Les STEP : un maillon irremplaçable du stockage d’énergie
Dans le cadre de la PPE, le gouvernement prévoit d'intensifier le recours aux STEP, ces centrales hydrauliques permettant de pallier à l'intermittence des énergies renouvelables. Un concept aussi simple que mature, qui répond efficacement aux besoins de stockage d'électricité.
Les stations de transfert d'énergie par pompage, ou STEP, ont de l'avenir. Ce concept simple – deux barrages situés à différentes altitudes et reliés par des turbines réversibles – est en effet appelé à monter en puissance dans l'Hexagone, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) actuellement en vigueur prévoyant d'accroître le parc actuel « de 1 à 2 GW » à l'horizon 2030 – soit une hausse de 24% à 48% par rapport aux 4,2 GW de puissance actuellement en opération. Dans le cadre de la transition énergétique, les réseaux électriques devront en effet se montrer plus flexibles, et les capacités de stockage d'électricité devront être singulièrement développées.
EDF investit 8 milliards d'euros dans le stockage
Pour atteindre ces objectifs, EDF a annoncé, en mars dernier, un nouveau plan d'investissement de 8 milliards d'euros dans les solutions de stockage, sur la période 2018-2035. 10 GW de nouvelles capacités seront installées, dont 6 GW via des solutions à grande échelle, telles que les STEP. Ces dernières sont, en effet, les outils disponibles les plus matures, permettant une gestion prévisible et à une échelle régionale de l'énergie stockée lors des périodes de surplus de production.
Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que les STEP représentent aujourd'hui 98% des capacités de stockage d'électricité connectées dans le monde. D'ailleurs, la majorité des 10 GW de nouvelles capacités de stockage installées par EDF, qui opère d'ores et déjà 5 GW de STEP, devrait l'être à l'international. Pour le PDG de l'opérateur français, Jean-Bernard Lévy, « les progrès significatifs qui ont été réalisés en matière de stockage permettent de lisser l'intermittence des énergies renouvelables et de les rendre plus pilotables ».
Un atout en matière de stockage d'énergie
Le stockage d'énergie est en effet « un enjeu clef de la transition énergétique pour réguler l'intermittence créée par les énergies solaires et éoliennes », confirme dans une tribune Denis Payre, président de Nature & People First. « Notre pays doit avoir une stratégie pour le stockage d'énergie, avec l'annonce de la dernière PPE qui prévoit une forte augmentation du solaire et de l'éolien », poursuit-il. Le ministre de l'Environnement, François de Rugy, ayant « indiqué qu'il était nécessaire de ''s'appuyer sur ce qui est fiable technologiquement et compétitif économiquement'', en ce sens, les STEP, solution parfaitement fiable utilisée depuis plus de cent ans, peuvent connaître une renaissance », juge encore Denis Payre.
Une STEP est, en effet, composée de deux bassins séparés par un important dénivelé, et d'une centrale hydro-électrique associant une turbine et une pompe, cette dernière permettant, en cas de surplus d'énergie disponible, de transférer l'eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur. Si la demande augmente, il suffit de restituer l'énergie grâce à la force gravitationnelle : simple et efficace, en somme. Ce que confirme Jean-Claude Meynard, de l'entreprise suisse Alpiq, selon qui « en termes de physique, c'est un dispositif parfait, parce que c'est de l'énergie renouvelable et qu'il y a un très bon rendement ».
Même son de cloche chez Yves Giraud, directeur de l'activité Hydraulique chez EDF, pour qui « c'est un très grand enjeu aujourd'hui de pouvoir stocker l'énergie. Cela permet l'intégration d'autres énergies renouvelables parce que c'est pilotable ». Les STEP rendent possible en effet la gestion de la demande d'énergie en temps réel, tout en représentant une solution efficace à l'intermittence de certaines énergies renouvelables, comme l'éolien ou le solaire. Ce qui fait dire au gouvernement, dans sa feuille de route de la PPE, « l'hydroélectricité pourrait contribuer de manière décisive à répondre au besoin de flexibilité du système électrique, notamment grâce aux STEP ».
2 000 MW supplémentaires d'ici 2023
Aujourd'hui, la France dispose de six STEP exploitées par EDF et représentant près de 5 GW, disponibles presque immédiatement. Les centrales sont situées à Revin, dans les Ardennes (800 MW), à Grand'Maison (1 790 MW) et à Le Cheylas (460 MW) en Isère, à Super-Bissorte (730 MW) et à La Coche (330 MW) en Savoie, et à Montézic dans l'Aveyron (910 MW). Et, d'ici à 2023, quelque 2 000 MW de STEP devraient être installés, notamment sur le site de la Truyère, dans l'Aveyron, où l'opérateur prévoit, s'il obtient le feu vert de la Commission européenne, un chantier d'environ 1 GW.
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