Les hommes naissent libres et égaux en droit…et c’est déjà pas mal
De la déclaration universelle des Droits de l’Homme à Paris le 10 décembre 1948 aux
presses à monnaies estampillées « Liberté Egalité Fraternité », par
définition, tous les individus naissent libres
et égaux en droit, enfin, voici comme les choses sont présentées à une
bonne moitié de la planète.
Mais cette liberté et cette égalité génèrent des questions dont la principale,
comment expliquer les inégalités économiques entre individus nés théoriquement
égaux ? Et en complément, faut-il que la société (la politique) s’emploie à
corriger ces inégalités ?
L’option libérale où la recherche de l’altruisme
Considérant que la vie politique est l’expression d’un conflit entre groupe sociaux cherchant à imposer au pouvoir leurs intérêts propres, que personne n’est en mesure de savoir ce qu’est l’intérêt général, et que le désir d’enrichissement est une passion irrépressible (considérée à l’époque comme le vice "destructeur de toute société"), Adam Smith pose en 1776 les bases d’un système capable de dépasser et de résoudre ces difficultés : le marché.
Dans ce système -processus impersonnel (dirigé par une main invisible)- il fait de la division du travail et des échanges le processus d’enrichissement des nations et l’essentiel du lien social, et il substitue à la relation riches/pauvres, la relation capital/travail. Le vice devient vertu. Quelques siècles plus tard, la vertu est redevenue vice, ce désir implacable d’enrichissement personnel (au détriment des autres - les ressources étant limitées) n’a jamais réellement abandonnée les hommes, les classes dirigeantes d’origines divines ayant laissé la place aux élites bourgeoises, industrielles puis politiques, artistiques…
L’égalitarisme, comme doctrine politique prônant l’égalité en matière politique, économique, sociale, matérielle est perçue par les élites et les classes dirigeantes comme une atteinte à la liberté, empêchant l’homme de s’élever et le réduisant en l’avalant dans une masse, allant à l’encontre de ses aspirations naturelles d’excellence. Ils voient dans l’égalitarisme, une source de nivellement par le plus petit dénominateur commun, qu’ils qualifient de médiocratie.
Le libertarisme, mouvement favorable à une réduction, voire une disparition de l’État en tant que système fondé sur le collectif, au profit d’une coopération libre et volontaire entre les individus. Aucune entrave à la liberté individuelle ne peut émaner du marché.
Un des problèmes est que le libertarisme en général fonde la notion de propriété de soi sur des exemples hypothétiques d’individus qui créent des biens à partir de leurs talents et des ressources naturelles. Ce point de départ, qui veut lier propriété de soi et propriété des fruits de son travail, est trop abstrait pour avoir une pertinence dans un monde où pratiquement tout produit est le résultat d’un travail collectif auquel chaque individu ne contribue que très partiellement, où même un baron de l’industrie n’est rien sans les esclaves qu’il fait travailler, où les fortunes se sont faites et défaites au gré du matériel humain et des ressources naturelles à disposition.
Vers une taxation élevée de l’héritage…
L’héritage est le mode de reproduction privilégié de la classe dominante, les dynasties, la noblesse, la bourgeoisie, les sportifs, artistes, financiers. Longtemps critiqué par différents courants de pensée - marxisme, anarchisme, communisme, socialisme, ... l’héritage n’en est pas moins devenu l’une des principales composantes de la réussite.
Faisant fi des réflexions consistant à dire qu’il serait injuste de profiter d’un capital sans avoir travaillé pour l’obtenir, les héritages continuent de rythmer la vie économique, sociale et maintenant politique, le pouvoir, comme une réminiscence du passé, semble avoir retrouvé le chemin de la passation, même au suffrage universel.
Du bipartisme, une école pour les élites, des finalistes politiques triés sur le volet et l’héritage reprend du service en politique.
Les conservateurs, et les libéraux, sont opposés aux taxes, car la taxation peut amener à diviser le capital. Dans le cas de transmission de patrimoine "difficilement divisible" (immeuble, entreprise), cela est, selon eux, difficile à mettre en pratique.
Dans le cas des entreprises, les conservateurs pensent que la direction de l’entreprise et son intégrité doivent être préservés, et pensent que sa propriété privée doit être maintenue. Bien évidemment, les courants politiques opposés au libéralisme économique pensent que l’héritage doit être lourdement taxé, voire supprimé, et que, l’intégrité de l’entreprise étant jugée plus importante que celle de sa direction, l’existence de taxes élevées est moralement justifiée.
Imaginez qu’une entreprise crée par le grand-père Auchan ou Lagardère finisse entre les mains des « gueux » qui pourtant sont à l’origine du succès de cette entreprise, ceci serait absolument intolérable. Imaginez que même des électeurs puissent se transmettre d’une génération politique à une autre, ne pas voter pour une personne mais pour un parti ouvre une voie royale pour l’avènement de l’incompétence en politique et la transmission via un héritage idéologique.
Imaginez enfin qu’à votre mort, votre propre maison soit reversée au « pot commun » de la nation, profitant ainsi à ceux n’ayant jamais eu la chance d’habiter dedans, imaginez qu’une génération d’individu n’a pas à sa charge la survie de la génération suivante, l’Etat s’en occupe.
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