Les peuples d’Ukraine et d’Europe doivent prendre conscience des enjeux qui se jouent à leur insu. Vers un usage d’armes nucléaires Europe ?
Qu’augure-t-elle la guerre en l’Ukraine pour le monde ? Rien n’indique que l’armée ukrainienne pourrait changer le rapport des forces, un vœu pieux compte tenu des rapports de forces entre une grande puissance nucléaire et une puissance moyenne non nucléaire. Une guerre presque sans mouvement, une guerre statique, tout est remis sur les fortes fortifications russes dont les champs de mines sur des centaines de km, les tranchées, l’artillerie défensive, et aussi joue le moral des troupes dans ce piétinement de guerre qui s’opère dans le surplace et le pouvoir central de Kiev déclare qu’il n’y a pas d’impasse dans la guerre en Ukraine, alors que l’ex-chef de l’armée dit qu’il y a impasse. Et s’ils le déclarent et utilisent ce mot contradictoirement, c’est que réellement il y a impasse dans cette guerre.
Et que donne la guerre de drones et de tirs de missiles, de part et d’autre des deux belligérants ? Des destructions limitées, des incendies, des zones résidentielles endommagées, des morts et des blessés qui se comptent en centaines de milliers depuis deux ans et huit mois ; une guerre qui s’est tournée vers l’enlisement ; l’Occident campe sur cette guerre par procuration ; tout laisse penser que la guerre en Ukraine qui s’enlise dans la durée va provoquer des incertitudes telles que tout peut arriver. Alors que des solutions existent si réellement les deux camps veulent mettre fin à la guerre et se dirigent résolument vers la paix.
Des questions légitimes se posent sur cette guerre. D’abord, qu’entend-on par incertitudes sur cette guerre qui dure ? Qu’arrivera-t-il en 2024 et en 2025 ? Peut-on penser que la guerre en Ukraine restera en l’état, i.e. d’un côté l’Ukraine soutenue par l’Europe et les États-Unis, de l’autre la Fédération de Russie qui s’épuise dans la guerre sans visibilité de sortie ; le conflit armé a bouclé deux ans, le 24 février 2024, et bientôt la troisième année.
Certes, des armements toujours massifs qu’apportent les États-Unis et l’Europe à l’Ukraine, et une volonté du pouvoir de Kiev de libérer ses territoires occupés par les forces russes, la guerre continuera jusqu’à la victoire, et c’est sur cette pensée qui n’est toujours pas infléchi que l’Ukraine et ses alliés occidentaux n’y voient que le succès comme s’ils sont habités par quelque esprit dont ils ne peuvent se départir et comprendre que le rapport des forces entre l’Ukraine et la Russie est inégal. L’Ukraine, une puissance militaire moyenne qui ne fait pas partie des puissances nucléaires ; si elle l’était, certainement qu’il n’y aurait pas eu de guerre et n’aurait pas eu besoin d’aides de l’Occident.
Or, ce n’est pas le cas pour l’Ukraine, alors que la Fédération de Russie est une grande puissance nucléaire ; par le nombre d’ogives nucléaires, elle est la première puissance mondiale, devançant même les États-Unis. D’autre part, la Russie est dans le top des deux plus grandes puissances nucléaires du monde ; par le nombre d’ogives nucléaires, elle est la première puissance nucléaire du monde, dépassant les États-Unis. On comprend que plus le conflit dure plus la situation devient difficile pour l’Ukraine ; le facteur temps ne va pas profiter à l’Ukraine même si elle est en permanence soutenue financièrement et par les armements ; quant à la Fédération de Russie, avec une forte population ukrainienne d’origine russe dans les quatre régions annexées en plus de la Crimée, il est hors de question, comme le déclarent les hommes politiques russes, que la Russie revient sur ses annexions. Aussi peut-on dire que la Fédération de Russie comme pour l’Occident et l’Ukraine – une guerre par procuration contre la Russie –, les deux camps vont continuer à s’opposer ; il n’y aura pas de solution tant les enjeux qu’englobe cette guerre sont planétaires.
