Les indo-européens : du mythe à l’obsession
Face aux nouvelles découvertes scientifiques, les protagonistes de la théorie caucasienne avancent des arguments contradictoires et incohérentes avec les fondamentaux de l’hypothèse indo-européenne.
Problématique
Les récentes découvertes scientifiques ont bouleversé nos savoirs relatifs à l’origine génétique de l’homme moderne, l’analyse ADN prouvant que la population occidentale hérite tout à la fois du génome Sapiens, et du génome Neandertal. Puis, si on accepte hypothèse avancée par les chercheurs chinois relative à une éventuelle descendance du prototype asiatique directement du Hommo Erectus, alors les occidentaux hériteraient également du génome Erectus, via le chromosome Y de type R.
En parallèle, ces découvertes remettent fondamentalement en question l’hypothèse sur l’existence indo-européenne, et en particulier la théorie sur l’origine caucasienne, connue sous le nom de théorie « Kourgane ».
Rappelons que jusqu’à récemment, scientifiques et profanes acceptaient conventionnement que les indo-européens auraient migré depuis les steppes pontiques vers l’ouest, s’emparant au long de l’âge de bronze de toute l’Europe, conformément à la théorie Kourgane. Or, les découvertes récentes relatives à l’haplogroupe des européens viennent à l’encontre de cette hypothèse, car il y a une évidente différence génétique entre les principaux peuples dits indo-européens.
Selon les résultats de l’analyse ADN, la population de type germanique est principalement porteuse d’un chromosome Y type I1, la population de type slave est surtout porteuse d’un chromosome Y type R1a, la population celto-italique est fortement porteuse d’un chromosome Y type R1b, tandis que la vieille famille appelée balto-balkanique est porteuse d’un chromosome Y type I2a. Ainsi, par-delà toute interprétation hasardeuse, la concentration asymétrique du chromosome Y selon le type de population, laisse clairement entrevoir que les grandes branches supposées indo-européennes n’ont pas le même ancêtre génétique.
L’analyse ADN montre également que l’apparition du chromosome Y type R1a et R1b, chez les populations germaniques et balto-balkaniques, date de seulement trois millénaires, tandis que l’existence de ces populations est attestée depuis au moins huit millénaires. Cela laisse entendre que les échanges génétiques sont nettement plus tardifs, remettant sérieusement en question l’histoire commune de la grande famille dite indo-européenne.
Dès lors, face au flux de nouvelles informations, les défenseurs de la théorie caucasienne (ou kourgane) n’hésitent pas d’avancer certaines hypothèses qui viennent indirectement à l’encontre des fondamentaux de la théorie indo-européenne.
La polémique tourne surtout autour du chromosome Y R1b, qui est manifestement fort présent chez les basques (85%) et chez les phéniciens. Sauf que linguistiquement ces deux populations sont non-indo-européennes.
Néanmoins, étant donné que la diffusion des chromosomes R1a et R1b répond davantage à la théorie kourgane, les défenseurs de cette version remplacent la langue, jusqu’ici critère principal, par le chromosome R1. Or, en minimisant le rôle de la langue, pièce maîtresse de l’hypothèse indo-européenne, ils remettent en question l’existence même des indo-européens.
Ainsi, associant systématiquement chromosome Y R1 aux peuples indo-européens, affirmant aveuglement qu’il fut diffusé depuis les Caucase par les indo-européens conformément à la théorie kourgane, tout en ignorant en passage l’élément fondamental à l’origine de l’hypothèse indo-européenne, les protagonistes de la théorie caucasienne glissent dans une pure obsession.
Le mythe
Sans vouloir porter atteinte aux travaux scientifiques, soient-ils linguistiques, ou archéologiques, force est de reconnaître que l’hypothèse indo-européenne a été également alimentée par un certain mythe indo-européen. Que ce fut pour justifier la supériorité de la civilisation occidentale lors de la colonisation du 19ème siècle, ou pour substituer la descendance judaïque par une descendance caucasienne lors de la montée de l’antisémitisme en Occident, la notion de « indo-européen » a pris en dehors de l’espace scientifique une dimension mythique.
Ce mythe fut davantage réconforté par la théorie Kourgane, ou caucasienne, qui confère à l’indo-européen l’image d’un homme puissant, guerrier, endurci, qui aurait imposé dans toute l’Eurasie, sa langue, sa culture, son modèle d’organisation sociale, et évidemment, qui aurait transmis son bagage génétique (le chromosome Y R1) après avoir exterminé les autochtones mâles.
Sauf que dans la réalité cela n’est pas prouvé, à l’image des Basques qui ont préservé leur langue, où à l’image des vikings, qui ont préservé leur chromosome Y type I1, et qui ont réussi à s’imposer militairement sur presque toutes les peuples dits indo-européens.
De plus, l’opportunisme est également illustratif, car les protagonistes de la théorie caucasienne orientent toujours les éléments dans le sens de favoriser le mythe de supériorité de l’homme des Caucase. Dans la ligne de Gimbutas, ils affirment que les indo-européens avaient imposé leur modèle d’organisation sociale et leur système des valeurs à toutes les populations occupées.
Or, cette occupation n’a pas porté les mêmes fruits partout. Dans l’espace carpato-danubien par exemple, des brillantes civilisations auraient disparu après le passage dévastateur des indo-européens. Pareillement en Inde, la brillante civilisation harappéenne s’est effondrée sous l’occupation aryenne. Sans parler de l’Europe Occidentale qui a resté sauvage jusqu’à l’arrivée romaine. Inversement, les indo-européens anatoliens semblent être à l’origine des brillantes civilisations, notamment les Hittites et les Phéniciens.
Néanmoins, sachant qu’en sud il y a avait également d’autres civilisations, comme Sumer, Egypte, Mésopotamie, qui ont certainement influencé, puis observant que le nord reste longtemps sauvage (même l’Inde a connu un fort recul socio-économique depuis l’arrivée des aryens), il nous semble assez logique que l’apport de la population indo-européenne, en termes de progrès socio-économique et de civilisation, est plus un mythe qu’une réalité.
Les incohérences de fond de la théorie caucasienne
Incohérences au sujet de langue
Rappelons, que l’hypothèse relative à l’existence d’une société indo-européenne repose fondamentalement sur l’idée d’une langue ancestrale commune. Rappelons également que les peuples dits indo-européens sont caractérisés par deux chromosomes Y principaux, respectivement, le R1 et le I.
Or, on remarque que les populations ayant un chromosome I (I1 et I2) sont de l’ordre de 100% à parler l’indo-européen, tandis que les populations ayant un chromosome R1 (R1a et R1b) sont seulement à 75% à parler l’indo-européen.
Dès lors, sachant que la population caucasienne, supposée à l’origine des peuples indo-européens, est porteuse du chromosome R1a et R1b, tandis que le chromosome I est originaire de l’Europe, il revient à dire, que la langue actuelle européenne est plutôt l’héritage des proto-européens, et non pas des supposés indo-européens.
Incohérences physionomiques
Selon la théorie kourgane, ou caucasienne, les indo-européens auraient envahis la Scandinavie vers l’année 2000 av J.C, donnant naissance à la population de type germanique, après avoir fusionné avec les autochtones. Or, cela est manifestement faux, car les traits physionomiques spécifiques aux germaniques, sont à 99% liés à l’haplogroupe I1.
En effet, selon les textes ADN, 99% des porteurs du chromosome Y I1, ont un visage allongé, une taille plus grande que la moyenne, sont blonds, et généralement, ont les yeux bleus. Rappelons que ces traits sont spécifiques aux Suédois, aux Norvégiens, aux Danois, ainsi qu’à la plupart des germaniques vivant sur le Continent Européen, Américain et Australien. Rappelons enfin, que ces traits ont été utilisés également par Tacite et par Jules César pour distinguer les germaniques des celtes.
Toute au contraire, les porteurs du chromosome R (R1a et R1b) sont à 90% bruns avec les yeux marron. Précisons à ce propos, que pareillement à son frère génétique Q, l’haplogroupe R est spécifique aux populations altaïques (mongoloïdes) dont les traits physionomiques sont généralement, un visage plutôt rond, une taille plus petite, cheveux bruns, et les yeux marron. Cela explique que le 10% des R1 (a et b) qui sont blonds avec les yeux bleus, se trouvent aux frontières de la Scandinavie. Précisons également, que le plus ancien chromosome Y type R découvert en Scandinavie, date de seulement 3000 ans.
L’incohérence des moyens
Selon la théorie kourgane les indo-européens avaient domestiqué les chevaux qui constituaient par la suite un atout dans leurs déplacements et conquêtes. Grâce aux chevaux, les indo-européens auraient pu conquérir également la Scandinavie. Or, si on analyse les milliers de peintures et gravures rupestres trouvées en Scandinavie, et datant de l’âge de bronze danois, on observe que dans plus de 90% des cas, les hommes ne sont pas accompagnés de chevaux dans la pratique de la chasse.
Si les indo-européens avaient conquis cette région vers l’année 2000 av. J.C. grâce à la puissance que leur donnait la maîtrise des chevaux on devrait trouver ce type d’animaux beaucoup plus souvent dans ces représentations rupestres. Or, ce n’est pas le cas, dans la presque quasi-totalité des peintures et gravures les hommes chassent à pied.
Dès lors, en articulant tous ces éléments on constate que l’hypothèse de l’invasion de la Scandinavie par les indo-européens, selon la théorie kourgane, n’est pas fiable. Toute au contraire, il semblerait que la fusion s’est opérée plus tard, vers 1000 av JC, lorsque la population de la Scandinavie s’est diffusée sur le Continent.
Il revient à dire que ce ne furent pas les indo-européens qui avaient envahis la Scandinavie grâce à leurs chevaux, mais plutôt, ce furent les Scandinaves, qui en sortant progressivement sur le Continent, ont introduit tout aussi progressivement, voire lentement, les chevaux dans la péninsule. Car il ne faut jamais oublier qu’au début du deuxième millénaire avant notre ère, les indo-européens ne possédaient pas les techniques maritimes nécessaires pour traverser la mer Baltique avec chevaux et chariots à roue. Ce type des techniques existait à cette époque seulement en Egypte et en Chine.
Incohérences archéologiques
Enfin, la théorie kourgane utilise comme élément clé un type de rite funéraire ; le kourgane. Il s’agit d’un monument funèbre dans lequel le défunt est inhumé, parfois déposé assis, le dos appuyé contre l’autel, parfois couché ayant la tête placée sur une pierre. Ce type de rite aurait été propagé par les indo-européens dès le milieu du 3ème millénaire av. J.C. depuis la région caspienne vers l’Europe occidentale. Cependant, les découvertes archéologiques ne confirment pas cette version, et cela, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord il a été constaté que l’inhumation existait en Scandinavie dès le 5ème millénaire av. J.C, apparemment héritage du Neandertal. Elle fut remplacée progressivement par la procédure de crémation dès le 1er millénaire av. J.C. Dans un deuxième temps, le type de kourgane sur lequel s’appuie cette théorie ne se diffuse pas en Europe occidentale, étant trouvable uniquement dans la région caspienne. Dans un troisième temps, les monuments mégalithiques occidentaux, notamment les menhirs et les dolmens – avec lesquels on avait associé le kourgane – d’une part, ont une structure archéologique différente de ce dernier, et d’autre part leur origine est attestée entre le 6ème et le 4ème millénaire av. J.C.
En revanche, les découvertes archéologiques prouvent que les peuples de Yamna et de Maïkop, qui se trouvaient juste en sud, autour des Caucase, utilisaient également des sépultures kourganes. Ce qui laisse entendre, que la pratique dite « kourgane » n’est pas une spécificité indo-européenne, mais une culture diffusée depuis le sud, vers le nord.
Il revient à dire que la théorie « Kourgane » est vidée de sa substance, car l’élément fondamental, en l’occurrence le « Kourgan », d’une part n’est pas visible à l’ensemble des populations indo-européennes, d’autre part, cette pratique semble se propager depuis le sud, apparemment depuis la Mésopotamie. Cela d’autant plus, que la découverte de ce type de monument mégalithique dans d’autres régions du monde, montre qu’il s’agit effectivement d’une culture mégalithique émergée simultanément sous la plupart des Continents.
