Les gilets jaunes doivent devenir un mouvement politique
Quoi qu’il adviennent de la bataille médiatique qui se jouera ce 8 décembre 2018 et dont l’issue est encore incertaine, le mouvement des gilets jaunes doit se transformer en mouvement politique s’il ne veut pas se perdre dans les méandres de l’histoire.
Les mauvaises langues pourraient être amenées à penser que par sa gestion assez calamiteuse des manifestations du premier décembre avec des ordres qui semblent avoir tardé à venir, la partition jouée par le pouvoir en place serait celle d’une forme de pourrissement de la situation en espérant bien reprendre la main en bon sauveur de l’ordre républicain et de la sécurité nationale. Il serait sans doute aidé en cela par des médias qui lui sont acquis en grande partie. Médias dont la plupart des patrons se sont positionnés en faveur du président actuel lors de la dernière élection présidentielle et dont de nombreux éditorialistes cachent à peine leur proximité avec celui-ci. Cette forme de connivence entre médias et pouvoir en place est parfois évoquée pour des personnes comme Patrick Drahi et la chaîne BFM ou encore Ruth Elkrief, une de ses journalistes phare, dont vous vous souvenez peut-être de cette sorte « check » très amical qu’elle fit à Macron avant de débuter un meeting de campagne à Arras.
On pourrait également se demander si dans d’autres démocraties occidentales, une telle gestion de la manifestation du 1er décembre n’aurait pas entraîné illico presto la démission du ministre de l’intérieur ?
Nul ne peut donc prévoir ce qu’il adviendra ce 8 décembre mais les gilets jaunes les plus déterminés ne comprennent probablement pas qu’on leur interdise les Champs-Elysées que l’on n’a pas hésité à fermer à la circulation pour Johnny Hallyday ou la coupe du monde de football. Ils doivent absolument être vigilants et ne pas se laisser entraîner par ces groupes de casseurs et ceux que d’aucuns pourraient considérer comme des sortes de milices telles que les Blacks blocs ou les Antifas dont on ne comprend pas très bien ni la structure ni les modes de financements mais qui ne ratent pas une occasion de faire parler deux lors de ce genres de manifestations.
La violence serait, de toute évidence, l’occasion pour le gouvernement de reprendre la main et ne ferait que desservir les intérêts des gilets jaunes. C’est pourquoi si la situation à Paris venait de nouveau à mal tourner, ils seraient bien inspirés de quitter les lieux d’affrontements pour aller se réunir pacifiquement et en très grand nombre dans un endroit comme le Champ De Mars par exemple.
Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent cette première bataille médiatique, les gilets jaunes ne doivent pas en rester là et occuper le terrain politique. Ils doivent se présenter directement aux prochains scrutins ou élire des représentants dignes de ce nom qui seront aptes en endosser des fonctions politiques afin qu’ils les représentent aussi bien au niveau des communes que des différentes assemblées.
Alors ils pourront mettre en œuvre certains éléments de programme comme un moratoire sur l'intégration européenne ou encore une mise en place du référendum d’initiative populaire.
Je rappelle que dans cette grande démocratie, comme on nous le rabâche à longueur de temps dans nos médias, le dernier référendum date d’il y a 13 ans et que que celui-ci n’a même pas été suivi d’effets.
Ce mouvement à attiré la sympathie de près de 80 % de la population et à mis en relief l’aspect inique de la situation sociale de ce pays. Comment pourrait-il disparaître ainsi ?
Comment pourrait-il laisser une poignée de milliardaires possesseurs de médias faire ou défaire des hommes politiques au point de contribuer à faire élire aux plus hautes fonctions de l’état un homme quasi-inconnu du grand public trois ans auparavant ?
Notre démocratie semble bien malade mais s’ils veulent commencer à vraiment essayer d’agir sur leur destin, les gilets jaunes ainsi que les nombreuses personnes qui les soutiennent doivent passer du mode « indignez-vous », pour reprendre l’expression de Stéphane Hessel, au mode « Présentez-vous ».
Cela n’est sans doute qu’un début et la tâche risque d’être difficile mais il n’y a probablement pas d’autre solution.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire ce billet de Michel Onfray que je trouve intéressant :
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/l-insurrection-et-apres-?mode=text
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