Les riches voudraient taxer les riches – pourquoi pas ?
Vous y comprenez quelque chose ? Vous y croyez à cette chimère ? C’est le monde à l’envers. Les riches, qui s’enrichissent à l’abri des paradis fiscaux, ennemis jurés du Ministère du Revenu « national », auraient trouver leur chemin de Damas, et, repentis, courbés sous les roues de leur carrosse doré, ils demanderaient à être châtiés, grevés de taxes et d’impôts, qui y croira ?
Un pavé dans la mare s'amuse "Le Courrier International". À la veille de son assemblée annuelle, vendredi 13 octobre, le Fonds monétaire international (FMI) lance un avertissement : « Il faut taxer plus fortement les riches, car ce sont les inégalités, et non pas les impôts, qui pénalisent la croissance » (1).
Reprenons la déclaration du FMI, organisme responsable de l’intendance du grand capital international dont la commis en chef, Madame Lagarde, s’est commise de ce rapport mystificateur. Le rapport du FMI certifie que certaines inégalités sont inévitables dans un système basé sur l'économie de marché, mais il s'inquiète d'une « inégalité excessive qui compromettrait la cohésion sociale conduisant à un affaiblissement de la croissance économique » (1). Le rapport poursuit : « Au cours des trente dernières années, l'inégalité a augmenté dans de nombreux pays, en grande partie à cause des changements technologiques (ce qui est faux et ridicule NDLR). Dans les économies avancées, les revenus des 1% les plus riches ont augmenté trois fois plus vite que ceux du reste de la population », et le rapport du FMI de conclure « les recherches du FMI dans ce domaine ont montré que la montée des inégalités présente des risques pour la durabilité de la croissance économique ». La conclusion s’impose d’elle-même « Les gouvernements risquent de saper la croissance économique mondiale en réduisant les impôts des riches », annonce le New York Times. Mais où donc ces gens ont-ils perçu de la croissance économique direz-vous ?
La galéjade du FMI.
Nous voulons dénoncer ici tout à la fois Robin-des-bois Lagarde, la go-gauche caviar et la droite cassoulet, le Nouvel Observateur, le Guardian, le New York Times et les altermondialistes, qui tous ensemble, acclament cette galéjade du FMI.
Madame Lagarde n'est pas une gauchiste rassurez-vous, elle constate comme tous les bobos de la go-gauche et de la droite que la concentration du capital au sommet de la pyramide sociale a un effet de ralentissement sur la reproduction élargie du capital. Il devient de plus en plus difficile pour les corporations multinationales de valoriser le capital qui dort dans des comptes en banques dans les paradis fiscaux ou dans les banques des grandes puissances, à Wall Street notamment. Du capital qui dort ce n'est plus du capital reconnait madame Lagarde. Alors elle invite les larbins politiciens à taxer les riches de leur patelin afin de les forcer à remettre leur pognon en circulation. L’argent circulant est du capital vivant, l’argent thésauriser est du capital mort, improductif, inutile.
Les inégalités de revenus sont des conséquences et non le moteur du capitalisme.
Les inégalités de revenus, en elles-mêmes, n’ont aucune incidence sur ce que la fonctionnaire du capital Lagarde appelle la « croissance économique », qu’il vaudrait mieux appeler la croissance du capital – sa reproduction en vue non pas de son accumulation comme les marxistes le pensent – mais en vue de sa reproduction élargie (comme une spirale sans fin).
Étant donné que le capital appel le capital et que donc ceux qui en ont déjà beaucoup en attirent davantage (la spirale dont nous parlions tantôt agit comme un aspirateur), survient ce que le mode de production capitaliste prévoit, l’accumulation d’immenses fortunes personnelles ou corporatives au sommet de la pyramide sociale faisant le vide dans les niveaux inférieurs, là où loge les petits bourgeois appelés « classe moyenne », les prolétaires salariés, les précarisés, les chômeurs, les pauvres, les assistés sociaux, les paumés, les exclus et les autres.
Cette « concentration-conspiration » (sic) entraine que la pauvreté du plus grand nombre leur interdit de consommer et donc de boucler la boucle de circulation-valorisation du capital qui va de la production à la consommation-destruction des marchandises. Conséquence, le multimilliardaire assis au sommet dispose de tout le capital nécessaire pour innover, investir, produire, mais aucune occasion d’affaires ne se présente à lui puisque la marchandise qu’il a déjà extirpée à ses ouvriers est stockée sur les quais, et dans les entrepôts où elle ne trouve pas preneur. On raconte qu’en cette fin d’année les inventaires des grands de l’automobile sont colossaux. La machine de circulation-valorisation du capital est en panne et l’économie s’anémie après avoir largement usé de la planche à billets et de la carte de crédit. Pour compenser, et afin de tenter de quand même « accumuler-valorisé » la corporation multinationale anonyme se lance dans des opérations d’OPA inamicales (Siemens-Alstom, General Electric-Alstom).
Survient soudain le larbin Lagarde, elle met en garde, « taxer les riches » recommande-t-elle afin qu’ils remettent leur capital sur le marché et ses lois de la concurrence. Évidemment, l’appel est superfétatoire puisqu’aucune occasion d’affaires ne se présente, pour produire et croître il faut acheter et vendre alors que le consommateur est exsangue, surendetté, et l’État grevé.
La go-gauche réformiste et fumiste, au Royaume-Uni par exemple, où The Guardian, le quotidien des prolétaires en redingotes, « y voit un message positif adressé au Parti travailliste, qui propose de taxer à 45% les revenus supérieurs à 91.200 euros/annuels, et de 50% les revenus supérieurs à 140.000 euros », montre la voie aux gouvernements bourgeois et prépare leur politique contre les moyens et les petits « riches » vaguant sur le territoire national. Le gros gibier lui, sera épargné pour la raison qu’ils encaissent bien peu de ses revenus sur son livret d’épargne (A ou B). Ses avoirs sont fluides et transigent par les paradis fiscaux en prévision de ces coups bas que pourraient leur asséner leurs affidés politiques. D’ailleurs, ce sont les banques et les immenses corporations multinationales apatrides qui gèrent le gros de leur portefeuille de famille.
Conclusion sur cette mystification.
Il faut donc conclure de ce rapport du FMI que les fonctionnaires du capital recommandent aux agences gouvernementales de taxer davantage les « riches », mais pas ceux que vous pensiez, pas les multimilliardaires, mais la bourgeoisie nationale moyenne, et surtout petite, afin que l’État des riches puisse redistribuer ces richesses aux plus riches à travers le soutien à la consommation populiste.
Tout ceci signifie que le grand capital après avoir saigné la classe prolétaire s’en prend maintenant à ses enfants millionnaires et à ses bobos à haut revenus qu’il saignera lui aussi. Que les petits riches se démènent et se battent pour leur survie, la classe prolétarienne n’a rien à faire de ces disputes fiscales entre petits – moyens – grands profiteurs-spéculateurs. La classe prolétarienne n’a aucune confiance dans l’État des riches qu’elle méprise et qu’elle combat pour ses propres intérêts de classe. Les hausses de taxes et d’impôt elle connaît et n’en veut pas.
NOTES
- http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20171013.OBS5973/pour-plus-de-croissance-le-fmi-invite-a-taxer-les-revenus-des-riches.html
- Robert Bibeau (2017) Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne. L’Harmattan https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1496234995&sr=8-1&keywords=Robert+Bibeau
L’ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-riches-voudraient-taxer-les-riches-pourquoi-pas/
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