Lettre à M. Sarkozy, candidat...
J’ai écouté avec attention votre déclaration de candidature. 2 fois. Avec patience. J’ai maintenant plusieurs questions à vous poser. D’abord une petite sur le fond.
1 - Vous déclarez « la France ne peut pas rester à l’écart de la course du monde ».
Pour aller où ? Pourquoi si vite ?
La France a parfois agi différemment de ce qui se faisait autour d’elle, et même montré de nouvelles directions, pour son plus grand rayonnement international d’ailleurs. A ce jour, je ne vois pas clairement où vous souhaitez nous emmener. Si ce n’est dans un traité transatlantique à la suite des Etats Unis, dans une Europe noyautée en silence par un Mécanisme Européen de Stabilité opaque, sans aucun contrepouvoir et ne pouvant être contrôlé ni sanctionné puisque selon ses propres statuts, aucun Etat ne pourra l’attaquer en justice. Avec le traité qui va suivre, la « France Forte » n’aura plus de souveraineté sur son budget et ses orientations (cf la Grèce qui voulait réduire son budget militaire pour se plier aux sommations de la Troïka, mais à qui la même impose de diminuer salaires et retraites), comme elle a déjà perdu le droit de décider de sa politique agricole, économique et industrielle. C’est la France Offerte, ça…
Que m’importe la croissance exponentielle que vous valorisez et après laquelle vous semblez courir, dans un monde dont les ressources sont limitées, où on ne sait pas traiter nos déchets, et où cette croissance n’arrive jamais jusqu’au peuple qui lui, perd en pouvoir d’achat et de liberté depuis 10 ans. Vous parlez d’ « une France qui a tous les atouts pour gagner mais qui doit faire des changements pour se trouver en situation de garder son rang et son modèle ». Si le rang (économique je suppose…) se tient au détriment de la population et de l’équilibre environnemental, ça ne m’intéresse pas. Je préfère montrer au Monde en plein changement, en effet, une France libre, digne de l’égalité de ses citoyens et fraternelle. Et il n’a pas dû vous échapper qu’il y a un choix… Que tout autour de la méditerranée, des peuples se sont levés aussi pour la dignité. Et devant Wall Street. Le modèle est caduque…
2 - « Si nous voulons garder notre modèle social, notre façon de vivre, nous devons continuer à faire les changements ». Or donc, l’objectif de la course serait celui-là ?! Mais de quoi parle-t-on ? A quel modèle social faites-vous référence ?
Celui que le Conseil de la Résistance avait insufflé ? Celui où la solidarité entre tous les français se retrouvait au niveau de la sécurité sociale, de l’emploi et du non-emploi, du droit à avoir un logement (on trouve le concept d’opposable dans nos lois), des papiers quand votre famille est française, celui ou les générations pouvaient progresser de l’une à l’autre, celui où le peuple l’ouvrait et obtenait la libération de la femme, les congés payés, la retraite par répartition… C’est tout en vrac, je suis énervée…
Ou bien on parle du modèle social que vous mettez en place, pas après pas, de renversement de la hiérarchie des normes (entre le Code du Travail qui garantit l’équité de traitement et les accords locaux d’entreprise), de la dérégulation des salaires et de la durée du travail, de la retraite pauvre et pourtant si durement et longuement gagnée, de la mise à mort des services publics (hôpitaux, éducation nationale, service de l’emploi…), de la sous-traitance de l’exploitation de nos autoroutes, de notre distribution d’eau, d’énergie, de l’opposition des français entre eux, et avec les personnes d’origines étrangères, entre les travailleurs et les « assistés », entre les très riches (à qui vous rendez des sous) et les autres (99%, ça fait beaucoup de bulletins de vote, ça !), entre les judéo-chrétiens (la bonne « civilisation » surement, qu’en pensez-vous, Mr le chanoine qui ne rate pas le diner rituel du CRIF ?) et les musulmans…
Stop. Vous avez bien compris qu’il y a 2 modèles sociaux qui s’affrontent.
L’un humaniste, qui centre ses intentions et ses actes au service des citoyens.
L’autre arriviste, qui centre son action sur l’argent et le pouvoir, et dans laquelle l’asservissement de la population est une variable d’ajustement.
Vous pouvez toujours essayer de nous convaincre que vous faites partie des premiers, mais vous avez 2 mois… Et 5 ans de bilan présidentiel, et plus de 10 aux « affaires » comme vous dites.
