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Accueil du site > Tribune Libre > Les sujets de bac de français 2008 : ou comment juger d’un vin à la (...)

Les sujets de bac de français 2008 : ou comment juger d’un vin à la forme de la bouteille

Les sujets d’examen permettent d’évaluer aussi bien leurs auteurs que les candidats à qui ils sont destinés. Ceux qui viennent d’être proposés au baccalauréat de français en fin de classe de première, donnent une idée de ce que l’Éducation nationale entend juger pour attribuer son diplôme.

Faut-il après s’étonner de « la grande déculturation  » que déplore Renaud Camus dans un livre dont on a rendu compte la semaine dernière sur Agoravox (1) ? L’École s’y emploie avec constance dans son champ d’activité sous les dehors trompeurs du masque de la culture.

Le pastiche, comme preuve d’un savoir

Que penser, par exemple, de ce sujet, donné aux séries ES (économique et sociale) et S (scientifique) à partir d’un texte du Temps retrouvé de Marcel Proust, qui demande aux élèves de rédiger un pastiche du style de l’auteur ? « Le narrateur du Temps retrouvé, est-il expliqué, croise une femme qu’il a aimée dans sa jeunesse et pour laquelle il conserve une vive affection. Il perçoit, sous ses traits vieillissants, les traces de sa beauté d’autrefois. En vous inspirant de l’extrait proposé (texte D), vous imaginerez la description qu’il pourrait en faire. »

Est-ce donc un objectif prioritaire à atteindre en fin d’études secondaires que de montrer qu’on est capable de singer le style d’un auteur ? L’adolescence est-elle, d’autre part, en mesure de se livrer à une quête nostalgique propre à l’âge mûr ? À quoi sert cette jonglerie de potache ?

Dieu merci, les meilleurs humoristes qui pratiquent l’imitation, ne se limitent pas à des pastiches de personnalités ; ils poussent leur art jusqu’à leur parodie pour dénoncer leurs travers. À l’évidence, les auteurs de ce sujet jugent plus importante une simple imitation qu’une réflexion sur les idées de l’auteur dont son roman pourrait fournir l’intéressante illustration.

Des références discutables

La filière L (littéraire) a-t-elle été mieux lotie ? Parmi les sujets donnés, un même pastiche lui a été proposé, mais le modèle différait : il s’agissait d’imiter un texte de Robe-Grillet ! “En veillant à respecter l’atmosphère installée par ce début, était-il demandé, vous imaginerez une suite consacrée à l’arrivée d’un nouveau personnage dans le café. Vous vous inspirerez des procédés qui figurent dans le texte.” Franchement, quel intérêt ?

Car le thème de l’année était aussi, comme en ES et S, “le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde”. Un pareil choix conduit déjà à s’interroger sur la pertinence de ses tautologies. Un roman existerait-il donc sans personnage pour qu’on soit obligé d’en rappeler l’existence ? Quant à “l’homme” et au “monde” en question, connaît-on termes plus généraux et outils moins adaptés pour y réfléchir utilement ?

Dieu merci, quatre textes balisaient l’espace : La Vie de Marianne de Marivaux, Les Gommes de Robe-Grillet, L’Immortalité de Kundera, Les Âmes grises de Philippe Claudel. Voilà sans doute des références cardinales pour un élève de première, infiniment plus importantes qu’un Balzac, un Hugo, un Flaubert, un Stendhal, un Mauriac ou un Albert Camus ! Mais qu’importe, la culture est une attitude qui permet de faire son miel de tout, pourvu qu’on sache en extraire un peu de suc, s’il y en a, comme le fait l’abeille qui butine au hasard de fleur en fleur !

Seulement, quel sujet de dissertation a été réservé à ces élèves dits littéraires ? “Un roman doit-il chercher à faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs ?” D’abord, un roman ne cherche rien du tout. C’est son auteur qui calcule, mais il est de bon ton aujourd’hui de le faire oublier aussi. La mode commande de ne parler que du “narrateur qui prend en charge le récit", comme dit le catéchisme formaliste ! Seulement ici le narrateur ne fait pas l’affaire ! Alors c’est le roman qui prend la place de l’auteur et planifie sa propre rédaction ! On est en pleine hallucination !

Ensuite, où est “la vision de l’homme et du monde” annoncée par le thème de l’année ? Manifestement les idées que les personnages peuvent incarner ne présentent aucun intérêt. Seul importe de savoir si dans une œuvre de fiction on doit faire croire ou non à “la réalité des personnages”. Car quel est l’antonyme de “fictif” sinon “réel” ?

