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Accueil du site > Tribune Libre > Lettre ouverte à feue Chantal Sébire

Lettre ouverte à feue Chantal Sébire

Atteinte d’esthésioneuroblastome, Chantal Sébire a été retrouvée sans vie mercredi 19 mars 2008 en fin d’après-midi à son domicile de Plombières-lès-Dijon. La cause de la mort n’est pas encore connue.

Chère Mme Sébire,

Ému par l’annonce de votre disparition, je me permets de m’adresser à vous, vous qui êtes maintenant "ailleurs", pour parler de votre combat.

Je ne suis qu’un simple citoyen. Mais, comme tout humain, je me sens très concerné par les conditions de la fin de vie. J’ai connu, comme d’autres, des proches, très âgés ou très malades, dans un passé récent et aussi plus lointain, qui ont enduré une fin de vie très difficile.

Tout d’abord, je veux vous exprimer toute ma compassion. On ne peut pas rester insensible à votre douleur.

La maladie est un mal qui tombe souvent par hasard (et n’est en aucun cas méritée).

Votre maladie était terrible.

Elle vous a anéantie au moins trois fois : d’une part, en étant incurable, elle vous "condamnait" à une issue fatale et prochaine ; d’autre part, en vous défigurant complètement, vous avez dû aussi vivre psychologiquement ce mal d’une manière particulière ; et, enfin, sûrement le plus terrible pour vous, la maladie engendrait des souffrances insupportables que je suis incapable d’imaginer aujourd’hui.

Vous avez voulu médiatiser votre mal et vous en servir pour faire avancer une cause.

Je respecte votre démarche et j’admire votre courage.

Car il en faut, du courage, pour supporter les sollicitations médiatiques des dernières semaines alors que vous pouviez aspirer à une juste tranquillité face à la mort.

Et votre lucidité face à cette mort est d’un courage exceptionnel également. Vous disiez : « Je veux partir en faisant la fête entourée de mes enfants, amis et médecins, avant de m’endormir définitivement à l’aube. ».

Un excellent article sur Agoravox avait résumé parfaitement mon état d’esprit face à votre initiative, et avait même fait l’objet d’un débat d’une très belle tenue (auquel je n’ai hélas pas eu le temps de participer). Cet article me paraissait d’autant plus pertinent qu’il était posé, modéré, compassionnel, dépassionné et qu’il émanait d’un médecin (Docdory), donc ayant été lui aussi confronté à ce drame d’un point de vue médical.

Le 17 mars 2008, le tribunal de Dijon rejetait votre demande par ces mots : « La demande de Mme Sébire, humainement concevable, ne peut juridiquement en l’état du droit prospérer. (...) Même si la dégradation physique de Mme Sébire mérite compassion, le juge, en l’état de la législation française, ne peut que rejeter la demande ».

Cependant, je vous en veux quand même un peu d’avoir médiatisé votre drame.

Car je pense que, justement, « l’état de la législation française » est équilibré et juste. Elle permet la possibilité d’une euthanasie passive, mais pas active. Elle permet les traitements palliatifs, même s’ils doivent abréger la vie.

Le mot même d’euthanasie me paraît doté d’un trop gros euphémisme. Il s’agit de mort avant tout. La mort, contrairement à ce que l’étymologie veut me faire croire, n’est jamais belle ni bonne. Elle est toujours horrible. Pour les proches, et sans doute pour soi (mais peut-on le savoir ?). Elle abrège la souffrance, et c’est la seule raison qui la motive. Elle peut aussi recouvrir la signification du suicide.

Le problème des lois est qu’elles ne donnent qu’un cadre général. Elles prétendent régenter l’ensemble des cas.

Or, la fin de vie, c’est justement un sujet où seuls comptent les cas particuliers. Aucun n’est identique.

Même des prêtres, aux côtés de médecins, ont accompagné des malades dans une euthanasie active, mais discrète. Dans le secret des consciences. Dans l’intimité ponctuelle des relations humaines, entre le malade, la famille, les médecins, les autres accompagnants.

Cette discrétion me paraît vraiment essentielle.

Elle pourrait être considérée comme hypocrite (les pouvoirs publics "tolèrent", la loi "ferme les yeux", etc.), mais, en fait, elle assure aussi une certaine liberté.

Renforcer le cadre de la loi Léonetti, ce serait réduire cet espace de liberté. Ce ne serait pas une avancée.

Ce serait d’abord donner une structure beaucoup plus rigide et difficile à mettre en œuvre que ce qui se pratique déjà de façon informelle.

Ce serait aussi ouvrir une brèche dans la construction juridique à toutes les dérives, à tous les excès. L’impossibilité des malades à exprimer leur changement d’opinion face à leur propre fin de vie : et si, au dernier moment, la volonté de vivre malgré tout l’emportait, mais ne pouvait plus s’exprimer ? Et des familles impatientes d’hériter ? Et la "société" même (un établissement, un organisme...), trouvant inutiles des malades incurables sans famille (et coûteux ?) et qui aurait la tentation de s’en débarrasser ?

On aurait beau vouloir mettre un cadre rigoureux, un comité d’experts, une commission de spécialistes, des digues... le principe serait quand même donné.

Car spécialistes en quoi ? Sur quels critères se fonder ?

Y aurait-il donc bientôt, aux côtés des commissions qui vont statuer sur la rétention de sûreté des criminels en fin de peine, d’autres commissions qui vont "juger" de la vie ou de la mort d’autres êtres ? Au nom de quoi ? Alors que, dans un progrès exceptionnel du droit français, on avait décidé que, désormais, la société se retirait justement ce droit par l’abolition de la peine de mort ?

