Les mercenaires de Vladimir, défaits en Syrie et réapparus en Ukraine
Je vous ai parlé récemment d'un site ouvert par un internaute curieux, intéressé par ce qui se passe en Syrie. Outre les armes déployées par Bachar el Assad, dont une partie reçue de Russie et livrée par l'Iran, notre bloggueur vient de découvir hier en Ukraine cette fois des mercenaires russes, façon Blackwater, ou plutôt selon lui la version russe des Navy Seals, à savoir l'Alpha Group, resté tristement célèbre à ce jour pour sa gestion mortfère de la prise d'otages de Beslan, dont on vient de rappeler le 10eme anniversaire. O, il y a plusieurs mois déjà, je vous en avais trouvé aussi des mercenaires d'origine russe... en Syrie. Vladimir Poutine avait déjà eur recours sur place à des mercenaires : ces derniers, une fois reconnus, avaient pris la poudre d'escampette comme je vais vous le montrer. En Syrie, le galop d'essai des mercenaires de Poutine s'était soldé par un échec.
Eliott Higgins, fondateur de Bellincat ; précise : "cette preuve de l'engagement militaire russe vient en même temps que la révélation que près de 40 soldats russes ont tués été en Ukraine, et les nouvelles comme quoi Angela Merkel a exigé une explication de Poutine en ce qui concerne la présence de ses troupes dans le conflit. Comme la preuve suggère que les membres du Groupe Alpha ont également été utilisés, cela pourrait signifier que le gouvernement russe a utilisé la force dans un certain nombre d'opérations secrètes et illégales en Ukraine". On pourrait ajouter en Syrie aussi... à gauche, le compte instagram de l'un des mercenaires, ancien membre de l'Alphah Group, Ilya Gorelyh.
Bachar el-Assad n'emploie en effet pas que du sarin ou des bidons remplis de TNT et de boulons ou de roulements à billes pour exterminer son propre peuple réticent à sa sauvage dictature. Il a recours, et ce n'est pas non plus une surprise, à des... mercenaires. Des russes, venus jouer les Blackwater/Xe de service, et retrouvés par des blogueurs en train de parader, comme pouvaient le faire ceux de l'ineffable Eric Prince, le fondateur de Blackwater. Leur découverte démarre chez Oryx Blog par des hommes venus protéger les livraisons des nouveaux Su-24 Fencer récemment mis à jour par Bachar el-Assad, qui semble avoir préféré cela à acheter les Mig-31 (en remplacement de ses vieux MIG-25) qu'il avait annoncé jadis et qui ne lui seraient d'aucune utilité dans cette guerre elle aussi asymétrique (chacun y a droit désormais)...
Les Su-24 (ici l'un d'entre eux filmé en Syrie à basse altitude en pleine ressource après largage de ses bombes, la compression de l'air agissant sur ses ailes à l'extrados), précise Oryx Blog, sont ceux acquis par la Syrie (voir ici et là), renforcés de deux appareils dont un de type MR (de reconnaissance, non armé et réarmé depuis) donnés par la Libye qui s'était retrouvé à ne pouvoir les entretenir en raison de l'embargo sur les armes la visant. Tous ont été transformés depuis en version MKII, via un contrat signé avec la Russie et qui s'est étendu de 2009 à 2012, nous dit l'auteur du site. La moitié à été vue sur la base de Rzhev, ville russe située sur la Volga, endroit où ils ont subi leur mise à jour, avant d'arriver en Syrie.
Excellent avion d'attaque au sol, grâce à ses ailes à géométrie variable, et un équipement radar spécialisé, le Su-24 avait été vu en Libye, où les derniers exemplaires volants avaient été lancés par un Kadhafi aux abois. Certains avaient été abattus, pas toujours par des "Manpads" (missiles Strela russe tenus à bout de bras) volés aux entrepôts de Kadhafi mais le plus souvent par de bons vieux affûts quadritubes de DCA comme en ont toujours produits les russes, pillés dans les hangars du dictateur par l'opposition. En Syrie, également, l'un d'entre eux a été abattu. Son épave retrouvée au bord d'un chemin, écrasée dans un champ d'olivier, ne laissant aucun doute sur le type d'avion (et la taille de ses réacteurs) Les engins d'Assad avaient été aperçus auparavant en septembre dernier autour des bases chypriotes, détectés par un Awacs et poursuivis par des Typhoons anglais en maraude avait noté Avionist.
