Le 29 octobre cela va faire trente ans déjà que tu as cassé ta pipe ! Tu as rejoint le gorille, le curé, Jeanne et les autres, j'espère que tu emporté avec toi les bancs publics et la claire fontaine, que les femmes infidèles que tu as aimées n'ont pas été rossées par leurs maris...et que tu penses souvent au petit cheval blanc.
Je crois que le monde que tu as quitté te plairait beaucoup moins maintenant, tellement les choses ont changé. Et le nombre de "cons" que tu as si souvent chantés a considérablement augmenté ! Quand j'écoute tes chansons, je pense à la petite fille émerveillée que j'étais lorsque je t'ai entendu la première fois, je voudrais bien revenir à cette époque où la vie n'était pas si cruelle que de nos jours pour les pauvres gens.
Si tu étais toujours parmi nous, tu aurais encore des sujets d'inspiration pour tes chansons, il y aurait toujours un Auvergnat quelque part pour sauver un miséreux ou un gars qui a mal tourné.
Nous sommes toujours en république, mais le président se prend pour un roi, il fait faire, par ses sbires, la chasse aux mauvaises herbes (ce sont les pauvres, qu'on nomme aussi "cancer de la société").
Tu n'aurais pas non plus aimé, cher Georges, que l'on traite tes parents comme on le fait pour les étrangers aujourd'hui, car ils étaient Italiens, tu as vécu dans l'amitié de tes copains d'abord, dans l'amour de Jeanne. Maintenant l'amour est galvaudé, ce n'est plus du tout romantique, le sexe est devenu une arme et l'argent un symbole de pouvoir absolu. La guerre n'a pas disparu partout, on s'entretue pour le pétrole et le pouvoir des dictateurs est odieux. Et il y a toujours des gens qui meurent pour des idées !
Mais où sont donc les amoureux des bancs publics, ton arbre où tu te sentais si bien, et les filles de joie qui sont devenues les proies de sordides proxénètes ?
Maintenant on ne se demande plus forcément en mariage et on ne chasse plus les papillons, victimes comme de nombreux autres êtres, des poisons qu'on diffuse dans l'air et sur terre.
Tu nous manques, Georges, avec tes gros mots et ta poésie, des artistes t'ont rendu hommage, régulièrement, ils n'ont pas voulu t'imiter, seulement faire comme s'ils étaient toi. Tes chansons sont immortelles, comme les poèmes des auteurs qui t'ont inspirés pour écrire, grâce à ton professeur de français.
Il y a encore des hommes et des femmes qui vivent d'amour, rassure-toi, tout n'est pas perdu, on laisse les "cons" au bord du boulevard du temps qui passe, et même si tu as dit qu'il n'y a pas d'amour heureux, j'y crois, il faut aller plus loin, peut-être passer le pont...
Je ne connais pas Sète ni sa plage, tu as pourtant supplié pour qu'on t'y enterre, ce n'était pas possible, la mer t'aurait emporté, mais le petit cimetière où tu reposes est magnifique, je t'assure. Et je t'informe qu'il y a des écoles, des centres culturels et des rues qui portent ton nom, alors on n'est pas prêts de t'oublier. Certains artistes ont reçu la légion d'honneur, je crois que tu l'aurais refusée, car ce n'est jamais qu'une médaille !!!
Je ne serais pas surpris que ce sympathique coup de coeur ait été produit dans la foulée du film sur Brassens passé sur FR2 récemment ...
Et je dois avouer que j’ai bien aimé cette bio aussi. Même si on a changé quelques réalités pour rendre ça + sympa. Je pense notamment aux rapports avec ses parents.
Car là, je verrais plutôt une mère beaucoup + dictatoriale, bigote et insupportable que celle du film, accompagnée d’un père + effacé et platement soumis au diktat de la mère.
Cette vison moins rose-bonbon expliquerait bien mieux la suite de sa vie, tant pour son anti-autoritarisme et -cléricalisme, que pour ses relations avec les femmes. Tel ce curieux « ménage à 3 » avec Jeanne P. qui aurait pu être sa mère, et le fait qu’il n’ait jamais vécu avec Joha H. malgré qu’ils s’aimaient à fond.
Par contre, ce qui est bien mis en relief dans le film, c’est qu’il ne vivait que pour son Art. C’était ça ou rien !
Et là est l’essentiel, car c’est ce qui en a fait un grand, un vrai grand qui laissera sa marque dans l’histoire de la chanson française. Au même niveau qu’un Jacques Brel qui, lui aussi, a tout sacrifié pour son Art, quitte même à avoir été sdf à Paris à ses débuts.
