Les mensonges des appellations politiques
Quelle chance aurions-nous si les appellations des partis ou des tendances européens et français étaient le juste reflet des opinions qu’ils portent ? Quelle serait la situation si tous ceux qui s’appellent "socialiste" étaient vraiment des socialistes ou si le libéralisme était synonyme de liberté ? L’Europe et la France seraient-elles dans le même état ? Assurément non. Si les mots étaient utilisés pour leur véritable signification, certains courants ne s’appelleraient même plus de cette façon abusive et montreraient peut-être leur vrai visage.
Prenons pour premier exemple le Parti Socialiste Européen (PSE). Si ce groupe de députés européens se revendique dans le nom Socialiste, nous voyons bien dans leur acte qu’il ne s’agit que d’une usurpation grossière. Ce groupe a voté à 85% comme le Parti Populaire Européen (PPE, droite européenne), a accepté le traité de Lisbonne contre l’opinion des peuples et a donc participé grandement à la construction de cette Europe libérale qui met en compétition les peuples, bafoue les démocraties nationales et facilite l’enrichissement du seul secteur financier en ne posant aucune limite à la spéculation et aucun contrôle de l’économie. Pourtant, les "fondamentaux" socialistes sont clairs sur ces sujets : mise en place d’une véritable solidarité internationale, partage du pouvoir, partage des richesses et contrôle de l’économie. Certes il faut savoir s’approprier les idées et les faire évoluer. Certains comme Castoriadis ont su le faire, sans jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais supprimez ces notions du socialisme et le socialisme n’est plus. Or ils ont accepté et mis en place, dès les années 80, la libre circulation des capitaux et donc la spéculation européenne. Ils ont accepté et mis en place la mondialisation capitaliste et donc la spéculation mondiale qui nous à mener à la crise actuelle. S’il ne reste plus beaucoup de valeurs socialiste dans ce mouvement, pourquoi continuer de s’appeler ainsi, si ce n’est tromper l’opinion publique ?
Continuons en regardant le mot Liberalisme. Ce mot est, pour certains, synonyme de lutte pour la liberté (notamment chez les anglo-saxons). Mais la réalité est tout autre. Il s’agit la plupart du temps de la définition du système économique capitaliste : NO LIMIT. Or nous pouvons constater qu’un système économique sans foi ni loi ne développe pas les libertés mais les étouffe. La liberté des peuples de disposer d’eux-même est bafouée lorsque au nom du libéralisme l’Europe impose la disparition des services publics ou encore du code du travail. Elle est aussi bafouée quant cette même Europe impose à la Grèce la diminution des retraites, des salaires, du nombres de fonctionnaire...alors que c’est cette Europe qui a permis les attaques spéculatives contre les pays européens les plus faibles. La liberté des salariés des entreprises cotées en bourse, de s’investir dans la gestion de leurs outils de travail est inexistante, écrasée par le poids des choix de leurs actionnaires. Même la liberté d’entreprendre (notion pourtant soi-disant essentielle au libéralisme) est étouffée par les monopoles internationaux, les trusts et lobbies en tout genre. Ils se partagent entre eux et contrôlent de long en large et en travers des secteurs d’activités tout entier. En réalité leur soi-disant liberté économique n’impose qu’une seule règle : la loi du plus fort ! Le mensonge est rabâché par la propagande capitaliste qui veut nous faire croire qu’il est le seul garant de la liberté alors qu’il ne s’agit que d’une autorisation d’exploiter davantage les peuples. Donnez la liberté de pratiquer l’esclavage moderne à quelques individus, ne peut pas déboucher sur un développement de liberté collective et individuelle. Mettez au centre de la société le capital et tout le reste est écarté.
Ainsi nous comprenons bien que se dire socialiste-libéral est un non sens complet . Il ne peut exister de socialisme qui s’accommode du libéralisme. Beaucoup s’appellent donc par le terme Social-Libéral. En réalité ces mots ne cachent que des personnes qui refusent de voir dans le socialisme une façon concrète de gérer la société et de construire une autre Europe, un autre monde. Serte le socialisme a pu en faire rêver certains d’entre eux dans leur jeunesse. Certains se sont même réclamés Trotskiste ou Léniniste ou avec d’autres termes qu’il était bon de se revendiquer à une époque où c’était à la mode. Mais aujourd’hui la bataille d’idée n’est plus un faire valoir et il est de bon ton de se réclamer soi-disant ouvert (ou plus localement apolitique) et de mélanger des idées de société opposée en tout point. On trouve aussi des sociaux-démocrate. La différence avec les précédents... il n’y en a pas. Ils sont du même bord, du même courant, des mêmes partis. Car il faut bien comprendre que toute démocratie, toute République se doit en réalité d’être sociale. Car si le peuple ne dispose pas d’un niveau de vie décent, s’il ne dispose plus de moyen correct pour vivre, il ne peut accéder et s’ouvrir aux savoirs et par conséquent ne développera pas d’esprit critique, indispensable au développement du jugement. Dans ces conditions il sera facilement manipulable ou aura tendance à ne plus utiliser son pouvoir démocratique de citoyen. Cela entraîne un glissement idéologique de la masse vers l’intolérance et vers de nouveaux régimes totalitaires, surtout en tant de crise comme nous le voyons aujourd’hui. Donc se dire Social-démocrate est un pléonasme qui nous ferait croire aux bons sens de ce qui s’en réclame. Mais ce ne sont que des mots creux de plus pour cacher leurs véritables opinions. Car cette vision de la démocratie s’appelle en réalité le SOCIALISME (et nous avons vu que ces politiques n’ont la volonté ni du développement social, ni de celui de la démocratie). Comme disait Jean Jaures : "Le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale."
Concrètement ils participent de cette façon au désespoir populaire, au fatalisme écrasant, au brouillage des idées, à la non différenciation entre gauche et droite. Leur manque de vision ou de courage les rend coupable de collaboration avec l’ordre économique et politique établie et à la renonciation actuelle des citoyens d’utiliser le peu de pouvoirs dont ils disposent pour changer la société dans le développement démocratique, libertaire et égalitaire.
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