En effet, c’est tout l’avenir de l’Occident qui est en jeu dans cette guerre ; il en va de même pour la Russie ; la seule différence, c’est que la Russie est véritablement en guerre, ses forces sont projetées dans le combat avec toutes les difficultés que représente l’autre partie, i.e. l’armée ukrainienne, constamment approvisionnée en armements, alors que l’Occident ne fait la guerre que par procuration, prenant soin d’éviter une confrontation directe qui le mènerait à une Troisième guerre mondiale, ce qui engendrerait une destruction mutuelle des deux camps ; ce que les deux camps opposés ne voudront en aucun cas.
Cependant, le facteur temps dans une guerre d’usure qui s’est installée ne sera favorable ni à la Russie ni à l’Ukraine ; certainement, il sera pire pour l’Ukraine pour la seule raison que l’Occident ne pourra indéfiniment prolonger cette guerre si l’armée ukrainienne, malgré les livraisons d’avions F16 en quantité, des systèmes de missiles à plus grande portée, de chars lourds et autres matériels de guerre, n’apporte pas des résultats.
Le facteur temps est donc plus contre l’Occident que contre la Fédération de Russie ; son objectif est surtout de protéger les régions annexées ; pour les offensives russes, réponse aux contre-offensives ukrainiennes, elles se soldent par la conquête d’autres villages côté ukrainien. En fait une guerre d’usure qui se poursuit entre la Russie et l’Ukraine.
Et ni les sanctions économiques, financières et bancaires ni le plafonnement du prix du baril de pétrole pour les exportations russes n’ont produit d’effet suffisant pour infléchir la position russe ; la Russie reste ferme, s’adaptant à la nouvelle donne de son économie, et ce par sa position mondiale comme l’attestent sa place dans le groupe des pays du BRICS+5 (Chine, Inde, Brésil, Russie, Afrique du Sud, Iran, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie), et son influence en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Cette situation géostratégique montre que la Russie fait partie des trois grands pôles de puissance du monde ; la Russie, la Chine et les États-Unis.
Donc, dire que la Russie battra en retraite et quittera l’Ukraine qui est déjà une option retenue par les pays occidentaux comme pour le régime de Kiev est illusoire ; mais l’Occident n’a pas le choix ; il vise une stratégie planétaire qui, en élargissant son aire d’influence à la Géorgie, la Moldavie, la Serbie et a d’autres pays, pense qu’il pourrait contrer l’axe Russie-Chine. Ce qui explique le soutien presque sans réserve de tous les types d’armements à l’Ukraine mais aussi à Taïwan.
Il faut se rappeler qu’après la débâcle qu’a vécue l’Union soviétique, dans la deuxième moitié des années 1980, et a fini par disparaître le 26 décembre 1991 ; les États-Unis, restés seuls superpuissance militaire du monde, avaient gagné la guerre froide sans guerre. Ils affichaient une supériorité militaire et technologique écrasante sur les autres pays ; les guerres hautement médiatisées du Golfe (Irak 1990-1991) et du Kosovo (1998-1999) ont consacré la domination des États-Unis au triple plan économique, financier et militaire sur le monde.
Un monde unipolaire naissait ; les pays sortis de l’ex-aire soviétique cherchaient à conforter leur indépendance, ce qui est naturel pour des pays qui n’ont connu que des guerres et leur assujettissement à une puissance tutélaire ; ils n’avaient pas de réelle indépendance.
L’Occident leur offrait une planche du salut, celui de les intégrer l’Union européenne et l’Alliance Atlantique Nord (OTAN). Et un cadre démocratique à ces États souverains qui deviennent en fait des « les Alliés » à l’Occident – celui-ci leur permettant de débattre de questions politiques, économiques et de sécurité, et les décisions prises collectivement et par consensus –, ne pouvait être qu’attractif.
L’URSS n’existant plus, après son éclatement, la Russie, héritière de l’URSS mais restée faible et très fragilisée, c’était l’époque de Boris Eltsine ; puis Vladimir Poutine qui prend la relève et devient président de la Fédération de Russie, début 2000. L’Occident profite de cet affaiblissement, ce qui, en fait dans l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale (PECO), est une marche naturelle de l’histoire du monde.