Bref, Georges comme Jacques ont pris tous les risques existentiels pour leur Art, car ils auraient pu rater leur vie avec ce « ça passe ou ça casse ». Mais ils se sont accrochés à leur rêve malgré des débuts très difficiles et décourageants, et à force de passion et de travail, ça a fini par payer.
Un superbe exemple d’humanité constructive.
A contrario, j’ai connu un gars ( appelons-le « Léon » ) qui adorait aussi la musique, rêvait de percer dans son art dès son enfance, mais a trouvé + sage de faire un compromis avec la vie, en devenant enseignant, ce qui lui permettait d’avoir un peu de temps libre. Sauf qu’il s’est marié aussi, et le temps libre s’est encore compressé.
Et puis surtout, avec cette sorte d’équilibre existentiel, « Léon » ne vivait pas la souffrance et la faim qui auraient pu le conduire éventuellement à se transcender comme seuls peuvent le faire les vrais génies. Et c’est pour ça qu’on n’a jamais vu « Léon » en haut de l’affiche.
A sa décharge, l’immense majorité des rêves d’enfance s’évaporent dans ce même schéma. Car le Grand Art, et la créativité géniale en général, ne permettent pas de compromis.
Bien vu, Tall, en effet c’est après avoir vu ce téléfilm que j’ai eu l’idée d’écrire mon article, mais ma passion pour les chansons de Brassens date de mon enfance, j’avais 9 ou 10 ans et un de mes oncles était dingue de lui au point de porter la même moustache ! Au sujet du téléfilm, je l’ai trouvé bon et assez fidèle à ce qu’on connait de sa vie. Bien sûr le réalisateur l’a sans doute enjolivée quelque peu, mais les acteurs étaient convaincants. J’ai vu également les films sur Gainsbourg (très bon aussi) et Coluche (un peu caricatural), mais on ne peut pas vraiment reproduire à l’identique la vie de personnages aussi connus, car il y a souvent une part de légende. Il y avait, à cette époque, beaucoup d’artistes qui travaillaient avec acharnement et ne réussissaient pas à percer, maintenant un jeune met une vidéo sur internet et il se fait connaitre en un clic, mais a-t-il forcément du talent ? Vous parlez de Jacques Brel, cet autre immense talent, aucun chanteur ne pourra les égaler. Il existe une célèbre photo, prise dans une radio où étaient invités Brel, Brassens et Ferré, pour un débat sur l’anarchie. Sans doute la connaissez-vous, je vous envoie le lien de YouTube. http://www.youtube.com/watch?v=MjynHXaU0x8
Merci Éric, je vais mettre votre lien dans mes favoris ! Tout ce qui me parle de notre Georges me ravit, j’ai déjà tous ses disques mais pas forcément tous ses textes. je vais de ce pas visiter votre site. Et encore merci
Rebonjour, attention - mon ordi m´a fait a l´instant une alerte [ malware] en (re) ouvrant le site eric.n.free.........ca m´avais jamais fait ca avant - sorry
Bonjour Jean, vous avez raison, mais est-ce que c’est mieux de voir cet étalage de débauche et de corruption dans notre vie quotidienne, comme si c’était un passage obligé pour réussir ? En tout cas je vous remercie de votre commentaire, cordialement à vous.
parmi les textes de Georges il en est un qui exprime la joie d’être orphelin. Il y déclare le regret de savoir ses parents malgré leur amour profond cherchant à entraver sa carrière et sape ses ambitions.
Mon grand père avait son bateau dans ce même port de Sète, probablement juste pour fréquenter des marins, et pas d’eau douce, pour leur philosophie de la vie et leur solidarité sans failles qu’impose le monde de la mer. En effet, une fois larguées les amarres, tout devient improbable et l’horizon qui a l’air plat, vu de la jetée est très rapidement bien creux et secoué. Au plus fort de la tempète, quand il faut souquer fort les bouts et ça forge des amitiés indissolubles...
Bel hommage à ce grand poète de la chanson française. J’ajouterai juste que l’ami Georges aimait beaucoup les chansons de Trenet : au début de sa carrière, avant que Patachou ne le « lance », il avait écrit quelques textes inspirés des poèmes de Narbonnais.
Ensuite, il a fait une carrière très personnelle et originale à un tel point que ses grandes chansons font aujourd’hui partie de notre patrimoine.