Les temps changent
La société n’est plus la même, elle a changé. Lentement, sûrement, et on ne le remarque pas toujours.
Pourtant, il n’y a qu’à lire la presse. Nous allons simplement commencer avec les gros titres politiques. Lorsque une reforme est annulée, le principal camp d’opposition déclare fièrement (même s’il n’y est pour rien) que c’est une grande victoire contre le Sarkozisme. Pourquoi pas… Sarkozy, on aime ou on n’aime pas, mais ca reste tout de même amusant de voir que l’opposition n’a plus qu’un seul but : vaincre le sarkozisme. Mais ou est donc passé cette envie patriotique de vouloir faire avancer le pays en proposant un projet qui, peut être, sera meilleur que celui proposé par l’actuel gouvernant ?
Non, maintenant, il y a en France un ennemi. Ici, Président Sarkozy rime avec Voldemort et Sauron. Les armées du Mal ont leurs rangs gonflées à tout ce qui touche à l’argent, aux entreprises, aux patrons, au pouvoir. C’est ça, le sarkozisme pour celui qui ne fait que regarder le JT.
Nous assistons aussi a l’autoflagellation de notre pays. Lorsqu’il devient normal de voir des images de français (d’une française se réclamant africaine après deux ans de couches culottes) demandant pardon, mille fois pardon pour le passé. Incapable d’aller de l’avant, Ségolène Royal, qui sans aucune autorité internationale et sans aucun mandat ne dépassant les frontières de sa région du Poitou, demande pardon au nom d’une France entière dont elle s’imagine être le héraut. Les grandes pontes de son parti sont obligés de suivre, dire « bien dit, Sego », et rappeler que le PS est derrière les défavorisés ! On attend toujours de voir comment. Ces gens politiques aiment créer la polémique, pour se rappeler les moments ou ils avaient du pouvoir, ou qu’ils espèrent toujours avoir. Quitte à amalgamer la crise avec leur dégout viscéral pour le pouvoir en place et leur tendance a confondre intérêt personnel avec l’intérêt général.
Contre l’Ennemi, les armes ont changés. La morale aussi. Maintenant, il devient « normal » d’enfreindre la loi. Je n’ai pas encore eu vent de poursuites judiciaires contre les preneurs d’otages patronaux. Sans faire la triste mine, il suffit de prendre n’importe quel dictionnaire pour relire la définition de prise d’otage et comparer.
C’est bien ce qui c’est passé ces dernières semaines. Mais ce n’est pas gentil de comparer de pauvres opprimés de la violence sociale avec de vulgaires malfaiteurs. Sauf qu’en y regardant de plus prêt, et en se prêtant au même jeu de la reprise des mots, on peut laisser entendre que la violence sociale, c’est eux. Ils se retrouvent même encouragés et justifiés par les politiques : "Les salariés doivent forcer le barrage de l’injustice absolue", par Ségolène Royal.
Prendre en otage des patrons « pour négocier », arrêter tout un trafic de transport en commun ou coupant des conduites de gaz pour « la bonne cause », ou paralyser toute une ile pendant 44 jours (car au delà, les salaires n’auraient pas été versés ?), les moyens ont changés. Sauf que lorsque Machiavel préconisait d’utiliser tout les moyens pour parvenir a une fin, ce n’était surement pas au détriment du peuple lui même. Dans les idées de l’inventeur de la science politique, il est rappelé de faire abstraction de la morale. Sauf que dans le cas qui nous concerne, tous ces mouvements sont portés par le cœur, plus souvent que par la réflexion. Et les sentiments en politiques ne sont pas ce qu’il y a de mieux. L’usage de la démagogie n’est pas un bon moyen. Il banalise l’outrepassement au droit et a l’ordre républicain.
Ces coupeurs de gaz, de la CGT-Gaz de France, déclaraient « réfuter toute idée de prise en otage des foyers français ». Bon bah si c’est dit, c’est que ce doit être vrai. Je ne demande qu’à les croire. Si c’est simplement pour embêter le patronat et faire perdre de l’argent, le moyen ne marche pas tout à fait. Rappelez vous il y a quelques semaines, l’UNM qui devait mettre la clef sous la porte car les syndicats ont trop bloqués l’entreprise avec de multiples grèves et autres conflits sociaux, et que l’argent a disparu faute de travail accompli. Bel exemple d’action syndicale. Surtout lorsqu’ils ont entamé une énième grève contre cette fermeture qu’ils ont eu même provoquée
En France, les syndicats sont très présents… sur la scène médiatique et dans les rues. En revanche, ce qu’on ne voit pas assez c’est leur taux de représentativité. Combien de pourcentage de syndiqués chez les employés ? Qu’importe, ca n’est de toute façon pas très important (je parle de manière quantitative autant que de manière qualitative). On peut toujours dire « oui, mais s’il n’y avait pas de syndicats, qui serait la pour nous aider, nous autres employés ? », mais ca reste maigre comme réflexion. Il y a toujours pire, mais imaginez un instant un syndicat beaucoup moins virulent et revendicatif (ou revanchard), qui préférerai s’assoir calmement a la table des négociations, être conciliant et réaliste, plutôt que de tout de suite imaginer quel serait la meilleure des actions handicapante et médiatiquement intéressante a organiser.
Car voila un grand problème en France. On aime dénoncer, critiquer, fustiger… Mais dès qu’il s’agit de soit même réfléchir et proposer… c’est tout de suite beaucoup plus difficile.
Tout devient difficile. Strasbourg nous a dernièrement démontré a quel point il est difficile pour les pacifistes de le rester. Avouez tout de même que lire dans les titres de la presse « des pacifistes ont été arrêtés et condamnés pour violence » c’est à se tordre de rire…
Il y a quelque chose de pourri, et ce n’est pas forcement au Danemark que cela se passe.
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