Les négociations de Vienne sont-elles un échec ?
Depuis que le président élu iranien Ibrahim Raisi a remporté les élections du mois dernier, les espoirs d’une entente sur la crise de l’accord sur le nucléaire iranien diminuent considérablement.
En effet, la nouvelle de la reprise des négociations nucléaires à Vienne entre l’Iran et les représentants des principaux signataires de l’accord nommé Plan d’action global conjoint n’est plus au premier plan de l’actualité et des événements pour plusieurs considérations, dont la plus importante est l’absence de percées concrètes jusqu’à présent lors des six précédents cycles de négociations.
Malgré les chances de parvenir à une formule d’entente sur le retour des États-Unis à l’accord en échange de la reprise des engagements du régime des mollahs iraniens à l’accord, et de cesser les violations continues de ses dispositions, la victoire de Raisi alimente le scénario d’échec des négociations et pousse certains à construire des attentes que les négociations de Vienne échoueront.
Ce qui reste après les six rounds, ce sont les principales questions qui nécessitent des concessions majeures et une volonté politique forte, que ce soit de la part des États-Unis ou du régime des mollahs. Les États-Unis étaient prêts à faire des concessions au régime des mollahs avant l’élection de Raisi.
Mais il était peu probable qu’elle se contente de faire ces concessions à la fin du mandat d’Hassan Rouhani, de peur qu’il ne parvienne pas à convaincre le reste du régime de ce qui avait été convenu.
Ça place la partie américaine dans une position critique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, notamment devant ses alliés moyen-orientaux, opposés au retour des États-Unis à l’accord nucléaire en l’état, principalement Israël.
Tout porte à croire que l’administration Biden a choisi d’attendre que Rouhani soit parti pour explorer la nature de la scène iranienne dans la phase suivante, même si elle est convaincue que c’est le Guide suprême iranien qui détient le leadership et dirige la boussole de la politique étrangère de son pays.
En même temps, cependant, elle est consciente que Khamenei aime jouer le jeu de rôle et doit attendre la montée en puissance du candidat qu’il a choisi pour diriger la prochaine étape de la scène, afin de décider s’il doit ou non faire des concessions.
La vision stratégique américaine de la nécessité de ne pas se précipiter pour faire des concessions au président sortant Hassan Rouhani est peut-être correcte.
Ce dernier ne sera pas en mesure de faire passer un accord ou d’obtenir l’approbation du Guide suprême ou du Conseil de la Choura dans le contexte d’une scène politique iranienne de plus en plus radicale, et de la volonté des politiciens faucons de montrer l’échec des réformistes à gérer le dossier nucléaire iranien.
Ainsi, toute formule d’accord qui aurait été trouvée à Vienne ne sera pas acceptée à Téhéran avant l’entrée en fonction du président élu Ibrahim Raisi le 8 août. Rouhani, quant à lui, cherche au stade actuel à ôter la robe de la modération et cherche à se rapprocher des positions des partisans de la ligne dure.
Il a même menacé d’enrichir l’uranium à un degré allant jusqu’à 90 %, une position que même les dirigeants les plus radicaux du régime n’ont jamais évoquée. Rouhani veut pousser les États-Unis à résoudre les négociations de Vienne, afin de pouvoir conclure son second mandat par un nouvel accord sur la question nucléaire.
Il veut aussi se rapprocher du mouvement de la ligne dure, qui l’accuse d’inaction et de concessions à l’Occident au détriment des intérêts stratégiques de l’Iran. Que se passera-t-il si Washington accepte des concessions au président Rouhani avant de quitter ses fonctions par crainte de l’échec des efforts de négociation avec les partisans de la ligne dure ? Ce scénario est, bien sûr, possible.
Mais il reste soumis à la réflexion stratégique américaine. Il est certain que si le scénario se réalise, il montrera une erreur de choix du moment sans précédent. Il aurait été préférable de prendre l’initiative de conclure cet accord avant les élections présidentielles iraniennes, même si les réformistes ne l’ont pas fait.
L’opportunité à ce moment-là était présente pour donner à Rouhani un moyen de pression fort pour présenter tout candidat réformiste.
En résumé, la résolution des négociations de Vienne attendra probablement l’investiture d’Ibrahim Raisi. Cependant, il y a une possibilité, non négligeable, que les négociations aboutissent à une impasse du point de vue américain si Washington se convainc de la difficulté de s’entendre avec le courant iranien pur et dur.
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