Les médicaments ne sont pas des bonbons !
Qui peut douter, ne serait-ce qu'un instant, que le quidam impatient sait toujours mieux que son docteur ce qui est bon pour lui et sa santé. Ne généralisons pas, mais le Français détient la piètre réputation d'être le plus gros consommateur de médicaments en Europe. Pire que ça, le Gaulois réfractaire et insoumis, souvent ignorant des risques, prend un malin plaisir à ne pas respecter les prescriptions médicales des professionnels de santé. En France, chaque citoyen est éduqué médicalement par les experts télé et ses lectures de magazines de la santé. De quoi devenir son propre toubib...
C'est donc avec l'objectif parfaitement sain, d'éviter les abus médicamenteux, comme les jolis mélanges de pilules et de gélules de toutes les couleurs pas forcément compatibles entre elles. Voire, de limiter l'automédication devenue la science erratique de tout un chacun, avec l'aide de la super boite à pharmacie familiale pleine à craquer. Mais aussi par la nécessité d'éviter autant que possible le troc - "je te file mon suppo, tu me donnes ton sirop" - Avec comme conséquences des effets indésirables comme une diarrhée d'enfer, ou un passage obligé par les urgences. Sans omettre d'attirer l'attention du convalescent pressé de guérir qui oublie les dosages recommandés par son médecin et jette les antibiotiques inutilisés dans les toilettes dès qu'il se sent mieux. .
Que :
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de lancer, une nouvelle campagne de communication numérique sur YouTube et les réseaux sociaux, intitulée « Les produits de santé ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère ».
💊 Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère
Nous lançons aujourd’hui notre campagne d’information et de sensibilisation pour favoriser le #BonUsage des #médicaments
👉 Pour en savoir plus : https://t.co/hxV2eDteIw #MedicamentsEtMoi pic.twitter.com/NEnhv0W18N— ANSM (@ansm) June 7, 2023
Si aucune raison autorise le doute sur une campagne dont but est d'abord de préserver la santé si vitale des Français. Le besoin de faire économiser quelques sous à la Sécurité sociale n'est pas négligeable non plus. Certes, le gaspillage ne guérira jamais personne, de même que l'utilisation de certains médicaments encore commercialisés en France et en Europe, jugés plus dangereux qu'utiles par le site Prescrire.org.
Sur le site du Ministère de la santé et de la prévention, on peut lire :
"L’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament peut être suspendue notamment lorsqu’un médicament peut être nocif, qu’il n’a pas la composition qualitative et quantitative déclarée, que son étiquetage ou sa notice ne sont pas conformes, qu’il n’a pas d’effet thérapeutique ou que son rapport bénéfice/risque est devenu défavorable. Le médicament est alors retiré du marché, en attendant que de nouvelles études soient réalisées et qu’une décision définitive soit prise par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ou par la Commission européenne (CE). À l’issue de cette procédure, l’AMM du médicament peut être modifiée ou définitivement retirée".
Évidemment, les laboratoires feront toujours de la résistance au retrait de leurs produits pour prendre le temps de les rentabiliser. Ce qui, dans une certaine mesure peut expliquer le manque de confiance d'une partie de la population dans la médecine conventionnelle pour se tourner vers des thérapies alternatives, parfois de simples placebos, d'autres fois complémentaires, malheureusement trop souvent néfastes dans les mains de charlatans.
Quelques chiffres pour ne pas avaler la pilule de travers
"34 % des personnes sondées considèrent plutôt « pas risqué ou pas du tout risqué » le fait de prendre un médicament périmé."
"1 Français sur 5 a déclaré prendre des doses plus fortes ou plusieurs médicaments en même temps pour soulager plus vite les symptômes".
"50 % des Français ont affirmé ne pas voir de problèmes à donner un médicament à un proche face à des symptômes apparemment similaires."
Nous noterons qu'en cinq ans, la dépense annuelle des Français pour leur santé est passée de 715 euros à 1.249 euros, soit 75% en plus depuis 2018. Cependant, si notre santé vaut de l'or, nous avons parfois le sentiment que la vente de médicaments est devenue un commerce comme les autres, et nous des clients de moins en moins patients. Cette campagne de sensibilisation aux risques de l'anarchie médicamenteuse ne semble pas être capable de changer les mentalités. Les déserts médicaux n'arrangent rien non plus. Quant au système débrouille utilisé dans tout le pays, son espérance de vie est en augmentation.
47 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON