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Les saints de Sein

La Toussaint passée, et tous les saints célébrés, il ne restait qu’à rendre hommage aux seins de l’île de Sein qui se sont dressés pour la Résistance. C’est une image. Les sombres desseins de l’armée d’occupation firent se lever tous les hommes de l’île, sans exception, qui gagnèrent Londres pour se mettre au service du général De Gaulle. Celui-ci s’exclama « L’île de Sein est donc le quart de la France  ! » Ce haut lieu du combat contre l’oppression et la barbarie mérite d’être célébré de temps en temps pour que se perpétue la mémoire de cette sombre période et pour affermir nos valeurs et notre appartenance commune.

 
 
L’écrivain breton Anatole le Bras raconte dans Un voyage à l’île de Sein, écrit dans les années 30 que chaque recteur peut implanter sur l’île le saint qu’il veut. Les îliens rapportent régulièrement du continent de nouveaux saints, au gré des modes, mais aussi des nouveaux périls qu’il leur faut affronter.
 
Il évoque aussi dans ce livre des traces de druidisme dans la partie nord de l’île et évoque quatre monuments mégalithiques. "L’impression que l’on garde est que vraiment l’île de Sein a été un cimetière préhistorique important, ou mieux un des grands centres de culte de la pierre dans la primitive humanité". Emile Mourey, rédacteur sur Agoravox, commente mon article "Sein, l’île hors du temps", et atteste de cette possible présence druidique :
 

"Voici, en complément, un extrait d’un de mes ouvrages que j’ai publié en 1996 : Les vestiges antiques abondent dans l’île. Pomponius Méla, citant l’île Sena qui fait face aux côtes des Osismiens en mer de Bretagne, évoque les prêtresses gauloises qui se consacraient toute leur vie à la virginité (car le dieu des profondeurs était un dieu jaloux). Et Strabon ajoute que dans cette île de Bretagne se déroulaient en l’honneur des déesses gauloises Deméter et Coré des cérémonies religieuses semblables à celles de Samothrace. On sait que les habitants de Samothrace se livraient au culte des mystères des Cabires, divinités représentant les forces telluriques de la terre. Philippe II de Macédoine, dit-on, se livra aux rites effrayants de ce culte."

Outre les saints à foison et ces rites ancestraux, les légendes courent, comme partout en Bretagne. Parmi celles de Sein, il en est une qui conte la vie d’une Mari Morgan qui, selon Le Braz, ne serait autre que la princesse Ahès. Ahès était la femme du seigneur Ohès, seigneur qui aurait construit les voies romaines. De là le nom de la ville de Carhaix ("Carohes" puis "Carahes" puis "Carhaix").

« l’Île de Sein est donc le quart de la France ! » (Charles De Gaulle, 1940).

Le 5 juillet 1940 passant en revue les Forces Françaises Libres (FFL) réunies à Londres, le général de Gaulle aurait dit : "Mais l’île de Sein, c’est donc le quart de France !"

Il faut savoir que l’île de Sein est la seule commune de France à avoir plus de morts militaires en 1939-1945 (27 morts) qu’en 1914-1918 (21).

L’histoire de bout de terre qui paraît hésiter entre la terre et la mer ne se dépare pas de sa légende. Mais la grande Histoire atteste le courage des Sénans qui partirent tous dès l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle. Les 129 pêcheurs de l’île rejoignirent, en Grande-Bretagne, la France qu’ils savaient trouver là-bas. En quelques jours, ils formaient le quart des effectifs de la France libre à Londres.

"Parlaient-ils français, parlaient-ils breton
Peu vous importait alors la question ;
Ils avaient entendu l’appel,
Crié : "kentoc’h Mervel"
Peint "Frankiz" sur leur ciré
C’est offense, Grands de France
Que de condamner leur langue au bûcher
."

(Tri Yann, Sein 1940)

L’arrivée de ces bretons, permettra de créer les premiers agents de renseignement gaullistes ou britanniques sur le littoral breton en se mêlant aux flottilles de pêche. Nombreux sont ceux qui forment par la suite le noyau initial des Forces navales françaises libres (FNFL).

Le général de Gaulle rendra visite aux Sénans le 5 septembre 1946 et leur remettra la Croix de la Libération.

(en vidéo sur le site de l’INA)

 Voici un hommage rendu par Voris aux héros de l’îe de Sein et aux gens de l’île :

 

 
 
 
Pour l’anecdote, Voris avait tout d’abord écrit une chanson humoristique en l’honneur de la Toussaint, "Les saints en folie". Cette chanson sera publiée ultérieurement, il lui est apparu capital de rappeler que le sentiment d’identité et d’appartenance ne sont pas le monopole d’un parti qui se les confisque à des fins opportunes...
 
 
 
 

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16 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 3 novembre 2009 11:38

    Sincèrement merci, Paul, pour ce rappel bienvenu de l’incroyable engagement des Sénans dans la résistance. Un engagement d’autant plus remarquable et méritoire qu’ils laissaient cette île, si dure à vivre, aux soins des femmes et des enfants.

