Les sanctions ! Une chance pour la Russie ?
Des sanctions ont très rarement eu l'effet escompté sur les pays qui les subissent et elles le sont d'autant moins qu'elles sont imposées par des pays qui sont pour la plupart dépendants des importations, qu'elles soient énergétiques, de produits de consommation courante ou de pièces servant à l'industrie : il y a actuellement par exemple une pénurie de composants électroniques qui sont indispensables pour le secteur automobile. En l'absence de producteur de substitution en Europe, cela entraîne une dépendance chronique à des fournisseurs localisés aux États-Unis et au Japon et qui sont à l'arrêt pour le moment.
Les sanctions contre la Russie non seulement ne dérogent pas à la règle mais elles ont aussi entraîné de lourdes contre-sanctions et elles ont favorisé une renaissance industrielle qui n'était pas prévue dans le scénario occidental.
L'industrie soviétique vétuste meurt tout doucement et est remplacée par de nouvelles installations flambant neuves. C'est bien sûr la manne des hydrocarbures qui a permis cette renaissance industrielle mais il fallait aussi une volonté politique pour la catalyser.
Avant les sanctions, la Russie profitait d'une économie de rente pétrolière et elle se souciait très peu de diversifier son développement. La Russie jouait pleinement le jeu de la mondialisation et elle favorisait les coopérations internationales pour ses nouveaux projets.
Elle importait systématiquement ce qu'elle ne produisait pas sans essayer de le fabriquer elle-même.
La dégradation des relations avec l'Occident a fait prendre conscience à la Russie de sa vulnérabilité face aux caprices principalement décidés par les administrations et le Congrès des États-Unis, toutes tendances politiques confondues.
Une politique d'autosuffisance s'est petit-à-petit mise en place et s'est consolidée à partir de 2014.
Une vraie rupture s'est alors produite avec certaines anciennes Républiques ex-soviétiques, principalement avec l'Ukraine qui a perdu son principal débouché de produits d'exportation et qui après avoir été le fleuron industriel de l'Union soviétique, risque de ne plus rester qu'une région agricole qui n'intéresse plus personne.
De leur côté, les Pays baltes ont perdu leur rôle traditionnel de transit pour les exportations de produits russes (et biélorusses depuis peu) au profit du tout nouveau port d'Oust-Luga dans la région de Saint-Pétersbourg. Ce port est déjà un des premiers de la Baltique et il deviendra un des principaux ports d'Europe et peut-être du monde s'il devient comme envisagé un port de transit et le terminus de la route russe de la soie. i
Le nouveau terminal de fret en construction à Oust-Luga.
Les Baltes ont ainsi perdu une de leurs principales sources de revenus (Activités portuaires, taxes de transit et chemins de fer.) qui vient s'ajouter à la désaffection des touristes russes.
Il faut savoir que cette politique de non dépendance des importations n'est pas nouvelle mais elle s'accélère actuellement. Les fabricants étrangers sont incités à localiser leurs productions en Russie pour maintenir leurs parts de marché. On peut citer les grands fabricants de voitures, Siemens, L'Oréal, Total, Rockwool, Barilla, Ikéa etc.
D'un autre côté, d'autres sociétés devront s'enregistrer en Russie et y payeront des impôts ou seront doucement poussées vers la sortie. Ce sont surtout des sociétés liées à l'informatique qui ont leurs équivalents russes comme Google, Facebook, Microsoft,les fabricants d'antivirus, le GPS (qui appartient au gouvernement américain) etc.
Du côté de l'industrie lourde, la Russie mise sur le développement de la pétrochimie ii, de la construction navale iii, de la fabrication mécanique, de l'aviation civile et de l'industrie militaire.
Ces industries doivent d'abord subvenir aux besoins intérieurs mais une fois ceux-ci couverts, elles vont aussi être présentes sur les marchés mondiaux. Il y a par exemple peu chances que Boeing et Airbus vendent encore beaucoup d'avions en Russie après les contrats en cours alors que les besoins sont estimés à environ 700 nouveaux avions d'ici 2030. Bien au contraire, les MC-21 (moyen-courriers), les Superjet-100 (avions régionaux) nouvellement motorisés en russes iv, les avions turbopropulseurs Il-114-300 (avions régionaux) et les long-courriers russo-chinois CR929 vont être de nouveaux concurrents de la duopole aéronautique et satisferont les pays sous embargo occidental.
L'Irkout MC-21 sera produit en série à partir de 2022.
La construction navale et les installations portuaires sont en plein essor en Russie. C'est bien sûr grâce à la route du nord-est qui nécessite de nombreux nouveaux brise-glaces et des navires adaptés à la navigation arctique vu que la route sera ouverte toute l'année. Les ports du nord de la Sibérie construits à l'époque soviétique sont restaurés pour servir d'appui logistique à la navigation. De nouveaux chantiers navals sont créés sur toutes les mers bordant la Russie et les chantiers navals de Crimée sont remis en route.