Dès le mois de novembre 2012, des opposants syriens avaient déjà filmé des bombardements effectués par ces Su-24. Un avion avait été surpris (ici à droite ) en plein lancement de "flares" juste avant le largage de quatre bombes en plein quartier résidentiel.... , des bombes freinées par parachute la plupart du temps. Or le Su-24 est un avion sophistiqué valant cher, encore davantage depuis son"refurbishing", et c'est pourquoi son entretien et sa protection ont été placées non pas sous la responsabilités de militaires syriens mais bien par des russes, arrivés discrètement sous la forme de mercenaires, que l'on a pu photographier en gardiens des fameux Su-24...
Poutine apprend vite on le sait, et il a beaucoup observé... la CIA, en ancien du KGB (devenu depuis FSB). Les mercenaires sont une denrée bien pratique de nos jours pour dissimuler des opérations spéciales, comme Erik Prince le sait, lui qui a tant servi les besoins de la CIA. Chez Poutine, le Blackwater russe s'appellerait le Slavonic Corps, et on a appris son histoire il y a quelques mois maintenant. Une histoire d'opération spéciale bien déguisée et bien emballée (et aussi vite remballée), semble-t-il, selon le respecté journal de Saint-Pétersbourg "Fontanka" (du nom du bras gauche de la Néva qui traverse la ville) qui a publié un article intitulé " Saint-Pétersbourg envoie des mercenaires en Syrie. Selon certains "il détaille l'enquête qui a révélé l'existence de mercenaires russes de défense des installations sensibles importantes pour le gouvernement d'Assad en Syrie. Les entrepreneurs semblent avoir été recrutés à Saint-Pétersbourg par une société basée à Hong Kong". Voilà qui est plutôt commun à vrai dire, le coup de l'entreprise au siège en pays "neutre", ou au siège opaque. Les mercenaires d'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid sont les inventeurs du procédé. L'article précisant leur localisation et surtout leur rôle exact, qui était simple au départ : pendant que les troupes d'Assad ; ou ce qu'il en reste, attaquaient, eux auraient eu un role uniquement défensif, celui de garder les arrières :<
"Nous savons également que les mercenaires semblent avoir été opérant à As-Sukhnah, à l'est de Palmyre, sur la route entre Deir Ez Zor et Homs. Les djihadistes ont longtemps voulu s'emparer de la ville, à proximité de Palmyra, car la sécurisation de cette route relierait leurs forces de l'est à l'ouest. Le régime d'Assad, d'autre part, a eu des difficultés à épargner ses ressources pour défendre la position, car elle est loin des grandes villes qui sont fortement en difficultés. Selon l'enquête initiale de Fontanka, la mission des mercenaires était de sécuriser les actifs clés du régime loin des lignes de front , pour que les forces d'Assad se concentrent sur l'élimination des "bandits" dans d'autres domaines. Cependant , il semble que les champs de pétrole que les Russes devaient garder soient tombés sous contrôle rebelle, et l'équipe alors été vraiment chargée de les récupérer". Et c'est là l'erreur, car pour eux ce se serait mal passé. Le 15 mai 2013, Ria Novosti sortait un article sur le "danger" auquel s'exposaient les mercenaires en Syrie, russes compris, un avis donné par Alexander Bortnikov en personne, le chef du FSB. En vidéo ici, une revendication d'un responsable de mercenaires russes souhaitant intervenir aux côtés des troupes d'Assad, mettant la pression sur leur emploi.
On change de documentaliste pour trouver un recoupement et une autre info sur leur rôle exact : "en octobre cependant, l'opposition avait fait connaître la mort d'un « mercenaire » russe, qui appartient en fait à une société privée de Saint-Pétersbourg, Slavonic Corps Limited. Celle-ci recrute parmi les anciens soldats, des troupes aéroportées ou des forces spéciales, ou bien parmi les anciens des OMON. Les hommes sont acheminés via le Liban puis à Damas pour finalement parvenir à la base militaire de Lattaquié. En plus de mitrailleuses lourdes et de lance-grenades, le bataillon russe (deux compagnies, 267 hommes) dispose de canons antiaériens M1939 de 37 mm et de mortiers de 120 mm PM-43, et il doit recevoir des chars Syriens T-72 et plusieurs BMP. En réalité, le commandement syrien ne leur donne que des T-62 et des BMP-1 qui ne sont quasiment pas en état de marche... Les « contractors » russes doivent protéger, normalement, les champs de pétrole de la province de Deir es-Zor, mais les Syriens savent pourtant bien qu'ils peuvent être impliqués dans des opérations de combat contre les rebelles dans cette province. Ils disposaient seulement de camions parfois armés et de techniciens, le 15 octobre, lorsqu'ils sont engagés. Les Russes se sont arrêtés sur la base aérienne T4, où est d'ailleurs prise une photo. Le 18 octobre, ils sont envoyés à As Sukhnah où l'armée et les Forces Nationales de Défense étaient durement accrochées par les rebelles. Les Russes perdent six blessés. Pendant la retraite, un des membres, Aleksei Malyuta, perd sa plaque d'identité. L'homme est finalement découvert fin octobre et rapatrié en Russie, notamment parce qu'il a violé plusieurs lois internationales en participant directement au conflit syrien. D'ailleurs, à leur retour en Russie, le commandement de Slavonic Corps Limited est mis en état d'arrestation par le FSB sous l'accusation de recrutement de mercenaires."
