Les Goodyear ouvrent l’année des luttes
« Nous sommes en 1788, vivement 1789 ! » pouvait-on espérer en 2013. Incantation sans fondement ?
L’année 2013 s’est en effet avérée stérile pour la gauche, le PS, la droite et l’extrême-droite – aidés en cela par un système médiatique parfaitement rodé – s’ingéniant à brouiller les pistes. À noyer le poisson : « Nous ne sommes ni de droite ni de gauche ! » répétaient le FN et les groupuscules fascistes à la télévision ; entendez « ni de gauche ni de gauche ». Dans le même temps, le PS radicalisait sa politique sociale-libérale, voire ultra-libérale, sans songer à changer de nom. Et l’on a vu les exploiteurs-pollueurs bretons saccager des portiques, affublés pour l’occasion de bonnets rouges histoire d’enfumer un peu plus le paysage politique, sans être inquiétés le moins du monde par la justice.
Bref, 2014 s’annonçait mal pour la lutte des classes. C’était sans compter les salariés CGT de Goodyear, qui ont ouvert l’année en fanfare ! Alors que les médias n’avaient d’yeux que pour l’accident de ski d’un millionnaire qui se gobergeait sur les pistes et s’ingéniaient à faire la publicité d’un antisémite notoire, voici que la lutte des classes se rappelait à leur bon souvenir. Ces salariés, qui n’ont pas hésité à « séquestrer » pendant près de 30 heures deux de leurs dirigeants après des années de combat, sont venus ouvrir une brèche dans le décor feutré de la nouvelle année.
« On nous dit que le gouvernement veut faire de la politique de l’emploi sa priorité, ce sont des mensonges. On s’est foutu de notre gueule. Si il faut faire comme 250 bretons et casser un peu à gauche et à droite pour être écouté, on va le faire », a déclaré Mickaël Warmen (CGT) sur place.
Tout est dit. Le gouvernement entend les uns mais surtout pas les autres ; il a refusé l’amnistie des syndicalistes ; il « suit cette histoire de près » mais n’intervient pas ; il prétend inverser la hausse de la diminution de la courbe augmentée du chômage mais on ne voit pas la couleur d’une relance.
Que retiendront les médias de cette affaire ? Nous n’aurons droit à aucun historique de la lutte sociale, nous retiendrons simplement que « Un salarié tire l’oreille d’un des dirigeants » et que « Le patron de Titan dénonce un kidnapping » (BFM). Médias de classe ? Souvenons-nous de Plantu (Le Monde) qui comparait récemment la CGT aux talibans. Que fait le gouvernement ? Gouvernement de classe aussi ? Cent fois oui. L’appareil est bien huilé.
Parlons-en, du gouvernement. Ce gouvernement « socialiste » qui augmente la TVA malgré des dizaines de milliers de manifestants dans la rue le 1er décembre dernier. (D’ailleurs, jetez un œil à cette pétition et diffusez.) Qui signe des « accords » avec le grand patronat… sans la signature des syndicats majoritaires. Ce gouvernement n’aime pas les syndicats trop à gauche, et plus généralement, il méprise les pauvres, les sans-emploi comme les travailleurs précaires. Vous avez dit « socialiste » ?
La droite et l’extrême-droite ont beau jeu de dénoncer une quasi-dictature bolchévique depuis l’entrée en vigueur du mariage homosexuel (sur lequel le gouvernement PS a pourtant cédé à la droite en renonçant à la PMA pour toutes). Prenons le cas des 5 de Roanne, ces syndicalistes CGT poursuivis pour avoir refusé le prélèvement de leur ADN. Relaxés par la justice le 17 décembre dernier, ils voient aujourd’hui le Parquet général de Lyon faire appel ! Dictature bolchévique ?
Ce pays vit actuellement sous une chape de plomb… de droite. Gouvernement, médias, droite extrémisée vivent dans un déni permanent et en veulent toujours plus, au mépris des petits. 2014 doit être l’année d’un virage à 180 degrés, l’année de 1789.
« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Merci aux Goodyear qui par leur action ont souhaité à tous une bonne année… debout.
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