La construction navale russe en plein essor.
Les carnets de commandes des 269 entreprises de construction navale (y compris pour la navigation fluviale) sont pleins et de nouveaux secteurs comme les bateaux de croisière fluviale sont à l'étude.
Tout cela a une influence sur les aciéries. La Russie a dépassé les États-Unis et est devenue le quatrième producteur d'acier du monde après la Chine, l'Inde et le Japon.
Les fabricants ukrainien Zorya MachPoject et allemand MTU avaient refusé de fournir les turbines commandées pour des frégates et des corvettes russes prétextant l'embargo. Six ans plus tard, des usines russes ont fabriqué des turbines plus performantes inspirées des turbines ukrainiennes et elles commencent à être installées sur les frégates.
C'est une preuve de plus de l'effet négatif de l'embargo. D'abord, les Ukrainiens et les Allemands ont perdu une belle commande et un client pour d'autres achats et maintenant ils ont un concurrent de plus.
Les matières premières restent en tête en ce qui concerne les exportations. On peut bien sûr citer les hydrocarbures mais aussi les minerais, les engrais et le bois.
Il ne faut pas oublier les chemins de fer qui sont en mauvais état mais qui vont se développer rapidement suivant les instructions de Vladimir Poutine. Cela concerne le dédoublement du transsibérien pour la route de la soie, le transport du charbon et des minerais vers les ports et les usines de traitement, le transport des produits finis, des céréales, des engrais potassiques et autres (Eurochem) et le transport de passagers sur de courtes et de moyennes distances. Le transport aérien restant privilégié pour les liaisons entre des villes lointaines. Des liaisons en trains à grande vitesse sont décidés entre les villes européennes de Russie. Ces trains devront être fabriqués en Russie en association avec Siemens.
En 2020 et malgré la pandémie, 80000 wagon de chemin v et 588 locomotives électriques et diesel (980 en 2019 !) vi sont sortis des usines russes. Cela indique qu'il y a une dynamique dans les transports justifiée par l'essor industriel qui, contrairement à beaucoup d'autres pays, est dispersé sur tout le territoire.
Le secteur agricole a été le premier a bénéficié des contre-sanctions russes. Avant 2014, la Russie importait de nombreux produits alimentaires d'Europe. Pour assurer sa sécurité alimentaire, l'accent a été mis sur la construction de fermes industrielles et sur l'amélioration du rendement des terres agricoles avec une attention particulière sur la qualité bio. Les entreprises agricoles russes s'étendent sur des dizaines de milliers d'hectares de terre et les exploitants européens ne peuvent plus rivaliser avec elles.
L’État a investi d'énormes fonds dans le développement et la modernisation de l'agriculture : 77 milliards de roubles ont été alloué à ce secteur en 2021.
Les céréales sont un des principaux produits d'exportation russe.
Moscou et Saint-Pétersbourg font parties des villes les plus visitées du monde mais le tourisme à l'intérieur du pays doit encore se développer pour les vacanciers russes pour lesquels la Turquie est la destination préférée. Le potentiel est énorme et pas développé du tout. On peut citer la région du lac Baïkal et la beauté immaculée de l'Altaï, la vallée des geysers et les volcans du Kamtchatka, les mosquées du Tatarstan,
La mosquée de Bolgar.
la Carélie, les stations de ski
Une station de ski du Caucase en février 2021.
et les sites exceptionnels du Caucase comme le canyon de Soulak,
Le canyon de Soulak, le plus profond d'Europe.
les constructions en bois de l'île de Kiji sur le lac Onega, les croisières sur les fleuves sibériens, le parc naturel d'Ergaki, les côtes de la Mer noire etc.
Il faut souligner ici qu'une Riviera est en train de se construire dans les environs de Guelendjik, au nord de Sotchi. Des oligarques et d'autres milliardaires russes, souvent sous sanctions occidentales, y construisent leur villa. C'est d'ailleurs là que se situe le fameux palais sottement attribué à Poutine.
Pour favoriser le tourisme intérieur, le gouvernement russe a lancé un programme de remboursement sous certaines conditions d'environ 20 % du prix des voyages et des locations des touristes russes dans leur pays. C'est une variante de l'hélicoptère monétaire avec l'assurance que cela ne profitera qu'à l'économie russe. Environ 600000 vacanciers en ont profité jusqu'à présent et l'expérience est renouvelée pour 2021.
La Russie est le leader mondial de l'industrie nucléaire civile. De nouvelles centrales nucléaires sont en construction sur les sites de Leningrad et de Koursk ainsi qu'en Inde, au Bangladesh, en Turquie, en Chine, en Iran et dans divers autres pays.
