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Accueil du site > Tribune Libre > Les mythes grecs dans l’opéra baroque

Les mythes grecs dans l’opéra baroque

La chaîne Mezzo diffuse ce mercredi 22 décembre l'un des opéras de l'auteur baroque très méconnu : André Campra. Il s'agit du superbe opéra Idoménée (voir détails dans l'article). L'opéra de Haendel n'a pas fini, lui non plus, d'enchanter nos oreilles. Quant à Gluck (début du classique mais je l'inclus quand même !), cet Allemand a composé des opéras baroques avec Jean Racine. La qualité est ainsi double, musicale et littéraire. La création française est très présente dans l'opéra baroque qui compte dans ses rangs les grands Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau !

Claudio Monteverdi (1567 - 1643)

 L’Orfeo

 L’Orfeo, opéra créé sur un livret du poète Alessandro Striggio, fils du compositeur de même nom, Alessandro Striggio. Basé sur le mythe d'Orphée et Eurydice où le héros grec essaye de sauver sa femme des Enfers, l'opéra est composé d'un prologue et de cinq actes.

 Prologue : après une ritournelle instrumentale, La Musica (« l'esprit de la musique »), personnage allégorique) chante à la gloire d'Orphée et des pouvoirs de sa musique.

Acte I : Noces champêtres d'Orphée et d'Eurydice. Le chœur entonne un épithalame, hymne matrimonial où les nymphes et les bergers invoquent le nom d’Hyménée (1), dieu qui a pour charge de conduire le cortège nuptial. Parmi les personnages, on distingue Orphée aux côtés d'Eurydice ainsi que le berger Aristée. 

  1. Hyménée ou Hymen, dans la mythologie romaine, est le fils de Bacchus et de Vénus, présidait au mariage.

 Acte II : Une messagère annonce à Orphée la mort d'Eurydice. Celui-ci décide de descendre la chercher aux Enfers. « Ahi caso acerbo » (hélas destin amer), chante un berger. Orphée sort de sa stupeur et entonne « Tu se’ morta, mia vita ». « Tu se’ morta, mia vita, ed io respiro » : Tu es morte, ma vie, et je respire ?

 Acte III : Orphée arrive à la porte des Enfers. Devant Charon, il chante d'abord sans succès, puis finit par l’endormir avec sa lyre. Orphée s’adresse à la divinité tutélaire qui l’accompagne, Speranza (elle n’est ni une divinité ni une allégorie mais une référence au christianisme). Orphée cède au désespoir quand Speranza le quitte : « Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate ! » (Laissez toute espérance, vous qui entrez !) (Paroles originales) Elle lui montre le sombre marécage qu’il doit traverser seul, aidé uniquement de son chant.

L’aria « Possente Spirto » (« Puissant esprit  ») est le moment attendu de l’œuvre. Il se conforme à la structure de Dante pour « Il inferno ».

 Acte IV : Pluton laisse Orphée emmener Eurydice. Malheureusement, il se retourne : deuxième mort d 'Eurydice.

 Acte V  : Plainte d'Orphée. A la différence de la version traditionnelle du mythe (où il est lacéré par les Bacchantes), Orphée est enlevé par Apollon dans le ciel et devient immortel.

 Ecouter : La Rosa del ciel (Acte I /6) / Actes I, II (Pastorale) et V (Moresca) / Tu se' morta (Acte II : 14) : paroles et traduction. / Vi ricorda o boschi ombrosi (Acte II / 8 ) : paroles originales. / In un fiorito prato (Acte II / 12) : Léa Desandre et Thomas Dunford.

 Il ritorno d'Ulisse in patria (détails)

 Opéra en un prologue et trois actes, sur un livret en italien de Giacomo Badoaro. Les ennemis de la Fragilité Humaine (le Temps, l’Amour et la Fortune) règnent, invisibles, au-dessus de personnages : Pénélope, le berger Eumée, le bouffon Irus, les Prétendants. La rivalité entre Minerve et Neptune déchire l’Olympe et définit le destin d’Ulysse.

 Ecouter : Humana Fragilità (Mortal cosa son io). La Fragilité humaine se plaint d’être soumise aux tourments du Temps, de la Fortune et de l’Amour. Les trois divinités se réjouissent de pouvoir faire le malheur d’Ulysse. / Di misera regina (Acte I : 1) : désolation de Pénélope. / Ulisse si sveglia dal sonno (Acte I / 7) / Balliamo (Act II / 5) / Dame in amor (Acte III / 3) : par Les Arts Florissants / Autre extrait 

Jean-Baptiste Lully (1632 - 1687)

 Persée

 Tragédie en musique, Persée est composée en 1682. Typique de l'opéra lullyste, elle comprend une ouverture à la française, un prologue à la louange de Louis XIV et cinq actes. Le livret a été composé par Philippe Quinault. 