Incohérences socio-culturelles
Il convient de rappeler également, que du point de vue socio-culturels, il n’y a aucune approche soutenable entre les diverses populations dites indo-européennes. Maria Gimbutas, auteure de la théorie Kourgane, avait essayé de trouver un lien entre les mythologies indo-européennes, mais sans succès, car les mythologies répondent à une logique géographique et environnementale. D’où une irréconciliable différence entre les mythologies du nord et celles du sud, ainsi qu’entre celles de l’Est et celles de l’Ouest.
Rappelons aussi, dans les années trente, l’historien Georges Dumézil, avaient avancé le concept de fonctions triparties. Selon ce concept, l’ensemble des populations indo-européennes auraient eu en commun une partition tripartite de leur Panthéon, qui aurait répercuté ensuite sur la structure sociale, se traduisant par une classe sacerdotale, une classe guerrière et une classe d’agriculteurs.
Cependant, ni le professeur, ni personne d’ailleurs, n’a pas pu prouver ce type de partition chez les germaniques. Tacite, ayant bien précisé que le Panthéon germanique se divisait en seulement deux classes de Dieux, respectivement les Ases et les Vanes, tandis que la société se divisait en deux catégories, respectivement agriculteurs et guerriers. Il n’y avait donc pas le corps sacerdotal.
L’énigme autour du R1b
Les polémiques autour du chromosome Y R1b ont commencé lorsque les analyses ADN ont fait savoir qu’environ 75% des occidentaux descendraient des agriculteurs anatoliens qui auraient apporté ce chromosome en Europe, en même temps avec les techniques Néolithiques. Sachant à ce propos, que l’haplogroupe le plus fréquent en Europe Occidentale (R1b1b2 ou M269) correspond en ancienneté, grosso-modo, avec l’introduction des techniques Néolithiques.
Néanmoins, les défenseurs de la théorie caucasienne refusent l’idée que l’ancêtre commun d’une grande partie des occidentaux serait venu du Proche Orient. A ce titre, ils ont mobilisé une série d’arguments, afin de prouver d’une part, que les chromosomes R1a et R1b sont étroitement liés à la population indo-européenne, ensuite qu’ils étaient diffusés vers l’ouest pendant la supposée invasion indo-européenne du 3ème millénaire avant notre ère.
Selon leur hypothèse, le chromosome R1a serait diffusé à travers la Lituanie et la Pologne, jusqu’en Allemagne, tandis que le chromosome R1b, serait diffusé à travers l’Ukraine, la Roumanie, et la Hongrie, jusqu’en Autriche. Cependant, il y a également une série d’incohérences qui viennent à l’encontre de ces perspectives.
Tout d’abord ils affirment que l’haplogroupe R1b ne pourrait pas venir de l’Anatolie via les Balkans, car il est très peu fréquent en Europe de l’Est. Certes, mais cet argument rejette également la version kourgane, car si le chromosome en question serait diffusé depuis les steppes à travers l’espace carpato-pannonique, il devrait être plus fréquent en Europe de l’Est. Or, ce n’est pas le cas.
Il convient de préciser en effet, que les sous-clades L23 et L51, qui précèdent le P-312 (actuellement dominant en Occident), ne sont pas trouvables en Europe. Le premier, le L23, est présent en Caucase et en Anatolie, dont majoritaire chez les Arméniens. Mais L51, est très rare, et complètement absent en Europe de l’Est et en Europe Centrale. Une carte dressée à ce titre, le place davantage au sud de la France.
Si R1b P-312 venait véritablement depuis l’Est, il devrait y avoir une continuité. Sa première forme, le sous-clade L23, devrait se trouver surtout dans l’espace Ukraine-Moldavie-Roumanie, où les défenseurs de la théorie caucasienne affirment que les conquérants indo-européens avaient mis fin aux sociétés proto-européennes existantes. Dès lors, ils devraient transmettre leur chromosome R1b, le rendant dominant, comme on observe en Occident. Or, ce n’est pas le cas, le chromosome dominant restant le « I2a ».
Puis, sa deuxième forme, le sous-clade L51, devrait être dominante en Hongrie, Autriche et Bohème, où, selon la théorie caucasienne, les indo-européens auraient développée vers 2500 av JC, la culture d’Unétice, puis celle de Hallstatt. Or, pareillement, ce n’est pas le cas. De plus, ces cultures ne sont pas exclusives aux indo-européens, mais s’inscrivent dans une évolution normale de l’humanité, étant visibles également ailleurs, et marquées par le passage de l’âge de cuivre vers l’âge de bronze.
