Les sabots d’Hélène étaient tout crottés...
Une chanson d'amour pleine de tendresse...
Merveilleuse chanson de Brassens dans laquelle il reprend un texte connu du répertoire folklorique, en l'adaptant à sa façon...
Brassens aime ainsi s'inspirer de chansons populaires : on songe aussi à ce texte : Dans l'eau de la claire fontaine... Brassens aime revisiter des chansons, des expressions, des mythes...
Tout le monde connaît cette chanson, dont il s'inspire ici : En passant par la Lorraine...
Brassens donne un prénom à la jeune femme, "Hélène", ainsi le personnage nous paraît plus familier, plus proche.
Les "sabots crottés" renvoient bien sûr à sa condition modeste de simple paysanne.
On retrouve, comme dans la chanson populaire, "les trois capitaines" qui méprisent la jeune femme, en l'appelant "vilaine", mot dont la signification ancienne évoque encore ses origines paysannes. Car Hélène est jolie, malgré ses sabots crottés.
Brassens nous invite ainsi à voir au delà des apparences.
Hélène moqué pour ses sabots, recèle pourtant des trésors, qu'il faut savoir découvrir.
Ainsi ses larmes deviennent une "fontaine" où l'on peut étancher sa soif de bonheur et d'amour.
"Et la pauvre Hélène était comme une âme en peine
Ne cherche plus longtemps de fontaine, toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hélène, va-t'en remplir ton seau"
L'eau de la fontaine peut être ici symbole d'un amour pur et sincère.
Et soudain, le poète emploie de manière insistante la première personne :
"Moi j'ai pris la peine de les déchausser
Les sabots d'Hélène, moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine bien récompensée
Dans les sabots de la pauvre Hélène, dans ses sabots crottés
Moi j'ai trouvé les pieds d'une reine et je les ai gardés"
Et voici la jeune paysanne transformée en "reine", grâce à l'amour.
Autre symbole de l'apparence : le vêtement, en l'occurrence "le jupon mité" de la belle, ce jupon qui cache "des jambes de reine"...
"Son jupon de laine était tout mité
Les trois capitaines l'auraient appelée vilaine
Et la pauvre Hélène était comme une âme en peine"
Enfin, c'est le coeur de la jeune femme qui est évoqué, "un coeur qui n' savait pas chanter", un coeur accablé par la misère, le dénuement, sans doute.
"Et le cœur d'Hélène n'savait pas chanter
Les trois capitaines l'auraient appelée vilaine
Et la pauvre Hélène était comme une âme en peine
Ne cherche plus longtemps de fontaine, toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hélène, va-t'en remplir ton seau"
Et c'est dans ce pauvre coeur que le poète trouve "l'amour d'une reine..."
Une expression revient inlassablement dans la chanson : "j'ai pris la peine..." oui, prendre la peine, prendre le temps pour voir au delà des apparences, apprendre à connaître l'autre. Voir la beauté cachée sous les guenilles...
Voici une belle leçon de patience et d'amour que nous donne ici Brassens.
La mélodie joyeuse traduit bien ce bonheur de la rencontre, de la découverte...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2021/01/les-sabots-d-helene-etaient-tout-crottes.html
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