« Les régionales » ; ceci n’est pas une élection !

Les électeurs vont voter le 14 puis le 21 mars. Les régions devraient rester à gauche. Les analystes s’attendent à deux surprises. Ou bien une région est reconquise par la droite, ou bien l’Alsace bascule dans le camp mené par le parti socialiste. En matière d’élection, tout est possible, surtout quand les scrutins sont serrés. Le décompte des voix sera analysé. Mais comme on peut s’y attendre, les résultats sont déjà acquis. Les enjeux des régionales passent largement au dessous des questions de politiques nationales. D’ailleurs, Martine Aubry exhorte les électeurs de gauche à voter pour asséner une baffe utile à Sarkozy. Lequel a maladroitement tenté de soutenir ses troupes mais en fin de compte, c’est son second, Fillon, moins impopulaire car discret, qui a fait l’affaire. Preuve qu’à L’Elysée, on a décidé aussi de faire de ces régionales un test pour la popularité du président.
Les arguments de la gauche sont classiques. Modèle social français écorné. La crise économique, la pauvreté, les services publics dépouillés, amputés… rien à dire de plus. De la rhétorique rodée pour ramasser des voix. En face à droite, faute de défendre un bilan présidentiel, pour ne pas laisser voir que l’Elysée joue sa popularité, on s’efforce d’attaquer la gauche sur son bilan dans les régions. Et là, même pas de rhétorique. Parce que pour tracer un bilan d’une politique régionale, il faudrait être un génie de l’évaluation. Alors autant y aller d’une bonne petite phrase. Le bilan du parti socialiste est un désastre a-t-on pu entendre de je ne sais même plus quel chef de l’UMP. Après tout, cela est sans importance. Cette phrase, un Darcos, une Pécresse, un Estrosi ou une MAM auraient très bien pu la prononcer.
Au bout du compte, les régions, c’est quoi au juste en terme de politique ? Un peu de culture, les autoroutes, les universités, les lycées, un peu de saupoudrage industriel. En bref, c’est de l’intendance, du bâtiment, du ravalement, de l’équipement, avec un peu de social et basta et pas de quoi marquer une grosse différence entre la droite et la gauche. Car de quel bord que l’on soit, il faut s’occuper des routes, des lycées, de l’université, de la culture. Voilà le résultat d’une décentralisation qui, comme bien des réformes française, relève du symbolique. Les régions servent surtout les élus à qui on offre quelque hochet pour reprendre une formule napoléonienne en la détournant. La décentralisation, c’est les élus sans les moyens. Rien de commun avec les landers allemands mais outre-Rhin, l’Histoire a fait qu’un autre régime fonctionne, sans pouvoir être transposé dans notre France très jacobine.
Ces régionales, c’est peut-être un retour aux sources antiques. Avec une politique près de la cité. Quoique, faut pas exagérer. On dirait plutôt une réunion de co-propriétaires et de locataires invités à voter pour des opérations de ravalement et quelques autres mesures visant à agrémenter en moyens quelques institutions et autres entreprises locales.
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