Les habits neufs (?) du Front National
Le mauvais résultat – si on le compare aux espérances un peu folles de ses partisans – de la candidate du Front National pourrait ne pas rester sans conséquences : déjà se pose à nouveau l’opportunité du changement de nom à défaut de l’attelage familial.
Comme si l’abandon de la vieille défroque et le changement d’emballage pouvaient faire oublier l’extrême indigence du programme et la médiocrité de ceux qui doivent le porter et se contentent de vaticiner sur leur tas de fumier.
Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse mais cette dernière a plus de charme si elle est apportée par un grand cru plutôt que par une infâme piquette dont ne veulent que les déclassés de toute sorte, les timorés, ceux que le progrès laisse inéluctablement derrière, ceux qui ratent ce que d’autres réussissent et qui envient les succès auxquels ils ne participent pas, les haineux de tous acabits à qui on fait croire qu’ils sont grands parce que d’autres à qui on mégote les droits – sont encore plus petits.
Qui peut croire que c’est le nom qui fait uniquement office de repoussoir et non les dirigeants dont les limites sautent aux yeux quand, clones l’un de l’autre, ils récitent leur mantra sur l’immigration, les réfugiés, quand ils font profession d’islamophobie rebaptisée défense de la laïcité, quand ils sombrent dans l’ouvriérisme le plus décalé.
Ils peuvent comme les ci-devant Républicains changer de nom autant de fois qu’ils le veulent, mais à part désarçonner leurs militants qui ont déjà parfois du mal à savoir où ils sont, ils n’abuseront personne.
La substantifique moelle restera la même parce que c’est leur fonds de commerce à peine tempéré par leurs combats d’arrière-garde contre la mondialisation inéluctable. Personne ne peut arrêter la tempête quand elle se déchaîne.
Tous leurs éléments de langage usés et éculés finiront bien un jour par tourner à vide.
Le repli identitaire dans un monde en complète mutation est un chandail mité dont se revêtent toutes les nostalgies et si la nostalgie est belle, sanctifiée par le poète, elle est mortifère quand elle sert de boussole à l’action politique.
Il faut intégrer le caractère irréversible de l’évolution que l’on ne combat pas avec des slogans, il faut l’accompagner, la diriger, l’empêcher de prendre des chemins de traverse qui sont nuisibles au plus grand nombre.
Se projeter dans l’avenir, ce n’est pas restaurer des frontières dont plus personne ne veut, même pas ceux au nom de qui on veut dresser les clôtures et qui seraient les premières victimes des entraves mises à la circulation des personnes et des biens.
Se projeter dans l’avenir, c’est marier l’urgence écologique aux nécessités de la relance économique, ce n’est pas faire n’importe quoi pour sauver des emplois – sans d’ailleurs les pérenniser - , c’est d’abord faire l’état des lieux sans omettre de faire le bilan des déséconomies de l’économie de marché et en essayant de les réduire au maximum, c’est donner aux ouvriers, aux employés, aux techniciens, aux cadres des horizons nouveaux dans des domaines nouveaux, c’est enfin prendre en compte l’urgence de la transition énergétique, redessiner les flux de marchandises en favorisant de manière dynamique les modes de transport les moins polluants comme le rail ou la voie d’eau où il faut engager des politiques de grands travaux pour réhabiliter certains canaux et porter les voies navigables à des gabarits modernes.
C’est enfin engager une réelle politique d’exploitation de nos zones maritimes car l’économie de la mer est riches de potentialités.
Pour rendre l’espoir aux laissés-pour-compte, aux meurtris de la mondialisation, aux oubliés de la croissance, il faut donner un tour positif à leur colère, la canaliser et l’utiliser pour en faire une dynamique de progrès.
Orienter l’épargne, le fameux bas de laine des Français vers l’investissement d’avenir dont la banque centrale européenne doit permettre le financement en veillant à ce qu’ils soient soustraits aux règles absconses des autorités européennes chargés d’évaluer la santé budgétaire des nations.
Les investissements d’intérêt public ne peuvent en aucun cas être intégrés à l’étalonnage mesurant le respect des règles budgétaires, ils seront certes remboursés par nos enfants - comme nous payons pour les dépenses du passé - mais pour leur usage et profit durables.
Le vrai souverainisme consiste à éviter l’aventure du repli sur un marché contracté au nom de l'on ne sait quelle virginité retrouvée mais au contraire à s'ouvrir par la qualité de notre production encore plus l‘accès au monde.
Il faut proposer des modifications structurelles à l’Union Européenne et, si malheureusement la chose est impossible à obtenir en raison de blocages prévisibles, la refonder, avec les pays qui aspirent à cette renaissance, sur ses principes de départ dont faisait partie la nécessaire unification des règles sociales et fiscales, sacrifiée sur l'autel du libéralisme ultra.
53 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON