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Les para-diastoles d’un paléo-libéral pseudo-moderne

L’usage de certains mots montre l’indigence d’un discours paléo libéral qui se pare de la plume de la modernité après trois décennies d’échec. Attention à l'addiction provoquée par les discours indigents des néo-modernes ! De la flexibilité, ils passent à la souplesse pour proposer l'agilité. Ils vont finir par nous faire grimper aux arbres et manger des bananes. Ne les singeons pas ! Ce libéralisme est aujourd’hui incarné par le virevoltant Emmanuel Macron. Dans le Point, Serge Raffy écrit : « Pour les botanistes, le « virevoltant » est une herbe sèche, qui pousse dans les déserts, en particulier dans l'Ouest américain, appelé aussi « Tumbleweed », s'envolant au moindre coup de vent, roulant au sol, finissant par se perdre, loin de son point de départ. En d'autres termes, ce président serait comme une feuille portée par le vent ».

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A l’Internationale chantée par les peuples de gauche, les classes dominantes opposent les bienfaits de la mondialisation et du néo-colonialisme. Les mots « socialisme » et « communisme » sont diabolisés en caricatures staliniennes ou maoïstes pour être rejetés dans les poubelles de l’Histoire et laisser la place à la droite « moderne, pragmatique et réaliste » chaque jour plus proche de l’extrême-droite dont on tente de faire oublier la filiation et la constance dans la xénophobie et le racisme.

La gauche dite « radicale » ou pire « extrême » est stigmatisée comme archaïque et, lorsque ce n’est pas le cas, paradoxalement comme utopique, mais toujours dangereuse. Le député de « droite forte » Eric Ciotti stigmatise souvent, de sa voix nasillarde, « ceux qui sont prisonniers d'une idéologie d’extrême gauche post soixante-huitarde ». Il demande la dissolution des groupes violents prétendus d’extrême-gauche mais n’a jamais dénoncé les groupuscules fascisants de l’extrême-droite.

Tous les discours politiques d’une classe dominante de droite ou « ni droite ni gauche » ont pour but de nous soumettre à l’ordre libéral en laissant croire que la gauche n’a plus rien à proposer lorsqu’elle n’a plus de relais médiatique dans une presse entre les mains d’une caste. La loi El Khomri illustrait déjà de quelle manière François Hollande et Manuel Valls (pour qui le socialisme est archaïque) défendaient ce qu’ils appellent l’exception du modèle social français. Ils ont engendré Emmanuel Macron sur la scène politique après l’avoir couvé dans les arcanes de l’Elysée.

La soumission à la violence économique est-elle modernité ? Vouloir garder la maîtrise de son existence est-ce une attitude archaïque ? Chacun sait que la soumission peut mener de la précarité à l’esclavage, de la démocratie à la dictature. Au siège de Sanofi, chaque employé serait géolocalisé. Il porte déjà avec lui une chaîne virtuelle. Jusqu’où iront-ils dans la soumission ? Est-ce que nous finirons tous avec un bracelet géolocalisable ?

La répression monte sans cesse en intensité contre les syndicats et plus particulièrement la jeunesse. Les jeunes casseurs sont-ils des délinquants ordinaires ? Pas tous ! Le Parisien en avait rencontré un, fils de pharmaciens et master en poche. Il expliquait son choix de la violence de rue : « Il faut en passer par là. C'est un entraînement à défier cet Etat répressif qui criminalise les syndicalistes, jette à la rue les ouvriers, les employés et les cadres. Le combat ne fait que commencer. Les jeunes comme moi sont condamnés aux petits boulots à répétition. Il faut un idéal pour vraiment vivre » et il ajoutait : « La vie qu'on veut nous promettre n'est pas notre destin. La lutte est la seule solution pour que le peuple décide enfin… Nos parents ont trop tardé à agir. Il est temps de reprendre le flambeau... ». Est-il archaïque et conservateur ? Sa violence est-elle ordinaire ? Est-elle politique là où d’autres vont jusqu’à la barbarie dans le radicalisme religieux ? Décrit-il un présent offert par un Président de la République dont la jeunesse devait être sa priorité ? Quel avenir lui promet le libéralisme économique en dehors de l’austérité et de la précarité ? Quelle réponse immédiate apportent Macron à cette jeunesse qui choisit la violence et refusent l’enfumage ? Il la rejette en bloc !

Macron condamne toutes les violences, sauf la violence économique qu’il n’a cessé d’aggraver. Il promet donc la répression comme un aveu d’abandon, malgré quelques sucettes distribuées toujours tardivement.

Le discours reste le même. On concerte pour diviser les syndicats par quelques mesures non financées. On table sur l’essoufflement de la contestation. L’essentiel doit toujours être préservé : des mauvais coups contre la sécurité de l’emploi et le temps du travail, sous la pression du Medef. Macron alterne les faux engagements pour l’emploi et le chantage au chômage.

Le « ni droite ni gauche » est un concept politique qui arrange la classe politique et ses donneurs d’ordre. En validant la rhétorique du MEDEF, le gouvernement suscite la surenchère patronale. Nous avons retrouvé le soutien apporté par des économistes à François Hollande en 2012. L’un d’eux, Thomas Piketty a écrit ensuite : "Le succès remporté aujourd’hui par Sanders montre qu’une bonne partie de l’Amérique est lassée de la montée des inégalités et de ces pseudo-alternances, et entend renouer avec l’agenda progressiste et la tradition égalitaire américaine" (13/02/2016, article du Monde « Le choc Sanders »). Les Américains évolueraient-ils à rebrousse-poil des socio-libéraux français ? Le socialisme est-il aussi archaïque que le disent les jeunes vieux Valls et Macron ? Bon ! c’est Trump qui avait été élu et, depuis lors, Sanders n’a jamais réussi à être le candidat des démocrates.

Thomas Piketty, auteur d’un best-seller traduit en plusieurs langues dans le monde, avait les yeux rivés sur les USA comme champ d’expérimentation et, pour lui, le succès relatif de Sanders était un choc. Il y voyait la fin d’un cycle et une évolution possible : « Face à la machine Clinton et au conservatisme des grands médias, Bernie ne gagnera peut-être pas la primaire. Mais la preuve est faite qu’un autre Sanders, sans doute plus jeune et moins blanc, pourrait un jour prochain gagner la présidentielle américaine et changer le visage du pays. Par bien des aspects, on assiste à la fin du cycle politico-idéologique ouvert par la victoire de Ronald Reagan aux élections de novembre 1980 ». Ancien proche du Parti socialiste, l’économiste n’avait pas été tendre par la suite avec le gouvernement au moment de refuser la Légion d’honneur. Le dernier rebondissement d’une histoire tumultueuse. Thomas Piketty qui prônait une taxation des revenus du capital au niveau international avait été en 2012 l'artisan de la grande réforme fiscale que le président François Hollande avait promis de réaliser à son arrivée à l'Elysée mais qu'il a abandonnée ensuite. Il avait de quoi être déçu après avoir auparavant conseiller Ségolène Royal lors de la précédente campagne électorale. Il n’a pas réussi à les convaincre de réduire les inégalités par la fiscalité.

En France des économistes hétérodoxes se sont montrés plus clairvoyants que lui en ce qui concerne François Hollande et son ex-compagne. Frédéric London en fait partie au sein du groupe « Economistes atterrés ». Des entretiens entre Gilles Balbastre et Frédéric Lordon apparaissaient comme une analyse de l’usage du discours orthodoxe des économistes libéraux repris de façon médiocre et cynique par les politiciens et les médias. C’est sur le blog « Nada-info.fr » du Monde diplomatique. Il s’agit d’une série de deux entretiens sur les inégalités sociales et sur le libéralisme économique. La deuxième partie des entretiens est très intéressante car elle décortique le discours et le vocabulaire du néolibéralisme. L’usage de certains mots montre l’indigence d’un discours paléo libéral qui se pare de la plume de la modernité après trois décennies d’échec. Attention à l'addiction provoquée par les discours indigents des néo-modernes ! De la flexibilité, ils passent à la souplesse pour proposer l'agilité. Ils vont finir par nous faire grimper aux arbres et manger des bananes. Ne les singeons pas ! Ce libéralisme a été incarné par ses chantres de la droite et du parti socialiste qui de social-démocrate est passé à social-libéral avec une nouvelle figure médiatisée et portée à l’Elysée : Emmanuel Macron. Ce dernier, chevalier venu d’une autre planète selon son épouse dans Paris-Match, est le spécialiste des para-diastoles dont il a dû comprendre le sens lorsque son épouse était sa prof de français et dont il a compris toute la rouerie en passant par l’Ena et la banque Rothschild. Dans les études bibliques, para-diastole est parfois un type de l’anaphore (la répétition d'un mot au début des phrases successives est cette figure de style que François Hollande affectionne). La para-diastole utilise alors quelques mots (soit, ou, ni, pas…) comme disjonctions. Une disjonction diffère d'une conjonction car elle sépare les choses, alors que la conjonction se joint à eux. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron se dit porteur d’un discours ni de droite, ni du centre, ni de gauche en pensant avoir trouvé un créneau apolitique qui serait une alternative. Alors nous avons relu Voltaire lorsqu’il écrit : « Cette agglomération qui a été appelée et qui se dit encore le Saint Empire romain était ni saint, ni romain, ni… un empire ». L’agglomération apolitique qui a été appelée « un discours ni de droite ni de gauche » est un enfumage, un faux discours, une négation de l’engagement politique qui ne masquera pas son ultralibéralisme réactionnaire de droite. Il n’est pas une alternative. Macron est un homme de droite qui a fait carrière grâce à des parrains socio-libéraux incrustés dans le parti socialiste. Il représente la droite en quête d’un lifting de surface, d’une fausse jeunesse.

Frédéric Lordon estimait que, trop souvent répété, le mot « moderne » est un indice qui permet d’identifier des spécimens de crétins bien dodus. Leur modernisme consiste à proposer des choses plus vues depuis cent ans et de faire du capitalisme d’avant les années 1940 une idéologie moderne. D’aucuns iraient jusqu’à revenir au travail des enfants. Nous ne sommes pas loin de cela avec un président qui veut plus d’apprentis et moins de bacheliers. La suppression des syndicats les arrangerait tous. Ils voudraient sans doute les remplacer par des clubs de supporteurs pour l’équipe dirigeante.

Le discours des néolibéraux utilise les para-diastoles, c’est-à-dire qu’ils donnent à des mots des significations qui sont leur contraire comme modernité et conservatisme. Ils recadrent leurs vices en vertus. Ils pratiquent l’inversion du sens et, par exemple, une contre-réforme devient une réforme. Les néolibéraux se posent en modernes, pragmatiques et réalistes, rejetant les gens de gauche (hors PS) et les syndicats opposés à la déréglementation du code de travail dans la catégorie « archaïques, irréalistes et radicaux » avant d’en faire des terroristes.

Ce discours est relayé par les chiens de garde d’une presse aux mains de la classe dominante. Ces journalistes propagandistes ont pour mission d’habituer le peuple à ce discours qui a une extraordinaire constance dans tous les grands médias et dans la bouche de la classe politique jusque chez les socio-libéraux aux nez rose comme Hollande, Valls and Co.

Par la bêtise des arguments sans cesse réitérés par les éditocrates autorisés de la presse, les donneurs d’ordre parviennent à rendre en apparence cohérents les reculs sociaux. Ces fourbes font passer ces reculs pour des adaptations "logiques" ou "pragmatiques", voire "modernes", à un environnement qu’ils ont choisi de bâtir, la Mondialisation. Le pire étant l’arrogance avec laquelle ils nous somment de nous soumettre à ce piège qu’ils ont tendu. Duhamel, Joffrin, Elkabach et d’autres jouaient chacun le rôle d’homme de mots, le benêt d’une escroquerie médiatique. Ils ont leur relève sur toutes les chaînes de télé. On se demande parfois, néanmoins, quelle serait leur réaction si un jour il leur était expliqué qu’en fin de compte, l’esclavage constituerait un système "très flexible" permettant efficacement de "lutter contre le chômage". Ils seraient foutus de rétorquer le plus sérieusement du monde qu’en effet, "l’esclavage, c’est moderne". Ce sont tous des chiens de garde sous des allures de tacticiens patentés.