Ecouter : Ouverture / Je ne puis dans votre malheur (Acte III) / J’ai perdu ma beauté / Passacaille  

Phaéton

 Phaëton est une tragédie en musique dont la musique fut composée par Jean-Baptiste Lully sur un livret de Philippe Quinault. Sur la demande de Louis XIV, Lully ainsi que ses fidèles collaborateurs Quinault et La Fontaine (Pour le poème)1 créeront le premier opéra chanté devant le monarque. De même, Lully ne composera pas sur le denier de l'État, mais sur sa cassette personnelle. Ce qui a grandement contenté Colbert, alors préoccupé par les dépenses massives du Roi pour l'aménagement du Château de Versailles.

 Phaéton est une tragédie lyrique composée par Lully en 1683 sur un livret de Philippe Quinault. Elle décrit sous forme d'allégorie la témérité punie pour celui qui voulut s'élever aussi haut que le soleil (référence au Roi Soleil), et plus particulièrement la chute de son intendant, Nicolas Fouquet, après l’ostentation des splendeurs du château de Vaux le Vicomte.

 Ecouter : Chaconne / Ritournelle (Acte IV / 1) / Heureuse une âme indifférente 

Thésée

 Thésée, est le troisième des treize opéras (« tragédie en musique ») de Lully, sur un livret de Philippe Quinault, créée à Saint-Germain-en-Laye, devant Louis XIV et sa Cour, le 15 janvier 1675. Le livret de Quinault fut adapté par Nicola Francesco Haym et mis en musique en 1712 par Georg Friedrich Haendel sous le titre Teseo.

 Ecouter : Ouverture / Entrée triomphale de Thésée

 Isis

 Créé en 1677. Histoire d’Io élevée au rang d’Isis. L'opéra créa le scandale : la jalouse Junon, serait la Marquise de Montespan ! Ecouter un extrait.

 Psyché

 Isis est une tragédie en musique créée en 1678. Flore, Vertumne, Palémon et les divinités de la terre et des eaux chantent pour célébrer les plaisirs de la paix et demandent à Vénus de descendre sur Terre. Mais celle-ci est en colère contre Psyché, qui a détourné les mortels de ses autels. Au lieu de couronner les fêtes, Vénus charge l'Amour, son fils, de la venger.

 Ecouter : Folâtrons, divertissons-nous / Plainte italienne

 Acis et Galatée

 Acis et Galatée (1686) est un opéra en forme de pastorale héroïque. C'est le dernier chef-d'œuvre de Lully et le dernier ouvrage pour la scène qu'il ait entièrement terminé. Le livret est tiré de la légende d'Acis et Galatée rapportée au Livre XIII des Métamorphoses d'Ovide. La pastorale met donc en scène la légende de la nymphe Galatée dont le cyclope Polyphème tomba amoureux. Éconduit par la nymphe et furieux de se voir préférer le beau berger Acis, le géant tuera celui-ci en l'écrasant sous un rocher. Ecouter : Passacaille / Qu'une injuste fierté (Chaconne).

 Henry Purcell (1659 – 1695)

 Purcell essaie d’acclimater le genre à la langue anglaise avec ses semi-opéras (King Arthur, Didon et Énée), mais ce genre périclitera après sa mort en 1695.

 Didon et Enée (1689)

 L’opéra baroque Didon et Enée est un des derniers opéras écrits en langue anglaise avant une éclipse de près de deux siècles, où l’italien régnera sur les scènes anglaises. Tiré de l’Enéide de Virgile, cette œuvre est un semi-opéra (un mélange de théâtre et d’opéra).

 Résumé : L’histoire est celle de Didon, la reine de Carthage qui aime en secret Enée, le prince de Troie. Belinda sa confidente lui propose d’épouser le prince, ce qui rapprocherait les deux royaumes. Didon accepte et le premier acte se termine dans la joie. Les choses se gâtent au deuxième acte, car dans leur caverne des sorcières complotent pour faire tomber Didon et Carthage. La sorcière en chef va faire passer un de ses elfes pour Mercure afin de convaincre Enée de quitter Didon et d’accomplir son destin, qui est de partir fonder une nouvelle cité en Italie. Elles vont déclencher un orage pour séparer Didon et Enée.

 Ecouter

 Ah Belinda I am prest with torment (Acte I / 3) : Bélinda exhorte la reine à retrouver le sourire (aria « Shake the cloud from off your brow »). En effet cette dernière est accablée, car elle aime en secret Énée et ne peut avouer son tourment, craignant de décevoir son peuple (aria « Ah Belinda I am prest with torment »).

 Oft she visits this lone mountain 

 Les sorcières (Acte II / 1) : La Magicienne, reine des sorcières, fait passer un de ses sujets pour Mercure afin qu'Énée quitte Didon pour aller accomplir sa destinée. Les sorcières se réjouissent de ce plan machiavélique (duo « But 'ere we this perform »). 

When I am laid in earth' from Dido and Aeneas  : Patricia Petibon (Acte III). Une fois Énée parti, Didon se donne la mort dans le poignant lamento où elle demande à Bélinda de se souvenir d'elle mais d'oublier son destin (« Remember me, but ah ! forget my fate. »). 

Dido's Lament : La mort de Didon

 André Campra (1660 - 1744)

 Trois tragédies lyriques parmi les plus notables :

Hésione (1700)

 D’après la légende de Laomédon et Hésione par Apollodore (Bibliothèque) et Hygin (Fables).

Hésione : Elle fut offerte en sacrifice pour apaiser un monstre marin envoyé par Poséidon pour ravager Troie, après que son père, le roi de Troie Laomédon, l’eut floué. Héraclès proposa de tuer le monstre en échange des chevaux immortels que reçut Tros à la suite de l’enlèvement de Ganymède. Héraclès sauva Hésione, mais, encore une fois, Laomédon ne s’acquitta pas de sa dette.

Télamon : Il obtint en butin Hésione, fille de Laomédon.

 Acte I : Télamon, roi de Salamine (île grecque de l’Attique), se lamente : Hésione, princesse troyenne et fille de Laomédon (second roi mythique de Troie) lui préfère Anchise (père d’Enée) et va l'épouser. Cléon, son confident, lui rappelle que le Roi Laômédon a fait aussi preuve à son égard d'ingratitude, car Alcide (Héraclès) et lui l'ont protégé de la colère de Neptune. Acte II : Vénus séduit Anchise. Acte III : Hésione est éperdue de jalousie, mais se demande comment lutter contre Vénus. Acte IV : Anchise est fou de jalousie : Vénus lui a fait voir Hésione et Télamon ensemble. Acte V : Le peuple phrygien fait fête à Télamon qui a vaincu le monstre. Anchise s'insurge, mais le Roi lui confirme qu'il a dû obéir à Neptune, en donnant la main de sa fille au vainqueur.

 Idoménée (1712)

Acte I​ (Le palais des rois de Crète) : Ilione, fille du roi de Troie Priam, révèle qu'elle a repoussé les avances d'Idoménée, le roi de Crète, mais qu'elle aime en secret son fils Idamante. Arbas vient apporter une funeste nouvelle : Idoménée, dont le retour de Troie se faisait attendre, aurait disparu en mer. Électre, amoureuse d'Idamante, clame sa rage jalouse envers Ilione.

 Acte II​ : Les guerriers crétois naufragés implorent la clémence des dieux. Neptune surgit de la mer et calme les flots en rappelant à Idoménée sa promesse. Le calme est revenu. Idoménée révèle à Arcas la nature de cette promesse : sacrifier la première personne qu'il rencontre sur le rivage s'il rentre sain et sauf. Celui qui arrive n'est autre qu'Idamante qui vient chercher la solitude. Il aperçoit Idoménée et engage la conversation sans qu'aucun reconnaisse l'autre.

 Haendel (1685 – 1759)

 Admeto

 Admeto (Admète), roi de Thessalie est l’opéra de Haendel le plus populaire. Le livret mêle en une incroyable combinaison les éléments surnaturels de la tragédie d’après l’Alceste d’Euripide et le schéma conventionnel du théâtre baroque fait de portraits changeants et d’héroïnes travesties. L’opéra fut terminé le 10 novembre 1726. 

Acte I : Le roi Admète de Thessalie est mourant. Alceste, sa femme, prie Apollon de lui épargner la vie. Apollon informe Alceste que ce n’est que si un proche parent meurt à sa place qu’Admète pourra continuer à vivre. Alceste décide alors de sacrifier sa vie pour son mari.

 Ecouter : « Spera si mio caro bene  » / « Luci care  » (Aria d'Alceste)

 Hercules 

Le livret en anglais est l'œuvre du Révérend Thomas Broughton, dont les sources sont la tragédie « Les Trachiniennes » de Sophocle et le Livre IX des « Métamorphoses » d'Ovide qui rapportent les circonstances de la mort d'Hercule, thème du drame musical.

