Les mythes ont la vie dure
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Dès que la presse nationale s’est fait l’écho d’un événement grave survenu à Melun : le saccage d’une école maternelle dans le quartier des Mézereaux perpétré par une bande d’enfants, les claviers des commentateurs se sont affolés.
Alors que certains ont essayé de comprendre les raisons de cet acte inquiétant, d’autres se sont intéressés à l’origine de ces chenapans.
Je n’ai pas d’informations sur l’identité des jeunes coupables et d’ailleurs cela m’importe peu.
Certains, toujours les mêmes parlent d’enfants d’immigrés….C’est quoi des enfants d’immigrés ? : les enfants nés français fréquentant les écoles sont en nombre et très peu sont étrangers, quant à l’origine des enfants, elle est diverse, fort diverses.
Certains encore les mêmes vont jusqu’à susciter ou même dire que les parents des enfants issus de l’immigration sont des délinquants.
Je m’insurge devant de telles affirmations erronées.
Il existe dans les cités dits sensibles de nos villes des familles qui connaissent des difficultés avec des parents qui ont du mal à s’en sortir avec leurs petits et qui laissent faire.
C’est un fait indéniable mais cela ne tient pas à l’origine des enfants mais à la personnalité et à la situation des parents.
La couleur de la peau ou la religion ne sont pas des marqueurs de comportements déviants.
A Melun, dans ces quartiers comme les Mézereaux ou l’Almont, je connais des familles nombreuses stigmatisées en fonction de leur origine par les xénophobes qui pourraient servir d’exemple à de nombreuses familles vivant dans des quartiers « huppés » :
Les tâches ménagères sont prises en charge par tous les membres de la famille en fonction de l’âge et des capacités de chacun.
Les enfants n’ont pas le droit de sortir seuls avant l’âge de 10 ans et les plus grands sont cadrés.
Le samedi et le dimanche les parents sortent avec les enfants, notamment en été dans les bases de loisirs ou au jardin d’été du Mée sur Seine ou de Vaux-le-Pénil.
Le suivi scolaire est effectué….Les parents surveillent que les leçons soient apprises et en cas de punition à l’école, ils en donnent une autre.
Des familles comme celle-ci, il y en a plusieurs.
Gare aux « barbus » qui viennent faire du porte à porte ! Ils seront bien reçus….La famille dont j’ai évoqué le quotidien, musulmane, vit sa religion comme elle l’entend, pour elle c’est du niveau de l’intime.
Attention ! je n’idéalise pas et je ne me transforme pas en bisounours : des enfants se retrouvent seuls en bas des immeubles, malgré leur très jeune âge, ce qui présente des dangers en termes de sécurité pour eux-mêmes…..
Sur ce terrain il y a beaucoup à faire en termes d’information et de prévention.
Dans plusieurs villes existent des associations de femmes qui mènent des actions énergiques de médiation.
Ces expériences méritent d’être connues et soutenues.
A Champigny dans le Val de Marne, des femmes africaines, particulièrement mobilisées ramènent les jeunes enfants le soit à leurs parents en les rappelant à leurs devoirs…..
Et cela donne des résultats probants.
Alors oui, il existe des problèmes sociaux et éducatifs dans les cités de nos villes mais ces problèmes ne sont pas, spécifiquement liés à l’origine des familles mais plutôt à leur histoire personnelle et au fait qu’elles subissent de plein fouet l’exclusion sociale.
Il faut combattre les deux mythes :
- l’un stigmatisant une population en fonction de sa situation de personnes issues de l’immigration ;
- L’autre, symétrique de relativisme culturel donnant des excuses à des personnes parce qu’elles appartiennent à des « minorités visibles »
Jean-François Chalot
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