Les peuples indigènes, les grands oubliés des négociations internationales
La journée internationale des peuples autochtones, mise en place par l’ONU le 9 août, a été l’occasion de célébrer la diversité des cultures indigènes partout dans le monde mais surtout, de mettre à nouveau sous les projecteurs, les nombreux défis auxquels ils sont exposés.
Malgré l’existence d’une déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée en 2007[1] ainsi que d’une Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) de 1989 sur les peuples indigènes[2], les droits énoncés demeurent bien trop bafoués.
Mais alors, pourquoi un tel désintérêt de la communauté internationale envers ces peuples ?
Au-delà du fait qu’ils possèdent une culture, des croyances et une cosmologie bien différente de celles que l’on nous a enseigné (et qui provoque parfois dédain ou curiosité chez certaines personnes), les peuples indigènes vivent parfois dans des zones qui recèlent de nombreuses ressources que les pays et/ou les entreprises veulent exploiter. [3]
Pour preuve, en Colombie, par exemple, sur les 87 peuples identifiés, on dénombre 62 conflits. Ces derniers apparaissent lorsque se confrontent deux visions bien distinctes du monde qui nous entoure. Si pour les premiers, la nature est considérée comme un être sacré, un principe qui engendre subsistance, la deuxième la voit comme une source de profits. Ainsi, lorsqu’un projet d’un barrrage ou de l’exploitation d’un puit de pétrole est décidé sur le territoire d’un peuple, cela finit par générer des conflits.
Pourtant, une grande partie de ces derniers pourraient être évités si le cadre juridique était respecté. En effet, les deux textes évoqués précedemment rappellent que les peuples ont un droit à l’auto-détermination (dont le droit d’assurer librement leur propre développement), un droit à leur terre, territoires et les ressources qui s’y trouvent et l’obligation pour les Etats d’accorder reconnaissance et protection. Même si la communauté internationale reconnait de plus en plus la marginalisation socio-économique qui touche ces peuples, et qu’elle accorde, depuis quelques années davantage de place aux peuples indigènes à travers des textes internationaux, on constate que cela n’est pas toujours respecté.
Un exemple particulièrement criant concerne le Brésil dont la délimitation des terres indigènes avance très lentement. Cette délimitation, fruit d’une recherche historique mais également géographique, permet de connaitre leur situation et les conditions dans lequelles ils vivent[4]. Ajouté à cela, la place toujours plus importante de l’activité minière sur leur territoire[5] ainsi que la mise en place de projets faramineux censés apporter une auto-suffisace énergétique mais dont les conséquences sont désastreuses tant sur l’environnement que sur les personnes[6] rendent leur situation particulièrement vulnérable.
Un rapport de la WWF « Living Amazon » avait dénombré 250 projets en place ou à mettre en place sur le territoire de la forêt, ce qui montre combien elle est courtisée.
Au Pérou, de nombreux conflits sont occasionnés par l’exploitation minière. Certains bassins ont d’ailleurs même été déclarés d’état d´urgence et la pollution au mercure est courante dans les bassins hydrographiques qui se trouvent sur des zones où vivent ces peuples.
Quant à la Bolivie, il y a quelques années, des communautés indigènes ont du s’opposer à un projet de construction d’une route qui traversait leur territoire. Le chef de l´Etat de l’époque avait bien consulté les communautés, avant de rapppeler que le projet allait néanmoins aboutir.
Ainsi, la prise en compte des peuples indigènes reste une problématique délicate et dont le respect est difficile à mettre en place. Leur mention fugace dans l’accord final de Paris souligne indirectement à quel point il est difficile de leur accorder un espace et une visibilité. Malgré la réunion de plusieurs communautés afin de pouvoir faire un front commun dans la défense de leurs droits, ces derniers ne sont pas encore réellement pris au sérieux.
La nécessité d’appliquer les normes relatives aux droits des peuples indigènes doit se faire afin de les protéger contre la vulnérabilité. La lutte contre le changement climatique, qui est actuellement l’une des préoccupations de la Société Internationale, ne pourra se faire qu’avec leur aide et leurs connaissances. En les considérant comme une richesse, nous pourrions enfin leur accorder la place qu’ils méritent.
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