 Ecouter : Aria The smiling hours of joyful train (Lichas, acte I) / Let not fame / « Jealousy ! Infernal pest ! Tyrant of the human breast" (II,2)

 Jean-Philippe Rameau (1686 – 1764)

Hippolyte et Aricie

 Hippolyte et Aricie, première tragédie lyrique de Rameau, alors âgé de cinquante ans, fut créée le 1er octobre 1733 à l'Académie royale de musique. Le livret (de l'abbé Simon-Joseph Pellegrin), inspiré en partie de Phèdre, de Racine. Le personnage Aricie apparaît dans l’Enéide de Virgile dans un rôle secondaire.

 Prologue : Dans la forêt d'Erymanthe, Diane et l'Amour se disputent (duo : « Non, je ne souffrirai pas ») pour savoir qui régnera sur le cœur des habitants des bois. Jupiter apparaît et apaise Diane. La déesse jure de protéger Hippolyte et Aricie.

 Acte I : À Trézène, sur la côte du Péloponnèse. Hippolyte, le fils du roi Thésée, et Aricie, sont amoureux. De son côté, Phèdre est secrètement éprise de son beau-fils. Face à la haine de Phèdre, la déesse Diane prend les deux amants sous sa protection. La reine apprend la mort de son mari, et se sent désormais libre d’exprimer son amour.

 Acte II​ : Thésée est seulement prisonnier des Enfers (où il est descendu pour secourir son ami Pirithoüs). Il fait appel à son père Neptune qui le délivre de Pluton. Il quitte le funeste royaume, informé que son destin sur terre ne sera pas heureux. Cet acte infernal est le plus célèbre de la partition. Le héros s'oppose à la furie Tisiphone (duo : « Contente-toi d'une victime »).

 Acte III​ : Au palais de Thésée sur le rivage, Phèdre attend Hippolyte pour lui déclarer son amour (« Cruelle mère des amours »). Se croyant haï, le jeune homme lui jure fidélité mais la reine interprète mal ces paroles. Comprenant les sentiments de sa belle-mère, le jeune homme réclame un châtiment divin (« Terribles ennemis »). Retour des enfers, Thésée surgit et croit son fils coupable d'un lâche attentat contre la reine. Troublé, le roi écourte le divertissement offert par ses sujets et réclame à Neptune le sang d'Hippolyte - son troisième vœu : « Puissant maître des flots ».

 Acte IV : Réfugié dans le bois sacré de Diane, Hippolyte retrouve Aricie. Soudain, l’irruption d’un monstre surgit de la mer, contraint le jeune homme au combat. Il disparaît aussitôt, englouti.

 Acte V​ : Ayant appris la disparition d’Hippolyte, Phèdre, prise de remords se confesse à Thésée puis se suicide. Diane promet le bonheur pour Aricie, toujours inconsolable, quand Hippolyte, ressuscité, paraît. L’amour et la vertu des deux jeunes gens sont enfin célébrés par les habitants de la forêt. Le roi est néanmoins condamné à ne jamais le revoir. S'éveillant dans la forêt sur laquelle elle est appelée à régner, Aricie reste inconsolable mais Diane lui annonce l'arrivée d'un héros qui se révèle être Hippolyte (duo : « Que mon sort est digne d'envie »). Les habitants de la forêt célèbrent l'heureux dénouement.

 Ecouter : Ah ! Qu’on daigne du moins (Acte II) / Acte II intégral (28 minutes) : Thésée : « contente-toi d’une victime » / Rossignols amoureux (Acte V) : Léa Desandre.

 Les Fêtes d'Hébé

 Opéra-ballet créé en 1739. C'est le second opéra-ballet de Rameau, après Les Indes galantes datant de 1735. L'opéra comprend un prologue et trois entrées, évoquant tant les trois formes de l'art lyrique : la poésie (personnifiée par Sappho), la musique (Tyrtée) et la danse (Églé, disciple de la muse Terpsichore).

 Prologue​ : Hébé, divinité de la jeunesse descend sur terre, poursuivie et importunée par Momus ; elle est rejointe par les Grâces et l'Amour, qui décident d'établir leur demeure sur terre pour y rejoindre la jeunesse. Zéphyre et sa suite viennent soutenir un char pour transporter Hébé : toute la troupe s'envole vers « le plus aimable séjour » et « au plus heureux climat » : les bords de la Seine.