Une conception erronée de la notion de réalité

Et voilà lâchées les catégories erronées qui sont au cœur de “la théorie implicite de l’information” et donc de l’enseignement que dispense l’Éducation nationale. Un sujet donné aux ES et S est de la même eau : "Dans quelle mesure ces portraits prennent-ils appui sur le réel ? Dans quelle mesure le transposent-ils ?" Un autre sujet de la section technologique demande “si la tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste qu’à imiter le réel.” Les visions de l’homme et du monde n’intéressent pas davantage. Du moins l’auteur retrouve-t-il son rôle essentiel.

En revanche, ce couple antagoniste “fiction/réalité” repose sur une conception erronée de la notion de réalité et donc de la notion d’information qui en découle, comme d’autres couples d’ailleurs tout aussi erronés que répandus, tels que “information/désinformation”, “vérité/mensonge”, “information/communication” ou “journal d’information/journal d’opinion”. Contre toute raison, l’École présente l’information à ses élèves comme “un fait réel” et non comme “la représentation d’un fait plus ou moins fidèle à la réalité qu’on livre volontairement, dissimule ou extorque”.

Cette opposition triviale entre “fiction” et “réalité” tend, en effet, à faire croire à tort que si l’on quitte “la fiction”, on accède à “la réalité” directement et non “par l’intermédiaire obligé de médias” (les cinq sens, les mots, les images, les silences, etc.) qui n’en livrent jamais qu’une représentation avec les distorsions propres à chacun. Et Dieu sait si les images et les mots laissent sur la représentation de la réalité livrée leurs empreintes spécifiques. “Ceci n’est pas une pomme”, avertit une légende de Magritte inscrite sur le tableau où il a peint une pomme : il est vrai que, si on perçoit bien le fruit sous un angle donné, on ne peut ni le saisir ni le manger. Dans tous les cas, on n’accède jamais au “terrain”, mais seulement à “une carte” plus ou moins fidèle, selon la formule heureuse de Paul Watzlawick.

Cette opposition fruste entre “fiction” et “réalité”, qui revient souvent dans les conversations, est source d’erreurs. Elles devraient désigner seulement les deux axes orthogonaux, formant abscisse et ordonnée, entre lesquels évolue “une représentation de la réalité” selon une courbe asymptote qui se rapproche de l’un ou de l’autre, mais sans jamais s’y confondre. Or, demander si un roman doit chercher à faire oublier que ses personnages sont fictifs, vise à faire croire que si on oublie qu’ils sont fictifs, ils pourraient être réels, alors qu’ils restent malgré tout “des représentations” oscillant sur la courbe asymptote entre les deux axes évoqués de la fiction et de la réalité. Au surplus, le roman est un mode d’expression de l’univers médiatique dont la particularité est d’être structurellement constitué d’illusions et de leurres.

En résumé, c’est exactement enseigner ce contre quoi met en garde ce proverbe prêté aux Chinois : “Qui voit le ciel dans l’eau, voit des poissons dans les arbres”. Si on prend l’image du ciel “fictive” que réfléchit l’eau, pour le ciel “réel” et non pour “une représentation du ciel”, il ne faut pas s’étonner de voir bientôt des poissons nager entre les branches des arbres qui s’y reflètent aussi. La voie est ouverte aux hallucinations.

Le savoir réduit au formalisme

Qu’il s’agisse de rédiger un pastiche ou de se référer à une conception erronée de la réalité, ces sujets ont en commun d’appartenir à une conception formaliste du savoir. Seule la forme – ou le contenant – est retenue comme objet d’étude, indépendamment des idées qu’elle sert à exprimer et de “la représentation de la réalité” qu’elle modèle – le contenu.

Or, pour l’éducation d’un adolescent, est-ce que ce ne sont pas les enseignements que livrent, par exemple, Madame Bovary ou les fables de La Fontaine qu’il importe de retenir en priorité ? En somme, la grande utilité que les générations suivantes peuvent trouver à un classique, n’est-elle pas de recueillir les enseignements tirés de son expérience qu’il a su formuler de façon exemplaire, pour en recevoir un utile éclairage sur les enjeux de la vie et y gagner un temps précieux afin “d’apprendre à vivre” avant qu’ “(il ne soit) déjà trop tard” ?

