Les hommes ne sont pas équipés pour résoudre leurs problèmes actuels (1)
Hommes signifie ici les humains, et non les hommes et les femmes.
Les hommes ont besoin, dans leur être, de divisions. Quand les divisions ne s'établissent pas toutes seules (dans le réel), les hommes s'en créent (via le symbolique). Il n'y a pas de symbolique sans un rapport au réel, les hommes « procréent » toujours, ils créent avec le réel, avec ce qu'ils trouvent, que ce qu'ils trouvent viennent (déjà) des hommes ou non.
Nombre de problèmes actuels sont planétaires et nécessiteraient un traitement planétaire. Pour avoir un traitement planétaire, il faudrait avoir un gouvernement planétaire, pour avoir un gouvernement planétaire, il faudrait se constituer en peuple planétaire.
Mais alors, où trouver la nécessaire division ?
Dans les divisions qui arrivent toutes seules (du réel), je mettrai principalement la division capital-travail, la division homme-femme. La division capital-travail établit des classes sociales et la lutte des classes. Actuellement, la division femme-homme fait l'objet de discours intenses voulant signifier que justement cette division n'arrive pas toute seule, qu'elle est bâtie par les vainqueurs (les hommes, les mâles donc)...
D'autres divisions sont largement bâties, du domaine du symbolique : les États-nations, (la différence entre les Belges francophones et les Français est-elle vraiment nécessaire ?... un exemple parmi d'autres, pas de signification particulièrement) les différentes religions (les religions sont des inventions des hommes)...
Il n'y a pas si longtemps, la grande division mondiale était entre le capitalisme (monde libre) et le communisme (dans une division du territoire assez claire : ouest, bloc de l'Est). Le communisme a disparu (hormis Cuba et Corée du Nord, politiquement condamnés et en difficultés économiques intenses, de l'ordre du vital). La grande division mondiale est maintenant surtout entre le monde libre et l'islamisme, dont un groupe important se proclame « État islamique ». Une autre division tend à prendre le pas sur toutes les autres : les femmes et les hommes. Ces deux dernières divisions sont en lien (voir de prochains articles).
Je traiterai ici du fait que l'humanité atteint les limites de son habitat. Elle atteint aussi les limites de l'action liée à sa pensée. L'humain n'est pas capable de prendre en charge ces « atteintes ». L'humanité continue de chercher la solution de ses problèmes dans l'augmentation de ce qui a fait sa fortune (au sens classique et générique de chance). L'humanité vise de continuer la croissance pour résoudre les problèmes économiques, de répartition des richesses, de chômage, alors que la production actuelle épuise la planète, la remplit de gaz nocifs... d'usines dangereuses comme des bombes... et qu'augmenter la production nous conduira à remplir un peu plus notre poubelle, nous qui sommes contraints, depuis quelques temps, de vivre dedans. Il est fini le temps où nous pouvions mettre nos déchets dans un coin et considérer que nous nous en étions débarrassés. Maintenant, il n'y a plus de coin assez extérieur à nous pour être dans un ailleurs d'où rien ne revienne et que l'on puisse oublier. La pollution de l'air est la pollution de l'atmosphère tout entière, tout y communique et tout ce que nous y faisons a de l'incidence sur tous les autres.
Les catastrophes nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima nous concernent tous. Comme nous concernent tous l'exploitation du charbon, le fait de le brûler dans l'atmosphère. Quand l'Allemagne arrête son programme nucléaire et fait brûler du charbon, c'est une décision allemande et des conséquences mondiales, même si le terme où ces conséquences sont assez grandes pour être mesurées est un peu loin, même si la part de tous les brûleurs de charbon est difficile à spécifier.
On parle souvent de Mc Luhan qui avait annoncé un village mondial, qu'on ne verrait pas venir. Ce village mondial est là, ce n'est pas un village idéalisé dans lequel chacun se connaît, est reconnu, et bénéficie d'une solidarité sans faille qui n'a jamais existé dans les villages, pleins de ragots, de clans !... Le village mondial est là, dans la mesure où tout nous relie, et rapidement. Pas d'institution décisionnaire et pas de peuple pour porter cette institution. Pas d'élection, pas de réunions publiques pour l'ensemble des villageois, pas de conseil municipal, pas de maire : les décisions se prennent au niveau d'États-nations dont la taille ne correspond plus à la définition des problèmes.
Tout au contraire, la rapidité de nos déplacements physiques et symboliques met les États-nations en concurrence, comme s'ils étaient les représentants (de la production du pays). Les politiques publiques ont une forte tendance à vouloir réduire les couts pour mieux vendre, pour moins attirer les travailleurs des pays plus faibles... et donc à baisser le niveau de protection sociale.
Tout au contraire, au niveau des peuples, une tendance lourde est sur la recherche des divisions légitimes, celles qui sont acquises dans l’éducation de façon quasiment invisible, de l'ordre du symbolique et qui ne font l'objet d'aucune théorie, celles qui portent un sentiment d'appartenance premier, plus fort que les autres. Une tendance lourde consiste à attribuer la « mondialisation » à des choix, à tenter de s'en abstraire, (comme si c’était possible !) de reprendre et renforcer le niveau national (sortir de l'euro... etc.). De petits pays, comme l'Écosse, discutent sérieusement d'avoir leur indépendance ! Dans ces débats, il n'est question que de la solitude dans la décision, la souveraineté du peuple, sa force, son orgueil, en quelque sorte. Il n'est jamais question de la solitude dans les attendus des décisions, la faiblesse des ressources pour résoudre les problèmes qui découlent automatiquement d'une trop grande division, d'une trop petite taille.
Ce souhait d'accroître les divisions, s'il est profondément humain, est aux antipodes de ce qui serait souhaitable. Il conviendrait, tout au contraire, que les peuples se rassemblent dans des grands ensembles, qui maintiendraient des divisions, avec des intérêts divergents, des débats et qui auraient la taille de prendre en charge l'aspect planétaire des problèmes humains actuels.
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