Les militants du Parti socialiste sont-ils une espèce en voie de disparition ?
La désignation de Benoît Hamon à la candidature présidentielle lors des primaires citoyennes de janvier 2017 a-t-elle ravivé le souffle des militants socialistes ou ne fera-t-elle qu’en différer le glas ? La fin annoncée du Parti Socialiste n’est plus tout à fait aussi imminente et la nette victoire de la « fronde » préalablement à l’insolite campagne présidentielle a présagé des transformations politiques et militantes en cours. Depuis 2011, le nombre de militants socialistes s’est amenuisé comme une peau de chagrin. Outre leur nombre, Benoît Hamon pourra-t-il rassembler les socialistes dans leur maison, autour d’un « projet de société » cohérent ?
Il en faut des convictions, de l’engagement et de la ferveur au combat, afin de se lever dans une aurore dominicale et glaciale. Traverser les rues endormies. Installer, puis tenir un bureau de vote. Or, les militants n’ont pas manqué à l’appel des primaires, qui ont tenu 7208 bureaux dans toute la France. Dans la singulière recomposition née de l’échec politique de François Hollande, sans doute ont-ils perçu le nouveau monde à venir et dont la gauche ne pouvait s’absoudre. Présents à l’innovation politique la plus structurante de la décennie, bien qu’elle réduise leur rôle, puisqu’ils ne sont plus les seuls acteurs légitimes à désigner leur candidat.
Dans les sections dépeuplées, pléthore d’apparatchiks n’avaient pourtant plus d’autre assemblée que leur lugubre conclave. Les militants ne battaient plus joyeusement le pavé, virevoltant tracts à la main, le « porte à porte » s’était tu. En 2015, Jean-Christophe Cambadelis, à la tête d’un parti exempt de démocratie interne et étonnamment silencieux fixait l’objectif à atteindre en 2017 à 500 000 adhérents. Début 2017, ils étaient estimés à 120 000. Dans ma section du 2ème arrondissement parisien, depuis les primaires, les militants sont revenus et de nouveaux visages sont apparus.
Les turpides judiciaires de François Fillon ; le Pénélope Gate ; le programme économique daté d’Emmanuel Macron ; son alliance avec François Bayrou et ensuite Robert Hue ; et l’infaisable union entre Hamon et Mélenchon, façonnent une élection dont le résultat n’a jamais semblé moins prédictif qu’en 2017. Pris en étau entre Emmanuel Macron à sa droite et Jean-Luc Mélenchon à sa gauche, le PS se doit d’innover, afin de penser le projet de société du XXIème siècle. La « fronde » a gagné lors des primaires, pour autant tous les militants ne sont pas sur cette ligne. L’assourdissant silence de la direction du PS quant à l’exercice du pouvoir Hollande-Valls a laissé l’espace politique dédié à l’alternance à la « fronde », contribuant ainsi à la renforcer à ses dépens et témoignant d’une stratégie surprenante. Parmi les deux, voire trois visions « sociale protectionniste », « sociale démocrate » et « sociale libérale » qui s’affrontent, le PS est confronté à la redéfinition de son identité. Tout un chacun étant fondé à demander ce qu’être socialiste veut dire aujourd’hui. Et les militants de s’interroger quant au sens de leur engagement. A l’instar de la théorie de l’évolution de Darwin, l’incapacité persistante d’adaptation du PS aux évolutions environnementales et sociétales le conduirait à sa disparation.
Un projet de société innovant au XXIème
Les cahiers de la présidentielles qui ont vocation à élaborer les enjeux de la présidentielle énoncent que la Gauche est l’avenir de la France. Cet outil participatif émane du parti et non de think tanks qui ont fait florès sous le quinquennat de François Hollande, consacrant leur apogée, dont celle du célèbre Terra Nova contributeur aux fameux « 60 engagements » dont le succès et la force de persuasion politiques ne sont plus à démontrer. Leur influence dans l’échec politique de François Hollande n’est pas neutre ; à défaut d’idées novatrices, et prisonniers de leur pensée normative et dogmatique, ils ont exhibé une cruelle absence de vision d’avenir pour la France.
Les éminents spécialistes, experts en tout genre et autres adeptes des « sciences molles » ont montré leurs limites à partager leurs solutions et autres préconisations avec la société française. Présentés comme le « cerveau des politiques », ils ont en réalité notablement participé à ruiner le quinquennat de François Hollande à coup de notes désuètes, là où une intelligence artificielle analyse foultitude de données en quelques instants. En outre, la confiscation démocratique perpétrée, en faveur de ces instituts et au détriment des militants a retardé la mobilisation de l’intelligence collective, pré-requis à l’élaboration d’une identité de gauche renouvelée.
Alors que B. Hamon a révélé son programme (16 mars 2017), le renouvellement de l’action militante dans ses formes, comme dans ses moyens peut ici avoir du sens. La logique d’élimination au profit du plus servile, souvent le plus médiocre produisant la désertification intellectuelle. L’apport de la science (intelligence artificielle) dans la définition d’un projet collectif aboutira à une vision enfin partagée avec la société. La réflexion sur la « gouvernance politique » s’inscrivant dans ce cadre renouvelé.
Benoît Hamon l’a bien compris qui a créé un « conseil citoyen » grâce à une plate forme collaborative inédite lors d’une campagne présidentielle. Les militants, faisant le lien entre la société et les politiques établiront la confiance entre gouvernants et gouvernés. Leurs profils sociologiques sont diversifiés, certains appartiennent au monde de l’entreprise, d’autres ont des métiers scientifiques ou technologiques. La méthode de gouvernance est démocratique ; 40 volontaires du « Conseil citoyen », tirés au sort ont synthétisé les propositions programmatiques formulées sur la plate-forme, en symbiose avec les différents référents.
ü Revenu universel d’existence
ü Taxe sur les robots
ü Projet européen
ü 49-3 citoyen
L’appel à la révolution démocratique est un appel puissant, car derrière le délitement du militantisme, c’est tout notre modèle républicain qui est mis en péril.
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON