Les Ouïghours ne sont pas vraiment des chinois
Avec ses Ouïghours la Chine nous donne à mesurer une fois encore l’antipode de nos modèles de société. Si les Etats-Unis de D. Trump ont choisi la confrontation commerciale frontale avec les chinois (que n’osaient pas les pays européens), avec son « nouveau cadre des droits de l’homme » l’Europe engage un bras de fer présomptueux sur un autre registre ; apprendre à la Chine comment elle doit se comporter avec ses populations, pendant que sur la réserve les pays musulmans se terrent.
L’autoproclamé imam d’Istanbul Erdogan qui menaçait la Nouvelle-Zélande pour venger ses musulmans de Christchurch, fait volte-face avec ceux Ouïghours qu’il lâche en signant un traité d’extradition avec la Chine. Il n’a pas osé proposer aux chinois les méthodes islamiques turques pour se débarrasser des ethnies exogènes encombrantes comme le génocide arménien ou les exodes kurde, grec…
Les Ouïghours de Turquie opposés au régime chinois sont dans le collimateur.
Si l’intention européenne paraît respectable, est-elle pour autant réaliste ?
Vues de Pékin, ces rodomontades doivent être perçues comme une ingérence osée de la part de ceux qui n’avaient pas la même compassion envers eux un peu plus tôt. La Chine du XXIe siècle ne peut pas avoir oublié les pillages de ses richesses par les occidentaux ; soie, coton, porcelaine, thé… Non plus les traités humiliants et ses abandons de souveraineté, ni l’importation massive d’opium en chine par les britanniques et les français qui ont anéanti une partie de sa population.
Sûre d’elle, elle n’exprime pas le besoin de se justifier en rappelant ces événements qui rabroueraient pourtant les anciens colonisateurs et autres génocideurs.
Si notre culture occidentalo-chrétienne privilégie le pardon, il n’est pas dit que le confucianisme chinois conduise à cette vertu.
Les jugements portés sur les mêmes causes varient au gré des époques, les chinois de 2021 n’ont pas droit aux mêmes égards que les russes un peu plus tôt. En 1991, lorsque les musulmans tchétchènes provoquèrent leur guerre d’indépendance, les occidentaux sont alors restés d’une neutralité bienveillante envers les russes et leurs bombardements pour mater la rébellion Tchétchène. Les Etats-Unis de Clinton ont soutenu Eltsine avec des millions de dollars. La Tchétchénie fait toujours partie de la Fédération de Russie.
S’agissant des chinois et de leurs Ouïghours, la donne à changer.
Ils n’ont pas réussi non plus à assimiler leur communauté musulmane. A la différence des bouddhistes tibétains et des églises catholiques et protestantes… les séparatistes islamistes Ouïghours utilisent depuis longtemps les attentats terroristes aveugles pour se faire entendre, avec des victimes là-bas aussi par centaines.
Si l’Europe campe sur des moyens de défense pour lutter contre ce terrorisme sans frontière, les chinois ont choisi des moyens de rétorsion jugés inadmissibles pour l’Europe qui a décidé de sanctionner la Chine.
Pour se faire une opinion sur le problème Ouïghours au Xinjiang, il ne suffit pas de regarder un documentaire qu’Arte fait commencer « …avec l’occupation chinoise de Mao ». Ecouter Glucksmann l'avocat des Ouïghours non plus. Il a manqué d’épaisseur avec sa parodie accusatrice, une plaidoirie lyrique mais incomplète.
Comme toujours l’histoire des peuples éclaire les événements, en l’occurrence celle des Ouïghours ne commence pas avec Mao, ni celle des Rohingya avec Aung San Suu Kyi…
Quelques lignes sur le passé de ces territoires peuvent nous éclairer sur les événements actuels.
Les invasions des territoires d’Asie Centrale se sont succédées au fil des siècles. Après les arabes qui ont semé l’islam, les Perses Samanides ont marqué ces territoires (**) avant les déferlantes et les massacres innombrables des barbares mongols de Gengis Khan (XIIIe s.) et turco-mongols de Tamerlan (XIVe s.) Les migrations des populations seront importantes et se retrouvent encore dans les états nouvellement constitués après le départ des Russes de l’ancien Turkestan (Asie Centrale) ; Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan.
Ils sont tous multi-ethniques avec des populations toutes originaires d’Asie Centrale, et musulmans. Leur laïcité récente de façade ne résiste pas aux pratiques islamiques hégémoniques de leur histoire. L’histoire des juifs chassés de Boukhara comme celle des russes orthodoxes d’Ouzbékistan aujourd’hui, sont un résumé qui nous instruit sur les mœurs de ces musulmans peu différentes de celles des autres musulmans (Arabie, Machrek, Maghreb…).
Les Ouïghours turcophones sont à l’est ce que les envahisseurs ottomans sont à l’ouest. Les hordes ont islamisé plus tôt l’Asie centrale et jusqu’au cœur de la Chine (*). Dès le XVIIIe siècle, les chinois ont repris la main sur ces territoires se heurtant déjà aux révoltes Ouïghours. Depuis l’assimilation de ces populations musulmanes reste difficile. Organisée en région autonome d’une vingtaine d’ethnies, le Xinjiang où vivent les Ouïghours, subi les actions terroristes des indépendantistes. La Chine a organisé depuis un demi-siècle une colonisation de peuplement de ce territoire avec les Hans chinois non musulmans majoritaires aujourd’hui, en conflit avec les Ouïghours.
Pour parvenir à leur fin les Chinois ont réveillé pour les Ouïghours une pratique Maoïste sévère, la révolution culturelle.
Elle passe par l’éducation à marche forcée de cette population qui revendique l’indépendance pour certains et s’oppose aux décisions centralisées du pays, comme avec la natalité pour motif islamique. Cet exemple est révélateur de l’insubordination générale des Ouïghours et pas seulement de ses terroristes islamistes indépendantistes.
La Banque mondiale a publié en 2020 une situation de l’évolution démographique contrôlée en Chine. La période difficile de la politique familiale de l’enfant unique (avortements forcés, stérilisations…) qui a duré trente-cinq ans jusqu’en 2016, a porté ses fruits, sauf chez les Ouïghours.
Les cinquante-cinq autres ethnies et nationalités se sont soumises à cet effort national pour éviter une surpopulation dont les conséquences écologiques, la multiplication des mégapoles ... inquiètent.
Quelques chiffres illustrent la sédition Ouïghoure.
Pendant que les chinois ramenaient aux forceps le nombre d’enfant par femme de 5,8 à 2,7 (1980/1990) et limitaient à 10% l’accroissement du nombre des naissances (2000/2019), la démographie Ouïghoure galopait (+44%), alimentant la question du Xinjiang.
Considérant que la régulation des naissances est inadmissible pour nombre d’européens, des sanctions auraient-elles été adressées à la Chine pour cette mesure ? Que serait devenue la population chinoise et quelles conséquences pour la planète ?
Notre tolérance européenne « droit-de-l’hommiste » est variable selon les latitudes et les époques. Sauf à considérer que c’est l’outil malléable d’une politique étrangère, qui si elle s’appliquait uniformément sur la planète, conduirait à remplir des listings sans fin de noms de responsables politiques sanctionnables. Une aberration arrogante.
Le XXe siècle a produit la migration de 250 millions d’individus que le XXIe siècle ne veut plus. Ce vœu pieux résistera-t-il aux tensions qui alimentent tous les pays dont les frontières ont été tracées sans toujours considérer les communautés et les cultures ?
(*) la plus anciennes mosquée de Chine (VIIIe s.) se situe dans le Shaanxi (centre est de la Chine). Son architecture démontre la volonté de ses bâtisseurs à s’inscrire dans la société traditionnelle chinoise.
(**) le magnifique mausolée Samanide (Perse) d’Ismaïl à Boukhara. Ibn Sina (Avicenne) savant Perse est né près de Boukhara (Ouzbékistan) au Xe s.
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