Un sujet du bac technologique a eu du moins le mérite d’approcher de la question, fût-ce maladroitement et même incorrectement puisque les inspecteurs généraux paraissent méconnaître l’usage du subjonctif après les verbes d’opinion à la forme interrogative exprimant une incertitude ! «  Pensez-vous, était-il demandé, qu’un roman doit (sic) ouvrir les yeux du lecteur sur la vie ou bien au contraire permettre d’échapper à la réalité ?  »

Ces sujets montrent que l’École enferme ses élèves dans la bulle spéculative d’un formalisme indifférent à la conception erronée qu’il se fait de la réalité. Seules importent des élucubrations sur le contenant – la forme – en ignorant le contenu – les idées. Que vaudraient les estimations d’un œnologue qui ne jugerait d’un vin qu’à la forme de la bouteille qui le contient ? On n’en croirait ni ses yeux ni ses oreilles. Pour le coup, la réalité dépasserait la fiction.

Paul Villach

(1) "Culture et démocratie seraient-elles incompatibles ?" Agoravox, 20 juin 2008.


Moyenne des avis sur cet article :  4.08/5   (139 votes)




Réagissez à l'article

18 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 24 juin 2008 13:23

    Je vous conseille un très bon vin blanc argentin

    TORRONTE Etchart http://www.75cl.com/v2034.bodega-arnaldo-etchart_2007.htm

    Vous allez adorer

     

     


    • Vilain petit canard Vilain petit canard 24 juin 2008 16:04

      Ah ben voilà lerma, des commentaires comme ça, on en manque.... continuez !


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 24 juin 2008 14:00

      Au vu de l’illustration, Paul Villach souhaite à tous les bacheliers un vin sur vin en philosophie


      • delicemetis 24 juin 2008 14:37

        Je ne me souviens pas que mon bac de francais ait amené à une quelquoncque réflexion dans son temps non plus...

         


        • finael finael 24 juin 2008 16:23

          E’d’mon temps c’est vrai que cela paraissait plus profond, jusqu’aux grands problèmes existenciels sur lesquels on demandait leur avis aux élèves alors que des générations de philosophes avaient écrit des centaines d’ouvrages sans jamais les résoudre ... et jusqu’à la correction qui ne m’a pas semblé - en réalité - tenir le moins du monde compte du sujet !


          • xray 24 juin 2008 16:33

            Le Bac : 
            Permis à l’ignorance de naviguer sur un océan de mensonge. 

            MONDE HYPOCRITE 
            http://mondehypocrite.hautetfort.com/ 
            Dès l’instant où l’on a compris, on n’a pas besoin de savoir. 


            Plus un individu est éloigné des valeurs qu’il considère comme un idéal, ... plus il se regarde dans cet idéal".

            Question : 
            Est-il possible de ne pas croire en l’idéal dans lequel on se regarde ?




            • Lisa SION 2 Lisa SION 24 juin 2008 17:35

              "...Faut-il après s’étonner de « la grande déculturation  »..." bonne question, Paul,

              Comme on peut le remarquer, dans les médias sévissent un certain nombre de cancres qui préféraient l’intelligence ou le sport à l’instruction. Aujourd’hui, ils fascinent les masses, fous des jeux du stade, et sont les modèles, les repères, des victimes de la déculturation. 

              "...Le pastiche, comme preuve d’un savoir..." d’ailleurs vous faites justement appel aux comiques dans vitre analyse.

              Je voudrais vous apporter une information notoire relative à votre riche sujet, et démontrant le grave danger à mèler le fictif à la réalité. D’abord, c’est fait pour détecter l’emprise du virtuel sur l’examiné, c’est à dire, étudier l’impact de la télé sur l’étudiant. Ensuite, j’ai écouté une émission qui relatait d’un fait incroyable. Un comité de correcteurs se forme, avant l’examen afin de formater, d’harmoniser, d’homogénéifier leurs notes. Dans le même exercice, la même copie a fait apparaitre une disparité de 8 jusqu’à 18... Cela déclare à quel point tout est aléatoire, ce qui permet de tout relativiser, et laisse place à quantité de facteurs discriminatifs.
               


              • Jordan Jordan 24 juin 2008 17:45
                Permettez une parenthèse d’un étranger. Je crois que vous êtes le seul pays a avoir cet examen qui est le bac qui semble stresser vos étudiants, la plupart des autres pays font passer un examen a chaque fin d’année du secondaire, point, et personne ne se gauss d’avoir réussi
                 Avis très personnel, vous faites un tel bruit avec cet examen que je me demande si vous ne fabriquez pour ceux qui réussissent des héros d’un savoir somme toute normal voir même superficiel, et de ceux qui subissent un échec des pas grands chose, au même niveau que quand vous parlez de votre football.
                Excusez de me mêler de se qui en principe ne me regarde pas.