Des Duhamel, des Joffrin et d’autres plus jeunes se font les promoteurs agressifs d’une "flexibilisation" dont ils sont bien à l’abri dans une France qu’ils veulent figée dans les privilèges, sans songer qu’un marché du travail totalement flexibilisé, c’est à dire précarisé, serait la ruine du système financier largement fondé sur le crédit aux ménages. Des salariés flexibilisés deviendraient assez vite des emprunteurs de piètre qualité, et l’atrophie du système financier ne pourrait qu’en résulter. Les chantres du néolibéralisme et de la classe dominante agissent-ils rationnellement et intelligemment ou bien ne sont-ils que des tigres de papier, des êtres sans épaisseurs qui suent la médiocrité ? Sont-ils prêts à scier la branche sur laquelle ils sont assis ? C’est un fait que, à travers les médias, ils imposent leur mantra imperturbablement, par un discours indigent dans la bouche de vieux et jeunes vieux chiens de garde. Les vieux sévissent depuis la présidence de Pompidou avec une constance qui les maintient dans le petit écran qui réduit le paysage audiovisuel français à la pensée unique.

La machine médiatique tourne à fond lors de chaque projet de recul social. Les vieux chiens de garde réapparaissent et des jeunes vieux viennent les épauler avec leur apparente jeunesse. Certains ont des noms à particule, d’autres pas. Toutes et tous sont BCBG, de bons petits toutous obéissants. Les termes d’immobilisme et modernisme sont inlassablement repris par les uns et les autres. Les conservateurs ne sont plus les réacs de droite mais sont stigmatisés à gauche comme une minorité archaïque. La politique réactionnaire serait celle que les Français attendent. Macron répète qu’il ne cédera pas aux conservatismes. Ce n’est pas la droite qu’il stigmatise, ce sont les syndicats et les partis de la gauche devenue radicale et extrême. Valls avait même exprimé son ambition de supprimer le terme « socialiste » du parti qui l’avait reçu et promu. Il s’est fait doubler, un an avant les présidentielles, par Emmanuel Macron qui a créé son mouvement « En Marche » ni gauche ni droite, donc tout droit vers l’ultralibéralisme. « Le ni-ni était fashion », dirait Jean-Claude Van Damne. L’épouse du ministre de l’Économie avait déclaré, avant son élection à l’Elysée, à une journaliste de Paris Match que Macron, alias Jupiter, est un chevalier venu d’une autre planète. Nul n’ignore qu’il est passé par la planète ENA et celle de la Finance puisqu’il a été embauché puis débauché (ou vice versa) par la banque Rothschild. Ce cursus en dit long sur le personnage. Si on devait lui inventer une vie intergalactique, nous dirions que « Macron » rime avec « Pluton », cette planète naine considérée comme un objet transneptunien. En se souvenant que Neptune est le dieu des Océans, il nous vient à l’esprit une image d’un capitaine de pédalo qui pédalait dans la semoule néolibérale. Alors que François Hollande avait promis le changement, ce mot est devenu synonyme de « continuité » et nous entendons toujours le même discours stéréotypé depuis trente ans. Si l’on utilisait un analyseur des discours de la droite et des socio-libéraux, nous obtiendrions un même champ lexical qui pourrait être adapté à chaque pays du capitalisme mondialisé.