Les trois premiers pays à entrer dans l’OTAN ont été la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie (issue de l’ex-Tchécoslovaquie), faisant passer l’OTAN de 16 membres en 1982 à 19 membres, en 1999 ; en 2004, huit pays des PECO entrent dans l’Union européenne, ce sont la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, plus Malte et Chypre dont sept membres rejoignent l’OTAN, le faisant passer de 19 à 26 membres. En 2009, l’intégration de l’Albanie et la Croatie font passer l’OTAN à 28 ; le Monténégro intégré en 2017, l’OTAN est à 29 ; la Macédoine du Nord en 2020, le faisant passer à 30 ; la Finlande en 2023, l’OTAN est à 31. Avec la Suède en 2024, l’Organisation du traité de l’Alliance de l’Atlantique Nord compte aujourd’hui 32 membres.
Un processus historique naturel d’intégration des pays d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne et l’OTAN. Il ne reste que quelques pays européens dont l’Ukraine qui n’ont pas encore rejoint l’Union européenne et l’OTAN. Pourquoi l’Ukraine pose un grand problème ? Tout d’abord c’est un grand pays d’Europe en termes de population, de superficie et de capacités militaires ; de plis, il dispose de quatre centrales nucléaires ; la centrale nucléaire de Zaporijjia est occupée par les forces russes depuis mars 2022.
Mais le problème de l’Ukraine, c’est que les régions de l’Est et du Sud-Est de l’Ukraine sont peuplées majoritairement d’Ukrainiens russophones, d’origine russe ; ce sont la péninsule de Crimée, entourée par la mer Noire et la mer d’Azov, les régions de Donetsk et Louhansk, Kherson, Zaporijjia, bordées par la mer Noire et la mer d’Azov. Ces régions qui forment une région globale se trouvent à la frontière de la Russie.
Le problème de l’Ukraine n’a pas été pensé à sa juste mesure par l’Occident ; encouragé par l’intégration de presque totalité des pays d’Europe centrale et orientale, il n’a pas pris en compte le problème des populations russophones qui sont d’ethnie russe. Dans sa stratégie d’englober l’ex-glacis soviétique pour faire face à l’alliance stratégique Russie-Chine, misant sur les avantages très attractifs offerts à ces pays, l’Occident a négligé la résistance de la Russie, estimant qu’elle suivrait le mouvement, que les résistances seraient dépassées d’autant plus que tous ces pays d’Europe centrale et orientale seraient dans une situation bien meilleure sur le plan économique, par des investissements massifs occidentaux, mais aussi sur le plan politique, puisque jouissant d’un débat démocratique, au sein de l’Union européenne et dans l’OTAN, sur toute décision collective.
Cependant, l’objectif visé dans l’élargissement à l’est de l’Europe, et l’intégration à l’OTAN pour l’Occident, il faut le souligner, n’est pas pacifique ». L’Occident cherche à imposer sa suprématie sur le reste du monde.
Si les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud ne peuvent remettre en cause l’ordre « unipolaire » dominé par les États-Unis depuis la chute de l’URSS, il n’en est pas de même pour les deux grandes puissances, la Chine et la Russie, qui prônent un monde multipolaire ; et elles y travaillent à le fonder. C’est ce qui explique le soutien durable de l’Occident pour l’Ukraine et ainsi opposer un front aussi vaste que possible contre la Chine et à la Russie
Si l’enjeu est donc planétaire et dépasse de loin les objectifs occidentaux qu’ukrainiens pour ce qui est de récupérer par la guerre les territoires ukrainiens annexés, après référendums, par la Russie, il demeure qu’il passe par la récupération des territoires annexés. L’objectif de l’Occident dans cette guerre, en fait, est de contrecarrer à tout prix son déclin ; un monde multipolaire n’avantage ni les États-Unis ni l’Europe.
Les grandes puissances dont la Chine et la Russie qui ont véritablement émergé en ce début de XXIe siècle pourraient non seulement bouleverser l’ordre dominé aujourd’hui par l’Occident mais ce que l’Occident craint le plus est qu’il soit supplanté par les puissances montantes, à moyen terme ; une perspective qui est réellement potentielle dans les décennies à venir.
