Les infiltrés dans l’imposture et l’illégalité
Lors de leur émission consacrée aux « prédateurs sexuels », réalisée par l’Agence Capa pour le compte de France 2 qui la diffusait le mardi 6 avril 2010, « Les Infiltrés » avaient déjà bafoué la règle déontologique fondamentale que respectent tous les journalistes dignes de ce nom, à savoir la protection des sources (en « balançant » à la police leur balance). Extorquer une information par ruse est une pratique courante, mais balancer la source qui permet l’infiltration d’un réseau y compris criminel est contraire à leur devoir professionnel, tant d’un point de vue légal, qui les y invite par l’article 109 du Code de procédure pénale stipulant que « tout journaliste, entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l’exercice de son activité, est libre de ne pas en révéler l’origine », que d’un point de vue pragmatique.
En effet, comment pouvoir assurer la pérennité du métier de journaliste si l’on généralise cette pratique de la non-protection des sources, aussi ignobles soient-elles . Les policiers eux-mêmes qui se servent « d’indics » connaissent et respectent ce principe élémentaire. Mais les infiltrés viennent de franchir une nouvelle étape dans l’absence de déontologie, l’imposture et pour tout dire l’illégalité.
Le nouvel opus de ces Pieds Nickelés du journalisme diffusé sur France 2 mardi 27 avril traitera censément des liens entre « intégrisme » religieux et « extrême droite ».
L’absence de déontologie pour commencer, immédiatement suivie de l’imposture.
Dès octobre 2008, lors du lancement de l’émission « Les Infiltrés » par France 2, l’agence Capa responsable de son contenu avait tenu à en préciser les contours et la finalité par un communiqué suffisamment précis.
« Journalistes “dans la peau de…équipés de micros caméra, “Les Infiltrés“ tentent chaque jour d’en savoir plus sur l’entreprise dans laquelle ils ont été embauchés, sur l’association, le milieu ou le mouvement qu’ils ont réussi à intégrer ». Capa précisait qu’à la suite de la diffusion de chaque reportage, David Pujadas lancerait un débat ‘pour réagir à ces multiples informations ou révélations rapportées par le journaliste infiltré ».
Alors donc celui qui a infiltré l’église Saint-Eloi, l’école Saint-Projet et le mouvement politique Dies Irae est journaliste comme tous les infiltrés doivent l’être selon le concept de l’agence Capa ? Et bien non ! Il s’agit de Mathieu Maye, un ancien sympathisant du FNJ (Front national de la jeunesse) où il traînait son ennui courant 2005. L’ancien responsable Arnaud Valier se souvient de lui comme d’un individu peu affable hormis quand il s’agissait d’aborder le sujet des juifs. Il se contentait de boîtages, faisant donc la promotion des idées du FN. D’un point de vue déontologique, instrumentaliser un tel militant pour vouloir dénoncer une idéologie dont il était proche il y a encore peu, c’est peu ragoûtant. Mais c’est surtout une imposture puisqu’il n’est pas journaliste comme le prévoyait la mission conceptuelle sous-tendant cette émission. Un obsédé de la « question juive » utilisé pour faire un travail journalistique, c’est nauséabond et décrédibilise par avance le reportage, les méthodes utilisées pour obtenir quelque information que ce soit étant liées à la psychologie du concerné.
David Pujadas qui avait infiltré lui-même le FNJ ne devrait pouvoir se solidariser d’une telle méthode. Un an ‘d’infiltration » de ce cher Mathieu payé par notre redevance, en lieu et place d’un authentique travail journaliste ! Passons sur son infiltration dans l’Institut du Bon-Pasteur, société de vie apostolique de droit pontifical. Passons sur l’église Saint-Eloi, où il s’est fait catéchumène, simulant le désir de passer son baptême durant des mois, où un prêtre peut tout à fait tester le jeune homme par des propos tendancieux. Et enfin le volet illégalité. Profitant de la confiance de la dite paroisse, il s’est fait embaucher comme surveillant à l’école Saint-Projet, une école hors contrat où sont scolarisés, pour un tiers des effectifs, des enfants de fidèles de Saint-Eloi, ce qui signifie que les deux tiers proviennent d’autres horizons pas nécessairement catholiques d’ailleurs. Et bien ce cher Mathieu n’a rien trouvé de mieux à faire que de conditionner des mineurs à tenir des propos délictueux, comme il l’avait fait dans les structures précédentes, et comme il le faisait de bon cœur du côté du FNJ. Il reproduira la même technique du côté de Dies Irae (http://www.dies-irae.fr/actualites-n141-les-infiltres-de-france-2-une-provocation-en-service-commande.html).
L’article 227-21 du Nouveau Code pénal est très clair : « le fait de provoquer directement un mineur à commettre un crime ou un délit est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 150000 euros d’amende. Lorsqu’il s’agit d’un mineur de quinze ans, que les faits sont commis dans les établissements d’enseignement, l’infraction de sept ans d’emprisonnement et de 150000 euros d’amende ».
Décidément, les infiltrés ne méritent pas le titre de journalistes.
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