Les sept mercenaires
Ils dégainent plus vite que leur ombre. Ils savent tout mieux que tout le monde et ils le font savoir. Ils sont les lucky stars du Far West médical, les pionniers de l’urgence sanitaire, l’équipe de choc assemblée par les médias mainstream pour commenter, à H24, le match France vs Covid qui dure depuis dix mois. 45 000 morts plus tard, soit 0,2 mort par comprimés de Doliprane vendus entre mars et octobre, ils ont encore des munitions et continuent à tirer à balles réelles sur le renégat provençal réfugié dans sa grotte de l’IHU Méditerranée Infection dans l’espoir de l’en faire sortir couvert de plumes et de goudron. Ils sont fringants, ils sont télé-hygiéniques, ils sont sans peur et sans reproche. Ils sont… les sept mercenaires du sanitairement correct.
Karine Lacombe, alias Calamity Jane
Elle est apparue sur : TF1, France 2, France 5, France 24, TV5 Monde, BFM TV, LCI, France Info, France Inter, Europe 1, RTL et RMC.
Elle officie comme : cheffe de service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
Revenus récents versés par l’industrie pharmaceutique : 212 209 euros, dont 28 412 euros de Gilead selon le journal France Soir.
Grande apôtre du confinement, elle explique dès le 24 mars sur France Inter : « Il faut qu’on passe à une échelle supérieure en matière de confinement. Il y a encore beaucoup de personnes qui ne croient pas que ce soit utile d’être confiné. Tant qu’on n’aura pas des mesures plus coercitives, on va avoir du mal à faire intégrer à la population que le confinement est essentiel. »
« Faire intégrer à la population », donc, et non pas convaincre par des arguments scientifiques. Arguments qui, il est vrai, n’existaient ni en mars, ni en octobre, et qu’une récente étude rétrospective parue le 19 novembre sur le site de Frontiers in Public Health vient d’étriller méthodiquement : les mesures de confinement strictes n’ont eu aucun effet bénéfique sur la mortalité attribuée au Covid-19. Lorsqu’on observe pour la seule Europe le top 5 de la mortalité par habitants (chiffres arrêtés au 19 novembre), on serait presque tenté, en vérité, de croire exactement l’inverse :
- Belgique : 1308 morts/million d’habitants
- Espagne : 892 morts/million d’habitants
- Royaume-Uni : 765 morts/million d’habitants
- Italie : 783 morts/ million d’habitants
- France : 687 morts/million d’habitants
Pour ce qui est du niveau de coercition appelée de ses vœux par Karine Lacombe, il est plus difficile d’établir un classement. Dans un article du 20 mars, Aurélie Didier présentait les différents tarifs d’inscription au European Lockdown Contest 2020 sur le site de la RTBF. On y trouve :
- Belgique : amendes de 26 à 500 euros, risque d’emprisonnement de huit jours à trois mois.
- Espagne : amendes de 100 à 600 000 euros, peines de prison allant de trois mois à un an.
- Italie : 206 euros d’amende et jusqu’à trois mois d’emprisonnement.
- France : 135 euros d’amende.
Cette grille tarifaire a été par la suite régulièrement réactualisée en fonction de l’offre sanitaire choisie pour les abonnés, mais l’on sait par exemple qu’en France, à la date du 12 mai, un million de contraventions pour non-respect du confinement avaient été dressées, le ministre de l’Intérieur ayant précisé que « pour deux tiers il s’agissait de personnes qui n’avaient pas d’attestation sur elles. »
Quid du reconfinement actuel et des reconfinements à venir ? Leur redoutable efficacité va-t-elle nous sortir, une fois de plus, de la descente aux enfers ? Dans un entretien extrêmement technique avec la revue scientifique de référence Marie Claire, en date du 16 novembre, Karine Lacombe persiste et signe : « Il était nécessaire de maintenir le reconfinement. Cependant, il faut que l’on réfléchisse à une manière de mieux déconfiner que la première fois. Il ne faut pas reprendre notre vie d’avant, sous peine d’aller tout droit vers un troisième reconfinement, qui d’ailleurs n’est pas complètement exclu. Il faut que nous soyons très prudents jusqu’à ce que l'on puisse vacciner en masse et bénéficier d'une certaine immunité. »
Pour ce qui est des traitements, elle déclarait sur RMC le 30 avril : « Le Remdesivir est un traitement encourageant, mais pas un remède miracle », précisant que « les patients qui ne meurent pas guérissent un peu plus vite que les autres ». A quoi le camarade Coluche aurait rétorqué que les patients qui ne guérissent pas meurent, eux, beaucoup plus vite que les autres. Elle ajoute qu’il s’agit « probablement d’une molécule qu’il va falloir utiliser dans un arsenal thérapeutique. » Le 8 septembre dans Libération, alors que l’Union européenne vient de passer commande auprès de Gilead de 500 000 doses de Remdesivir, elle se félicite des avancées thérapeutiques « non pas avec le Remdesivir qu’on ne prescrit pas, mais avec les anticorps polyclonaux. » Personne ne relève le paradoxe. Après tout, la science avance à tâtons et dans le doute, on aurait tort de s’abstenir.
Et l’hydroxychloroquine dans tout ça ? Interrogée sur les réseaux sociaux à propos de son traitement lorsqu’elle s’est déclarée positive au Covid-19 début septembre (comprendre : elle avait « le nez qui coule »), elle a préféré sagement botter en touche : « Si je deviens vraiment malade, je me mettrai entre les mains de mes collègues médecins qui me traiteront au mieux des connaissances scientifiques actuelles et en fonction de mes symptômes. »
Si l’on ne saura jamais ce que Dame Lacombe a pris pour se guérir, certains esprits perfides pourraient soupçonner l’absorption discrète de quelques comprimés d’HCQ et d’azythromycine. Mais jamais, ô grand jamais, le traitement proposé par Didier Raoult, lui dont elle explique en août sur BFM qu’il « est toujours dans l’instantané et dans la déconstruction du raisonnement scientifique. »
Laurent Alexandre, alias Doc Afterlife
Il est apparu sur : RT France, C8, LCI, CNews, BFM TV et RMC.
Il officie comme : chirurgien urologue, futurologue et serial entrepreneur, domicilié à Bruxelles.
Plus-values notables dans le domaine médical : cofondateur du site de santé grand public Doctissimo qu’il revend en 2008 au Groupe Lagardère pour 139 millions d’euros.
Il aurait dû naître en 2050, année à laquelle, si l’on en croit ses conférences, les poules auront vraiment des dents et Bienvenue à Gattaca fera figure de film de cape et d’épée pour cinéphiles nostalgiques. Observateur attentif de la grippe mondialiste augmentée de 2020, nul doute qu’il s’en nourrira pour ses travaux sur l’homme augmenté du 21ème siècle, celui qui aura relégué les Gilets jaunes au rang d’Homo Degeneretus à enfermer dans une cage.
Lors de la conférence de Wannsee en janvier 1942 son intervention à l’Ecole Polytechnique du 6 mars 2019, intitulée « Des dieux et des inutiles », voilà certaines des perspectives qu’il liste pour sortir l’humanité de l’impasse :
« Pour éviter d’avoir des Gilets jaunes pendant 100 ans, certains proposent qu’on utilise les technologies transhumanistes pour faire du neuro-enhancement, pour augmenter le cerveau des gens moins favorisés. (…) Elon Musk a créé Neuralink qui est destiné à faire de l’augmentation cérébrale, et donc à transformer les Gilets jaunes en normaliens. »
On comprend bien, dès lors, son peu d’enthousiasme pour l’approche empirique du troglodyte Didier Raoult. Dès la sortie de l’étude falsifiée du Lancet sur la prétendue toxicité de l’hydroxychloroquine, le sieur Alexandre se frotte les mains et annonce fièrement sur RT France le 25 mai :
« L’étude du Lancet est très intéressante et c’est un message d’alerte qui doit nous inquiéter. Mais nous ne pouvons pas, ce soir, affirmer que la potion du professeur Raoult augmente la mortalité. Pour l’affirmer, il faudrait des essais cliniques randomisés. »
Tester donc, à plus large échelle, une potion qu’il suppose dangereuse histoire de vérifier que les gens en meurent effectivement, voilà donc la science du futur selon Laurent Alexandre. Pour ce qui est du druide marseillais, de ses incantations et de ses grimoires, le verdict était déjà sans appel :
« On ne va pas revenir à la médecine de Molière. On est en 2020. On fait de la médecine avec des dossiers médicaux électroniques, avec du big data, avec de l’intelligence artificielle. Je ne pense pas que les Français souhaitent qu’on revienne au temps des rebouteux. »
Interrogé sur la même chaîne, le 10 novembre, sur la pertinence d’une vaccination à grande échelle, le futurologue se veut tout aussi cartésien. Puisque les jeunes ne meurent pas de la Covid-19 et qu’ils sont, après tout, l’avenir de nos sociétés, ne risquons pas de les faire tomber malades inutilement. Ne faut-il pas vacciner plutôt « les 25 millions de personnes âgées, d’obèses et diabétiques et de malades qui risquent de faire un Covid grave ? »
Ce qu’il faudrait surtout, en premier, lieu, c’est demander leur avis et s’assurer de leur consentement. Quitte à tester le vaccin au préalable sur des Gilets jaunes grabataires trop esquintés pour s’inscrire au dit-programme de neuro-enhancement.
Jérôme Marty, alias Jessie James
Il est apparu sur : RMC, LCI, BFM TV, CNews, France Info, Sud Radio, RTL, France 3, France 5, RT France, Europe 1, C8, France Bleu et France Inter.
Il officie comme : médecin généraliste à Fronton, Haute-Garonne.
Distinctions covidiennes : président de l’UFML (Union française pour une médecine libre).
Il est en l’homme en colère, le révolté permanent, en guerre aussi bien contre la bureaucratie sanitaire que contre les « abrutis » qui organisent des fêtes clandestines pendant le saint-confinement. A l’accueil de son cabinet, sa secrétaire a dû passer les huit derniers mois à éconduire sa clientèle : « Désolée, messieurs dames, le docteur Marty est en consultation chez Radio France. »
Pour y dire quoi, exactement ? Des choses sensées, à vrai dire, comme lorsqu’il flingue le croque-mort Salomon dans Le quotidien du médecin le 24 avril : « C’est un général qui n’a pas su armer ses troupes, qui les a envoyées à poil combattre un virus. » Mais lorsqu’il s’agit de Didier Raoult, on sent la moutarde lui monter au nez comme en atteste sa « lettre ouverte » publiée par Le Point le 18 septembre. Morceau choisi :
« De l'espoir, vous en avez donné jusqu'à fonder des certitudes dans le traitement que vous prônez et que vous ne voulez pas soumettre à une autre validation que votre opinion dans vos publications, soutenues par vos équipes, dans vos revues. Vos idées ont diffusé jusqu'à l'étranger, Trump et Bolsonaro l'ont défendu, faut-il y voir un lien avec la gestion de l'épidémie aux USA et au Brésil ? L'histoire le dira... Vous avez joué sur les erreurs des politiques, leurs manipulations et le besoin de croire face à l'inconnu et à la peur. Vous avez créé un mouvement, une religion, pourrait-on dire, tant l'irrationnel y est présent, où se mêlent simple croyance, complotisme, mouvement antimasque ou antivax... où les extrémistes se retrouvent et font de vos idées un terreau fertile. »
On ne voit pas très où est l’irrationnel dans la prise en charge des malades par l’IHU Méditerranée Infection, seule structure hospitalière en France à publier sur son site des données détaillées sur son activité et ses résultats. Quant à l’histoire, ce qu’elle retiendra surtout, c’est qu’on doit beaucoup à Jessie James et un fameux concert - en extérieur - à Nice, le 12 juillet, pour le lancement de la saison de la chasse aux sorcières. Ceux qui rêvaient d’un été tranquille, libéré des fous furieux qui voyaient des clusters partout, auront vite déchanté. Le lendemain, Christian Estrosi déclarait que « le masque ser[ait] obligatoire pour tous nos évènements » et Jérôme Marty qu’il était « d’accord avec lui ». Un mois et demi plus tard, le masque était rendu obligatoire en extérieur pour simplifier le travail des préfets, dans les écoles pour compliquer celui des professeurs, sans qu’aucune preuve scientifique ni observationnelle n’ait été apportée sur l’utilité de ces mesures.
Jean-Paul Stahl, alias Shérif fais-moi peur
Il est apparu sur : LCI, RMC, BFM TV, C8, CNews, France 3, RT France, France Bleu, France Info et Europe 1.
Il officie comme : professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble.
Revenus récents versés par l’industrie pharmaceutique : 100 358 euros, dont 4 552 euros d’AbbVie selon le journal France Soir.
Encore un docteur à qui l’on ne saurait reprocher d’avoir eu quelques fulgurances bienvenues. Interrogé sur France Info avant la rentrée sur l’opportunité de renvoyer les enfants à l’école, il se veut raisonnable et rassurant : « Fort heureusement, le nouveau coronavirus ne passe par les enfants, il passe par les adultes. Laisser les enfants à la maison leur ferait courir un risque supplémentaire. » L’infectiologue grenoblois dit « comprendre que les parents soient angoissés parce que cette pathologie est anxiogène et l'atmosphère est anxiogène » et ajoute qu'il est « difficile, dans une ambiance pareille, d'en revenir aux faits concrets, réels, démontrés. »
Pour tout le reste, on est dans la droite ligne de la doctrine du Parti fixée par son ancien collègue au CHU de Grenoble, l’illustre Olivier Véran :
- le Plaquenil comparé à « du papier toilette » ;
- l’association à la plainte de la SPILF contre Didier Raoult pour « promotion d’un traitement qui n’a pas démontré son efficacité », « diffusion de fausses informations auprès du public » et « graves manquements au devoir de confraternité » ;
- un alignement de chaque instant sur les mesures de restriction (« Serrer la vis est inéluctable », Le Parisien du 8 octobre) ;
- l’anathème perpétuel jeté sur les contestataires (« Si on est anti-masque, ça veut dire qu'on est pro-maladie, donc pro-séjour en réanimation, voire pro-décès des personnes infectées », France Info le 30 août) ;
- Un catastrophisme de bon aloi en accord avec la propagande télévisuelle (« Pendant les vacances, tous les jeunes qui vont repartir dans leurs familles vont disséminer l’infection », BFM TV le 10 octobre)
Tout cela lui vaudra, à n’en pas douter, la reconnaissance éternelle de ses pairs, à l’exception de Didier Raoult, bien sûr, lequel a porté plainte contre lui pour diffamation suite à ses propos tenus en août sur CNews :
« Ça fait longtemps que les fadaises de Raoult nous font rire dans le milieu de l’infectiologie, mais là ça ne nous fait plus rire du tout parce qu’il y a des implications sur la sécurité des patients. Ce qui était drôle et ce qui était une fadaise marseillaise est devenu quelque chose d’inacceptable. (…) Je dis qu’il ment. C’est un problème d’égo. Il ment en annonçant des chiffres qui sont faux. »
Le problème, c’est qu’au jeu du poker menteur, c’est en toute fin de partie que les masques tombent et que les vérités sortent. Le ministre de la Santé marocain, Khalid Ait Taleb, expliquait ainsi le 29 septembre sur Radio 2M que le traitement à l’hydroxychloroquine « permettait de diminuer la charge virale et de diminuer la contagion », surtout s'il est administré « tout au début et non pas dans les situations graves ». Le journal complotiste allemand Der Spiegel révélait le 25 septembre qu’ « en février de cette année, environ 704 000 doses quotidiennes d’hydroxychloroquine [avaient] été administrées et 1,06 million en mars », pour le résultat qu’on connaît. En Italie, une pétition de médecins lancée le 19 octobre réclamait à l’Agence du médicament italien (AIFA) le rétablissement de l’usage de l’hydroxychloroquine. Le 19 novembre, auditionné par le Sénat américain, le docteur George Fareed, directeur du centre hospitalier de Brawley en Californie (qui a traité des milliers de patients atteints du Covid-19) faisait sous serment la déclaration suivante : « [Le Pr Raoult] m’a guidé, je ne peux que reconnaître qu’il m’a montré la bonne direction que nous avons suivi dans notre centre... » Et le sénateur Ron Johnson de conclure avec ironie : « …et maintenant il est accusé d’avoir utilisé un médicament qui est utilisé partout et qui a été prescrit sans problème depuis 65 ans. »
Gilbert Deray, alias Joe Dalton
Il est apparu sur : Europe 1, RTL, France Info, RMC, BFM TV, Beur FM, TF1, France 2, France 5, CNews et LCI.
Il officie comme : néphrologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Revenus récents versés par l’industrie pharmaceutique : 160 649 euros selon le journal France Soir.
Si Gilbert Deray était le Père Noël, la veillée du 24 décembre serait remise au 14 juillet et la hotte à cadeaux remplie de jolis petits vaccins à partager en famille. Sur LCI le 12 novembre, alors que les courbes de contamination s’effondrent dans toute la France, il assène placidement : « Qu'on puisse se réunir à six, oui. Mais toute la famille, des petits-enfants aux grands-parents, je ne le crois pas. Ce serait faire prendre un risque considérable aux grands-parents et ce serait relancer l'épidémie. Je ne vois pas comment, sanitairement parlant, on pourra faire les fêtes de Noël. » Le même Gilbert Deray, donc, qui écrivait sur son mur Facebook le 10 mars : « Je suis inquiet pour nos anciens déjà seuls et qu’il ne faut plus ni voir ni toucher de peur de les tuer. Ils mourront plus vite mais ‘seulement’ de solitude. Nous avions l’habitude de ne pas rendre visite à nos parents et grands-parents si nous avions la grippe, pas de les éviter ‘au cas où’ et pour une durée indéterminée. »
La sage d’entre les sages déclarait alors aussi : « Depuis 30 ans, de mon observatoire hospitalier, j’ai vécu de nombreuses crises sanitaires, HIV, SARS, MERS, résurgence de la tuberculose, bactéries multi-résistantes, nous les avons gérées dans le calme et très efficacement. Aucune n’a donné lieu à la panique actuelle. »
Et puis huit mois plus tard, toujours sur LCI : « Il ne faut pas imaginer vivre avec le virus, parce qu'il est plus fort que nous. Quand on dit 'on va vivre avec', finalement il nous submerge. Je crois qu'il faut chercher à tuer le virus. »
Tuer le virus. Vaste programme. Avec un cutter ? Au lance-flammes ? Ou avec des médicaments, peut-être ? Comme pour le MERS ou le SARS-Cov-1, pour lequel on préconisait à l’époque dans plusieurs revues scientifiques de renom l’utilisation de l’hydroxychloroquine ?
Non, bien sûr. Pour Gilbert Deray, c’est au marteau qu’il faut y aller, pour taper sur la tête des gens et aplatir la courbe épidémique. Le problème étant, malheureusement, que ce qui était faux en mars est tout aussi faux en novembre. Une épidémie flambe, atteint son pic puis disparaît peu à peu, avec une dynamique qui lui est propre. A la fin, on compte les morts, pas les contraventions. Si Didier Raoult, comme il le clame (France 2, le 29 septembre), lui sert de « contre-boussole parce qu’il se trompe dans tout ce qu’il dit », il faudra qu’il explique alors aux Français pourquoi la fermeture des restaurants à Marseille s’est accompagnée d’une recrudescence des cas, et pourquoi la décrue épidémique actuelle a précédé le reconfinement.
Martin Blachier, alias Billy the kid
Il est apparu sur : TF1, France 2, France 5, C8, LCI, CNews, BFM TV, RMC, Sud Radio, Europe 1, RTL, France Info, France Inter et France Bleu.
Il officie comme : co-directeur de Public Health Expertise, Market Access & Modeling.
Chiffre d’affaires de PH-E : 730 200 euros pour l’année 2019.
