Lettre à nos amis français : « nous sommes tous des Syriens… »

Rien n’est plus doux que de voir trembler un tyran, rien n’est plus juste que de le renverser avec la loi de la force quand c’est la seule loi qu’il respecte et administre. Faire tomber un Bachar ou un autre comme on chasserait un clou serait d’utilité publique sauf qu’en l’occurrence ce n’est ni facile ni urgent quand on voit ce qui se passe tout autour. La Syrie semble avoir goûté à une déstabilisation générale du monde arabe comme la chute d’un domino en entraîne un autre or l’orientation en gruyère de la chute est douteuse car les révolutions justes ne se propagent pas de la sorte par bonds successifs épargnant certaines terribles tyrannies qui se trouvent être alliées du prétendu vent révolutionnaire...
Nous sommes encore en ces temps anciens où l’on peut faire avaler n’importe quoi aux populations occidentales pour qu’elles soutiennent une guerre civilisatrice car c’est de ça qu’il s’agit officiellement quand on veut promouvoir par la force la démocratie. Seulement, ces mêmes populations ont été échaudées par les dernières guerres occidentales. Pour ne parler que du funeste Bush. Jr et sa clique, les peuples américains et anglais furent les premiers enfumés de façon grotesque créant en retour une haine de l’occident chez les peuples bombardés au nom de la prétendue liberté.
Depuis, c’est encore trop tôt et pour un autre mensonge et même pour la vérité car ne dit-on pas « chat échaudé craint l’eau froide ». Aussi le retour de bâton médiatique et démocratique fait reculer les va-t-en-guerre vu que plus personne ne veut croire sur parole les puissances occidentales du moins les deux seules qui semblent les représenter toutes à savoir l’Angleterre et les États-Unis. De là le refus de la chambre des représentants de laisser le Cameron jouer au jeu de la guerre à l’abri au 10 Downing Street. On dit que cela gêne Obama qui aurait voulu y aller. Obama n’a jamais été chaud pour aller en guerre surtout pas dans cette affaire ni suivant l’agenda israélien en Palestine ni pour la guerre préventive contre les installations nucléaires de l’Iran, de là l’humiliation que lui a fait subir Netanyahou au congrès et la hâte pour les sionistes de le voir quitter la maison blanche.
Qui a utilisé les armes chimiques récemment ? Qui peut le dire avec certitude ? Les deux camps sont capables de tout. Les rebelles pour accélérer l’intervention occidentale et même le pouvoir syrien sachant que le doute serait permis. Reste que le pouvoir syrien a plus à perdre à tenter l’aventure chimique que les rebelles et leurs alliés de l’ombre. Pour le citoyen lambda de tout pays, impossible de savoir.
Quant à nos amis français, si pressés d’intervenir au nom du respectable devoir d’ingérence en matière humanitaire, c’eût été admirable si le doute n’était pas permis quant à l’origine de l’attaque et surtout en respectant la fameuse légalité internationale même pour le peu qu’elle représente à savoir un conseil de sécurité des Nations Unis qui représente quelques puissances et pas d’autres, avec chacun un droit de véto pendant qu’on trouve assis là des puissances qui ne représentent pas toujours les droits de l’homme pour ne citer que les chinois sans parler des russes qui savent si bien gazer les écoles au mépris de la vie humaine enfants et femmes compris pour déloger les terroristes de façon aussi brutale qui si ces derniers avaient exécuté leurs menaces.
Le monde arabo-musulman et le monde entier se souviendront longtemps de la France d’un Villepin disant non à leurs alliés au nom de la sagesse du vieux continent, c’est pénible qu’entre-temps on ait affaire à la France d’un Fabius plus agité que de nature ce qui laisse penser que d’obscurs enjeux inavouables se pratiqueraient à l’instant. On n’ose imaginer que notre Hollande puisse trouver là une cynique occasion de durcir définitivement son image de chef de guerre histoire de divertir la France assiégée par la crise et les impôts en la rassemblant derrière la patrie au combat et en finir au passage avec l’image de la prétendue gauche molle.
C’est heureusement impensable car ce serait une folie d’attaquer la Syrie dans l’état actuel des forces en présence surtout quand chacun sait qu’au-delà des intérêts des occidentaux c’est une guerre entre puissances sunnites et chiites, les sunnites ayant parmi eux des tyrannies les plus obscurantistes comme l’arriérée Arabie Saoudite où les femmes ne peuvent pas conduire que dire du reste et le primitif Qatar malgré ses redoutables effets spéciaux qui ont vendu au monde une image prétendument moderne le présentant comme pays arabe le plus parisien alors qu’il s’agit d’une chinoiserie qui se vend bien.
Qu’espérer d’une Syrie dans le chaos ? Sans parler des populations, comment réagira le Hezbollah ? De deviendra le Liban ? Et les russes, pourquoi font-ils venir des navires de guerre s'ils ne comptent pas "participer" même indirectement à la défense de leurs intérêts en soutenant le régime ? A qui profite le crime ? L'Iran après la Syrie ? En cas de chaos généralisé que deviendront les français de la région et du monde face aux représailles quand les images du peuple syrien dévasté feront le tour du monde ?
Le citoyen lambda lance un appel à nos amis français : la Syrie n’est pas le Mali et nous sommes tous des syriens. Comme on dit chez nous : la bichor… doucement…
41 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON