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Les primaires, passage obligé pour la légitimité d’une personne, insuffisantes pour la construction des idées

Les primaires servent à choisir la meilleure personne pour affronter les idées opposées au sein d’une population divisée, mais cette élection ne suffit pas à consolider un programme présidentiel, elle n’est qu’une première phase de légitimation du futur Président.

Lors d’une élection présidentielle, on oppose les grands partis aux idées très divergentes pour que l’un d’entre eux, avec le soutien de ses alliés, ait le droit de commander le pays pendant cinq ans. C’est un débat d’idées, défendus par une personne centrale : le candidat. Chacun sait aussi qu’il existe un problème de légitimité de ces candidats présentés comme opportunistes, puisque les électeurs se plaignent d’avoir le choix entre personnes qu’ils n’ont pas choisi. D’autres se plaignent que leurs idées ne sont pas représentées, ou n’ont aucune chance de gagner. Résultat, ce n’est pas 49% d’insatisfait que l’élection présidentielle génère, mais bien davantage, au dépend de la démocratie, si chère à notre République.

Afin de contrer cette insatisfaction, les citoyens-électeurs doivent se sentir plus proches, plus concernés, plus écoutés lors de l’élaboration des programmes. Le gros travail de légitimation d’une élection présidentielle ne viendra pas uniquement des primaires, puisque celles-ci consistent simplement à élire un représentant, il est dans la rédaction des programmes que l’ensemble des électeurs choisiront par l’urne.

Cette analyse soulève une nécessité de définition précise de ce qu’est une primaire, de son objectif et de ses limites d’influence au niveau démocratique. Lors de la course des primaires, les personnalités représentées doivent se défendre d’être les plus « présidentiables ». Les électeurs choisissent une personne, une tête d’affiche, un chef, un représentant, voir une idole, qu’ils espèrent voir vaincre le camp opposé quelques mois plus tard. Chaque candidat à la primaire doit alors concentrer son effort de campagne sur sa personne, son passé, sa vision personnelle de l’avenir – du siens comme de celui du pays. Ainsi, une fois l’élection présidentielle venue, les candidats auront été choisis, et non imposés.

Qu’en est-il du programme présidentiel ? Celui-ci doit être le fruit d’une réflexion partagée entre tous les acteurs du bord politique soutenant le candidat à la présidentielle, donc le vainqueur des primaires. Les primaires ne doivent donc pas être un barrage aux positions alternatives qu’apportent les candidats perdants, mais justement une phase préliminaire de discussion. Elle est l’occasion de faire un bilan des idées existantes, et une fois le candidat à la présidentielle connu, chacune de ces idées doivent être considérées pour construire ce programme. L’intérêt est d’insister sur le fait que la primaire et la période de préparation du programme ne doivent pas être une phase de combat et d’affrontement d’idées, elles doivent être avant tout un moment d’enrichissement, de discussion, de négociation entre les divers opinion d’un même bord politique. Le combat, celui que tout le monde attend, qui divertis les médias et amuse l’opinion, sera pleinement vécu lors de la présidentielle. C’est lors de l’effort de réflexion mené en amont que tout doit se jouer. Je considère qu’avec une préparation solide et légitime en amont, le débat pour la présidentielle pourrait être plus intelligemment tourné vers un affrontement d’idées et non de personnes, puisque toutes les personnes ont déjà été légitimisées lors des primaires. Ainsi, le débat présidentiel serait centré sur les programmes et non les personnes.

Alors si ce ne sont pas les primaires qui choisissent le programme ou au maximum la ligne politique du futur candidat, qui le fera ? Sur ce point, le système politique doit innover, une fois encore. L’habitude des primaires commence à faire sa place en France, il convient maintenant d’instaurer un vrai système démocratique participatif, où les citoyens, les partis, les associations, les entreprises, les syndicats, l’administration, les artistes, les intellectuels, aient leur mot à dire avant que le pouvoir exécutif et parlementaire ne s’empare entièrement du pouvoir de légiférer, notamment grâce aux réseaux sociaux et à la complicité des médias locaux et nationaux. Avant chaque présidentielle, soit avant de laisser au système décisionnel la possibilité de changer de direction, le pays doit se donner à fond dans la construction d’un avenir commun, construit dans le collectif. L’urne ne serait plus la seule matière de légitimation de l’élection, le programme devient lui aussi un fruit de la démocratie, de la liberté d’expression et de la diversité intellectuelle que notre pays est tout à fait en mesure de générer.

Lorsque des désaccords se profileront, ce qui sera forcément le cas, ce sera la politique du compromis qui devra être recherchée. Une manière pacifique d’aboutir à des solutions parfaitement ciblées. C’est donc une période de lourdes négociations, de tractations, de convictions, qui doivent impliquer toutes personnes physiques et morales attachées à leur avenir. L’objectif est simple : arriver à l’élection présidentielle avec un programme assumé par une grande majorité au sein de chaque bord politique, et non sous la forme d’une simple proposition rédigée par des intellectuels déconnectés destiné à un peuple désintéressé. On passerait d’un vote passif à un vote proactif, où ce serait une partie du peuple qui devra en convaincre l’autre. Le jeu des débats ne sera plus l’exclusivité de personnalités politiques illégitimes et carriéristes, mais bien un débat nationale, qui, par la même, redynamiserait la presse locale. Les politiques reviendront à leur place qui leur est réservé de représentant.

Cette méthode offrirait à la Vème république l’occasion de se refaire une nouvelle jeunesse, car la jeunesse, elle, n’attends que ça. Dans le cas de la situation actuelle, même si la gauche française se passe de primaire, les idées alternatives doivent continuer d’apporter leurs richesses, au risque de glisser vers une élection vide de sens, entrainant incontestablement celle-ci vers un succès du populisme.


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3 réactions à cet article    


  • soi même 9 septembre 2015 01:41

    parlons-en en effet parlons en de cette farce qui se révèle de plus en plus cuisant pour le candidat une fois élue, élection en trompe œil , impopularité galopante, en comparaison le grand Charles avait du prestige, maintenant nous avons affaire à des pantalonnades dignement des Républiques Bananières. 


    • Le p’tit Charles 9 septembre 2015 07:33
      Les primaires, ne sont qu’un sac d’embrouilles pour compter les collabos des « primaires » qui se présentent... !

      • SALOMON2345 9 septembre 2015 19:21

        Vous décrivez l’esprit ce que devrait être la démocratie ainsi on pourrait envisager par exemple que pour chaque primaire, chacun liste 10, 20, 30, etc propositions lesquelles devraient obligatoirement suivant les % obtenus, être gravées et entrer dans le programme à due proportion, du « vainqueur », ainsi, chacun ayant proposé « leurs priorités » un panachage juridique contraindrait le pouvoir nouveau de devoir appliquer les quelques idées des partenaires concurrents perdants. La représentation des IDÉES serait ainsi réellement présentes : 5 ici, 10 là, 13 ailleurs et les 32 restants pour le futur candidat sur un total par exemple de 50 dispositions dans chaque camp ! A bricoler tout ça, il ne s’agit que d’une vague idée... peut-être idiote mais enfin, le vide n’est pas mieux... !

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