                • Breton8329 rol8329 24 juin 2008 21:04

                  Bravo ! Vous avez tout compris. En fait, l’obtention du bac signale uniquement la détention d’un savoir normal pour l’époque. Mais il se trouve encore des personnes en France pour regretter que 80% d’une classe d’âge décroche le bac, ce qui selon eux dévalorise l’examen. Pourtant, dans une société tertiarisée, le bac atteste uniquement de la détention des savoirs nécessaires pour poursuivre des études qui permettront un jour de tenir un emploi de bureau. Et face à la concurence de pays comme la Chine ou l’Inde qui produisent des millions d’étudiants de très haut niveau chaque année, nous aurions plutôt besoin de 80% d’une classe d’âge au niveau bac + 5. Mais certains français vivent dans une bulle. L’éclosion sera douloureuse. L’auteur de cet article occupe bien sa petite bulle.


                • ocean 24 juin 2008 17:58

                  mais oui, paul, il faut rappeler l’existence du personnage !!!

                  les militaires travaillent depuis longtemps à des bombes et à des armes qui ne détruiraient "que" les humains, et préserveraient l’intégrité des structures urbaines, industrielles, etc.

                  et l’éducation nationale fait la même chose depuis longtemps : ignorance délibérée des filiations et des chronologies, déification de l’instance, de la toute-puissance du caprice immédiat, tyrannie des schémas (actanciel, adjuvantiel, narratif, etc etc) : qu’est-ce que tout cela sinon une négation politique de l’humain destinée à le mieux asservir ?

                  tout n’est que structure, contexte, et tout est culturel ! c’est ainsi, comme vous le dites souvent, que se saborde, dans un impressionnant autisme, l’encombrant rafiot empêtré de lui-même et cyniquement abandonné à la vacuité qu’il a tant voulue.

                  tout est culturel ... même la négation de la culture, messieurs les professeurs ? si non, pourquoi seriez-vous une exception ? et s’il en était ainsi, que diriez-vous de cesser l’enseignement que vous en faites ?

                   



                  • Pie 3,14 25 juin 2008 00:57

                    Il demeure que seulement 65% d’une classe d’âge obtient le bac et que ce chiffre stagne depuis plus de 15 ans .

                     Alors les éternels discours concernant le "bac bradé" donné à des générations "d’ignorants" favorisés par une administration qui ne cherche que des résultats faciles, tout cela sent l’aigreur rance , facile et fausse.


                    • chmoll chmoll 25 juin 2008 11:41

                      z’étes sur qu’ c pas un exam pour ètre somelier ? pasque si c pour l’bac,dans un exam pour ètre somelier

                      i pourrait avoir l’genre de quouestion , s’ke lorsque que l’ont décède c pour la vie ?

                       


                      • etpuisquoi 25 juin 2008 12:55

                        Bonjour. Excellent article. Quelle belle démonstration du faux partage entre fiction et réalité en soi. Bravo.

                        J’en reviens au bac : c’est une blague. Le niveau est nul. Pour ne pas obtenir son bac, puis une licence, par exemple, dans une filière littéraire dans une université de province, c’est simple, il faut le faire exprès, ou bien abandonner en cours de route. L’abandon ne signife d’ailleurs bien souvent pas une absence de niveau, fut-il très faible, mais la conscience rapide de l’impasse dans laquelle un jeune s’est fourvoyé. Dis autrement : le jeune étudiant comprend vite que le monde de la fac n’estt pas pour lui et qu’il perd son temps. Et son argent. Un petit tour, donc, et puis s’en va.

                        Le niveau est si mauvais que la première année ne compte quasiment pas : elle sert à réduire les effectifs selon une sorte de méthode curieuse : c’est une sélection molle, une sélection par la passivité. On attend que les élèves s’arrêtent d’eux-même tout en feignant, parfois, de le déplorer. Et la machine tourne. Il y a une raison assez glauque qui explique parfois cette attitude : si les élèves étaient réellement orientés, c’est-à-dire prévenu de ce qui les attend, alors certains U.F.R pourrait risquer de fermer leurs portes par manque d’effectifs. Certaines sections, comme lcele de philosophie, n’ont parfois que de 100 à 200 élèves inscrits en première année. Il en reste une dizaine ou une vingtaine en maîtrise. J’ai connu deux élèves, aujourd’hui, enseignant vacataires, qui ont échoués au capes de philosophie à deux et trois reprises. L’un avait un DEA de philo, l’autre un Doctorat en histoire de l’art et un D.E.A de philo également. Cherhcerh l’erreur.

