Un coup de Babel magique et « Pater » mêla son grain de ciel pour semer un grain de folie sur sa création. Après tout, créer l’homme à son image, quel labeur !, mais qu’il l’égale, non ! C’est chose faite ! Il ne parle plus le langage de l’autre, il a de quoi s’occuper ! Qu’il essaye de le comprendre... Dans la diversité des langues, l’homme a fait l’effort de se rapprocher de l’autre : gestuelle, mimiques et enfin traduction ; mais cela n’a pas suffi, il a fallu compliquer davantage la communication, alors celui qui parlait et comprenait la langue de l’autre l’utilisa contre ce même autre...
La chaîne de télévision Arte
diffusait début février un documentaire sur « les
mots » sous l’Allemagne nazi, les mots et « jeux de mots » qui
transcendaient la haine, celle qui réduit à la (dés-)humanisation.
Le documentaire retraçait
l’histoire de Victor Klemperer,
un intellectuel dont l’ascendance juive lui interdisait d’exercer son métier et,
à la manière d’Anne Franck, il ne pouvait que retranscrire son vécu au
quotidien. Qui sait, si quelqu’un trouve un jour ce recueil dans lequel il ne
néglige aucun mot, aucun fait... http://www.radio.cz/en/article/59969
Sans comprendre la langue, j’en
devinais la bassesse, des mots qui ne s’utilisent jamais seuls mais qui s’ajoutent,
s’assemblent comme pour former des termes bien plus vils encore, désigner une
mauvaise chose dans l’être, mais un très mauvais « être », un
« sous-être » àôter, à descendre
même, mais à tout prix. Des mots qui font frissonner comme Untermenschentum :
sous-humaniser, http://akrieg.club.fr/crKlemperer96.html
Le dérapage verbal "fanatique" à
la "sauce fanatisme", encore et encore des mots qui interdisent. Qui chantait J’ai trouvé les
clefs du paradis, déjà ? Il est formellement interdit de posséder
une seule clé, pas même celle d’une valise, d’un cadenas. La
valse des « interdits » où la danse se fait sérénade, bourrage de
crâne, pour exaspérer,
déphaser psychologiquement, car celui
qui ne possède aucune clé n’a pourabri
que celui qu’on lui impose, laclôture,
la prison, ou l’errance même !
L’architecture du Chaos dans toute
sa splendeur, le narcissisme pur et dur, lafolie des grandeurs du « je vous interdis », « je
vous ordonne » sur tous documents à l’en-tête de ce démon qui ne se satisfaisait
ni de sa gouvernance morbide, ni de ses menaces. « Mots », papiers, machine à écrire, éclair et j’en passe...
Aux dires du commentateur, la
déformation du langage découlerait de la récupération de quelques
principes rabbiniques. Celui-ci évoque le rabbin Ezra, quelques
concepts purement religieux, en fait.
Science, religion etsavoir même, les despotesont à leur disposition l’arme la plus
redoutable, la « propagande » et la manipulation des mots dont
l’impact psychologique a déjà fait son œuvre. Mais ne doit-on pas le
rappeler ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Klemperer
A cogiter, l’obscurantisme n’est pas si loin.
Milla
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