Voilà qui change tout : rapatriés dès la découverte du premier corps de russe (je vous passe la vue du mercenaire décapité par les islamistes, celui à droite ici sur la photo, cette guerre a déjà fourni assez d'horreurs), les voilà interrogés par le FSB... alors que si on reprend la première enquête de Fontanka, c'était justement quelqu'un du FSB qui les avait recrutés. Ou quelqu'un se faisant passer comme étant du FSB : dans une mise à jour de son premier papier paru, Fontanka avait en effet ajouté "que l'un des principaux acteurs de l'entreprise contractante militaire est un officier réserviste dans le service fédéral russe de sécurité (FSB ), le lieutenant-colonel Vyacheslav Kalashnikov. Le FSB , donc, était au courant à un certain niveau que le Groupe de sécurité Moran envoyait des mercenaires russes en Syrie pour se battre pour Assad. Cependant, le groupe de mercenaires a été arrêté et plusieurs mercenaires ont été arrêtés à leur retour en Russie. Un important entrepreneur russe dit que ce n'était pas une mission du FSB, mais une mission conçue pour ressembler à une mission du FSB." Aurait-on simplement joué sur les mots, ou le FSB était-il vraiment derrière l'opération ? Mystère. On avait recruté les prétendants avec un alléchant salaire de 5000 dollars par mois pour la protection de certaines "installations d'énergie", ce qu'ils avaient tous traduits par des bases militaires, tous étant de vieux briscards de la guerre et de la langue de bois des militaires. Il y avait aussi à la clé, paraît-il 20 000 dollars d'offert en cas d'une invalidité et 40 000 un décès, ce qu'ils avaient trouvé "acceptable" avait indiqué le magazine .
Mais très vite, les malheureux vont s'apercevoir que tout ne va pas se passer comme prévu."Un grand champ entre Lattaquié et Tartous, entouré de barbelés. C'est là que notre bataillon et les réservistes syriens étaient stationnés. il y avait-là un hippodrome. Nous étions logés dans les anciennes écuries. En octobre ; il y avait 267 personnes des "Slavonic Corps", répartis en deux groupes. Un groupe était constituée de Cosaques du Kouban, l'autre avait des gens de toute la Russie, il y avait 10 ou 12 hommes de Pétersbourg. Les patrons ont dit que le nombre de mercenaires en Syrie devrait atteindre jusqu'à 2.000 hommes ". Cela n'a jamais été vérifié. "Quand ils parlaient de nous, en Russie ; ils expliquaient que nous avions un contrat avec le gouvernement syrien et ils nous avaient convaincus que tout était légal et dans l'ordre. Comme quoi notre gouvernement et le FSB étaient à bord, et impliqués dans le projet. Quand nous sommes arrivés là-bas, il s'est avéré que nous avons été envoyés comme des gladiateurs, sous contrat avec certains syriens ou d'autres, qui peuvent ou non avoir une relation avec le gouvernement ... Cela signifiait que nous étions l'armée privée d'un caïd local. Et qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible. Comme ils l'ont dit, un billet aller-retour coûte de l'argent, et nous devons aller travailler à l'extérieur, que cela nous plaise ou non. "Comme ils l'ont dit aux troupes des Slavonic Corps, le travail consiste à maintenir le contrôle sur le centre de l'industrie pétrolière dans la ville de Deir ez-Zor (c'est sur l'Euphrate).
Afin d'en prendre le contrôle ; nous devions d'abord l'atteindre. Plus de 500 kilomètres à travers le territoire occupé par les troupes gouvernementales, par l'opposition ou par les forces complètement inconnues". C'est là que tout a basculé : de troupes de défense supplétives russes, ils ont été contraint de devenir troupes actives, car attaquées sur le chemin par les opposants à Bachar-el Assad, ce qu'ils ne s'attendaient à rencontrer avant de prendre position. A noter que la notion de "caïd local" comme chef militaire laisse droit à penser à l'usage d'engins de mort interdits en dehors de l'approbation formelle d'Assad, ce qu'on avait pu intercepter comme conversation après les attaques au gaz sarin entre les membres de la hiérarchie militaire syrienne.