 Ecouter : Air tendre / Tu chantais  : par Léa Desandre / Accourez riante jeunesse, par Sabine Devieilhe / L'Objet qui règne dans mon âme, par Anders Dahlin & Les Ambassadeurs

 Pygmalion

 Pygmalion (ou Pigmalion conformément à la graphie du XVIIIe siècle) est un acte de ballet composé sur un livret de Ballot de Sauvot. L'intrigue est directement tirée de la légende de Pygmalion telle que rapportée par Ovide dans Les Métamorphoses : celle du sculpteur (Pygmalion) qui délaisse son amante (Céphise) et tombe amoureux de son œuvre ; la statue se change en une très belle femme qui prend vie progressivement, déclare sa flamme au héros, et tout se termine — comme le veut le genre — par des danses célébrant le triomphe de l'Amour. Ecouter : Fatal amour, par Anders Dahlin & Les Ambassadeurs.

 Castor et Pollux

 Cette tragédie lyrique a été créée en 1737 Le livret, de Gentil-Bernard, fit sa réputation de poète de salon.

 Acte I : Castor et Pollux sont des héros célèbres de la mythologie. Bien qu'ils soient frères, Pollux est immortel mais Castor est mortel. Tous deux sont amoureux de Télaïre, qui n'aime que Castor. Les jumeaux ont combattu contre un roi ennemi, Lyncée, mais pendant cette guerre Castor a été tué. L'opéra s'ouvre sur sa cérémonie funèbre. Télaïre exprime sa douleur à son amie Phébé dans le mouvement "Tristes apprêts", l'un des plus célèbres airs de Rameau. Ecouter : Tristes apprêts, par Sabine Devieilhe.

Gluck (1714 – 1787)

Je l'inclus même s'il n'est pas baroque mais classique, pour conclure en beauté.

 Christoph Willibald Gluck a transformé l'opéra avec sa célèbre « réforme » visant à introduire le naturel et la vérité dramatique. Il ouvre la porte au classicisme viennois dont il est le premier jalon significatif. 

 Orphée et Eurydice (1762)

 Il en existe au moins quatre versions différentes dont la version de Paris, en français, modifiée et élargie par Gluck lui-même, où le rôle-titre est chanté par une haute-contre.

 À l'acte II, un très impressionnant chœur infernal tente de barrer la route à Orphée mais, par son chant, ce dernier parvient à émouvoir les esprits qui lui cèdent le passage. Un ciel serein succède aux sombres bords du Cocyte, prétexte dans la version parisienne à un ravissant ballet des Ombres heureuses. Eurydice paraît et retrouve Orphée.

 À l'acte III, les deux époux remontent vers la terre mais Eurydice s'inquiète de l'indifférence d'Orphée qui ne peut la regarder, ni expliquer la raison de son attitude. À l'écoute de ses reproches, il ne peut s'empêcher de se retourner et elle expire dans ses bras. Orphée se lamente dans le célèbre « Che farò senza Euridice » (dans la version française : J'ai perdu mon Euridice). L'Amour surgit pour l'empêcher de se suicider et lui rend Eurydice, l'œuvre s'achevant dans la version parisienne par un long ballet.

 Ecouter : Ouverture / Danse des Ombres heureuses (Acte II) / Laissez-vous toucher par mes pleurs / J'ai perdu mon Eurydice / « Che farò senza Euridice ?  » / Air des Furies / Vieni, appaga il tuo consorte, par Philippe Jaroussky & Amanda Forsythe.

 Alceste (1767)

 Le livret est dérivé de la pièce d'Euripide Alceste. Le sujet avait déjà été traité en 1674 par Lully dans une tragédie lyrique intitulée Alceste ou le Triomphe d'Alcide. Cette œuvre n'a pas connu le succès d'Orfeo ed Euridice dû à la même équipe en raison de la faiblesse de l'action dramatique.

 Iphigénie en Tauride (1774)

 C'est par l'intermédiaire de Le Blanc du Roullet, attaché de l'ambassade de France à Vienne, que le compositeur décide d'écrire un opéra en français pour Paris sur un livret adapté de Jean Racine (Iphigénie). Grâce au soutien de Marie-Antoinette, Gluck vient à Paris en octobre 1773 et l'œuvre connaît un succès éclatant qui devait la maintenir sur scène jusqu'en 1824.

 Ecouter : Iphigénie : « Malheureuse Iphigénie » / Pylade : « Unis dès la plus tendre enfance »

Bonnes fêtes de fin d'année !

 


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31 réactions à cet article    


  • Clark Kent Schrek 22 décembre 2021 16:03

    Un conseil : évitez de parler de mythes à l’abbesse, surtout avec des mots grecs !