Les mots ne seraient rien sans nous. Ils ne doivent pas nous intimider. Il faut les soupeser, jouer avec eux pour en sourire lorsque d'autres s'en servent dans un discours qui, analysé, est indigent. Il suffit parfois de les retourner contre le locuteur pour le confondre. Ce qui frappe c’est cette indigence du discours habillé par des mots détournés. Pour Frédéric Lordon, la propagande néolibérale est fanatique au sens premier du terme. Il parle même de stalinisme libéral qui, comme Staline, stigmatise des sabotages pour justifier des échecs. L’échec du libéralisme, c’est la sécurité de l’emploi, les syndicats, les fonctionnaires, les tabous de la gauche…Autant de saboteurs de la compétitivité et de la création d’emplois. Ces paléo-libéraux iront jusqu’à réduire les salariés jusqu’au dernier degré de la précarité pendant encore trente ans d’échec idéologique. Tous ces fanatiques ultralibéraux et leurs convertis veulent nous habituer à être des loosers. Il faut se convaincre qu’ils sont bêtes à manger du foin et retrouver le sens de la lutte sociale. Frédéric Lordon cite le sociologue et économiste Bernard Friot qui a compris comment sortir de cette loose sans tomber dans l’éloge du protectionnisme et autres impasses politiques qui ne s’attaquent pas au problème : la domination capitaliste, et le cœur de son fonctionnement ; la propriété lucrative des moyens de production opposée à la propriété d’usage. Il est possible de larguer les amarres avec le capitalisme. Ce n’est pas qu’une réforme gouvernementale qu’il faut empêcher, c’est l’expropriation des propriétaires lucratifs qu’il faut imposer...

Le travail, comme la terre, n’est pas une marchandise. Lorsque les terres et le travail sont considérés comme n’importe quelles marchandises et que le dogme du Marché s’impose comme le meilleur moyen d’arriver à une répartition « juste » selon la théorie économique orthodoxe, on est devant une tromperie et une acculturation de la société. Le travail devrait être vu comme ce qu’il est, un lien social. C’est un besoin et un droit vis-à-vis de la société. Le droit du travail est sous le feu de critiques – il serait archaïque, trop protecteur, trop compliqué… – justifiant une véritable hystérie réformatrice. On a peu entendu les sociologues. Dans son ouvrage « L’institution du travail », l’autre sociologue Claude Didry revient sur la construction historique du droit du travail en France, et sa réalité contemporaine,

Claude Didry rend compte des dynamiques historiques du droit et du travail, telles qu’elles se déploient de la Révolution française jusqu’à nos jours. Cette analyse permet de prendre la pleine mesure de la rupture que représente l’adoption d’un code du travail dans la France de la Belle Époque. Elle permet de saisir le contrat de travail comme la base des coopérations durables et innovantes entre ouvriers, ingénieurs et techniciens, dont sortiront tout à la fois les industries et les grandes luttes sociales du XXe siècle. Ce droit nouveau ne se réduit pas à un empilement irrationnel de protections présentées aujourd’hui comme désuètes, mais institue le travail comme une activité sociale définie par un temps, la durée légale, et un lieu, l’établissement. On comprend dès lors que la remise en cause de ce droit ne peut qu’accentuer les dérives d’un capitalisme financier qui déstabilise les entreprises, en portant atteinte, dans sa substance même, au travail. Cette grande fresque historique conduit à redécouvrir l’importance du droit du travail dans la vie des salariés, et à proposer de le prolonger par une sécurité sociale industrielle qui remettrait le travail au centre de l’entreprise et de la société.

Aujourd’hui, les agriculteurs et les éleveurs français ont le droit de vivre de leur travail. Ils sont les victimes de la déréglementation imposée par une Europe ultralibérale, alors que des pays comme les Etats Unis, le Canada ou encore la Suisse, ont réglementé le secteur agricole en instaurant des prix planchers rémunérateurs, en même temps qu’une règlementation des marges pour protéger les consommateurs. Macron a attendu que les agriculteurs et les éleveurs soient dans la rue, poussés par le désespoir, pour accepter de parler des prix planchers. Rappelons qu’en novembre, les députés de la Nupés avaient proposé une loi sur les prix planchers, projet retoqué par la majorité présidentielle. Quelle perte de temps et d’énergie par idéologie ! Macron est un idéologue à mi-temps et à mi-droite. Il n’est qu’une moitié de président qui marche sur sa jambe droite. Sa politique est bancale. Il n’est pragmatique lorsque les contestations l’y poussent mais en freinant des quatre fers. Avec les agriculteurs qui, par vocation, sont terre à terre, il s’est montré hors sol. Macron est resté inaudible face à une profession insensible aux artifices de la communication. Le lendemain de sa prestation, il s’est exprimé dans le Figaro. Il veut participer à la campagne des élections européennes, à ce « combat existentiel », dit-il. Il a ajouté « Je l’ai toujours porté et je ne lâcherai rien là-dessus ». Le Rassemblement national dont la liste est menée par Jordan Bardella caracole en tête des sondages, lui fait-on remarquer ! « C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses » commente Macron. Et, avec Macron, la foire ne fait que commencer. A force de virevolter comme une mouche, il fallait qu’il compte sur les bouses pour faire le buzz. On comprend que sa venue au salon de l’agriculture avait aussi pour raison le lancement de la campagne des élections européennes.

Emmanuel Macron a blablaté avant de déambuler dans le salon de l’agriculture. Il s’est entêté à nier le projet d’invitation du mouvement « Les soulèvement de la terre » à un débat avec les agriculteurs. Le climat était très tendu. Il l’est resté. Vulcain alias Jupiter était « virevoltant ». Macron s’est déifié en Vulcain pour son second mandat. Comment, dès lors, pourrait-il éteindre les feux ? Dans le Point, Serge Raffy écrit : « Pour les botanistes, le « virevoltant » est une herbe sèche, qui pousse dans les déserts, en particulier dans l'Ouest américain, appelé aussi « Tumbleweed »,s'envolant au moindre coup de vent, roulant au sol, finissant par se perdre, loin de son point de départ. En d'autres termes, ce président serait comme une feuille portée par le vent ». Le virevoltant est ultralibéral et nationaliste, dans le balancement idéologique de son « en même temps ». Il parle, il parle, il parle ! Il propose des débats pour amortir les crises et s’adonner à son sport favori : le monologue insupportable de fatuité. Macron vous écoute s’entendre parler. Seules ses réponses comptent même s’il ne répond pas aux vraies questions. Il hystérise les débats et les stérilise sans apaiser les tensions. Il théâtralise chacune de ses apparitions. Il donne souvent l’impression de jouer le Président de la République davantage que de l’être. Comédien ! Tragédien ! disait Pie VII de Napoléon. On peut dire la même chose de Macron pour son don de la simulation et son sens théâtral. Dans notre république, il joue le premier rôle. Napoléon avait pris des cours de théâtre avec son ami Talma, célèbre sociétaire de la Comédie française. Macron a épousé sa professeure de théâtre. Toutefois, si Macron rime avec Napoléon, le mari de Brigitte n’atteindra pas le sommet de l’art que fut le sacre de l’empereur, même en se parant d’une couronne de laurier imaginaire, celle d’un mégalo. Macron est plus proche d’un Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord que de Bonaparte Napoléon. Talleyrand était un réformiste conservateur. « Que tout change pour que rien de change » pourrait être sa devise commune avec Macron. Napoléon n’aimait pas Talleyrand à qui il aurait dit : « … Vous avez, toute votre vie, manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde […] Tenez, Monsieur, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie. »1834 - Conseil des ministres restreint convoqué au château des Tuileries, 28 janvier 1809 - Mémoires et Correspondance du prince de Talleyrand (posthume, 1891). Talleyrand a bouffé à tous les râteliers qu’ils soient royaux, révolutionnaires ou impériaux. Il a fait une carrière d’énarque avant la création de cette école d’ambitieux pantouflards.


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3 réactions à cet article    


  • pasglop 26 février 19:17

    Est-ce que nous finirons tous avec un bracelet géolocalisable ?

    Mais c’est déjà le cas, ça s’appelle un smartphone...


    • pasglop 26 février 19:24

      Quant au champ lexical utilisé par les élites, il ne vient pas de nulle part mais bien des écoles d’administration et surtout de l’entre-soi.

      La singularité des discours entre libéraux et soc-dem tient plus à leurs parcours et au palefrenier qui leur a mis le pied à l’étrier qu’à une différence fondamentale de vision.

      Depuis le temps, ça se saurait...


      • rogal 26 février 21:32

        @pasglop
        ’’Néo-libéralisme’’ a été choisi, juste après guerre, du côté de la Société du Mont Pèlerin, se dit-il, pour sa valeur emphatique. La Liberté !
        Nouveau nom pour un vieux capitalisme prétendant au retour.

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Jean d’Aïtone

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