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Lettre de la campagne

Bande son : A.T.C.R - Burn Your Village To The Ground (Neon Natives Remix) ;

Lettre de la campagne, au sujet de stratégie, de respect du gouvernement, et des CLASSES :

Ce qui s’est passé à Grenoble mercredi soir pousse encore un peu plus à se positionner, et donc à assumer nos positions de classes. Et c’est bien malheureux pour elle, mais la police n’est toujours pas du côté des classes populaires, (comme aiment à le redire, en citant Pasolini( !), quelques journalistes des classes supérieures parisiennes), et même loin de là. Dans les villages, la police est une force d’occupation qui vit « entre elle » (ah les dangers du communautarisme !), à l’écart, et ne se mélange pas, on ne les rencontre que pour porter plainte (résolue dans 5% des cas je rappelle, quelle efficacité) ou perdre son permis et sa boulette, alors baste ! Ce sont d’autres gens [sans même parler du fait que les agents de police sont régulièrement muté, pour ne pas que des liens de sympathie aient le temps de se créer avec la population, sympa la confiance que l’état a en la nature humaine ; ils nous prennent pour quoi ? des sauvages, des indiens ? des esclaves. Car même la dernière des brutasses pourrait sympathiser avec un esclave triste, alors le système se méfie que l’on puisse créer des liens ; et je n’invente rien, c’est juste comme ça qu’on est « géré » en France, nous le peuple des campagnes colonisé par Paris et les bourgeois] [et à l’inverse, on envoie des flics de la campagne dans les banlieues, pour pareillement jouer sur la méconnaissance respective et empêcher toute humanité].

Alors oui la police est du côté des maîtres, des gagnants de la mondialisation, de la course au fric, du côté de tous ceux qui « s’en sont sortis » (mais laissez-moi rire), de la misère de leurs campagnes de ploucs... [Même si bien sûr, sur l’échelle hiérarchique capitaliste, ils sont « en dessous » de leurs maîtres. Il n’y a pas que deux classes, mais plutôt, au moins 4 : les maîtres, puis, au même niveau, « gendarmes » et « ingénieurs-fonctionnaires », en conflit potentiel mais neutralisé par l’existence de la dernière classe, tous les autres, les ouvriers, les paysans, le troupeau, la vache à lait comme on dit ici, nous.]

Bande son deux : Mc circulaire : Ploucs et fiers

Parce que dans la vraie vie, dans les campagnes, personne n’a gagné au système, et c’est peu dire. Toute cette arnaque est donc très mal vu ici ; on se méfie(en notant toujours que plus la position sociale est élevée, plus la confiance dans le système est forte, c’est une loi mathématique sociale). On paye des impôts délirants pour des infrastructures locales inexistantes ou minables, peu de transports en commun, condamné à rouler en voiture-piège à fric-tva-essence qatarie, avec l’hôpital à 30 km, pas de « culture » ou si peu, pas de CAF, Pole Emploi à chaille, misère…, mais peu de flics aussi. Et on s’en rend bien compte au quotidien. Zones Presques Libres Mais Oubliées... (Parce que l’Exploitation s’y déroule « paisiblement » ? un peu aussi.)

C’est parce qu’il me semble que c’est pas assez clair, et que les médias mélangent tout pour brouiller les différences de vie, qu’il me semblait urgent de revenir sur nos différences de classes, nous les gens vivant sur le territoire dit français. Il faut se positionner discrètement. Soit tu es avec Macron, contre les incendiaires et les manifestants, soit tu es contre lui avec eux. Soit, tu t’en fous un peu des deux, tu fraudes et tu « jardines ». Mais justement, sarrasins de France et « énervés », c’est de notre entente que dépend le futur de ce pays. (C’est pas « clair » parce que ça ne se « dit » pas ; seuls les actes sont).