    Quant à Voris Bian, peut-être prendrai-je du plaisir à l’écouter le jour où il aura enfin réussi à poser sa voix.


    • Paul Cosquer 3 novembre 2009 11:45

      Merci Fergus.

      j’ai un album instrumental en préparation : cela reposera ma voix et vos oreilles smiley


    • Gasty Gasty 3 novembre 2009 12:12

      Des morceaux d’histoires et de bravoures. Toujours bon de les remettre en mémoire.

      Paul ! Start Production pourrait t’aider.... à t’en sortir.


    • Jean-paul 3 novembre 2009 17:03

      Excellent article .
      Au fait qui vous a dit que vous chantez bien ...........votre famille .


    • Paul Cosquer 3 novembre 2009 17:39

      Savez-vous que Charles Aznavour avait plusieurs professeurs de chant à ses débuts et qu’ils lui ont tous conseillé de laisser tomber la chanson ? Mais en ce qui me concerne, je souhaite plutôt écrire pour des interprètes.


    • Paul Cosquer 3 novembre 2009 17:41

      Quoique... Mal chanter peut apporter un plus pour le genre fantaisiste ou parodique. Cela apporte une touche personnelle originale.


    • Fergus Fergus 3 novembre 2009 14:16

      Le titre me rappelle un jeu de mots qui faisait fureur dans les cours d’école lorsque j’étais gosse ;

      « Le sain saint de Sein est ceint jusu’aux seins de cinq seings ».

      Idiot mais utile pour l’orthographe et le vocabulaire !


      • Theodore 3 novembre 2009 16:18

        Sans denier a ces hommes le courage et l’honneur qu’ils ont demontres, la verite est peut etre un peu plus mitigee.
        Un amis de la famille Yvon L, compagnon de la liberation et ancien aide camp de Leclerc nous avait confie que la rumeur avait couru sur l’ile que les allemands allaient fusiller tous les hommes valides.
        verite historique ou modestie de cet homme, probablement entre les deux.


        • Paul Cosquer 3 novembre 2009 17:36

          Le prochain album de Voris (en modération) sera très surprenant : entièrement musical. Pas de chanson. Un album concept de vraies compositions musicales à la rencontre du classique, du jazz et de la musique moderne. Le thème : l’odyssée humaine.

          Avec en ouverture...allez suspense, vous verrez bien !


          • snoopy86 4 novembre 2009 11:00

            Bravo Paulo de rappeler cet engagement collectif extraordinaire

            Pour te taquiner un peu :

            http://www.annuaire-mairie.fr/elections-presidentielles-2007-mairie-ile-de-sein.html


            • L'enfoiré L’enfoiré 6 novembre 2009 22:36

              Salut Paul,
               Thalassa en a parlé ce soir de l’île de Saint.
               Le réchauffement climatique, encore une fois.
               Mars 2008, une tempête dont on se souvient encore.
               Je ne savais pas que le niveau au dessus de la mer était aussi bas.
               Cachez ce Sein que je ne pourrait voir...
               Un quart de France qui disparaitrait.... 


              • Francis, agnotologue JL 6 novembre 2009 22:46

                L’enfoiré, vous voulez parler de l’île de Sein, sans doute ? Je n’ai pas vu l’émission.


              • L'enfoiré L’enfoiré 7 novembre 2009 09:40

                Oui, c’était hier soir. TV5Monde reprendra peut-être l’émission


              • L'enfoiré L’enfoiré 7 novembre 2009 09:42

                L’ambiguïté que je laissais dans le nom de l’île était voulue.
                Paul m’en avait donné l’occasion.


              • L'enfoiré L’enfoiré 7 novembre 2009 09:49

                Le nom « Sein » viendrait des Gaulois, les Sènes d’après Wikipedia.
                 « un oracle d’une divinité gauloise était installé sur l’île servi par 9 prêtresses, les Gallisenae, ayant fait vœu de virginité perpétuelle ; ces dernières étaient appelées par les Gaulois les Sènes. »
                Cela commençait mal, non ? 
                Une population qui n’a fait que diminuer depuis 1936.
                Le réchauffement climatique en aura raison de plus.  


              • Francis, agnotologue JL 7 novembre 2009 14:55

                Bonjour l’enfoiré, cette histoire de Galisenae me rappelle avoir lu qu’Ulysse se serait aventuré par là, et même plus loin vers le nord. Il aurait trouvé les sirènes par là ?

                Sein est effectivement au ras de l’eau, et la « Chaussée de Sein » s’étend très loin autour de cette île particulièrement redoutée des marins du passé et parsemée aujourd’hui de npmbreuses épaves e enfouies. Tout le contraire d’une côte accore comme peut l’être celle de Groix. Un proverbe marin dit : « Qui voit Sein voit sa fin, qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Groix voit sa foi. »

                Les habitants de Sein sont appelés les Sénans mais aussi les Îliens.Je ne sais pas si on dit les Sénanes.

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