Les ruines de l’UMP
L'UMP est un machine à faire gagner des hommes, pas des idées. D'où son état de ruine consternante, incapable de mener une opposition ou de rebonbir après l'échec.
L’UMP est un parti politique créé en 2000, non autour d’une idée, mais autour d’un homme. L’Union pour un Mouvement Populaire s’est créée comme une machine à gagner, pas comme une machine à idées. C’est ce qui a permis la première place de Jacques Chirac au premier tour en 2002, et la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007. C’est aussi ce qui empêche ce parti de se redonner une dynamique, alors que les « hommes providentiels » s’éteignent affaire après affaire.
A sa naissance, au point de vue idéologique, l’UMP souhaitait rassembler les gaullistes, les centristes, les libéraux et les conservateurs, autant dire des idéologies inconciliables ; le but n’était pas de concilier ces idéologiques, mais de gagner les élections présidentielles. Cela a été fait, à deux reprises, avec deux meneurs différents. Et maintenant ? L’UMP paie ses carences d’idées, son vide idéologique. Chaque homme de droite parle de « refonder idéologiquement le parti », mais il n’y a même pas eu de fondation idéologique !
L’UMP est un projet à court-terme, un projet pour les présidentielles, mais ce n’est pas un projet pour la France. On distingue des « tendances » idéologiques selon les motions présentées, mais à vrai dire ces motions ne constituent pas du tout une « doctrine de parti », ni même une idée générale, ni même une idée tout court : chaque membre de l’UMP a son propre discours vague, pétris de contradiction : défense de « la France qui se lève » dans les paroles mais des héritiers dans les faits, fierté nationale dans les paroles mais allégeance aux américains et aux chinois dans les faits, volonté d’une école de meilleure qualité dans les paroles mais démolition de cette école dans les faits.
L’UMP n’est pas un parti d’opposition, c’est un parti pour le pouvoir, pour mettre des hommes (et non des idées) au pouvoir. Le problème, c’est qu’un homme de l’UMP a échoué à garder ce pouvoir. Du coup, l’UMP se retrouve de fait parti d’opposition. Mais elle n’arrive pas à prendre la mesure de cette opposition. Elle ne peut que dire : « la réforme des rythmes scolaires, c’est pas bien », « le pacte de responsabilité, c’est bof bof », « la réforme pénale, c’est pas bien ». Elle ne peut que dire cela, parce qu’elle n’a aucune idée à proposer en face.
Elle avait un homme, quelqu’un dont elle attendait le retour : c’était Nicolas Sarkozy. Sarkozy a fait ses deux campagnes électorales uniquement sur lui-même, sur sa jeunesse, son sourire, sa femme, son côté golden-boy américain, son côté John-Fitzgerald Kennedy, son énergie. Le problème, c’est que les Français, aux dernières élections présidentielles, n’ont plus voulu de lui. Mais le mythe de son retour restait vivace à l’UMP, parce qu’on a besoin d’un homme, n’ayant pas d’idée ; on disait « Sarkozy n’a pas d’idée, mais il a la popularité des Français ». Ce n’est plus le cas. Il vient de passer en-dessous d’Alain Juppé chez les sympathisants de droite, les deux tiers des Français ne veulent pas de son retour, il n’est plus que 7 points au-dessus de François Hollande en terme de popularité (ce qui signifie : assez bas). Nicolas Sarkozy avait un nom, il n’a plus rien.
Reste donc un « triumvirat » : Alain Juppé, l’homme qui, après avoir été Premier Ministre pendant à peine plus d’un an, a dû s’exiler pendant dix ans pour se faire oublier ; Jean-Pierre Raffarin, Premier Ministre anciennement limogé par Jacques Chirac à cause de son inaction assez similaire de celle de Jean-Marc Ayrault récemment ; et François Fillon, le fantôme qui a hanté Matignon de 2007 à 2012, sans que l’on sache s’il était vraiment Premier Ministre ou pas. Equipe de choc.
Pas d’idées, et plus d’hommes. Ne restent que des scandales. Le scandale Bygmalion, les scandales Sarkozy. Et aussi : 40% des militants qui n’ont pas renouvelé leur carte. L’UMP est une vaste ruine et, autant le dire tout de suite, rien ne viendra reconstruire cette ruine. En ne proposant pas d’idées, l’UMP était un parti mort-né, un parti attendant l’arrivée d’un messie ; pas de messie, pas d’UMP.
La seule chose sur laquelle tient la ruine de l’UMP, c’est la peur que le FN ne devienne le seul grand parti de droite : une partie des gens de droite restent à l’UMP parce qu’ils ne veulent pas voter pour un parti populiste, et qui n’a pas plus d’idée que l’UMP, depuis que Marine Le Pen a fait entrer son parti dans le domaine dans la simple sophistique commerciale, consistant à être régionaliste avec les régionalistes, à être nationaliste avec les nationalistes, à être libérale avec les libéraux, à être gaulliste avec les gaullistes, et bientôt, pourquoi pas, à être communiste avec les communistes, anarchiste avec les anarchistes.
La seule chose qu’on peut alors dire aux gens de droite, c’est de ne plus être de droite. La droite est désormais le règne du vide, règne du novlangue lepéniste, des Morano, Estrosi, Guéant, Hortefeux et consorts. La seule chose que l’on peut dire aux gens de droite, c’est de suivre le conseil du poète français : « Si vous ne trouvez plus rien, cherchez autre chose ».
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