Là encore, nous voilà en présence d’un homme nettement moins idiot qu’un préfet. Interrogé le 6 août sur France Bleu sur la pertinence d’imposer le port du masque à l’extérieur, il répond fort logiquement : « Je ne suis pas du tout pour cette mesure, je pense au contraire que l'extérieur est une opportunité, qu'il faut pousser les gens dehors, au contraire. Et pour les pousser dehors, vous avez intérêt à ce qu'ils aient le plus envie d'y aller et donc pas de leur faire porter des masques. »
Lors de son face-à-face avec Louis Fouché sur Sud Radio le 22 novembre, le bon sens prévaut une fois encore au sujet d’une vaccination obligatoire contre le Sars-Cov-2 : « Je ne suis pas du tout pour, je pense que c’est infaisable, que c’est juste allumer de la dynamite dans la société et qu’on n’a vraiment pas besoin de ça. »
Ce qui l’exaspère, néanmoins, c’est la contradiction. Au professeur Toussaint qui tentait d’expliquer qu’une éventuelle reprise épidémique, due à des variables saisonnières, n’aurait pas grand-chose à voir avec le comportement des Français, il répondait sur le plateau de Laurence Ferrari le 6 octobre : « Nous, au moins on travaille plutôt que de dire n’importe quoi. Vous brassez du vent, il n’y a pas de fond. C’est insupportable. » Sur BFM TV, le 3 septembre, face à un journaliste qui lui faisait observer que plusieurs patients, dont Christian Estrosi, affirmaient publiquement avoir été guéris grâce au protocole Raoult, il répliquait très sereinement : « C’est pas vrai, sinon on l’aurait vu dans les études. Il y a le hasard qui fait qu’il a été mieux et il a imputé ça à l’hydroxychloroquine. »
Pour ce qui est des études, Martin Blachier en a, il est vrai, épluché un certain nombre. Notamment, confie-t-il le 6 septembre sur France 5, « une étude sortie dans le New England Journal of Medecine, qui est encore mieux que le Lancet, qui montre qu’il y a un autre traitement qui est très efficace qui est le Remdesivir, en particulier chez certains groupes de patients. On a des résultats très intéressants chez les patients qui sont sous oxygène, mais qui ne sont pas ventilés. Je pense que c’est un vrai espoir pour les patients et on va en entendre parler, et ça va très probablement balayer les histoires de l’hydroxychloroquine. »
Et on en a entendu parler, effectivement, de ce fameux Remdesivir. Mais davantage en mal qu’en bien puisque l’OMS annonçait le 20 novembre dans un communiqué : « Le médicament antiviral Remdesivir n’est pas conseillé pour les patients admis à l’hôpital pour le Covid-19, quel que soit le degré de gravité de leur maladie, car il n’y a actuellement pas de preuve qu’il améliore la survie ni qu’il permette d’éviter d’être placé sous ventilation artificielle. » Un traitement coûteux, inefficace et invasif sur lequel avait très tôt alerté, pour mémoire, un certain… Didier Raoult.
Auteur du fameux concept « Le Covid-19 est le virus de la fête », Martin Blachier a par ailleurs plaidé des mois durant pour la répression des rassemblements de jeunes. Invité sur les plateaux de LCI et de Touche pas à mon poste, il proposait sans broncher : « Il faut leur infliger 10 000 euros d’amende. Pas 150, comme c’est actuellement le cas. Il faut que ce soit beaucoup plus dissuasif. C’est ce qui est instauré dans plusieurs pays anglo-saxons et cela fonctionne. »
Grand amoureux des nombres avec plusieurs zéros, il formulait dès les 1er mai différents scénarios chiffrés de sortie du confinement :
- 200 000 décès en cas de retour « sauvage » à la vie d’avant
- 160 000 décès avec une population équipée du masque de papier
- 85 000 décès avec masques + tests + gestes barrière
A moins de pousser quarante mille mamies d’ici le 31 décembre dans la fosse aux ours du parc zoologique de Berne, on ne voit pas très bien - même avec le ministre Véran et des caisses de Rivotril - comment arriver à ce score de flipper.