Dès l'annonce de la découverte du premier mort russe, tout le monde est donc rapatrié, à la grande surprise des mercenaires eux-mêmes. "Malgré le fait que, selon le contrat, le séjour et la mission devaient durer encore cinq mois, dans les derniers jours d'octobre (2013) du personnel a été chargé sur deux avions affrétés et envoyés de Moscou. Ils ne s'attendaient pas à un tel accueil à leur arrivée à Vnuknovo. Comme ils débarquaient de l'avion un par un, chacun est tombé dans les mains des agents du FSB. Il y a eu une fouille rapide, la suppression de cartes SIM et d'autres médias et un bref interrogatoire en tant que témoins. Puis a suivi le retrait de leurs passeports, le remplissage des formes de non-divulgation et des billets de retour à la maison. Vadim Gusev, qui avait volé en classe affaires et quitté le premier l'avion, est resté dans les mains des enquêteurs" note l'article, qui a bien entendu demandé à entendre quelqu'un du FSB sur l'affaire. Pour s'entendre dire qu'il n'y avait rien à en dire. En interrogeant Oleg Krinitsyn, l'homme à l'a tête de la plus grande compagnie militaire privée de la Russie , le "Groupe RSB " pour un commentaire celui-ci affrime que l'histoire syrienne du Slavonic Corps était une histoire de fou dès le départ."
Son commentaire est grinçant : "la campagne largement diffusée pour recruter des mercenaires pour la Syrie a d'abord ressemblé à un coup médiatique, une sorte de campagne de relations publiques. Les gens ont crû réalser leur rêve - gagner de l'argent. Mais tous n'ont pas compris que cet argent était sale, et peut-être sanglante. Avant d'envoyer les gens vers un pays où il ya des combats actifs, où il existe des couches différentes, une couche importante de l'armée syrienne,une couche des combattants de l'opposition d'al - Qaïda, d'al - Nusra etc , il est essentiel de les préparer, ainsi que de comprendre comment les sortir de là . Parmi ces gars-là, photographiés sur un fond de matériel syrien, festonné d'armes , j'ai remarqué quelques-uns de nos anciens employés, qui avaient été licenciés en raison de leur caractère moral pauvre. J'ai vu des gars avec des dossiers criminels parmi eux. Cela confirme une fois de plus que l'objectif des recruteurs n'était pas d'attirer des professionnels de haute qualité, mais juste de boucher un « trou » de chair à canon, et rapidement. Et ces garçons ont été envoyés sur les contrats qui ressemblaient à des contrats pour des missions suicides. Tout de suite, les gens ont signé un contrat qui comprenait une volonté d'enterrer leurs restes dans leur patrie, ou si cela s'avérait impossible, dans le pays où ils seraient morts, et d'ensuite être inhumés en Russie. Terrible".... Selon le journal, et le spécialiste, il n'y aurait donc pas eu de FSB au départ (mais celui à l'arrivée était donc bien réel et pour cause) : "les développements suggèrent une tentative ratée par une société privée russe, sans l'assentiment du gouvernement, de profiter du conflit syrien et le soutien de Moscou du président Assad". On aurait donc été mis en face d'un cas d'escroquerie généralisée, une réponse rapide d'organisateurs véreux contactés... par une armée syrienne plus assez nombreuse pour assurer tous les fronts. Est-ce bien le cas ? Poutine aurait-il monté la comédie du retour aux mains du FSB pour brouiller les pistes, ayant lui-même envoyé au casse-pipe ces écervelés, puis s'étant ravisé lors des premiers morts ? A ce stade les deux hypothèses demeurent, à entendre surtout un concurrent sur le marché charger autant la première firme qualifiée en quelque sorte d'amateurisme. Rappelons que Blackwater a accumulé en face les bévues sans qu'on ne juge ses aberrations et ses manquements comme étant l'œuvre de non professionnels. Quand un bimoteur CASA s'écrase avec à bord des pilotes manifestement alcoolisés chantant à tue-tête du rock, personne n'a songé à dire que Blackwater avait comme employés des charlots fin saouls....
Quand on recherche l'origine de ce genre de groupe, on retombe sur la publicité faite par les médias russes en 2009 sur un "Blackwater à la russe", appelé Oryol et installé à Orel. Deux de ses dirigeants avaient été présentés par Russia Today aux spectateurs : Sergeï Espishkin et Oleg Maslov, pour expliquer qu'ils voulaient eux aussi leur part de gâteau des juteux contrats irakiens signés par les contractants de Blackwater avec le régime mis en place par les américains. Ils avaient même appelé les députés de la Douma pour être soutenus ! A l'époque, le régime de moscou osait les mettre en avant sans vergogne. L'article avait attiré l'attention de Wired. Le discours de la société se voulait fort consensuel :"Beaucoup de Russes , en fait, sont déjà « sur le circuit » en Irak . De retour en 2005 , j'ai même passé du temps sur la route de Bagdad avec une équipe d'anciens soldats de l'ex-Union soviétique. Ils étaient utilisés par Erinys, une entreprise de sécurité privée britannique. Le chef d'équipe est un français, la gestion était britannique et sud-africaine, les pilotes et les tireurs étaient des militaires post-soviétiques. C'étaient tous des soldats expérimentés , mais le gestionnaire du pays a noté un léger problème : "En cas de contact , tout le monde revient à sa langue maternelle."
Russia Today décrit le centre anti-terroriste Oryol comme une alternative "plus douce, plus sensible à la culture à d'autres entreprises de sécurité". « Avant, d'envoyer des gens là-bas, nous leurs faisons passer une formation sérieuse », explique Sergey Epishkin, le chef du centre ." Cela comprend la formation psychologique et un programme éducatif.
Dans nos classes , nous parlons aussi de la façon dont ils parlent dans cette région particulière. Si vous ne pouvez pas maîtriser l'argot local, vous pouvez vous retrouver dans de graves difficultés parfois. " Orel fournit des services de protection pour les ingénieurs et les hommes d'affaires russes travaillant en Irak. Epishkin propose même quelques idées sur la façon dont ils fonctionnent. « Nous établissons une bonne relation non seulement avec les Américains et les Britanniques, mais avec la police irakienne et la Garde nationale" dit-il. "Pour être franc avec vous, même avec les forces de l'opposition. Dans une telle région, il est important de trouver un langage commun avec les gens ». Des mercenaires qui auraient même "pris contact avec les forces d'opposition irakiennes" (histoire de régler les bakchichs pour ne pas se faire attaquer, une histoire connue là-bas, hélas) voilà qui mérite l'attention ! Des mercenaires formés aux rudiments du parler arabe par la société Oryol en 2009 devaient en avoir davantage à mettre sur leur CV en 2012, je pense... Voilà de sérieuses recrues potentielles pour le Slavonic Corps !!! Un article plus subtil de l'excellent "In Moscow's Shadows" avait montré que ce genre de groupe privé pouvait servir aux intérêts de Poutine, à l'image de Blackwater pour Bush et Obama : "Est-ce un problème ? Le Kremlin qui s'intéresse à toutes les entreprises et institutions russes et en particulier celles qui appartiennent, sont garanties ou facilitées par l'Etat comme des outils potentiels à sa disposition. Gazprom tourne les robinets quand c'est nécessaire pour presser un voisin, les entreprises d'armes affluent à traiter avec des despotes que le gouvernement soutiendrait. Tout comme l'entreprise de Viktor Bout qui a démontré comment le monde du commerce privé des armes et l'art de gouverner en secret pouvaient fusionner, les entreprises de mercenaires privés de la Russie ne doutent pas de s'attendre à agir sur ordre du Kremlin en cas de besoin. N'étant ni la puissance douce de l'influence et de l'autorité, ni les formes traditionnelles de la puissance dure, ce serait une sorte de pouvoir élastique et souple la plupart du temps, mais étonnamment fort et capable quand manié avec derrière une intention. Comme le caoutchouc de la matraque d'un OMON ... (les CRS locaux)..." L'auteur précisant l'intérêt spécial que leur portait Poutine en personne : "ils ont aussi souvent des relations complexes mais généralement de coopération avec leurs pays parent / hôte, et cela semble être une dimension qui intéresse particulièrement le gouvernement russe. De retour en 2011, Poutine a suggéré que "ces entreprises deviennent un moyen de mettre en œuvre les intérêts nationaux sans la participation directe de l'Etat » et l'an dernier le vice-Premier ministre Rogozine à imaginé qu'il était utile d'examiner la faisabilité de la mise en place de ces SMP avec soutien de l'Etat. Bien qu'il semble y avoir une certaine résistance au sein du ministère de la Défense à cela, il pourrait devenir un modèle de la même façon dont le MVD a son propre bras de la sécurité privé comme son centre de profit. Entre Gazprom, Transneft et le ministère de la Défense, le potentiel est que ses SMP puissantes pourraient rapidement être formées." On tient là une explication plausible d'un "coup" discret tenté par Poutine même en Syrie !
L'hypothèse mérite qu'on s'y attarde avec quelques chiffres, car c'est plutôt leur rapide retrait qui serait la marque d'un désengagement décidé en haut lieu. Le pourquoi de leur arrivée s'expliquerait par les dégâts énormes subis par les troupes au sol de Bachar el-Assad : "les pertes sont conséquentes au sein de l'armée syrienne et des milices pro-régime. A Tartous, un mur des martyrs est orné de centaines de photos d'hommes tués au combat. L'Observatoire Syrien pour les droits de l'homme, l'un des organismes les plus fiables, estime les pertes entre mars 2011 et août 2013 à 110 371 morts, dont 40 146 civils (plus de 4 000 femmes et 5 800 enfants). Les forces gouvernementales auraient perdu 45 000 hommes (27 654 de l'armée, 17 824 des milices pro-régime et 171 du Hezbollah)". Les chiffres sont assez étonnants, car ils donnent presque le double de soldats de Bachar el Assad tués face à leurs opposants : "les rebelles compteraient 21 850 tués. Sur le plan matériel, de nombreux internautes s'essaient à décompter les pertes en véhicules blindés subies par le régime de Bachar el-Assad.
Un de ces décomptes donnait, au 10 novembre, le total suivant, depuis le 9 mai 2012 : 267 BMP détruits et 103 capturés par les rebelles (370 perdus), 398 chars détruits et 211 capturés (609 chars perdus), 15 ZSU 23/4 détruits et 24 capturés par les rebelles (39 perdus), 5 automoteurs d'artillerie 2S1 détruits et 11 capturés par les rebelles (16 perdus), soit un total de 1034 véhicules perdus en tout". Un bilan matériel catastrophique au sol, qui expliquerait beaucoup la seule vision d'attaques de l'aviation seule ces derniers mois : "les forces armées pro-régime ne peuvent plus aligner que deux brigades blindées/mécanisées de la Garde Républicaine, peut-être encore deux brigades blindées/mécanisées de la 4ème division blindée, les restes de 4 ou 5 brigades de l'armée, dont deux mécanisées (la 76ème brigade ou « brigade de la mort », qui opère à la Lattaquié ; et une Task Force organisée autour de la 5ème division dans la province de Deraa) et deux douzaines de garnisons souvent isolées et assiégées depuis parfois plus d'un an et qui comprennent plusieurs centaines d'hommes chacune, notamment dans les troupes de soutien (artillerie).
L'armée de terre du régime est donc largement entamée (la défense antiaérienne, par exemple, a été sévèrement amoindrie, les restes et les acquisitions récentes passant sous le contrôle de la Garde Républicaine), alors que l'aviation et la marine sont encore relativement préservées". On est très éloigné des communiqués de victoire prochaine des propagandistes du régime syrien que je ne vous présente plus sur le net... tant ils ne parlent que d'une seule sorte de mercenaires. Pendant ce temps, le régime syrien remplit des bidons de TNT et les largue d'hélicoptères, ou envoie dans le ciel son fleuron, jusqu'ici préservé : des Mig-29 tous neufs, commandés peu de temps auparavant. Après ses L-39 Albatros d'entraînement reconvertis en avions d'attaque au sol, le tyran mise tout sur ses forces aériennes, désormais. Aux abois, lui aussi, il lance ses meilleurs fleurons militaires, jusqu'ici préservés de la déroute.
Pour annoncer la déroute des mercenaires russes, The Interpreter, en novembre dernier, avait décrit ainsi leurs attaquants : "un groupe rebelle syrien affirme qu'il a pris en embuscade et tué un groupe de mercenaires russes qui peuvent avoir travaillé pour une entreprise de sécurité chinoise (de Hong Kong en fait comme on a vu). Les combattants djihadistes d'un affilié d'Al-Qaïda, "l'Islamic State of Iraq and al Sham (ISIS ou ELIL)” affirment avoir tué les mercenaires dans une bataille près de Homs. Au moins un des mercenaires, cependant, a été filmé en vie de retour en Russie". Car il semble bien que ce sont bien les mêmes que l'on a retrouvés en juin dernier en Ukraine... aux côtés des troupes de l'Alpha Group... défaits par les djihadistes de l’Armée islamique d’Irak et du Levant (EIIL), les revoilà à combattre en Ukraine auprès des insurgés pro-Poutine. Et avec toujours derrière eux le FSB comme recruteur... fort discret.
Sont-ce les mêmes ? "La preuve en est au cours des derniers jours", ajoute Ukrainian Policy, "qui illustre les motivations des insurgés russes en Ukraine orientale, une preuve devenue plus visible. Alors que certains ont, en effet, été recrutés par leur idéologie revancharde (allant raconter qu'ils étaient tout simplement partis à la conquête des « terres historiquement russes"), la source du financement de ces groupes a été plus difficile à tracer que la source de leurs armes figurant sur un bout de papier. Cette semaine a toutefois vu trois exemples éclairants des motivations financières de ceux qui sont recrutés. Le 19 juin dernier, The Interpreter a publié une enquête, expliquant les motivations de ceux qui sont impliqués dans la bataille pour l'aéroport international de Donetsk. L'article traite de l'un d'entre eux, Yevgeny Korolenko
(ici en photo avec une arme factice), un fantassin et un vétéran de la guerre soviétique en Afghanistan : c'était un mécanicien de formation qui avait trouvé un emploi de livreur dans l'atelier de réparation l'ordinateur de certains de ses amis, jusqu'à ce qu'ils ont été incapables de le payer. Sa femme a émis l'hypothèse que peut-être son manque de fonds aurait pu le pousser à s'engager dans les "bénévoles" pour Donetsk, mais lui ne parle pas de cela. Deux jours plus tard, le Service de sécurité ukrainien (SBU) a publié une confession vidéo d'un mercenaire qui prétend avoir été contractée par l'agence successeur du KGB en Russie - le Service fédéral de sécurité (le FSB). L'homme, dans sa confession, a dit qu'il recevait une prime de 1000 dollars pour chaque officier ukrainien tué (et 300 dollars pour les simples soldats). Aujourd'hui, le Moscow Times a publié un article citant le célèbre journaliste Olga Romanova, décrivant un insurgé qui a également été tué dans l'action au cours de la même bataille à Donetsk, comme Korolenko : quatre autres jeunes hommes d'Ivanovo sont morts avec lui. J'ai demandé à ses parents pourquoi il est allé là-bas. Leur réponse était grotesque : « Il voulait rembourser certains prêts ..." Tout cela précède l'autre révélation d'aujourd'hui que la Russie a tenté activement de recruter des mercenaires vétérans de la Légion étrangère française, en ciblant en particulier ceux d'origine ethnique slave. L'armée russe a, ces dernières années a ouvert son champ de recrutement pour les étrangers avec l'attrait d'acquérir la nationalité accélérée". Voilà qui devrait passioner notre ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve. Un beau casse-tête en perspective, car les slaves forment aujourd'hui le plus gros contingent depuis peu, comme le note ici le bulletin de la Légion : "la Légion étrangère reçoit environ 8 000 candidats par an en moyenne. Parmi eux, environ 1 000 deviennent légionnaires chaque année. Parmi les 150 nationalités représentées dans les rangs de la Légion, la plupart est aujourd’hui d’origine slave ou francophone, mais aussi chinoise, brésilienne, africaine"...
Car le recrutement, comme celui des jihadistes, se fait... sur le net, ce qu'avait aussi très bien décrit Yevgeny Korolenko : sur Vkontakte (le Facebook russe), le groupe des "Russes bénévoles du Donbass" a 10 000 abonnés et un bon système de sécurité. La direction du groupe est anonyme. Les exigences pour les bénévoles sont strictes : on ne recrure que seuls ceux qui ont l'expérience du combat ; âgés de 26 ans ou plus, seulement avec certaines compétences, sans casier judiciaire. Ils doivent savoir faire partie d'équipages des véhicules de combat, et savoir se servir de MANPADS [PTRK], des armes antiaériennes, de lance-grenades AGS-17, et de lance-flammes. Les volontaires rejoignent apparemment le commandement la Première InterBrigade du Sud-Est. Sont aussi demandés des spécialistes civils classiques - mécaniciens, chauffeurs, personnel civil pour le siège du commandant de personnel, le service à l'arrière, des médecins et des médecins ". Le recrutement d'une armée véritable... sans en avoir l'apparence.
Des mercenaires dirigés dans le Donbass par des chefs qui sont aussi souvent de grands admirateurs du nazisme. Tels "Berkut-Kobr"-Tkachenko, par exemple, qui aime tant poser en uniforme de l'armée nazi (comme ici), Ou ‘Evgen Zloi-Tarasov, lui aussi néo-nazi ou Tikhon Karetnyi, décrit aussi comme slavophile et néo-nazi lui aussi (il s'est entraîné avec les "Loups de Belorechensk" et qui se présente comme un néo-Nazi slave, ou encore Zheka Kovalov (Evgeny Kovalyov) , qui est à la fois néo-nazi et admirateur de Staline. Voire encore Anton Morozov, "national-bolchévique" passé chez les Eurasiens (d'Alexandre Douguine) : c'est lui qui affiche ce genre de signes (ici à droite) sur son site Web. Sa symbolique ne trompe pas. Auxquels on ajoute Edvard Pitersky, un ukrainien de Kharkiv et membre du groupe paramilitaire OPLOT ; resté dans le Dombass et enfin Igor Strelkov, devenu "ministre de la Défense de la "République Populaire" de Donetsk. On peut ajouter une blonde, Olga Cherkerdes, admiratrice du général Piotr Krasnov et de ses cosaques. Comme idéologues, ils suivent souvent Aleksandr Barkashov, qui a fondé en 1990 le Russian National Unity, groupe qui l'habitude de lever le bras droit en meeting.C'est en effet le leader du national-socialisme en russie !
Début juillet dernier, les combats font rage autour de l'aéroport de Donetsk, pris par les pro-russes fin mai." Les forces loyalistes cherchent actuellement à encercler les deux capitales régionales de l'Est, Donetsk et Lougansk, tandis que les insurgés se disent déterminés à défendre ces villes comptant l'une un million et l'autre un demi-million d'habitants" avait-on pu lire. Or, une fois l'aéroport repris, on y a effectué les mêmes découvertes. Le même mercenaire (Yevgeny Korolenko), avant de décéder avait pu donner des informations sur les fameux insurgés pro-Poutine retranchés à l'aéroport" : Kostyuchenko décrit comment les dirigeants auto-proclamés de la "République populaire de Donetsk" ont demandé aux journalistes d'accompagner le camion à la frontière,où ils ont pu apprendre deux noms : Sergei Zhdanovich et Yury Abrosimov. Puis deux de plus ont tourné sur les réseaux sociaux : " ceux qui dans le passé avaient servi dans le re "45th Special Purpose Separate Guards Airborne Troops :" Aleksey Yurin et Aleksandr Efremov, qui ont été les seuls noms que les journalistes ont pu sortir de la liste des 31".
Bref, Ce bon Vladimir est bien retors, à recruter via son FSB favori des mercenaires qui en pincent beaucoup pour le nazisme. Des mercenaires rapatriés fissa de Syrie pour approvisionner les troupes "non officielles" russes marchant sur l'Ukraine. Avec dedans, parfois des... français nous dit le 11 août dernier France Info : "mais là où ça se complique, c'est que dans les rangs des séparatistes, on trouve aussi des Français, issus du groupuscule d'extrême droite Unité Continentale. Ils disent défendre Vladimir Poutine et la Grande Russie contre "l'impérialisme atlantiste, incarné par les Etats-Unis, l'Europe et l'OTAN". Et ces volontaires Français qui défendent la république autoproclamée du Donbass, Gaston (Besson, un autre engagé, dans le camp adverse) les connait bien. "Ils sont quatre ou cinq côté Donbass, avec des Serbes et l’extrême droite française", raconte-t-il. Gaston leur a demandé ce qu’ils faisaient là et ils lui auraient répondu : "On sait pas". Pour Gaston cela s’explique par l’attrait de l'aventure.Sous un vernis idéologique ultra-radical, c'est le point commun de ces Français engagés en Ukraine, dans un camp comme dans l'autre. D'ailleurs en France, leurs mouvances ne sont pas si éloignées dans la nébuleuse de l'extrême droite. Il suffit de voir le nombre d'amis qu'ils partagent sur les réseaux sociaux, et qui gravitent souvent autour du Front National." Ou sur Agoravox, hélas, serait-on tenté de dire. Chez eux, Rue 89 a retrouvé par exemple "Victor Lenta (qui) a servi dans le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marines. Il a codirigé les Jeunesses identitaires" et "Guillaume Lenormand", 25 ans (qui) est « militant depuis une dizaine d’années, d’abord comme sympathisant des Jeunesses identitaires et du Parti de la France, puis comme membre du mouvement skinhead Troisième voie, dissout par décret en juillet 2013 à la suite de la mort du militant d’extrême gauche Clément Méric ». Ce monde de fascisants est bien petit, décidément...
Sur Blackwater, on peut relire ceci :
http://www.agoravox.fr/actualites/i...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
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