    • Fergus Fergus 22 décembre 2021 16:16

      Bonjour, Taverne

      Intéressant tour d’horizon des héros mythiques grecs dans la musique baroque. Toutes ces oeuvres sont dignes d’intérêt.

      Merci d’avoir cité Campra, un compositeur français trop méconnu.

      Un mot sur les semi-opéras de Purcell. Bien que j’apprécie Le Roi Arthur et Didon et Enée, ma préférence dans son oeuvre est, malgré plusieurs écoutes de ces différents opus, toujours allée à La reine indienne.


      • Taverne Taverne 22 décembre 2021 18:03

        @Fergus

        Bonjour Fergus. J’ai dû me limiter aux mythes grecs pour ne pas faire trop long. J’ai donc écarté la mythologie romaine, celte (roi Arthur), religieuse (comme Samson et Dalila), indienne, etc. 

        Mais bon, cela fait tout de même une durée d’écoute. Surtout je voulais mieux faire connaître André Campra. 


      • Taverne Taverne 23 décembre 2021 11:15

        Extrait de l’opéra français. J’aime cette subtilité profonde propre au baroque. Cet air exprime beaucoup sans pousser à fond la voix comme dans le classique.

        Air d’Ilione « Espoir des malheureux  » (acte IV, scène 1).

        Aperçu de l’opéra de Campra sur Mezzo : travestissement et bizarreries baroques.


      • Clark Kent Schrek 23 décembre 2021 14:28

        @Taverne

        Quand dieu dira à André de coucher sous la tente, André Campra.


      • Taverne Taverne 23 décembre 2021 21:51

        @Schrek

        Quand Campra campera, je ne crierai pas haro sur le baudet. Et même Schrek content.


      • Taverne Taverne 23 décembre 2021 10:59

        Pour ceux qui préfèrent le classique au baroque, Mozart a composé Idomeno, re di Creta (Idoménée, roi de Crète). Mozart et son librettiste se sont en grande partie inspirés de l’œuvre d’André Campra, Idoménée, publiée en 1712.

        On sent bien la différence entre le baroque, tout en émotions diverses, profondes et subtiles, en retenue vocale et le classique qui exprime avec force la passion. Toutefois, la passion est parfois si bien interprétée que j’en oublie (ceci est mon point de vue personnel…) les excès fréquents de puissance sonore qui agacent mes oreilles.

        Ici un extrait par une superbe cantatrice du nom d’Anna Netrebko

        Je trouve que la langue française sonne à merveille dans l’opéra de Campra. Ce qui prouve que notre langue est aussi faite pour l’opéra.


        • Taverne Taverne 23 décembre 2021 11:30

          Exemple d’extrême douceur du style baroque de Campra :

          Prologue, Scène 3 : « Chantez le dieu charmant » (Vénus, Chœurs)


        • Fergus Fergus 23 décembre 2021 11:53

          Salut, Taverne

          « On sent bien la différence entre le baroque, tout en émotions diverses, profondes et subtiles, en retenue vocale et le classique qui exprime avec force la passion. »
          Bien vu.

          Idoménée me rappelle le temps où  pour suivre une fille  j’ai chanté cet opéra de Mozart dans une chorale.
          Me restent en mémoire « Dieu favora a ble, en sa clémence en ce, donna lumière ère e et liberté... » smiley

          Superbe prestation de cette soprano russe !

          « Ce qui prouve que notre langue est aussi faite pour l’opéra »
          Je ne partage pas ton avis sur ce point. Nombre d’opéras  dont les intrigues sont archi-connues gagnent à être entendus dans une langue étrangère tant le livret est, disons-le, la plupart du temps médiocre. L’avantage avec une langue étrangère est que l’on peut plus facilement se laisser emporter par les timbres des voix.
          Mais cela n’engage évidemment que moi.


        • Taverne Taverne 23 décembre 2021 12:19

          @Fergus

          Et la réponse de la demoiselle a-t-elle été « fa-vo-ra-aaa-ble », a-t-elle au moins montré pour tes vocalises de la « clémen-en-ceeee ! » ?

          Il est vrai que le texte théâtral primait sur la musique, d’où ce chant spécial du baroque. Molière s’est beaucoup moqué de la diction classique emphatique des comédiens de son époque.