« Aussi, peut-on dire que, si l’Occident, en fait n’a vu que ses intérêts stratégiques propres dans l’intégration de l’Europe de l’Est, de même, les pays de l’Europe de l’Est étaient aussi partants, mais quand une stratégie ne va pas avec les objectifs tracés, insuffisamment pensés historiquement, qui relèvent en fait d’une illusion de pensée de la part des décideurs occidentaux, « bâtie » sur trop d’optimisme en leur puissance, ou plus simplement dit, l’Occident ne veut pas d’un monde multipolaire parce qu’il sait que si ce monde multipolaire venait à exister, les rapports des forces ne resteront pas ce qu’elles sont aujourd’hui, il demeure que cette confrontation entre l’Occident et la Russie relève d’un processus historique naturel. Il est évident que l’Occident ne veut pas perdre son leadership et son hégémonie sur le monde ; de même, la Russie ne veut pas perdre face à l’Ukraine ; une défaite serait un désastre pour la Russie. Aussi peut-on comprendre que ni l’Occident ne veut perdre et que l’Ukraine doit recouvrer ses territoires ni la Russie ne veut perdre et les territoires annexés doivent demeurer russes.
Aussi avancer dans cette guerre et l’Occident qui dit qu’il ne fait qu’aider l’Ukraine pour récupérer ses territoires, alors qu’il vise, à travers la guerre en Ukraine à affaiblir la Russie, et ce faisant, l’Occident maintient son hégémonie sur le monde, et donc sur la Russie et la Chine. Qu’il promette à l’Ukraine, par des réformes, à devenir une démocratie, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, et qu’il est engagé à faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale, à se défendre et à résister aux attaques russes, il n’empêche que tout revient aux capacités propres de l’Ukraine pour faire reculer la Russie, ce qui n’est pas acquit ; la lassitude même est en train de gagner les forces ukrainiennes devant une puissance qui n’est pas dans les capacités de l’Ukraine de lui faire la guerre ; l’écart des forces est trop grand entre les deux pays.
L’Ukraine n’est pas l’Afghanistan ; la guerre en Afghanistan face à l’URSS a duré 9 ans ; la guerre en Afghanistan face aux États-Unis et l’OTAN a duré près de 20 ans ; l’URSS comme les États-Unis et l’OTAN ont été forcés d’ évacuer ce pays parce que le peuple afghan peu importe le temps qu’il vit dans la guerre ne baissera jamais les armes ; le peuple afghan ne peut vivre sans son choix de vivre ; que des Talibans gouvernent le peuple afghan, peu importe, le peuple afghan l’accepte, parce que ce sont des Afghans et font partie du peuple. Et c’est cette lutte contre des étrangers qui a mû le peuple afghan dans la guerre, dusse-t-elle durer ce qu’elle doit durer jusqu’à la victoire.
L’Ukraine ne peut mener une guerre pendant huit ans, dix ans, vingt ans et plus ; son peuple ne l’accepterait pas ; il ne peut se sacrifier pour un temps long, surtout une guerre pour des territoires d’Ukraine où des populations majoritaires ne veulent pas rester ukrainiennes ; elles ont choisi rejoindre la patrie-mère, la Russie. Avec le temps, il prendra conscience que ce n’est pas sa guerre ; de même le pouvoir central ukrainien, l’état-major et son armée comprendront qu’ils sont dans l’impasse face aux forces russes.
Tant que la guerre est supportable avec l’aide occidentale pour l’Ukraine comme pour la Russie, elle se poursuivra ; mais, passé un temps d’usure et de lassitude, lorsque le peuple ukrainien comme son armée qui est issue du peuple comprendra que la cause est vaine, que le sacrifice n’a pas de sens tant les peuples de Crimée et du Donbass rejettent cette Ukraine devenue leur ennemie, forcément, par lassitude, il ordonnera la fin de la guerre. Ce sera le peuple et l’armée qui obligeront le pouvoir central ukrainien à mettre fin à la guerre.
De même, si la guerre n’est pas supportable pour la Russie si on prend en compte toutes les dernières promesses sur les armements, au mois de mai 2024, que les pays occidentaux doivent transférés à l’Ukraine, et que les forces armées ukrainiennes mettent en difficulté les forces russes, et le temps passe, 2024, 2025…, il est évident que trois ans, quatre ans de guerre, et toujours pas de solution pour sortir de la guerre, une « situation de guerre extrême peut se faire jour. »
La Russie qui a déjà lancé des avertissements sur l’emploi d’armes nucléaires si la Russie se sentait en danger pourrait avancer cette option si elle voit que l’Occident est en situation de force avec une armée en Ukraine qui résiste toujours et même attaque des cibles en profondeur en Russie, alors que l’interdiction de l’utilisation des armements occidentaux par l’Ukraine sur des cibles en profondeur en Russie n’est pas levée.
