Les machines sociales anonymes
Après la défaite de l’UMP la semaine dernière, nous étions en droit d’exiger un changement de politique. La cacophonie qui a entouré cette défaite au sein de l’UMP et du gouvernement a été amusante à observer, mais aucune fumée n’est jamais sortie de ce conclave semi-public semi-Elyséen.
Yalta de quinquennat
Cet autisme est déjà sanctionné dans les sondages, je n’y reviendrai donc pas. La nouvelle contine, à se raconter officiellement entre amis , certifiée conforme Elysée-inside est des plus banale :
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"On ne change pas une politique engagée depuis trois ans, qui commence à peine à produire ses effets, au risque de rater le train de la croissance qui repart".
Les espoirs d’un maintien de Sarkozy à l’Elysée sont inscrits dans les doutes qu’exprime François Fillon dans cette magnifique escroquerie intellectuelle que je viens de citer, "au risque de rater le train" au sujet d’une reprise qui ne viendra pas . L’Insee le disait également la semaine dernière : la légère remontée du PIB n’engendrera pas de créations d’emploi massives cette année ni l’année prochaine. Bref, l’Insee confirme ce que disent les experts internationaux les plus optimistes, en effet d’autres s’attendent à une rechute fin 2010 ou début 2011.
Ce gouvernement chimérique animé d’un objectif farfelu tient donc le cap fixé par le président, au sens du capitaine qui coule avec le navire. Cela ne me dérangerai guère...si je n’étais pas également embarqué dans ce navire.
Il nous reste deux ans à sombrer chaque jour davantage, avec pour seul orchestre un hypothétique espoir du grand soir (forcément à venir) de la droite néo-conservatrice Française incarnée par notre play-boy de service.
Les régionales ont donc été le Yalta de Sarkozy , il y a participé par procuration pendant que les prétendants à sa succession, de gauche comme de droite, remodèlent déjà le paysage politique Français. Après Dominique de Villepin jeudi dernier, cela a été au tour d’Alain Juppé
de laisser entendre sa voix à ce sujet. Je n’ajouterai pas de commentaires au sujet de la légion de candidats potentiels à gauche.
J’ai désormais la conviction qu’un rebond du président est désormais impossible (ce qui est déjà pas si mal finalement).
Placébo économique
Je me suis un peu embourbé dans ces conjectures hasardeuses, en effet je souhaitais vous parler d’une toute autre chose aujourd’hui, c’est-à-dire d’un mensuel libre : Fakir , et nous on aime ça sur internet. J’ai acheté hier l’édition d’avril, (je sais Agnès , cela fait longtemps que tu accro, je viens seulement de comprendre pourquoi aujourd’hui).
Nous apprenons donc dans le premier papier intitulé judicieusement "La prime à j’me casse" que les industriels de l’automobile ont reçu entre 2008 et 2010 environ 23 milliards d’euros d’aides. Ils ont laissé en contrepartie un dégraissage de leurs effectifs d’environ 8000 salariés pour 2009 en France. Mr Estrosi aurait-il donc un emploi fictif au gouvernement ?
Il s’agit évidemment de délocalisations, qui par un curieux paradoxe sont financées par nos impôts et sont souvent escamotées dans la presse, on préfère souvent évoquer le fait que PSA va investir x centaines de millions d’euros en tchéquie ou ailleurs.
Bref, pour parler concrètement, voici où sont passées les usines d’assemblages de PSA et de Renault dernièrement : la Twingo>Slovénie, la C1 et la 107> Tchéquie, la 207 et la C3> Slovaquie. je ne parle pas des sous-traitants comme Continental ou Goodyear dont les fermetures d’usines à Clairoix ou Amiens ont marqués nos journaux télévisés depuis maintenant un an.
Au niveau industriel, EADS assemble d’ores et déjà des avions en Chine et souhaite faire de même au Mexique. Il vient d’inviter ses sous-traitants de premier niveau à une convention en juin prochain . Une nouvelle externalisation est donc en route.
Toute ces mauvaises nouvelles sont déjà dans les tuyaux, mais il est possible d’aller encore plus loin. En effet nous ne parlons là que de production, la conception automobile et aéronautique, qui mobilise des dizaines de milliers d’ingénieurs, est actuellement encore largement effectuée en Europe. Si on jette un regard rapide sur les trente dernières années, et en observant les centres de matières grises présents en Chine, on peut laisser à la R&D Européenne une dizaine d’année à vivre, certainement pas plus.
C’est le marché, que voulez-vous y faire ? A cette injonction à accepter les claques du marché sans coup férir je ne crois plus.
La mondialisation, grâce à cette crise, prépare encore une fois les gains à venir de ses actionnaires au dépend des populations. C’est Chavez qui a encore le dernier mot au sujet de cette mondialisation du capital : est elle bonne ? ça dépend pour qui, répondrait il avec un rire frénétique.
Le Capital en goguette
Le deuxième article de Fakir, ou plutôt dossier, concerne la fortune personnelle de Laurence Parisot. La mise en liquidation judiciaire de son ex-entreprise "la manufacture du siège" à Berteaucourt-lès-Dames vient de mettre 352 salariés au chômage.
Il faut lire les témoignages poignants de ces ex-salariés, traités comme des bêtes durant des années, aides gouvernementales à l’appui venir voir la liquidation de leur entreprise équipements par équipements. L’émotion est palpable, d’autant plus que certains acheteurs sont des anciens collègues travaillant désormais en Roumanie pour Laurence Parisot.
Le plus comique dans cette affaire est de savoir que des repreneurs avaient racheté cette boite, en repassant par la case subvention, un an auparavant. On découvrira par la suite que ceux-ci se sont enrichis légalement via des salaires exorbitants, la routine quoi !
Mais de reclassement des salarié, il n’est plus question maintenant. Cela a également un prix comme nous venons de le voir.
Le capital a changé d’épaule comme le singe espiègle au boulot.
Allez lire également chez bakchich , comment deux fonds de placements viennent de retirer piteusement leur "plan de sauvegarde de l’emploi" et les licenciements qui allaient avec afin que son retrait prévisible par la justice ne fasse pas jurisprudence.
Sarkozy, et après ?
Je ne suis pas de ceux qui prétendent que la gauche et la droite c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Mais lorsque l’on regarde la doxa budgétaire réalisée depuis bientôt 30 ans, on ne peut que se rendre à l’évidence que les gouvernements successifs ont utilisé l’emploi comme variable d’ajustement des accords Internationaux et Européens que la France nouait avec ses partenaires. Peut-être à juste titre d’ailleurs, mais avec les contreparties sociales que l’on connait aujourd’hui.
Dans le registre, "nous sommes tous Grecs" : la gauche qui est actuellement sur un piédestal en France doit revoir ses fondamentaux économiques afin qu’un réel engouement populaire soit présent en 2012. Il faut revenir donc revenir sur la libre circulation des capitaux, remettre la taxe carbone dans la friteuse, et sortir du traité de Lisbonne. Il faut ce courage là, à la gauche pour non seulement être crédible, mais également avoir ensuite les moyens de se battre contre la dette léguée par les gouvernements Fillon I,II,III,IV etc....
La question n’est donc pas : quelle personnalité de gauche va avoir le courage d’être candidat en 2012 ? mais quelle personne va oser vouloir porter un tel programme pour nos concitoyens ?
A discuter....
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