          Mais des auteurs comme Campra et Jean Racine (qui a travaillé avec Gluck) montrent bien que c’est surtout la qualité de l’auteur qui fait celle de l’œuvre musicale et que notre langue peut être merveilleusement rendue (écoute les titres que j’ai ajoutés en commentaires). Racine quand même, c’est le maître du style ! Dans le style opéra-bouffe, Offenbach l’a montré aussi dans la Belle Hélène. Faire rire est aussi un atout de notre langue.


        • Fergus Fergus 23 décembre 2021 12:58

          @ Taverne

          Je me suis pris un râteau, pas même vocalisé. smiley
          Du coup, j’ai abandonné la chorale.

          « Dans le style opéra-bouffe, Offenbach l’a montré aussi dans la Belle Hélène »
          Exact !
          « Evoé, que ces déesses ont de drôles de façons... »
          La belle Hélène, mais aussi La vie parisienne, encore plus riche en airs facilement mémorisables, et de ce fait très populaires.

          Mais on est là bien loin du baroque, et même du classique.


        • Antoine 23 décembre 2021 14:36

          @Taverne
          Pas tout à fait quand même ! Il y a des oeuvres avec livret faible parfaitement écoutables grâce à leur qualité musicale tandis que l’inverse ne fonctionne pas.


        • Fergus Fergus 23 décembre 2021 15:34

          Bonjour, Antoine

          Je partage votre avis sur ce point.
          Brassens lui-même avait, lors de sa fameuse rencontre avec Ferré et Brel  et au grand dam de ce dernier  dit en substance que la musique primait toujours sur les paroles, aussi belles soient-elles.


        • Taverne Taverne 23 décembre 2021 11:05

          Opéra de Mozart : Fuor del mar (Idoménée : acte II / 12) par Luciano Pavarotti.


          • Taverne Taverne 23 décembre 2021 13:02

            Superbe final avec Philippe Jaroussky interprétant l’émouvant Polifemo : « Alto Giove  » du compositeur baroque Nicola Porpora (oublié dans cet article).

            Le chant conte la légende du cyclope Polyphème, amoureux de Galatée, et qui, par jalousie écrase son rival, le berger Acis, sous un rocher. Galatée, brisée par la douleur, métamorphose Acis en un ruisseau. Haendel a, à la même époque repris cette légende dans « Aci, Galatea e Polifemo » (HWV 72).


            • Antoine 23 décembre 2021 14:19

              Félicitations pour cet article qui, pour une fois, ne chante pas les mérites de la médiocrité dont sont avides nos contemporains. Ces situations extrêmes permettent aux compositeurs d’utiliser toute leur palette. Plus récemment on a aussi Saint Saens, Debussy, Sibelius, Roussel, Ravel, Stravinsky et même, pour sourire, Offenbach...


              • Taverne Taverne 23 décembre 2021 14:34

                @Antoine

                Oui, si l’on sort du baroque et même du classique, il y a Maurice Ravel : Daphnis et Chloé  :

                Ecouter : Lever du jour 1, Lever du jour 2 , et ce passage. Pour les non initiés, c’est l’histoire du berger Daphnis qui aime et de l’enlèvement de cette dernière par des pirates, l’intervention du dieu Pan et la fin heureuse.

                Un jour le dieu Pan démit le roi de Pandémie (ah non, ça c’est moi qui viens de l’inventer…)

                Saint Saens évidemment, l’incontournable Rouet d’Omphale  : Poème symphonique en la majeur, op. 31 (1869). Légende : la scène représente Hercule, filant aux pieds d’Omphale, reine de Lydie qui avait épousé Hercule. 
                Ecouter ici.


              • Taverne Taverne 23 décembre 2021 14:37

                « l’histoire du berger Daphnis qui aime Chloé ». Damned ! Je sais pas comment je fais pour toujours sauter des mots dans mes phrases !

                Du coup, un petit post-scriptum :

                P.S : Sans oublier Elektra de Richard Strauss, l’histoire d’Electre, mais j’aime moins. Je trouve un peu tapageur.


              • Antoine 23 décembre 2021 14:46

                @Taverne
                Pour Saint-Saëns, je faisais allusion à La jeunesse d’Hercule. Quant à Richard Strauss, j’adore la magnificence de son orchestre.


              • Taverne Taverne 23 décembre 2021 14:55

                @Antoine

                Ah ? Cette œuvre de Saint-Saens, je ne pense pas la connaître. Je vais l’écouter. J’interromps donc l’écoute de la symphonie numéro 7 de Mahler qui passe sur Mezzo et que je connais déjà bien et je l’écoute religieusement.