Yonathan Freund, alias Little Big Man
Il est apparu sur : RTL, France Inter, Europe 1, RMC et BFM TV.
Il officie comme : médecin urgentiste à la Pitié Salpêtrière, à Paris.
Pas de la même trempe que les six autres, moins péremptoire, plus empirique, il doit sa place au casting à la poussée de fièvre anti-complotiste qu’il a connue depuis la fin de l’été.
Interrogé sur Europe 1 le 27 mai, il tenait des propos mesurés et intelligents, que la suite des évènements allait d’ailleurs confirmer : « Je suis convaincu qu’il n’y aura pas de deuxième vague au moment du relâchement du confinement, cet été. Depuis des semaines on se rend compte qu’il n’y a quasiment plus de cas d’infections aiguës au coronavirus. C’est valable sur la fin du confinement, mais aussi depuis le 11 mai, date de début du déconfinement. On peut dire que ça ne fait que deux semaines, mais dans certains endroits le confinement n’était pas absolu, on aurait eu des signaux avant-coureurs d’une reprise de l’épidémie. Or, il n’y en a aucun. En revanche, je ne peux rien dire sur une deuxième vague saisonnière qui pourrait arriver à l’automne. »
Sur la même ligne que Didier Raoult, donc ? En vérité non. Le 29 juillet, déjà, il déclarait sur RMC : « Evidemment que Didier Raoult a causé énormément de confusion et porte une responsabilité sur tout ce qu’il a dit qui était souvent faux. Je suis sûr qu’il n’y croyait pas lui-même dans beaucoup de situations. Il a créé, favorisé, donné le lit pour tout ce mouvement complotiste. » D’aucuns pourraient rétorquer que ce que Didier Raoult a surtout démontré, analyse comparative de génomes à l’appui, c’est le pourquoi et le comment des deux mini-épidémies successives provoquées à Marseille puis dans le reste du pays par la réintroduction - frontières ouvertes oblige - de deux variants différents, l’un en provenance d’Afrique et l’autre d’Europe du nord. Mais non, décidément, la marche était trop haute.
Dans la foulée de cette critique, Little Big Man a fini par lâcher les chevaux sur son compte Twitter et dézinguer en règle tous les apaches qui passaient sous sa fenêtre. Petite compilation :
« Je déteste que mon discours puisse être mis aux côtés des Wonner, Raoult, Perrone, etc… Je préfère mille fois m’engueuler avec les gens que j’apprécie qui ne sont pas d’accord avec moi, plutôt qu’avec cette frange de fous furieux » (28 août) ;
« La terre est plate » (commentaire sur la tribune de 300 universitaires et professionnels de la santé appelant à sortir de la panique sanitaire, 1er novembre) ;
« Tiens, un article nullissime dans une revue ridicule » (commentaire sur une étude de Didier Raoult sur la mortalité en EHPAD, 2 novembre) ;
« Il n’y a pas de meilleur moyen de légitimer les Raoultiens et autres faussaires de la science que de baigner dans les conflits d’intérêt » (18 novembre).
Little Big Man avait tout d’un grand, pourtant, lui qui twittait le 4 août : « l’obligation du masque en extérieur est une aberration », puis le 28 août : « le masque en extérieur n’est recommandé par aucun scientifique ni médecin à ma connaissance », avant de jeter l’éponge le 5 octobre, rattapé par l'orthodoxie : « je suis pour le masque obligatoire en intérieur, dans les transports. Et même dehors finalement, bon, on s’y fait. »
Oui, mon ami, on s’y fait. Quand on a fait le choix de ses compromissions.
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2020.604339/full
https://www.statista.com/statistics/1104709/coronavirus-deaths-worldwide-per-million-inhabitants/
https://www.marieclaire.fr/karine-lacombe-infectiologue-la-medecin,1362502.asp
https://www.youtube.com/watch?v=hBpkklvXbp8
https://www.youtube.com/watch?v=J9cBcTe1xw4
https://www.youtube.com/watch?v=1CSbl86OrRI
https://www.youtube.com/watch?v=2lT7TiC68ao
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