Les « vieux » : cœur de cible de Nicolas Sarkozy pour 2012
Lors de son entretien télévisé du 16 novembre 2010, le président de la république a donné les principales orientations des 18 derniers mois à venir de son quinquennat et en même temps sans le dire des marqueurs de priorités s’adressant à ses électeurs cibles pour la présidentielle 2012 :
1- La réforme de la fiscalité : suppression du bouclier fiscal et … suppression de l’ISF (qui était en fait la raison d’être du bouclier fiscal, dont la tranche marginale maximum est de 40%), à remplacer par une surtaxe sur les revenus du capital et du patrimoine ;
2- La dépendance : mise en place d’ici l’été 2011 d’un cinquième pan d’assurance de la Sécurité sociale, pour faire face, du fait du vieillissement croissant de la population, au nombre grandissant de personnes entrant dans le quatrième âge, susceptibles de devenir centenaires, de nécessiter un environnement et des soins que ne peuvent pas toujours assumer (physiquement, psychologiquement, financièrement) la famille et les proches ;
3- La justice et la sécurité : après la politique sécuritaire très médiatisée, reliée à l’immigration avec l’affaire des Roms, voici venu le temps des jurés populaires, que Nicolas Sarkozy souhaite introduire au tribunal correctionnel (à l’image des Etats-Unis), comme il y en a en Cour d’assise.
Ces priorités s’adressent clairement à un public de seniors, de gens assez âgés, qui étaient déjà sa cible électorale favorite en 2007, comme l’ont démontré les analyses sur les votes et leur décomposition en terme de classes d’âges. De plus Nicolas Sarkozy ne s’est absolument pas adressé aux jeunes si ce n’est une seule fois en citant le mot « emploi des jeunes » ; rien sur l’éducation, rien sur l’injustice énorme à leur égard que représente une dette publique qui pèsera sur les générations futures pour financer les dépenses passées et les déficits sociaux des actifs et retraités d’aujourd’hui.
En effet, les détenteurs de patrimoine, qui ont un intérêt à la réforme fiscale annoncée, sont d’une part les grandes fortunes (que Nicolas Sarkozy n’oublie pas et qui ont été et seront de grands soutiens financiers pour sa campagne, et de surcroît par l’influence des puissances financières sur les médias, de bons relais de communication pour influencer l’opinion publique), d’autre part les personnes âgées qui ont pu cumuler des biens, immobiliers, fonciers, ou mobiliers. On notera au passage que les plus fortunés qui utilisent, comme Liliane Bettencourt, des astuces comme la création de holdings financiers logeant le patrimoine et ses revenus, ne versant à leur actionnaire-propriétaire que ce qui lui faut pour ses dépenses, ne seront toujours pas plus imposés sur les revenus de ce patrimoine, mais uniquement sur leurs dépenses comme aujourd’hui, à moins de légiférer pour interdire ce type de dispositif ! Ce sont donc, encore, les classes moyennes qui vont trinquer et payer une grosse partie des 3,5 milliards d’euros d’ISF qu’il faudra trouver et que ne paieront plus les gros propriétaires fortunés !
Concernant la dépendance, le message est clair : les plus sensibles à l’annonce de ce dispositif sont les personnes âgées encore valides (65-80) et les enfants de personnes très âgées (50-65) qui sont déjà confrontés à ces soucis. Ce qui n’enlève rien à la nécessité et à la pertinence d’une telle réforme …
Enfin, les personnes les plus sensibles aux problèmes de sécurité, d’incivilité, de délinquance, de vol, etc. sont les personnes plutôt seniors. Elles ont peur, peur des jeunes, peur des banlieues, peur des étrangers, peur des inconnus, … Cette peur est cultivée par les medias, nourrit le Front national comme l’UMP qui a cherché à prospérer sur ce terrain-là, entretenant la montée de la délinquance par une politique menant à la dégradation sociale, par l’insuffisance de politique préventive, par la ghettoïsation croissante des cités, par la suppression de la police de proximité. La volonté de stigmatiser une justice défaillante (mise en liberté de récidivistes, lenteur d’exécution, …) et de proposer un jugement par le peuple lui-même, qui se fera justicier, est clairement un argument populiste qui s’adresse aux classes populaires.
Ce qui est curieux, c’est que pour désigner les personnes âgées, Nicolas Sarkozy a employé le mot « vieux », ce qui donne un ton un peu irrespectueux à l’expression. Faute de style ?
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