Les primaires de la droite : quand la gérontocratie impose sa loi...
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Il suffit d'observer les photos du scrutin de ce dimanche 20 novembre 2016, où un "élan citoyen" de "droite" a rassemblé quatre millions de personnes pour choisir le candidat du clan conservateur à l'élection présidentielle. Elan citoyen, rassemblant des gens de toutes les conditions sociales et professionnelles, où jeunes et aînés se seraient joyeusement cotoyés pour exprimer une opinion, marquant enfin l'avènement de la démocratie participative ? A voir...
Dans un pays où le peuple est rarement consulté sur les sujets sérieux, où les résultats des quelques référendums sont rapidement jetés aux oubliettes quand ils déplaisent à notre oligarchie, l'organisation d'un scrutin de type "primaire" peut faire sourire les observateurs étrangers. Autre point très ennuyeux, révélé par les images de la campagne des candidats (autrement dit, des rivaux aux dents longues incapables de s'arranger entre eux), c'est l'âge moyen de l'électeur du scrutin...
Promis ! Pas de gérontophobie dans cet article ! Juste un rappel : 35% des électeurs réguliers en France ont plus de 60 ans, alors que cette tranche d'âge ne représente que 22% de la population. Quand on sait que, sociologiquement parlant, la "droite libérale" représente les possédants, actionnaires et retraités aisés, on peut se demander si l'âge moyen du référendaire de dimanche dernier ne tournait pas autour de celui d'Alain Juppé...
Certes. Les "jeunes" n'ont qu'à se lever, retirer les écouteurs du smartphone de leurs oreilles, débrancher leur internet et sortir dans la rue pour prendre leur destin en main. Hélas, dépolitisés et surtout rendus égocentiques par le consumérisme, nos cadets n'ont pas conscience des enjeux à venir qui les concernent directement. Des enjeux dont les réponses seront collectives, un terme lui-aussi jeté aux oubliettes en toute logique libérale. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tous nos candidats "libéraux" souhaitent réduire les services publics à la portion congrue. Une école, un hôpital, un bureau de poste, cela s'adresse à toutes les couches de la population. Un service privé, à celui qui peut payer, qui est rentable. Et hormis les golden boys, ce sont nos ainés qui concentrent l'essentiel des richesses (de l'épargne au patrimoine immobilier).
Ce ne sont pas les sénateurs qui font les révolutions en France. Passé 60 ans, on n'investit pas dans l'avenir, on cherche à préserver le porte-monnaie, dans les beaux quartiers surtout. Car il est à craindre que l'ouvrier retraité, écoeuré par une vie d'exploitation et d'humiliation, se sente lui-aussi peu concerné par ces scrutins destinés à élire des princes qui se fichent de ses conditions de vie, comme de celle de la jeunesse des quartiers populaires.
Dernier détail croustillant, c'est la génération de 1968 qui atteint aujourd'hui l'âge de raison. Celle qui voulait tout chambouler, et qui aujourd'hui contrôle ce qui reste de ce pays. Celle qui n'autorise la démocratie que si elle va dans le sens de ses intérêts, qui ne sont pas ceux de la jeunesse. Baisses d'impôts, casse des acquis sociaux, mise en concurrence avec les travailleurs du tiers-monde, sabrage des services publics (500000 fonctionnaires non remplacés, ce sera autant de jeunes non recrutés...), tout cela plait à madame Picsou de Neuilly-sur-Seine, qui pourra recruter ses domestiques à moindre prix, mais cela n'a plus rien à voir avec la république.
On concédera que nos militants aux cheveux blancs ont préféré Fillon à leur congénère Juppé, le doyen des candidats. Il est vrai que le côté gendre idéal de François plait davantage aux mamies et aux papys que l'air sévère d'Alain, qui a encore un fond gaulliste qui fait désordre face à l'ultra-libéraliste de son rival. Ne cherchons pas plus loin les raisons de la victoire de celui-ci. Exit, au passage, Sarkozy, dont l'excentricité et la compagne Carla Bruni ne conviennent pas aux lectrices de VSD.
L'enjeu de l'élection présidentielle à venir sera de mobiliser les jeunes, les salariés, ceux qui font tourner ce pays. Les retraités modestes, qui souvent militent dans des associations caritatives et tiennent des permanences syndicales, auront leur mot à dire. Ces gens représentent le peuple républicain, celui de la résistance et des luttes sociales, qui a su après-guerre s'unir pour reconstruire le pays sur des bases patriotiques et sociales (le CNR, gaulliste et communiste). A nous de mobiliser nos cadets pour leur faire comprendre que c'est d'eux que dépendra l'avenir du pays, et non d'un gang de quatre millions de rentiers...
Documents joints à cet article
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