Les « listes communautaires » de la Droite la plus bête du monde
On veut bien croire sur parole Bruno Retailleau

quand il explique que sa proposition de loi sur l’interdiction des listes communautaires avant les élections municipales, déposée au Sénat le 8 novembre 2019, ne relève pas de la pure polémique politicienne
(http://www.senat.fr/leg/ppl19-108.html)
On ne ricanera pas ici sur ce sujet, qui est effectivement sensible et sérieux. Mais enfin, la ficelle est un peu grosse, et le calendrier pour le moins raccourci.
Officiellement, la présence aux dernières élections européennes de la liste « Une Europe au service des peuples » de « l’Union des démocrates musulmans de France », qui a annoncé à cette occasion son intention de présenter des listes dans des municipalités ciblées, serait à l’origine de cette proposition.
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que jusque là, cette hypothèse n’a guère semblé troubler MM Retailleau et Bertrand, qui ont pris le temps d’attendre l’été, et la moitié de l’automne, avant de se réveiller.
Le gouvernement est donc sommé de légiférer dans l’urgence, à 4 mois des municipales (le 1er tour aura lieu le 15 mars 2020, c’est-à-dire demain), sur rien de moins que la restriction de la liberté démocratique, avec possibilité d’interdiction préventive de listes, sur la base de faits survenus jusqu’à 6 mois auparavant, donc avec un effet rétro actif.
Ce sujet sérieux mérite mieux qu’une enième interdiction cosmétique pour faire plaisir à la droite la plus bête du monde, qui doit penser avoir trouvé la recette magique pour mettre l’exécutif dans l’embarras :
Si le projet était validé en l’état, le gouvernement serait responsable de son application, et non ses auteurs, qui en riraient bien.
Un peu comme Marine Le Pen demandant à François Hollande d’appliquer la déchéance de nationalité, Florian Philippot expliquant sourire en coin que c’était à l’exécutif d’apprécier la faisabilité juridique de sa propre mesure.
Et si la proposition n’était pas reprise par la majorité, elle n’aurait donc aucune chance d’être votée dans les prochaines semaines, et la droite la plus bête du monde pourrait fulminer ses excommunications rituelles depuis son magistère moral de plus en plus imaginaire.
Ce qui n’a pas manqué d’arriver (https://www.lefigaro.fr/politique/listes-communautaires-retailleau-et-bertrand-vent-debout-contre-macron-20191120)
Face je gagne, pile tu perds !
Pour rappel, les précédentes « interdictions communautaires » prononcées lorsque la droite orpheline était au pouvoir, il y a une éternité - en 2004 (loi sur l’interdiction du foulard à l’école) et 2010 (interdiction de la burka) - ont toutes respecté un processus législatif exemplaire, et il n’a jamais été question de voter une loi tout de suite maintenant, sur la base de l’expertise juridique d’un parlementaire rendue en 15 jours.
Dans son discours devant l’assemblée des maires, Emmanuel Macron a logiquement demandé du temps au temps, et refusé d’agir avec un pistolet sur la tempe. On ne peut que s’en féliciter.
Surtout que la question dépasse largement les limites du projet de loi Retailleau :
Pourquoi s’embêter, si on veut « faire du communautarisme », à aller recruter 20, 30 ou 40 personnes sur une liste ad-hoc, alors qu’il suffit d’une ou deux places de conseiller municipal ou d’adjoint, sur la liste de M le maire communiste, socialiste, vert, UDI, voire… LR ?
L’hebdomadaire Marianne, dans son numéro 11821 a ainsi très utilement fait le portrait de l’un des initiateur de la marche contre l’islamophobie, promoteur actif de la destruction de la laïcité, qui n’est autre qu’un conseiller municipal au sein de l’équipe du maire (communiste) de Saint-Denis.
Et que dire alors, des listes régionalistes à tendances séparatistes, dont M Retailleau a d’avance expliqué qu’elles n’étaient « pas concernées par sa proposition », alors qu’elles aussi ne s’adressent qu’à « une section du peuple fondée sur une origine ethnique » ?
Les trois députés autonomistes corses doivent-ils siéger ?
La démagogie trouve ici toutes ses limites dans ce débat piégé ;
Et la droite la plus bête du monde prouve une fois de plus qu’elle est incapable de se départir du complexe dominateur qui l’animait lorsqu’elle se croyait propriétaire de l’État, élue automatiquement :
il est rare de voir des partis d’opposition réclamer des limitations de la démocratie… sans doute parce que leur statut minoritaire les expose à en être les premières victimes. Pas en France.
À force de réclamer des interdictions tous azimuts et de se ligoter dans un tissu de tabous sans cesse plus nombreux, la marginalisation de la droite la plus bête du monde avance donc à grand pas.
La défense de la République et de la nation française, ses priorités affichées, vraisemblablement beaucoup moins.
Mais après tout qu’importe….
1À Saint-Denis, la laïcité maltraitée, enquête sur Madjid Messaoudène à l’origine de la « marche contre l’islmaophobie », p 30 à 33.
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