La construction d'une installation de recherche, la plus puissante du monde, à Dimotrovgrad a été relancée en 2020 après une interruption de cinq ans. Son coût est estimé à plus de 100 milliards de roubles.
Maintenant qu'Akademik Lemonosov est entré en service avec succès, la Russie a décidé de construire quatre autres centrales nucléaires flottantes de ce type.
Il est à remarquer que la Russie fabrique déjà de grandes quantités d'hydrogène avec les surplus d'énergie produits par ses centrales nucléaires. N'en déplaise à ceux qui veulent sa perte, la Russie restera un fournisseur d'énergie après l’ère des hydrocarbures.
Le développement de l'industrie nucléaire russe a été grandement facilité par la création de la société d’État Rosatom en 2007. La société regroupe 300 entreprises liées au nucléaire civil dispersées dans tout le pays et emploie 250000 personnes en Russie. vii
Je pense cependant que le moteur actuel de l'économie russe est la construction. A voir tous ces chantiers, on ne peut qu'être impressionné.
Qui sait que les plus hauts gratte-ciels d'Europe se trouvent en Russie et que 50 % des plus hauts se trouvent aussi en Russie ? viii
Le complexe de gratte-ciels de Moscou.
A Moscou, il y a aussi de la deuxième ligne circulaire de métro en construction, la destruction des Khrouchtchevskas et leur remplacement par des immeubles modernes.
Il y a une vraie frénésie de construction pour le moment.
Les nouvelles usines pétrochimiques géantes situées près des sites d'extraction de pétrole et de gaz nécessite chaque fois la construction de villes pour des dizaines de milliers d'habitants. La construction de nouveaux ports et de chantiers navals aussi.
Il y a d'autre nouvelles villes construites à partir de zéro comme Magas, la nouvelle capitale de l'Ingouchie, Innopolis, future ville scientifique au Tatarstan, Novoë Stupino, ville satellite de Moscou (75 km) de faible hauteur, Dobrograd, autre éco-ville de faible hauteur dans les environs de Vladimir etc.
En dehors des constructions d'habitations il faut aussi citer les routes, les voies ferrées, les ponts (pont de Crimée, pont de Rouski à Vladivostok etc.), les oléoducs et les gazoducs dont le plus coûteux, Power of Sibérie estimé à 1000 milliards de roubles.
Un pays comme la Russie se devait d'avoir son propre cosmodrome (Baïkonour se trouve au Kazakhstan). Il est en cours d'achèvement à Vostochny et a déjà effectué cinq tirs.
L'immense territoire de la Russie nécessite des transports aériens performants. Chaque ville a son aéroport et ils sont partout en modernisation ou en reconstruction.
Un mot aussi sur les installations sportives et les nouveaux stades qui ont été construits pour la Coupe du monde de football 2018.
Bien avant Joe Biden, la Russie a adopté une relance keynésienne qui réduit le chômage à un taux minime et qui nécessite la participation de millions de travailleurs russes et immigrés venant surtout des ex-Républiques soviétiques. Les dirigeants russes n'ont pas oublié le vieil adage : « Quand le bâtiment va, tout va. »
Je ne m'étendrai pas sur l'industrie militaire. La Russie est le deuxième exportateur d'armes du monde et les médias ont abondamment parlé des nouvelles inventions dans le domaine.
Je ferai juste une remarque sur ces armes de types nouveau. La Russie a hérité du savoir-faire des physiciens soviétiques dans le domaine militaire. Ils avaient conçu sur plan un nombre invraisemblable d'armes que les technologies de l'époque ne permettaient pas de réaliser.
Sommairement dit, il suffit de sortir les dossiers des placards pour trouver des trésors que l’ingénierie militaire avait conçu il y a plus d'un demi-siècle et de les réaliser grâce aux technologies nouvelles et aux moyens de l'informatique.
Pendant longtemps, la corruption a été un frein au développement économique de la Russie. Le système était bien rodé : un fonctionnaire pouvait garder votre dossier en réserve jusqu'au moment où vous lui glissiez une enveloppe tout comme il pouvait laisser passer un dossier incomplet de la même façon. Ce temps est révolu depuis l'arrivée de Mikhaïl Michoustine. A présent, tous les dossiers doivent être envoyés par voie électronique et il n'y a plus aucun contact avec les fonctionnaires. Cela devrait aider à la création de petites entreprises et dynamiser un secteur faible de l'économie.
Les ennemis de la Russie se sont moqués d'elle pendant des années en spéculant sur son effondrement et en espérant la voir à genoux. Ils ont espéré que des sanctions pourraient lui faire rendre gorge pour la Syrie et la Crimée.
Je me souviens encore d'avoir lu dans Le Monde que la Russie payera pour avoir refusé de soutenir une résolution du Conseil de Sécurité contre la Syrie au sommet du G8 de Dublin et que vu sa faiblesse, elle reviendra à de meilleures dispositions dans quelques mois.