Ensuite, les défenseurs de la théorie caucasienne affirment qu’il y aurait un lien génétique (à travers le chromosome R1b) entre la population « kourgane » et les Occidentaux. Sauf que les études réalisées en 2009 sur des ossements issus de 26 sépultures de la région de Krasnoïarsk (Russie) et datées de l’âge de bronze, confirment que ce lien génétique est uniquement avec certaines populations russes, mais pas avec la population Occidentale.
Enfin, l’analyse ADN montre que le plus ancien chromosome R en Scandinavie, date seulement de l’année 1000 av JC. Ce qui ne correspond aucunement à la période supposée d’invasion indo-européenne. Elle correspond plutôt à la période de sortie des scandinaves vers les rives sud de la Mer Baltique, confirmant l’hypothèse, qu’il s’agit d’une fusion naturelle entre scandinaves et asiatiques. Une fusion lente et durable autour de la Mer Baltique, qui a porté sur la naissance de la population de type germanique.
Les hypothèses probables
Notons tout d’abord, que selon les travaux linguistiques, la langue indo-européenne (pièce maitrise de l’hypothèse indo-européenne) est apparue vers le 7ème millénaire avant notre ère. Or, il est prouvé sociologiquement, qu’une langue commune est toujours accompagnée d’une culture commune. Ce qu’on observe en Chine, en Inde et au Croissant Fertile.
Notons également, qu’entre le 6ème millénaire et le 3ème millénaire av JC, une population existait belle et bien en Europe, celle qui a introduit les techniques agricoles et qui a construit les menhirs et les dolmens. Dès lors, on a en Europe une population qui devrait logiquement avoir une langue, puis une culture, et évidemment un chromosome Y.
Notons enfin, que selon les mêmes travaux linguistiques, l’emplacement originaire des Indo-Européens, serait plutôt la steppe pontique, juste au Nord de la Mer Noire. Or, il est prouvé que la Mer Noire s’est formée également vers le 7ème millénaire, en partant d’un petit lac, dans lequel la Méditerranée s’est versée progressivement.
Ainsi, en articulant ces éléments, on peut faire d’abord l’hypothèse que la population originaire indo-européenne (ou proto-indo-européenne) vivait effectivement autour du lac qui fut à l’origine de la Mer Noire. Puis, suite à l’agrandissement de la Mer Noire, les diverses peuplades se sont séparés, donnant naissances aux diverses branches indo-européennes, qui ont migré en directions différentes.
Cette perspective, bien que n’est qu’une hypothèse, a le grand mérite d’expliquer pourquoi une population qui partage la même langue ne partage pas la même culture, ou la même mythologie. Tout justement, parce que les diverses branches seraient séparées assez tôt, sans prendre le temps de fonder une culture commune. Quant à la culture kourgane, qui est apparue seulement vers le
4ème millénaire avant notre ère, elle pourrait être caractéristique uniquement à la branche slave.
En passage, cette hypothèse pourrait expliquer une équation non résolue à ce jour par les linguistes. A savoir, pourquoi les mots de type mère, père, sœur, frère, sont presque communs à tous les indo-européens, tandis que les mots qui désignent les animaux ou les plantes sont différents. Tout justement, parce qu’ils ont vécus ensuite dans des environnements très différents
Dans la continuité de cette première hypothèse, on pourrait supposer par la suite, qu’une branche indo-européenne avait fusionné dès le 6ème millénaire av JC, avec les Agriculteurs porteurs du chromosome Y R1b. Evidemment, étant donné le fort taux de ce chromosome parmi les celtes, on peut envisager qu’il s’agit de la branche celto-italique. Puis, la population naissante, s’est dirigée progressivement vers l’Ouest, diffusant les techniques Néolithiques.
Rappelons qu’une population existait déjà en Europe. Or, mis à part la langue basque, il n’y a pas les traces d’une autre langue en Europe. Dès lors, soit on avance l’hypothèse que la population proto-européenne parlait un dialecte indo-européen, ce qui annule de facto la théorie kourgane, car une langue indo-européenne présente en Europe dès le 6ème millénaire signifie que les diverses branches indo-européennes étaient déjà séparées bien avant la naissance de la culture kourgane.
Soit, la langue des populations proto-européennes aurait disparu totalement sous l’impact indo-européen. Mais dans ce cas, la langue n’est plus un critère fiable, ce qui annule de facto l’hypothèse relative à l’existence indo-européenne. Car, si une langue aurait pu disparaitre complétement, alors on pourrait envisager que la langue indo-européenne ne serait qu’une construction récente, sous l’influence gréco-romaine.
Néanmoins, sachant que l’approche linguistique repose simultanément sur une similitude en termes lexicologique, morphologique et syntaxique, l’hypothèse la plus probable est que la population proto-européenne parlait un dialecte proche d’indo-européen. Ce qui laisse entendre que les proto-européens et les indo-européens ont eu des contacts socio-culturels depuis le Mésolithique, et implicitement, que le berceau indo-européen est plutôt la Mer Noire.
En ce qui concerne les basques, on pourrait envisager que parmi les agriculteurs venus d’Anatolie, il y avait certains qui auraient avancé vers l’ouest, sans se mélanger avec les indo-européens. Dès lors, en gardant leur langue originaire ils seraient à l’origine des basques, qui ont un chromosome Y R1b, mais qui parlent une langue non-indo-européenne. Cette hypothèse semble beaucoup plus judicieuse pour expliquer la situation basque.
Quant à l’existence écrasante du chromosome actuel R1b (P-312) en Occident, notamment dans les régions celtiques, l’hypothèse la plus pertinente serait qu’il relève d’une mutation naturelle de son parent. Etant donné que les sous-clades actuelles ont apparu pendant la même période, mais dans régions très différentes, il semblerait qu’il s’agit davantage d’une mutation due à la maturation du sous-clade père, le M-269, et non pas à une invasion indo-européenne.
On pourrait également faire l’hypothèse qu’il a évolué progressivement depuis M-269, vers P-312, sur l’impact de nouvelles activités ou des changements climatiques. On pourrait aussi envisager que cette évolution se doit aux mutations déclenchées par les échanges socio-culturels avec les populations venus depuis le sud, accompagnant la culture campaniforme. En effet, car la culture campaniforme, introduite visiblement depuis le Gibraltar, correspond exactement avec l’emplacement actuel du R1b (P-312).
Mais il est très peu probable qu’il fut introduit par les indo-européens depuis l’Est, en même temps avec la culture de céramique cordée, comme le suggèrent les protagonistes de la théorie caucasienne. D’une part, parce qu’il y a une énorme distance entre cette culture, centrée sur la Mer Baltique, et l’actuel chromosome
P-312. Ensuite, parce que cela signifierait que les indo-européens auraient conquis toutes les populations proto-européennes, depuis l’Italie jusqu’aux îles britanniques, y compris les basques, ce qui est scientifiquement non prouvée, et statistiquement impossible.
En effet, étant donne le faible pourcentage du R1b en Europe de l’Est, et sachant que les populations actuelles ont préservé le chromosome I2, hérité depuis les proto-européens, prouve bien que les porteurs du chromosome R1b, à priori celtes, se sont dirigés vers les régions non-occupées, où ils ont devenus majoritaires. Cela réconforte l’hypothèse avancée, selon laquelle une population s’est formée dans les Balkans vers le 6ème millénaire, suite à une fusion lente et durable entre les fermiers anatoliens, et la branche celto-italique.
Puis, elle s’est déplacée progressivement vers l’Ouest, introduisant les techniques Néolithiques, et bien entendu, le chromosome R1b. Evidemment, au fil des millénaires ce chromosome a muté, soit sous l’impact de l’environnement, soit à cause de sa propre évolution et maturation.
Quant à la diffusion du chromosome R1a vers l’Occident, semble se faire progressivement, naturellement, voire même pacifiquement, par des populations de type proto-slave, qui ont accompagné la culture cordée. Néanmoins, la grosse vague de R1a se doit clairement à la migration récente des peuples slaves.