              • Taverne Taverne 23 décembre 2021 15:09

                Merci Antoine pour cette recommandation. L’œuvre est superbe, je l’ajoute à mon escarcelle (on dit « playlist » en bon français…). On sent bien la fougue du jeune Alcide étrangleur de serpents. J’aime bien la cadence qui s’installe vers la septième minute et qui nous entraîne. Enfin, tout est parfait.


              • Antoine 23 décembre 2021 15:35

                @Taverne
                Comment ne pas aimer Mahler ? J’ai aussi un très grand faible pour la grande symphonie de son ami Hans Rott dont il n’est pas douteux qu’il ait parcouru la partition.


              • Fergus Fergus 23 décembre 2021 19:20

                @ Antoine

                En étant dans peau : excepté quelques rares moments symphoniques, je fais partie de ceux qui n’apprécient ni Mahler ni Bruckner ni Wagner. Ce n’est pourtant pas faute d’écoutes, mais jamais je n’ai véritablement été séduit.
                En revanche, je viens de réécouter la Symphonie espagnole de Lalo : un régal !
                L’un des intérêts de la vie, c’est de mêler des personnes dont les goûts sont très différents, et parfois diamétralement opposés.
                Y compris pour les fromages : j’adore les époisses, maroilles, munsters lorsqu’ils dégagent une odeur épouvantable. smiley


              • Aristide Aristide 23 décembre 2021 19:58

                @Fergus

                je fais partie de ceux qui n’apprécient ni Mahler ni Bruckner ni Wagner.

                Cela doit venir de l’accent ...

                Quand aux odeurs, je suis sûr que vous devez apprécier les andouillettes, la bobosse en préférence est assez exceptionnelle pour dégouter autour de soi. Une palme tout de même aux rognons de veau ou d’agneau, qui ne sont pas loin de provoquer le même effet ... Je négocie toujours avant et je préviens l’entourage proche ... on sait jamis, il peut y avoir des réactions violentes.

                Les deux plats sont savoureux avec une petit tombée d’échalottes, une lichée de vin blanc pour dégraisser la poêle et on fini par moutarde à l’ancienne et un peu de crème... Une petite sauce servie bouillant sur l’andouillette ou les rognons poêlés.


              • Taverne Taverne 23 décembre 2021 20:35

                @Fergus

                 Même Malher ? Bon, en ce cas tu apprécieras peut-être un compositeur roumain, Georges Enesco qui a créé une œuvre sur le mythe d’Oedipe. L’article n’en parle pas puisqu’il ne traite que du baroque. C’est à cela que sert aussi le forum : à s’échanger des références. 


              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 23 décembre 2021 22:13

                @Aristide
                En Polynésie il y a le fafaru , poisson et chevrette macérees ...faut s’accrocher , odeur de gerbe , mais le goà»t est bon .


              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 23 décembre 2021 22:27

                @Aita Pea Pea
                Gerbe au sens propre , ça sent le vomi ... Faut passer le cap ...lol , et dur .


              • Fergus Fergus 24 décembre 2021 08:47

                Bonjour, Aristide

                « Cela doit venir de l’accent »

                 smiley Je suis un inconditionnel de Bach, Haydn, Mozart et Schubert, pour ne citer que les plus connus des compositeurs germaniques qui figurent dans mon panthéon. 

                Et pour ce qui est de l’andouillette et des rognons, je déteste cela, ce qui montre que l’on n’apprécie pas forcément les odeurs fortes dans tous les domaines de l’alimentation smiley


              • Antoine 28 décembre 2021 15:19

                @Fergus
                Belle infirmité ! Une tentative et guérison : Pour Bruckner, commencez par ses toutes premières symphonies (O et 00) et pour Wagner, sa gentillette symphonie.


              • Taverne Taverne 23 décembre 2021 14:51

                Attention ! le barde Tavernix va improviser un chant pour un opéra :

                L’Odyssée nocturne

                La nuit je rêve aux caravelles
                Qui abordent les aubes nouvelles.
                La nuit, je pars et par vent fort
                J’ai charge de vins et d’amphores.

                La nuit je passe les Cap Horn
                Et des caps de Bonne-Espérance.
                Je suis toujours en mal d’aurore.
                Je joue mon va-tout et ma chance.

                La nuit je rêve de licornes,
                Et mes désirs n’ont pas de bornes.
                La nuit je vogue l’esprit libre
                Dérivant comme un bateau ivre.

                Ivre d’Ailleurs et de conquête.
                Vénus me guide dans ma quête
                Taj Mahal et palais d’Angkor
                Hantent mes nuits, j’en rêve encore...


                • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 23 décembre 2021 19:23

                  Sympa de parler de musique baroque. Merci.

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