Les mots justes
J'ai été excellente élève à l'école primaire, les études secondaires, pour des raisons personnelles familiales et à cause d'enseignants hermétiques, me furent plus difficiles et je m'y ennuyai copieusement. Seules les Universités, pendant les diverses études que j'y effectuai, réveillèrent mon enthousiasme.
Aussi ai-je appris aujourd'hui, à la lecture d'un de ses livres, et consciencieusement, les leçons de Robert Bauvais (1) et puis-je dire : Peu m'importe d'atteindre le quorum des lecteurs, je veux engager un pari qu'aucun groupuscule ne ruinera. J'ignore si j'aurai un pouvoir d'impact, bien que j'utilise le fer de lance de la sémantique pour soutenir mon propos. Bon, je stoppe ici. J'ai simplement voulu démontrer le sens du livre de Robert Bauvais, de 1970. Je m'amuse en le lisant. Je me divertis de cette dénonciation d'un parler pédant qui n'en est pas moins creux.
C'était il y a 49 ans. Et je constate que la réalité a bien changé. La rhétorique ne s'est pas améliorée, au contraire. Mais, le snobisme, maintenant, est devenu une apologie de la médiocrité. On parle toujours pour ne rien dire, mais non plus avec des mots aussi spectaculaires que sans signification, non, avec, désormais une pauvreté de vocabulaire déconcertante.
Je serais curieuse de connaitre le nombre de mots représentant le vocabulaire, même de ceux appelés à prendre la parole en public. Il est immanquablement faible, mais aussi composé de paroles d'une indigence déplorable. La preuve en est que, hors du milieu académique, on est gaussé si on manifeste un vocabulaire un peu plus élevé, on est taxé de pédant, on se voit soupçonné de vouloir afficher une culture, elle-meme mise en doute, de chercher à se montrer méprisant et autres vices inavouables et inavoués.
Si je partage la moquerie de l'auteur du livre pré-cité à propos des mots gonflés, dénués de sens, je suis sans doute encore plus navrée par la perte totale de recherche dans le parler. La platitude du langage trahit ce rejet de la culture. Depuis plusieurs années, on remarque que les élèves en difficulté scolaire rencontrent cette situation parce qu'ils ne comprennent pas un discours dépassant le sujet, le verbe et le complément. On ne peut, avec ces carences, affronter l'abstraction.
Les parents et même les enseignants, qui choisissent de parler "ado", commettent à mes yeux une erreur fondamentale. Ils refusent d'enrichir le vocabulaire des enfants dont ils ont la responsabilité, pour des objectifs obscurs. Enrichir le vocabulaire, c'est élargir la culture, ouvrir l'esprit, créer une ouverture aux autres.
(1) Le parler hexagonal tel qu'on le parle, Le livre de poche
Françoise Beck
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