Dans cette situation extrême, tout peut être possible ; la Russie pourrait étendre la guerre aux pays européens par où transitent les armements à l’Ukraine ou qu’ils octroient des aides massives à l’Ukraine ; la Pologne peut être touchée par la guerre, l’Allemagne et d’autres pays d’Europe centrale peuvent l’être. Il est évident que tant les États-Unis que la France et la Grande-Bretagne, les principaux pays nucléaires membres de l’OTAN, ne pourront activer l’article 5 du traité de l’OTAN, prévoyant une assistance mutuelle des États membres en cas d’agression, que de manière « limitative », pour éviter une guerre nucléaire avec la Russie, pouvant déboucher sur une Troisième guerre mondiale.
Et, à ce titre, l’article 5 précise qu’une « attaque armée contre l’une ou plusieurs [parties] survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties ». En conséquence, si une attaque survient, chaque État membre « assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord ».
Ce qui, en clair, l’article 5 engage tous les pays membres de l’Alliance à fournir en cas d’agression une assistance, qu’elle soit militaire, humanitaire ou autre. Mais face à une grande puissance nucléaire, comme c’est le cas avec la Russie, ce sera inévitablement l’escalade et les grandes puissances seront conscientes que la guerre a changé, ce n’est plus l’Ukraine, ce sont des pays de l’OTAN qui sont engagés dans la guerre.
Dès lors, l’assistance des autres pays de l’OTAN aux pays membres attaqués constituera une escalade ; quoique « limitative », si la Russie n’arrive pas à contenir les forces de l’OTAN, elle sera forcée à « avertir » l’Occident qu’elle est prête à faire usage des armes tactiques et non stratégiques, y compris celles qui sont déjà en Biélorussie ; et c’est d’ailleurs pourquoi les manœuvres conjointes, en mai-juin 2024 en Biélorussie.
On comprend dès lors que la Russie a pris les devants dans ses plans d’état-major, en changeant la doctrine d’emploi des armes nucléaires, en septembre 2024. Et qu’elle a certainement étudié les différentes situations de guerre qui peuvent se présenter ; et, parmi celles-ci, la situation extrême que la Russie fera « endosser » à l’Occident. Devant le danger réel que la Russie ferait usage d’armes nucléaires, l’Occident voudra-t-il reculer ? Et laisser la victoire à la Russie face à l’Ukraine ? En somme, une défaite pour l’Ukraine et l’Occident. Il est plus probable que l’Occident ne reculerait pas vu les enjeux planétaires.
Cette situation extrême est possible et l’usage potentiel d’armes nucléaires par la Russie une réalité. De toutes les façons, devant ce qui pourrait survenir de cette guerre, a fortiori s’il est fait d’usage d’armes nucléaires, il reviendra au peuple ukrainien et aux autres peuples européens de prendre conscience des enjeux qui se jouent à leur insu, et que la guerre en Ukraine n’est en fait qu’un maillon dans ces enjeux ; ce ne sont pas les États-Unis qui en souffriraient parce qu’ils savent qu’ils sont loin du théâtre de guerre ni ne risqueront une escalade qui signifierait un suicide mutuel.
Ce sont certainement les pays d’Europe qui sont proches du théâtre de guerre, et bien sûr l’Ukraine en premier, qui seraient pris dans l’engrenage d’une guerre nucléaire. Et c’est aux peuples d’Europe qui, à travers leurs institutions, auront à choisir leur propre avenir ; quant à l’image de l’Occident qui ressortira de cette guerre, comme pour toutes les guerres passées, ce sera un échec de plus ; ce ne sera pas un cauchemar ; l’Occident n’aura pas à regretter son combat parce qu’il aura agi dans cette guerre pour sa pérennité, en tant qu’Occident qui a pesé longtemps sur le destin du monde. Et quelle est la puissance qui accepterait d’être supplantée par une autre puissance sans rien opposer à ce déclin ?
Medjdoub Hamed
Chercheur
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