J'ai aussi lu en 2015 qu'un an d'intervention militaire en Syrie ruinera la Russie et qu'elle s'est fourvoyée dans un nouvel Afghanistan.
J'ai entendu Barack Obama dire que la Russie est une petite puissance régionale et sa représentante au Conseil de Sécurité dire que la Russie avait perdu la guerre froide et qu'elle devait dorénavant se soumettre et cesser de s'opposer aux volontés des vainqueurs.
Encore récemment, j'ai entendu Hubert Védrine dire qu'avec le PIB [en nominal] de l'Espagne, la Russie n'est qu'une économie moyenne parmi d'autres.
Qui sont ces experts ? Font-ils de l'analyse ou répètent-ils un mantra en boucle ?
Si c'est le PIB qui détermine la puissance économique d'un pays, pourquoi l'Espagne ne produit pas elle aussi tout ce qui est décrit dans cet article ? Et je n'ai même pas évoqué le domaine spatial où la Russie fait partie des trois leaders mondiaux.
Le PIB est un indicateur intéressant pour déterminer l'évolution économique d'un pays mais pas pour le comparer avec un autre. On ne peut tirer aucune conclusion d'une telle comparaison.
Je pose une question. Qui est le plus riche ou le plus puissant : celui qui consomme beaucoup et qui plus est, à crédit ou celui qui produit des biens matériels et qui épargne (La Russie a des réserves de change qui flirtent avec les 600 milliards de dollars et n'a quasi pas de dettes) ?
Nous sommes à une période charnière avec la fin de l'ère des hydrocarbures et le tout électrique qui s'annonce. Les prochaines années seront pleines d'incertitudes. Personne ne peut prédire le coût de cette transition et si elle sera réussie.
A Davos, la Chine et la Russie ont refusé ce « Great Reset » basé sur l'économie verte qui donnera les manettes de contrôle aux Banques centrales et aux GAFAM (les géants du Web).
Ils ont évoqué la faillite du néo-libéralisme et le danger de conflit lié à la volonté de vouloir imposer un nouvel ordre mondial pour se faire une nouvelle virginité.
Les sanctions occidentales ont appris à la Russie que son intérêt pour sa sécurité est de se tourner vers l'Asie et vers la Chine en particulier. C'est un partenariat déséquilibré qui ne handicape pas la Russie et qui ne l'absorbe pas à la Chine non plus. Les deux pays gardant leur système politique sans ingérence mutuelle.
Je pense qu'il est trop tard pour l'Occident de faire marche arrière et revenir à un partenariat apaisé avec la Russie. Il faudra payer le prix des sanctions que l'Europe a imposées à la Russie, assumer notre vassalisation aux États-Unis et être beau joueur et souhaiter bonne chance à la Russie.
i Duisbourg, Hambourg et Rotterdam sont les principales destinations des voies terrestres de la route de la soie en Europe. Malheureusement, l'entrée en UE par Malaszewicze en Pologne est congestionné et peut prendre de 3 à 4 jours à cause des opérations douanières et du transfert des conteneurs ou plus rarement du changement de bogies vu l'écartement différent des voies. Une option de dispatching des marchandises par Oust-Luga pour délester Malaszewicze est à l'étude.
ii La Russie prévoit d'occuper 7 à 8 % du marché pétrochimique mondial et 20 à 25 % du marché mondial de l'hydrogène grâce aux surplus de production électrique des centrales nucléaires d'ici 2030. https://zen.yandex.ru/media/zavodfoto/u-rossii-est-plany-zaniat-78-mirovogo-rynka-neftehimii-uje-k-2030-godu-60749992063a3d24f90fc89d
iii Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Russie a pris la deuxième place en termes de volume de construction navale en 2020. Les brise-glaces, le premier pétrolier de type Aframax du projet 114K et les chalutiers sont les principaux navires fabriqués. La Russie devrait se maintenir dans le top 3 dans les années à venir. La Chine reprendra sans doute la deuxième place en 2021. https://zen.yandex.ru/media/historyevidence/i-vnov-rossiia-bet-rekordy-my-na-vtorom-meste-po-obemam-sudostroeniia-6022b8f1ff10a04637946ec5
iv L'ancienne motorisation, le SaM-146 du Français Safran, n'a pas répondu aux attentes. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/le-partenariat-avec-safran-en-pleine-descente-809299.html
v https://evolution.skf.com/fr/le-renouveau-du-chemin-de-fer-russe/
vi https://zen.yandex.ru/media/sdelanounas.ru/zavody-rossii-v-2020-godu-proizveli-566-teplovozov-i-elektrovozov-600ac0edb7c9394d30672931
vii https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosatom
viii https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_plus_hauts_gratte-ciels_d'Europe
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