3 - « L’idée centrale de mon 2ème quinquennat, c’est redonner la parole aux français. […] Parce qu’il ne faut pas avoir peur de la parole du peuple ». Dont acte.
Que ne faites-vous un referendum sur l’adoption du M.E.S. et du prochain traité européen ?
Par referendum, les français avaient dit « non » à Maastricht en 2005. Vous êtes revenu par derrière avec le traité de Lisbonne et avez bafoué notre parole et la représentativité que les français majoritaires vous avaient confiée par l’élection. A mes yeux, vous avez perdu votre crédibilité sur tout referendum.
Non. Vous préférez nous cliver, encore. Entre les travailleurs et les « assistés ». Vous voudriez organiser un referendum sur l’obligation pour les chômeurs de se former et d’accepter ensuite la 1ère offre d’emploi.
Petits rappels :
- Je vous cite : « C’est une forme d’assistanat ». Et plus loin « l’assistanat n’a pas sa place ». Les demandeurs d’emplois ne sont pas des assistés, mais des ayants droits à l’assurance chômage pour laquelle ils ont cotisé.
- Les droits et devoirs des demandeurs d’emplois existent déjà dans la loi, quoi que j’en pense. Ainsi que l’obligation d’accepter une « offre raisonnable d’emploi », assortie de sanction de suspension d’allocation pour celui qui s’aventurerait à refuser deux offres. Le caractère raisonnable de l’offre est revu à la baisse, selon la loi toujours, à plusieurs reprises et dès la première année, notamment en diminuant le salaire que l’on est prêt à accepter, et en élargissant le territoire sur lequel on se doit d’accepter l’offre.
- Quelques chiffres : 2 000 personnes sont radiées chaque mois pour ce motif, nous dit-on. Soit 24 000 par an. Il y avait en décembre 2011 plus de 4,5 millions d’inscrits sur les listes de demandeurs d’emplois (Catégories ABC, y compris DOM TOM). Voyez vous-même le rapport, la proportion est ridicule. Autre chiffre qui circule : 200 000 offres non pourvues à pôle emploi au niveau national. Vous pouvez toujours former qui vous voulez, on ne fera pas entrer 4,5 millions de chômeurs dans 200 000 postes… A moins qu’on ne fasse que du temps partiel, très partiel.
- Cela nous amène à étudier la nature des offres à pourvoir. 80% de CDD + interim, donc des personnes qui reviennent pointer après, et qui doivent faire face à des modifications de budget si importantes qu’elles ne peuvent rien entreprendre. Secteurs d’activité : nettoyage (CDD très partiels, le pire du pire pour l’emploi du temps, on y travaille tôt le matin et tard le soir, on perd beaucoup de temps en déplacements non payés le plus souvent, on cumule les employeurs pour arriver à augmenter ses heures mais le temps plein est quasi inexistant), restauration rapide (temps partiel aussi, planning découpés et étalés sur + de cinq jours), grandes surfaces (mêmes problèmes). Et qui on trouve dans ces secteurs ? les femmes, notamment célibataires avec enfants. Quant aux postes non pourvus de niveau BAC+5 et au-delà, on fera de « l’immigration choisie » car ni pôle emploi, ni les régions, ni les entreprises, ni les OPCA ne financent de formation longue.
J’abrège, je pense que vous avez compris qu’on ne sortira pas de l’ornière en déqualifiant la population.
4 - Il y a un point que vous n’avez pas abordé, et je le comprends. Présomption d’innocence, immunité présidentielle, blablabla.
A l’heure où le président allemand démissionne,
où votre ancien trésorier est mis en examen pour recel de financement illégal de parti politique, lors de votre campagne présidentielle de 2007.
A l’heure où vous présentez à nouveau votre candidature à la plus haute fonction de l’Etat.
A l’heure où les français sont en droit de se demander si, donc, votre première élection était légitime et régulière, comment vous positionnerez-vous face à la justice ? Irez-vous témoigner si vous y êtes appelé ? Et dans le cas où Mr Woerth serait condamné, démissionneriez-vous pour répondre face à la justice ? Je ne juge pas par avance, présomption d’innocence quand tu nous tiens, mais les électeurs voudront connaitre votre position je pense.
Bon, moi vous ne me « con-vaincrez » pas, de toute façon je ne vous crois pas. Mais va falloir être plus précis, car j’ai vu ces questions partout sur la toile. Les français aussi se réveillent et s’instruisent.
Liberté Egalité Fraternité sera toujours ma devise.
J’y ai ajouté l’humain d’abord.
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