Notons enfin, que du fait que la branche R1B U-106 est apparue il y a environ 3000 ans (exactement quand les scandinaves sont entrés sur le Continent) et étant donné qu’elle est majoritaire sur les rives de la Mer du Nord, laisse clairement entrevoir qu’elle émerge suite à la fusion entre les scandinaves porteurs du chromosome I1, et les populations celtiques vivant dans la région, porteurs du chromosome R1b-M269.
L’obsession
Rappelons tout d’abord que la théorie indo-européenne repose exclusivement sur l’existence d’une langue supposée commune. C’était le point de départ, quand on a avancé le concept indo-européen au 19ème siècle, et ça reste le seul dénominateur commun. Rien d’autre, ni trace archéologique, ni traits culturels, ni traits physionomiques, n’existent comme point commun entre l’ensemble des peuples dits indo-européens.
Cependant, les textes ADN ont bouleversé radicalement les choses. D’une part, parce que ceux qui parlent l’indo-européen sont partagés entre les proto-européens qui ont un chromosome Y de type I, et les supposés indo-européens qui ont un chromosome Y de type R. Ensuite, parce qu’il y a des populations qui sont considérées génétiquement indo-européens de par le chromosome R1b, mais qui sont linguistiquement non-indo-européens.
Dès lors, étant donné que le chromosome R1b répond davantage à la théorie caucasienne, et afin d’expliquer la situation basque, les protagonistes caucasiens avancent une hypothèse, qui de facto, vide la théorie indo-européenne de sa substance.
Ils affirment en effet, que lors de l’occupation ibérique par les indo-européens (caucasiens), ces derniers ont transmis uniquement le chromosome R1b en épousant les femmes autochtone. En revanche, la langue néolithique (non indo-européenne) serait selon eux conservée, car l’éducation des enfants est restée à la charge des femmes. Ils affirment ensuite, que la langue indo-européenne aurait été introduite dans la région Ibérique seulement sous l’occupation romaine, et que les Basques auraient échappés à cette indo-européanisation grâce à leur isolement dans les Pyrénées.
Cependant, cela vient l’encontre du processus de l’indo-européanisation conformément à la théorie kourgane, et remet en question toute la théorie liée à l’existence indo-européenne.
Car si on accepte l’hypothèse que les ibériques auraient pu garder leur langue après l’occupation indo-européenne (celtes), on peut envisager que d’autres populations ont gardé leur langue autochtone, tandis que leur indo-européanisation linguistique s’est produite plus tard, pendant l’occupation romaine. On peut également envisager que l’indo-européanisation de l’Asie (Iran, Inde) s’est produite lors de la conquête grecque sous Alexandre.
Il revient à dire, que si on accepte cette hypothèse, le concept de « indo-européen » n’a plus de sens, car il repose fondamentalement et exclusivement sur l’idée d’une langue ancestrale commune.
Or, obsédés par prouver leur origine caucasienne, les protagonistes de la théorie kourgane oublient complètement ce détail, mettant aveuglement en miette l’argument principal, pièce maîtresse de l’existence indo-européenne.
En outre, cette hypothèse rentre en contradiction avec l’esprit fort patriarcal attribué aux indo-européens, par Gimbutas et ses fidèles. Sachant qu’en général les conquérants imposent toujours leur langue et leur culture à leurs enfants, notamment aux garçons, afin de transmettre leur patrimoine culturel (esprit de préservation exige). Dès lors, soit cet argument est complétement faux, soit les supposés indo-européens n’ont pas conquis les autochtones, mais ils étaient absorbés par la culture locale.
Conclusion
En somme, bien que le sujet relatif aux indo-européens soit déjà saturé de sens, la visée de cet article est de mettre en lumière l’obsession de protagonistes de la théorie caucasienne, qui n’hésitent pas à s’en passer des fondamentaux, afin de prouver l’origine caucasienne des européens.
Dès lors, toute la question est de savoir si l’hypothèse indo-européenne repose toujours sur l’existence d’une langue ancestrale commune, ou on opte pour d’autres références.
Néanmoins, dans le premier cas, toutes les hypothèses avancées au sujet du Chromosome Y R1 b sont fausses, ou du moins erronées, tandis que dans le deuxième cas, la théorie indo-européenne est vidée de sa substance initiale.
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