                        Pour obtenir une licence, il suffit de ne pas lâcher, de suivre mollement les cours : personne n’a intérêt à faire qu’une majorité échoue tant que cette majorité se présente aux examens. Je peux affirmer que n’importe qui peut obtenir une licence très facilement. J’en ai moi même fait amèrement l’expérience. Cette amertume provient du fait qu’aucune fierté ne vient agrémenter la réussite de l’élève (à moins qu’il soit très naïf), pusique son diplôme ne repose sur rien, qu’il n’estime quasiment rien. J’affirme qu’il est difficile de passer un BTS ou un BAC professionnel aujourd’hui que de décrocher une licence dans les filières littéraires. J’ai repris mes études à 25 ans, après avoir passé un DAEU (a) (diplôme d’accès aux études universitaire) et après avoir stopper ma scolarité à 17 ans lors d’un bep minable.

                        Lorsque je suis entré à l’université en section de philosophie, j’ai constaté avec effaremment que le chargé de cours qui avait pour mission de nous "préparer" à cette rentrée durant une quinzaine de jours (présentation de la discipline, examens orals écrits notés) me considérait ainsi que quelques autres élèves (une poignée, 5 ou 6) comme les élèves les meilleurs. Nous étions donc considérés comme étant de ceux qui avaient toutes leurs chances pour mener à bien notre projet d’étude. Cette sélection officieuse, bien sûr, s’est déroulée durant des petits entretiens individualisés. Ainsi donc, après avoir repris depuis seulement une année mes études, je dépassais la grande majorité de mes camarades qui venaient tous de terminer le lycée. J’affirme que j’étais à la fois stupéfais et écoeuré : stupéfais de constater que n’importe qui pouvait réussir très facilement, en suivant juste le rythme de la machine universitaire, mais écoeuré à l’idée que la sélection se fasse de cette façon : en fourbe. Je peux ajouter que j’ai aussi découvert avec amusement qu’un semestre à l’université dure entre 2 et 4 mois et demie, que certains amphis contiennent jusqu’à 800 élèves, que les examens sont parfois des QCM, que les élèves dans leur grande majorité n’ouvrent que très peu de livres, que le commentaire de texte n’est pas un exercice relativement maîtrisé par la plupart, sans parler de la dissertation., que les volumes d’heures de cours impartis sont ridiculement bas (au mieux 8 à 10 h/semaine), que les exigences officielles sont délirantes et ne correspondent pas du tout au réel particulier de l’université, que le jeune étudiant est littéralement livré à lui-même n’intègre pas un enseignement qui procèderait par palier, mais doit faire semblant de tout connaître, etc...Sans parler de la volonté de ne jamis aborder la question financière.

                        Ainsi, j’affirme que le niveau moyen du bac n’existe pas : les élèves de première et seconde année, servent de chair à canon pour pemettre le maintien d’un sytème d’un élitisme saugrenu. Pourquoi donc tout le monde devrait avoir le bac ? Pourquoi 100 élèves, par exemple, doivent passer entre une et trois années pour que l’institution puisse élire quelques individus dont un ou deux, peut-être, deviendront professeur s après un capes ou une thèse ?. Il serait bien plus souhaitable que l’attention soit porté sur ces élèves là en premier lieu sans que cela suppose que l’on prône alors un quelconque inégalitarisme. Car, en réalité, ce gâchis dessert aussi la majorité d’élève qui se retrouve avec un deug ou une licence en lettres modernes, en philo, ou en socio, sans que ces dîplômes ne leur serve à quelque chose de concret. Mais si l’université, dans ce cas, doit seulement servir à founir une culture à une majorité, pourquoi donc alors maintenir l’exigence de diplômes ? D’une épreuve finale ? Chacun en effet peut vouloir se cultiver, et assister à des cours : c’est un progrès énorme d’une civilisation que de permettre cela. Mais pourquoi laissez croire que chacun pourrait ou devrait prouver sa valeur par l’obtention d’un diplôme véhiculant une aura intelectuelle ? C’est absurde. Et bon nombres d’élèves, blasés déjà par leurs années de lycées, savent que leurs diplômes ne reflètent que ce que chacun veut croire à leur sujet.

