• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les marocains au pays de l’éducation nationale

Les marocains au pays de l’éducation nationale

Le mois d’Août touche à sa fin tandis que celui de septembre pointe discrètement le bout de son nez. J'ignore certainement si vous avez passé vos vacances à vous prélasser au soleil tropical d'une plage de la côte espagnole ou à retrouver vos vieilles habitudes en vous rendant dans une de vos résidences secondaires favorites, ou encore si comme moi vous en avez profité pour vous ressourcer devant votre ordinateur avec une pile de livres accompagnés de votre série du moment et d'un bon pot de glace.(cœur brisé vous dites ? Je conteste !)
Peu importe de la façon ou de la manière, j'espère que vous avez tous profité pleinement de vos vacances très chers lecteurs et que vous comptez aborder le mois de Septembre avec assurance, enthousiasme et gaieté !
Enfin bon, nous savons tous que, qui dit Septembre... dit rentrée ! Tandis que certains reprennent leurs emplois sereins, d'autres font face à la rentrée scolaire. Nous savons tous que la veille de la rentrée représente un challenge de taille pour une bonne partie de notre population que ce soit du côté des parents qui s'improvisent apprentis chercheurs chez les libraires de la ville en recherchant désespérément tel manuel introuvable ou telle fourniture de référence improbable ; ou encore du côté des élèves pour qui rentrée est synonyme d'appréhension ; on fait face à de nouveaux challenges, on découvre des choses qui semblaient inconnues ou du moins lointaines, nouveaux cahiers, nouveaux professeurs, nouveaux camarades, nouvel emploi du temps et nous sommes ainsi obliger de nous habituer a ce nouvel environnement pour les dix prochains mois. Or, cette réalité n'est pas celle de tout le monde, des études des journaux Le Monde et Huffpost démontre que plus de 10 millions d'habitants du Maroc sont analphabètes soit un tiers de la population nationale, des chiffres qui font froid dans le dos. En effet, de nombreux programmes gouvernementaux de lutte contre l'analphabétisme sont mis en place, encourageant, mais loin d'être satisfaisant.

Et si on parlait du système éducatif marocain ?

Le système éducatif marocain est par définition composé de systèmes publics et privés, majoritairement arabophone ou francophone.
Le système public est exclusivement entretenu par le ministère de l'éducation nationale tandis que les systèmes privés sont généralement gérés par des entreprises ou des agences d'enseignements.
La quasi-majorité de la population marocaine est scolarisée dans le système arabisé. Celui-ci souffrant de nombreuses défaillances causées par de nombreux facteurs notamment la qualification inadéquate des enseignants, des méthodes d'enseignement qui relèvent plus de la barbarie que de la pédagogie, ce qui par ailleurs provoque un taux exagérément croissant d'abandons et de redoublements. Pourtant, le plus grand fléau de l'éducation reste la relation complexe vis-à-vis de l'arabe littéral. Les élèves sont contraints d'étudier en arabe littéral tandis que pour la vie de tous les jours ils optent pour le berbère, le Darija ou encore le français pour communiquer. Cela est du d'une certaine volonté d'indépendance vis à vis de la langue française de la part du parti religieux qui depuis la fin du protectorat est au pouvoir. Au final, ces nombreuses défaillances font que de nombreuses familles choisissent des écoles privées ou étrangères parfois bien au-dessus de leurs moyen pour assurer une bonne éducation à leurs descendants.

La mission française, la poule aux œufs d'or ?

En effet, le réseau d'enseignement français au Maroc est l'un des plus denses au monde. Scolarisant plus de 38 000 élèves dans quarante établissements dans les principales villes du royaume, ces établissements font tous partis des différents réseaux des établissements français à l'étranger indépendantes les unes des autres : L'agence pour l'enseignement français à l'étranger (L'A.E.F.E), l'office scolaire universitaire et international (O.S.U.I), l'alliance israélite universelle (AIU) ainsi que des partenaires privés. Ce système français est communément appelé au pays, la mission française. En plus d'accueillir les enfants des français ressortissants, ces établissements prodiguent également un enseignement en français aux enfants du pays, en raison de plus de 60% des élèves de type mission sont de nationalité marocaine. Intégrer une de ces écoles n'est pas une mince affaire, j'irais même jusqu’à dire que cela relève au parcours du combattant pour certaines familles. Outre le fait que les parents doivent s'acquitter de frais de scolarité dépassant parfois la barre des 6 000 euros par an, les potentiels élèves se doivent de passer un test très sélectif ou parfois, les places des meilleures écoles s'arrachent à quelques centièmes de points près. Ces élèves studieux et consciencieux, la plupart du temps, sont souvent considérés par le reste de la population comme étant l'élite marocaine, notamment en raison des mentions très biens enchaînées au bac particulièrement en filière scientifique ainsi que d'une garantie pour des études à l'étranger pour suivre des parcours d'excellence (médecine, ingénierie, grandes écoles...)

Il est bon de préciser que la mission française n'est pas l'unique réseau d'enseignements étrangers développé au Maroc ; de nombreuses missions sont installées sur le territoire depuis de nombreuses années : L'école espagnole, belge, hébraïque, italienne... sans oublier les plus renommées écoles américaines et britanniques.

