h=360]
Mais « l'État profond », la bureaucratie du Pentagone et celle du Département d'État ont résisté à une telle décision :
Pompeo, Esper et le Général Mark Milley, qui dirigent le Joint Chiefs of Staff, se sont rendus à Palm Beach, en Floride, après l'opération pour en rendre compte au Président Trump.
Esper a déclaré avoir discuté avec Trump « des autres options disponibles » pour répondre à l'Iran. [...]
Trump était à Mar-a-Lago mais n'est pas apparu avec ses hauts responsables de la sécurité nationale. Après que Pompeo et Esper se soient exprimés, le Président s'est rendu dans son club de golf privé à West Palm Beach. La Maison Blanche n'a pas expliqué pourquoi Trump était retourné au club après y avoir passé près de six heures plus tôt dimanche.
Les attaques d'hier garantissent que toutes les troupes américaines devront quitter l'Irak et ainsi perdre également leurs lignes d'approvisionnement vers la Syrie.
On se demanderait presque si telle était la véritable intention de ces frappes.
***
Le Guide Suprême de la Révolution Islamique d'Iran, Sayed Ali Khamenei, a répondu aux menaces de Trump :
Look at what the US is doing in #Iraq & #Syria. They’re taking revenge on Hashd al-Sha’bi for defeating ISIS.
Since #Hashd crippled & destroyed ISIS -which the US had created- they’re taking revenge. The Iranian govt & nation & I strongly condemn the US’s malice.— Khamenei.ir (@khamenei_ir) 1 janvier 2020
Regardez ce que font les Etats-Unis en Irak : ils se vengent des PMU pour avoir vaincu Daech. Depuis que les PMU ont paralysé et détruit Daech, que les Etats-Unis avaient créé, ils se vengent. Le gouvernement et la nation iranienne, ainsi que moi-même, condamnons fermement l'hypocrisie américaine.
That guy has tweeted that we see Iran responsible for the events in Baghdad & we will respond to Iran.
1st : You can’t do anything.
2nd : If you were logical —which you’re not— you’d see that your crimes in Iraq, Afghanistan… have made nations hate you. https://t.co/hMGOEDwHuY— Khamenei.ir (@khamenei_ir) 1 janvier 2020
Ce type [Trump] a tweeté qu'il considérait l'Iran responsable de l'attaque contre l'ambassade américaine à Bagdad, et qu'il riposterait contre l'Iran : 1/ Tu ne peux rien faire contre nous. 2/ Si tu avais du bon sens, ce qui n'est manifestement pas le cas, tu comprendrais que vos crimes en Irak, Afghanistan, etc., ont fait que toutes les nations vous haïssent.
If the Islamic Republic decides to challenge & fight, it will do so unequivocally. We’re not after wars, but we strongly defend the Iranian nation’s interests, dignity, & glory.
If anyone threatens that, we will unhesitatingly confront & strike them.— Khamenei.ir (@khamenei_ir) 1 janvier 2020
Si la République Islamique décide de relever le défi et de se battre, elle le fera ouvertement et sans équivoque. Nous ne voulons pas déclencher des guerres, mais nous défendrons avec force les intérêts, la dignité et la gloire de la nation iranienne.
People have economic demands, mostly rightful ones. In the events of Nov, people had demands, but the enemy had prepared agents to cause sedition. It used the opportunity to harm the country.
With their insight & astuteness, people withdrew & the seditionists were left alone. https://t.co/eRPYJ8jqbg— Khamenei.ir (@khamenei_ir) 1 janvier 2020
Durant les dernières manifestations de novembre en Iran, le peuple avait des revendications économiques, majoritairement légitimes. Durant ces événements, l'ennemi a activé ses éléments en iran pour causer de la sédition. Il a saisi cette opportunité pour faire du mal à notre pays. Du fait de sa lucidité, le peuple s'est retiré du mouvement et les séditieux se sont retrouvés seuls.
A senior official of the country said a foreign politician said during the recent riots he had heard the stupid U.S. officials in Washington say happily, “Iran is done this time !”
He said when the events had finished, the Americans were very upset that it hadn’t worked again.— Khamenei.ir (@khamenei_ir) 1 janvier 2020
Selon un des hauts responsables du pays, un dignitaire étranger a déclaré que durant les récentes manifestations en Iran, il avait entendu des responsables à Washington affirmer avec joie : Cette fois, l'Iran est fini ! Il a ajouté que lorsque le mouvement s'est éteint, les Américains étaient très fâchés de ce nouvel échec.
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