Je ne suis pas sûr qu’il est encore temps d’avoir bonne conscience. Continuer avec cette société n’est qu’un suicide déguisé. N’écoutez les médias que pour comprendre comment ils ne parlent PAS de nous, et pensez par vous-mêmes pour vous en sortir par vous-mêmes. Il n’y aura pas de sauveurs, pas de grands hommes. Il y a juste aujourd’hui cette période historique d’obligation de recomposition sociale et donc économique, ou si on y arrive pas, et bah, c’est la mort, de la planète, de l’humanité, des animaux, des plantes, etc…Ce sentiment a besoin d’un nom, ça ne saurait tarder. Le réalisme peut-être ? Il nous faut l’assumer. Brûler ne suffit pas, il faut aussi créer nos emplois, c’est un tout. [il faut oser se faire confiance ; c’est un de nos problèmes de ne pas oser penser y arriver ; mais je vous assure qu’il y a tellement de bons gens, de bons potentiels qui ne demandent qu’à s’exprimer, qu’il n’y a « réalistement » aucune raison d’avoir peur en l’avenir ; et les trump et cie ne sont pas éternels…Je propose donc de remplacer la confiance par la réalité : on n’ a pas le choix de faire ensemble, donc, au travail, et le reste vient de lui-même.]

Je sais bien que tout ça effraie un peu, on a peur de perdre le peu d’avantages que la vie en dictature apporte, mais qui pourrait soutenir qu’on ne prendrait pas plus soin de nous lorsque ce sera nous qui le ferons vraiment, plutôt qu’aujourd’hui où des technocrates capitalistes assermentés qui ne savent même pas enlever une écharde ou ce que c’est qu’une ampoule décident à notre place du nombre de vaccins qu’un bébé peut supporter ? Et j’insiste là-dessus, car il me semble qu’un gouvernement dont le « chef » a besoin de 26000 euros de maquillage pour 3 mois ne me semble pas être ce qu’on appelle sérieux et légitime, voire même tout simplement légal. Le système est vraiment une escroquerie qui nous donne des os à ronger : on ne peut pas lui accorder de légitimité.

Mais on ne sombre pas pour autant dans l’anarchie, comme dirait mémé, parce qu’on est comme ça, un peu de respect quand même. Pour les vieux et les jeunes, il est obligatoire d’assumer vraiment une autre société. Heureusement, elle existe déjà, et même encore je dirai. Les classes populaires n’ont pas attendu Macron pour délégitimer l’état et se prendre en main, en tout cas au moins essayer de survivre : économies informelles mais codifiées, assistances sociales spontanées et naturelles (immense dédicace à tous les gens qui s’occupent eux-mêmes de leurs parents alzheimer…) bonheurs relatifs et libertés prises (grâce à toutes nos petites routes notamment), des illégalismes instinctifs (mais ON n’en parle pas…), et des solidarités réelles. Le monde de demain n’est pas un mirage. Et entre les pagus et les indiens, il n’y a qu’une différence de pays. Alors on est nombreux dans les campagnes à soutenir avec un grand sourire discret toutes les actions contre le gouvernement. Et dans les campagnes, on peut se cacher aussi, il y a de la place, il y a des forêts, il y a des choses à faire, c’est juste la vie dans les endroits pas trop colonisés par l’état.

Ensuite, tout n’est que stratégie. Parce que Macron ne voudra pas plier, il faut le prendre à revers et lui couper l’herbe sous le pied, comme on dit. Une révolte fiscale gronde déjà, et ils vont être surpris à Bercy cette année… Il nous faut à tous, et plus que jamais, encore plus, faire un effort collectif d’évitement massif de la TVA et des impôts. Il s’agit en fait de progresser encore plus dans notre sport national préféré. Progrès qui, dans tous les cas, va exploser avec la misère que Macron souhaite. Car quand l’état n’aura plus de finances, déjà nous on en aura un peu plus, et c’est aussi comme ça qu’on arrive à changer des choses. Notre misère économique est une de nos grandes faiblesses. C’est bien malheureux si l’argent est un des nerfs de la guerre, mais c’est ainsi, il en faut, et surtout il en faut ailleurs. On va la faire nous la re-répartition des richesses. Mais stratégie toujours. Pour continuer à construire nos structures économiques et sociales.

La suite, ça viendra bien de soi-même. Modestement. Salutations révolutionnaires de la campagne.

Ps : merci de faire circuler cette lettre, pour ceux qui la trouvent pertinente. Je suis très loin d’être bon en communication sur l’internet, et j’ai plein d’autres choses à faire. Désolé si c’est un peu flou, c’est pas évident de communiquer sur tout ça, mais c’est un résultat de pleins de conversations avec plein de gens, qui me poussent à faire entendre un peu ces voix des campagnes en colère aussi. Bisoux.

Bande son trois : Sofia Jannok, this is my land


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mandrinou

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