                        J’en reviens maintenant aux sujets du baccalauréat en section littéraire : j’évoque seulement deux sujets qui ont été donné aux élèves en philo. Le premier sujet est celui-ci :la perception peut-elle s’éduquer ? J’ai constaté que ce sujet, pour bon nombre de professeurs et la majorité des élèves passait pour un sujet très difficile. C’est consternant. La classe de lettres aurait-elle pour vocation de stériliser la pensée ? De rendre idiot par une éducation curieuse l’intelligence moyenne d’un élève ? Comment, après 14 à 15 laborieuses, années de scolarité un humain peut-il soit ne pas comprendre une telle question ou en démontrer la vacuité, soit ne pas pouvoir en déduire un problème ? Le plus comique est de se eprésenter l’intensité de la réflexion d’une classe qui passe le Bac : un élève peut avoir passé la majeure partie de son existence à l’école et douter du fait que sa perception ait pu être éduqué ? On croit rêver. L’élève éprouve des diffcultés à comprendre que l’éducation forme des représentations ? Sans comentaires...

                        Le second sujet est "Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?". Ce qui m’a frappé, c’est la lectures de la réaction quasi-unanime des élèves par rapport au sujet posé. En substance, cette récation consistait à prendre acte de l’idée qui’l existe, en philosophie, au niveau de la terminale, des sujets spécifiques pour les filières litéraires, économiques et sociales, ou scientifiques. Ainsi, ce sujet a été considéré par les élèves de lettres comme étant un sujet inapproprié pour eux. Un sorte de mystère insondable. Une sorte de question obscure que leur culture ne leur permettait pas du tout d’aborder, au contraire du "scientifique" (fliière S). En fait les mots "scientifique" et "vivant" ont tout bloqué : la possibilité de penser, de se servir de ses cours ou de ses lectures, ou de son expérience propre. En quoi réfléchir aux difficultés, par exemple, que peut rencontrer une équipe de biologistes pour tenter de connaître le vivant est-il une entreprise si incroyablement difficile ? Je trouve cette réaction curieuse, car elle suppose que les disciplines sont comme séparés à coup de hache.

                        Etpuisquoi


                        • etpuisquoi 25 juin 2008 13:01

                          J’ajoute que je ne ne suis pas relu (pan sur le bec), donc, pardonnez moi pour les fautes.

                          Etpuisquoi


                        • Paul .ca Paul .ca 26 juin 2008 20:07

                          Je suis assez d’accord avec le contenu mais le titre n’est pas traité, je suis tres déçu.

                          Hors-sujet 0/20

                          hahaha

                          il y a 20 ans, j’ai redoublé ma Terminale C et ma premiere année d’université à Paris 6 malgré mes bonnes notes en math pour des matières qui m’interessaient pas vraiment : 2 années perdues ! Plus tard, en licence de math je me suis retrouvé dans des classes surchargées n’ayant pas toujours assez de chaises pour s’assoir. Un ami s’est accroché pour devenir prof de math. il me dit que le niveau a beaucoup baissé.

                          Aujourd’hui, je regarde tout ces adultes qui communiquent eti raisonnent moyennement et peu importe la richesse du vocabulaire utilisé ou leur place dans la socièté. il faudrait mieux enseigner les bases du raisonnement et de la communication à des fin tres pratique et dans l’interet démocratique.

                          Comment juger d’un vin à la forme de la bouteille ?

                          Dans un super marché, on peut essayer d’estimer la qualité d’un vin au prix, à la qualité de l’emballage (verre ou plastique), la taille, à l’étiquette appélation controlée etc mais évidemment le mieux est de le goûter soi-même pour savoir s’il on apprecie ce goût qu’il soit bien ou mal noté par un œnologue expert.

                           

                           

                           


                          • Soleil2B Soleil2B 29 juin 2008 16:20

                            Après le "caïdat" au brevet, voilà l’incitation à l’alcoolisme

                            - Des dangereux à l’EN je vous dis, des dangereux ! Sàrkö, remplace nous Darcos par Villach !

                            - C’est un mac Villach, c’est un mac !

                            - Un tantinet obsessionnel mais bon...............................


                            • Atlantis Atlantis 29 juin 2008 20:30

                              L’important n’est jamais de savoir. Mais de savoir pourquoi on nous demande de le savoir.

                              A l’auteur qui n’a toujours pas quitté le paradigme de l’éducation nationale : relisez le cycle de Dune (jusqu’à la maison des mères) de Frank Herbert. P-e que vous êtes maintenant prêt à lire entre les lignes et comprendre (ça vous fera pas plaisir si vous êtes conscienceux toutefois, surtout quand on y a consacré sa vie)

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