Les grands médias, troupes de choc des oligarchies qui nous gouvernent
présentation de l'essai « Les grands médias au pas cadencé ? », mis en téléchargement libre sur le site pucciarelli.fr. Lien ci-joint : http://pucciarelli.fr/livregratuit_1.html
En France, mais aussi en Europe et aux États-Unis, les médias « libres » donnent de sérieux signes de dysfonctionnement, ne serait-ce qu’à travers la fréquente similarité de leurs discours. Le traitement de la campagne électorale actuelle aux Etats-Unis qui favorise à outrance Mme Clinton (ni pire ni meilleure que son adversaire) en est une preuve parmi d'autres. Certains journalistes français avouent en direct après le Brexit, contre lequel ils ont tempêté en chœur, que leur rôle est de convaincre des bienfaits (supposés) de l'UE, et, si l'on comprend bien, de ne plus perdre leur temps à analyser les faits et à avoir un regard critique pour éclairer les citoyens, ce qui s'appelle faire de la propagande.
De toute évidence, la « liberté » ne signifie plus le pluralisme des opinions. Signifierait-elle à présent le contraire, à savoir une uniformité, finement modulée, savamment présentée comme « naturelle » et exclusive d'avis divergents (traduction : « nous » sommes la vérité, « ils » sont le mensonge...) ? Chez nous, on glose plus volontiers sur la propagande qui sévirait en Russie que sur l’embrigadement des « grands médias » bien de chez nous au service des politiques d’austérité et des stratégies atlantistes qui nous entraînent dans de multiples conflits.
Quant aux « droits de l'homme », ils cessent visiblement d'être pertinents à la frontière de nombreux pays, la Grèce, l'Espagne, le Portugal par exemple (pour ne pas parler aussi de la France et des dérives autoritaires symbolisées par la « loi sécurité »), ou pour d'autres raisons, l'Arabie saoudite, ou le Qatar, ou encore devant le portail des entreprises françaises et européennes qui licencient à tour de bras en continuant à allouer des dividendes somptueux à leurs dirigeants, devant aussi la sauvagerie de la société US, avec ses sordides stratégies pour rendre acceptable la peine de mort, ou les « cartons » de sa police sur les noirs, manifestants ou pas (etc...).
En revanche les « droits de l'homme » reprennent tous leurs droits face à la Russie et à son président, véritable réincarnation du Démon que l'Occident, éternel « chevalier blanc », se doit de combattre et de terrasser (au risque d'un conflit nucléaire). Au gré de la volonté US, tel qui était hier l'ennemi du genre humain, encore vivant (le président syrien, l'Iran), peut se muer en interlocuteur présentable, ce qui prouve bien qui donne le « la ». On peut supposer que, dans le cas de la Russie, les choses se passeraient de la même manière pour peu que Washington en décide ainsi.
Peut-on accepter un tel univers médiatique, omniprésent, qui tient plus à travers ses discours convenus du conte de fée ou du film d'horreur que d'un mode d'information adulte, mature, honnête, apte à éclairer un contexte économique, politique et militaire complexe et très dangereux ?
Comment un continent aussi éduqué et sophistiqué que l'Europe a-t-il pu convertir aussi radicalement en quelques décennies sa « grande » presse et sa pensée économique et géopolitique officielle au simplisme venu d'Outre Atlantique, à savoir, pour aller vite, la mise en scène ad nauseam de « la lutte du Bien contre le Mal » ?
Si donc nous avons choisi de parler des « grands médias » (ce que nombre de commentateurs font à présent régulièrement à leur manière), et par voie de conséquence des « grands journalistes » qui les animent (ce qui « ne se fait pas » souvent), nous avons le devoir de comprendre ce qui se passe dans une « corporation », elle se conduit souvent comme telle, qui se reconnaît officiellement dans le pré carré « institutionnel » de la déontologie professionnelle et de la liberté de conviction, au fil d'un engagement grégaire frauduleusement abrité derrière les « droits de l'homme » et un sourcilleux mais problématique souci de la démocratie.
Nous serons donc obligés de nommer le « militantisme atlantiste » aussi bien sur le plan idéologique, économique que géostratégique d'une partie de la profession, mais aussi de dénoncer parallèlement l'asservissement/collusion (voire la consubstantialité) avec les oligarchies en place qui spécifie apparemment une large majorité de ses membres. Si les « réseaux Poutine » existent, et pourquoi pas, ils ne font assurément pas le poids face au système atlantiste parfaitement organisé, « à demeure » pourrait-on dire. A tous hasards, précisions que M. Hollande fait partie des « Youngs leaders », réseau d'influence officiel des Etats Unis en Europe.
Cet essai s'appuie sur des informations et des documents que l'on trouve sur le Net en libre accès. C'est donc Wikipedia que nous avons prioritairement sollicité pour définir le terme d'asservissement, et celui d'aliénation, moins précis et compréhensible que celui de « militantisme » qui pourtant paraît souvent justifié :
« En sciences sociales, l'asservissement est la mise en servitude, en esclavage, en domination ou en aliénation. (...)
La notion d'aliénation (du latin : alienus, qui signifie « autre », « étranger ») est généralement comprise, en philosophie, comme la dépossession de l'individu, c'est-à-dire la perte de sa maîtrise, de ses forces propres au profit d'un autre (individu, groupe ou société en général). Il renvoie ainsi fréquemment à l'idée d'une inauthenticité de l'existence vécue par l'individu aliéné. Ce terme est à l'origine un terme juridique, se rapportant à un transfert de propriété. »
En la matière, l' « asservissement » peut être décrit comme l'attitude consistant à défendre bec et ongle des thèses et des idées pour d'autres raisons que leur justesse ou leur nécessité dans le cadre de l'intérêt général, c'est à dire au nom de l'intérêt personnel, qu'il soit moral, professionnel ou autre. Et nous serions de la sorte en dehors de toute déontologie journalistique, du moins telle qu'elle s'impose en principe dans l'exercice du métier de journaliste (Charte de Munich, 1971). L' « aliénation » est comme la phase ultime de l'asservissement, le journaliste faisant sienne les idéologies que les structures professionnelles de son métier lui font obligation de défendre sous peine de licenciement ou de mise au placard.
Or, peut-il exister une vraie presse si elle est globalement convaincue d'avoir à nouveau trahi ses valeurs fondatrices au moins telles qu'elles nous ont été léguées par le CNR après 1945 en réaction à l'existence d'une presse « aux ordres » dans l'entre deux guerres et pendant l'Occupation elle-même ?
Peut-il exister une véritable liberté de la presse si à nouveau les grands médias appartiennent majoritairement à des oligarques dont l'Etat fait la politique et promeut l'idéologie ?
Voilà le sujet même de ce travail, qui tente d'apporter quelques éléments de compréhension.
Le texte, assez long, peut être lu partiellement, et dans l'ordre que le lecteur choisit, chaque chapitre ayant sa propre cohérence, (voir la table des matières).
Il propose une réflexion politique globale, des exemples parlants, et se veut une incitation à ouvrir les yeux sur ce qui devrait être une évidence : il n'existe pas de presse libre si un seul discours prévaut sur tous les autres. On appelait cela jadis le pluralisme des opinions exprimées. Voilà de quoi nourrir la réflexion à l'aube de cette année électorale qui commence comme une mauvaise pièce de théâtre sur fond de tragédies et de crise économique et sociale profonde.
Alain Pucciarelli
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