Quoi qu'il en soit, il est bon de souligner les efforts que fait le gouvernement à travers ses nombreuses reformes éducatives en particulier celle qui assure qu'à partir de la prochaine rentrée, l'enseignement en français des matières scientifiques fera son retour dans les systèmes marocain. C'est un grand pas en avant qui mine de rien permettra l'épanouissement de nombreuses personnes, espérons que cette évolution se poursuive !


Moyenne des avis sur cet article :  2.88/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • Decouz 22 août 2018 11:56
    Le problème de la langue est sans doute analogue à celui de l’Algérie : les gens ne parlent pas dans leur vie quotidienne l’arabe classique, qui n’est connu que des lettrés, mais le dialecte, le français ou le berbère, ou un mélange de ces composantes.
    Il y a aussi l’arabe des médias qui n’est pas tout à fait l’arabe classique.
    Une des solutions proposée par certains, apparemment non politiquement correcte, serait de privilégier le dialecte ordinaire, de lui donner un statut et une écriture normalisés.


    • Abou Antoun Abou Antoun 22 août 2018 12:18
      Pour ce qui est de l’enseignement des sciences et en particulier des mathématiques, les Marocains placent la barre très haut. Les Français devraient en prendre de la graine.


      • Abou Antoun Abou Antoun 22 août 2018 16:38

        @Raymond75

        Je dispose d’instruments de mesure très précis pour cette affirmation. Par contre les Québecois et plus généralement les Canadiens ne semblent pas particulièrement motivés par les maths, leur fréquentation des sites spécialisés est plus que modeste. Ils organisent des concours annuels, ce qui est bien, presque tous remportés par des immigrants de fraîche date. Cette information n’est pas facile à obtenir dans la mesure où les résultats sont des résultats collectifs (par équipe) et il faut avoir accès à la composition des équipes.
        Vus avez donc certainement défaut, le Canada doit manquer structurellement de scientifiques de haut vol, et les plus brillants des marocains ont leur chance.


      • Christian Labrune Christian Labrune 23 août 2018 00:03
        Pour ce qui est de l’enseignement des sciences et en particulier des mathématiques, les Marocains placent la barre très haut.
        ............................................................
        @Abou Antoun
        Est-ce que le lycée Lyautey existe toujours, à Casablanca ? Je me souviens de très vieux collègues qui y avaient enseigné et en parlaient souvent avec une certaine nostalgie. De fait, André Delachet, qui a écrit pas mal de petits ouvrages très bien faits de vulgarisation des mathématiques dans la collection Que sais-je , dont il m’arrive de faire encore mes choux gras, y aura longtemps été professeur.
        Est-ce qu’on y enseigne encore en Français ou bien est-ce devenu un établissement public soumis à l’arabisation ?


      • Abou Antoun Abou Antoun 23 août 2018 00:46

        @Christian Labrune

        Je ne connais pas la situation de l’enseignement au Maroc de l’intérieur. Je n’ai jamais résidé dans ce pays. J’ai par contre des données sur les programmes par les forums des enseignants et la fréquentation des sites spécialisés par les étudiants marocains, mes affirmations se fondent sur ces données.
        Une simple recherche sur internet permet de répondre à votre question.

      • Esprit Critique 22 août 2018 16:38

        Najat Vallot Belle Kacem est dispo, La France n’en veut plus, son ex employeur le roi du Maroc peut en disposer. Voila une bonne nouvelle !

        « ....reformes éducatives en particulier celle qui assure qu’à partir de la prochaine rentrée, l’enseignement en français des matières scientifiques fera son retour dans les systèmes marocain….. »

        Migrant C’est un métirer qui se prépare ..


        • hebum hebum 22 août 2018 21:53

          Bien sur que c’est colonialiste, que c’est du rayonnement culturel, du cocorico. Mais c’est sincère, et pacifique, progressiste. Même dans un « très bon » système d’éducation comme en france, la mission anglaise existe encore.

          Mieux vaux que les étrangers payent des professeurs que des espions smiley

          • blouMatata 23 août 2018 10:15

            Analyse non pertinente.

            Le problème de l’éducation dans ce pays n’a aucun lien, ni de près ni de loin, avec la langue arabe classique*. Le problème est non seulement structurel, il a surtout été prémédité et murement réfléchie.
            Politique d’austérité oblige, les détenteurs du pouvoir ont jugé bon de jeter le système éducatif en pâture au secteur privé.
            Le secteur public ne garde sous sa tutelle, pour des raisons évidentes, que l’éducation professionnel en vue de former de la main d’œuvre, qualifier et bon marché, qui pourrait, à terme, servir en cas d’implantation de sociétés multinationales. Grossière erreur...

            * La langue arabe a été La langue véhiculaire par excellence du 10eme au 13eme siècle. Des nations qui n’avaient aucune relation avec ’l’arabité’ l’ont adopté. Le foisonnement de la science de tout genre de cet époque ne juraient que par la langue arabe.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Selma Taleb


Voir ses articles



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité