Les jardiniers du G 20

L’actualité semble donner raison à cette ancienne parabole : « Le monde est tel un grand arbre feuillu qui se dessèche. Car le vent et le temps ont chassé la terre qui enveloppait ses racines. Et vint le jardinier qui arrosait les feuilles unes à unes et se lamentait de l’inefficacité de son remède. »
G 20 – avril 2009 : le grand arbre tient son sommet : les 20 plus grands jardiniers se réunissent. Toutes les feuilles et même toutes les branches sont malades : la branche financière, la branche de l’emploi, la branche de la sécurité, la branche de l’environnement. Le remède est simple : arroser tout cela d’une pluie de dollars et contrôler le système pour éviter que des malins empêchent le traitement d’atteindre sa cible. La politique de l’arrosoir.
Hélas, l’arbre ne souffre d’un manque d’argent qu’en apparence. En réalité, il se meurt d’une cause bien plus essentielle et bien plus profonde… son déracinement.
Si l’humanité s’est formée en quittant la nature, en se déracinant justement de son animalité, le prolongement irréfréné de cette direction pourrait être aussi ce qui la perdra. A moins de retrouver le goût de la mesure en particulier dans ses finances, à moins de relocaliser ses économies, à moins de rendre une échelle humaine aux villes, au commerce et mêmes aux passions, toute notre société continuera à suinter la douleur par toutes ses aspérités. Il ne s’agit pas de retourner à l’état de nature, mais de ne pas trop s’en éloigner ! D’ailleurs ne nous y trompons pas. Lorsque dans quelques mois, ou quelques années on contemplera l’échec de la politique de l’arrosoir, on sera bien obligé (mais cette fois-ci de manière contrainte) de revenir au protectionnisme c’est-à-dire à la relocalisation. Entre temps, les Etats auront dramatiquement augmenté leurs dettes, la crise n’aura pas été réglée et le monde sera sans doute au seuil de la guerre.
La médecine a depuis longtemps établi que l’étude de la maladie ne devait pas se cantonner à une approche par ses manifestations immédiates mais qu’il fallait en rechercher la cause profonde et tenter de juguler celle-ci. On serait heureux que la politique contemporaine s’inspire de ce raisonnement mais on ne comptera pas trop sur un tel revirement. Le pouvoir ne figure-t-il pas en première place dans la liste des amis de la démesure ?
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