Les régionales corses pour les nuls
Sidérant ! Circulez, il ne se passe rien en Corse !
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La Corse envoie un signal de prochaine « rupture » mais la République se tait ! Pire ni les Républicains ni le 1er Ministre ne se sont fendus d’une déclaration.
Circulez, il n’y a rien à voir, ils s’amusent entre-eux, on gère ! Ce déni de réalité est singulièrement provocateur !
Comment ne pas croire que ce silence soit orchestré ?
Les questions du statut de résidence et de la fiscalité des insulaires, souvent innaccessibles à nos compatriotes du continent, pour autant, ne pourront plus faire l’objet d’une nouvelle carence, parce que jugées anticonstitutionnelles… Contrairement à une idée répandue sur le continent, cela coute cher d’être corse et encore plus cher d’être pauvre et corse.
La Corse, c’est aussi une économie très caractérisée : peu d'industrie, une agriculture faible et un poids important du tourisme « barbecue » estampillé 2A, 2B en guise de tenue camouflée en été. En revanche, le poids de l’administration est fort et celui de la construction aussi. Mais ce dernier secteur tend parfois à structurer des appétits spéculatifs, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, plutôt que de résulter d’une politique sociale dédié au foncier.
Autrement dit, du Tourisme, de l’administration et de la construction, aucun de ses secteurs n’est suffisamment avant-gardiste pour structurer la recherche et l’emploi.
Le problème de la redistribution des richesses ne se pose plus, l’Ile n’en produit plus ! Beaucoup sont sur une démarche de « jouissance » et contribuent au développement de la spéculation immobilière sans donc structurer l’emploi local par la croissance et la recherche. « L’innovation technologique constitue le cœur de l’innovation, or parmi les activités qui la compose, l’activité de recherche et développement (R&D) réalisée en interne ou en externe est fondamentale. Cette activité est peu développée en Corse »
( source INSEE)
Plus prosaïquement, ce qu’on a fait de l’économie corse, fait qu’elle ne produit ni développement ni pratiques innovantes. Une industrie en friche qui ne produira aucune innovation ne sera porteuse d’aucune prospérité pour le peuple. En Corse, les secteurs à faible productivité de travail, comme les commerces et la construction sont excessivement représentés. Et pour tordre le cou aux idées reçues, selon l’INSEE, le niveau de diplômes de la population active est inférieur à la moyenne nationale !
Mais si la croissance est en berne sur l’Ile, le flux migratoire de quelques 5000 personnes par an, lui ne l’est pas et ce phénomène corrèle la progression de la misère et du chômage des jeunes corses, voire de l’accès au logement pour la population locale.
La société corse est de plus en plus inégalitaire. Les indicateurs de la misère sont au rouge : la cohorte des nécessiteux se développe mais elle est drapée de dignité…
Ajoutons à cela un malaise qui devrait être analysé avec sérénité par les corses eux-mêmes et ils n’y parviennent pas, tant la crispation identitaire conjuguée à la paupérisation galopante est forte. De quoi s’agit-il ? La fécondité serait en Corse, la plus basse de France. Seule une population dite « étrangère » serait nettement plus féconde.
Sauf qu’en Corse, faire des enfants, les soigner, les former et leur trouver du travail est peut-être plus compliqué qu’ailleurs. En cas d’urgence en plaine orientale par exemple, mieux vaut connaitre ses prières par cœur.
Les jeunes corses n’ont aucune chance de s’aligner sur le mode de vie des arrivants. Face à des retraités aisés ou des actifs rentiers venus du continent ou d’ailleurs et qui s’installent toujours plus nombreux, il n’est plus possible de passer sous silence que les jeunes corses seront eux, en 2030, des retraités au seuil de pauvreté. Obligés de migrer en Roumanie, peut-être ?
La croissance par le développement économique de l’Ile prime sans doute sur toute autre considération d’appartenance au mieux, d’allégeance au pire, y compris sans doute à la République et… aux clans.
Pour beaucoup de corses, le point de rupture est proche. Ils ont bien compris que l’Ile était sortie dégradée de la mondialisation de la fin du XXe siècle. Une situation qui ne pourra survivre aux premières années du XXIe. Entre un 1er Ministre à la surdité sélective et une organisation sociale d’un modèle probablement obsolète, les corses ont choisi sans état d’âme, les nationalistes et leurs alliés indépendantistes. Cela est d’ailleurs en cohérence avec la précédente mandature qui s’était approprié une partie de la profession de foi de ces nouveaux élus. Comme quoi, l’alignement « idéologique » fait son chemin en Corse aussi.
Qu’ils ne s’y trompent pas, il ne s’agit pas d’une crise de nerfs des corses, il ne s’agit pas non plus d’une sécession mais d’une volonté de survie. Au final, la pseudo croissance corse n’a pas contenu la pauvreté mais réduire la pauvreté serait un formidable levier de croissance et en portant les nationalistes à la porte du pouvoir territorial, les corses l’ont compris au-delà sans doute de toute considération identitaire, bien trop facile à caricaturer
Plus rien ne sera comme avant et c’est sans doute cela qui justifie le silence assourdissant des médias et de la classe politique.
M. VALLS qui a vu se dessiner une guerre civile sur le continent va probablement nous promettre une guerre de sécession en Corse. Plus sérieusement, la corse a probablement décidé d’être audible, autrement qu’au travers du grand alignement idéologique et léthargique de la gauche sur la droite avec comme sempiternelle explication que l’intérêt de l’Ile, au fond serait… anticonstitutionnel…
Alors si vivre normalement en Corse est inconstitutionnel, Il n’ y a que la suite qui risque d'être une désillusion pour ceux dont l’intérêt est, non de le croire mais de le faire croire. Les nouveaux élus devront avoir les nerfs solides et être à la hauteur du mandat.
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