Dans un premier temps, malgré mes craintes, la réaction du président de la République Nicolas Sarkozy, interpellé personnellement par votre lettre, ainsi que celle du gouvernement, par la voix du Premier ministre François Fillon et de la ministre de la Justice Rachida Dati, me parurent saines et pertinentes.

Loin de sombrer dans l’émotion, loin de saisir un cas particulier bouleversant, le vôtre, pour en faire à la va-vite, sans profonde réflexion, une nouvelle loi, le gouvernement est resté sage et a fait savoir qu’il n’était pas question de changer la loi Léonetti.

Cette loi me paraît en effet sage. Elle va déjà loin puisqu’elle précise notamment : « Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l’avoir informée des conséquences de son choix. ».

La loi actuelle respecte donc déjà la volonté des malades.

Pourtant, à l’annonce de votre mort, hier soir, mercredi 19 mars 2008, les pouvoirs publics ont semblé faire évoluer leur point de vue.

Le Premier ministre François Fillon a en effet chargé le député Jean Léonetti (médecin), auteur de la loi qui porte son nom, une « mission d’évaluation pour remédier éventuellement à l’insuffisance de la législation ».

Jean Léonetti avait heureusement déclaré : « Le débat ne doit pas être initié ou relancé par des histoires individuelles, dans un contexte émotionnel. Une histoire bouleversante peut entraîner une solution simpliste. Il faut différencier euthanasie, suicide assisté et appel au secours face à la souffrance. ».

Cet événement arrive justement au moment où Nadine Morano entre au gouvernement au secrétariat d’État à la Famille alors qu’elle serait favorable à une réforme de cette loi.

Je ne vous reproche évidemment pas d’avoir instrumentalisé votre maladie ni votre propre disparition (dont je n’ai pas la cause exacte).

Toutefois, le résultat risque d’être là : si la loi évoluait (ce que je regretterais), votre démarche aurait eu une victoire posthume.

Mais je ne crois pas que ce serait dans l’intérêt du droit français. Ce sujet me paraît trop sensible et trop particulier pour en faire des cas généraux.

Laissons les humains décider humblement de notre fin de vie et n’y mettons pas le corset d’une législation qui ne pourrait jamais être, de toutes façons, satisfaisante dans un sens ou dans un autre car les frontières entre euthanasie (parfois pertinente), suicide (toujours respectable) et assassinat (toujours répressible) resteront malgré tout toujours très floues.

Empathie et condoléances à vos proches.

Reposez en paix, chère Mme Sébire.

Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mars 2008)

Pour aller plus loin :

La loi 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie dite loi Léonetti.


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40 réactions à cet article    


  • Démosthène 20 mars 2008 12:18

    Salut,

    Belle échappée, d’autres pays ont choisi ave conscience une législation différente qui satisfait tout le monde sauf certains grouppes "conservateurs"

    C’est le cas ici en Belgique.

     

    @+


    • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 20 mars 2008 13:08

      NB : La mission confiée à Jean Léonetti l’a été AVANT l’annonce de la mort de Chantal Sébire.


      Quelques autres articles sur le sujet :


      Nadine Morano pour une commission sur l’euthanasie
      http://www.liberation.fr/actualite/societe/316717.FR.php


      Contre une autopsie
      http://www.liberation.fr/actualite/societe/316726.FR.php


      Interview de Jean Léonetti
      http://www.liberation.fr/actualite/societe/316664.FR.php


      Réévaluation de la loi Léonetti
      http://www.liberation.fr/actualite/societe/316700.FR.php


      Disparition de Chantal Sébire
      http://www.liberation.fr/actualite/societe/316665.FR.php


      L’esthesioneuroblastome
      http://www.liberation.fr/actualite/societe/316699.FR.php


      • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 20 mars 2008 13:09

        NB : La mission confiée à Jean Léonetti l’a été AVANT l’annonce de la mort de Chantal Sébire.

        Quelques autres articles sur le sujet :
         

        Nadine Morano pour une commission sur l’euthanasie
        http://www.liberation.fr/actualite/societe/316717.FR.php
         

        Contre une autopsie
        http://www.liberation.fr/actualite/societe/316726.FR.php

         

        Interview de Jean Léonetti
        http://www.liberation.fr/actualite/societe/316664.FR.php

         

        Réévaluation de la loi Léonetti
        http://www.liberation.fr/actualite/societe/316700.FR.php


         

        Disparition de Chantal Sébire
        http://www.liberation.fr/actualite/societe/316665.FR.php


         

        L’esthesioneuroblastome
        http://www.liberation.fr/actualite/societe/316699.FR.php


      • Leila Leila 20 mars 2008 13:22

        Madame Sébire a choisi de se suicider. Point à la ligne.

         

        Depuis ce matin la radio dégouline de bons sentiments et de discours vaseux sur l’euthanasie. Le « droit de mourir dignement » de madame Sebire imposerait d’abord le silence à tous ces paparazzi.


        • docdory docdory 20 mars 2008 17:50

           @ Leila 

          Jusqu’ici , selon les informations , on ne sait pas si Madame Sébire est décédée de l’évolution naturelle de sa maladie ou si elle s’est suicidée . Je pense d’ailleurs qu’il s’agit d’une connaissance superflue , et j’ose espérer qu’aucun procureur n’ira exiger une autopsie dans ces circonstances ....


        • docdory docdory 20 mars 2008 18:07

           @ Sylvain Rakotoarison

          Entièrement d’accord avec votre excellent texte . Discrétion et espace de liberté , voilà une bonne approche de cette question . Une législation ne pourra jamais prévoir tous les cas de figure possibles , ni réglementer tous les aspects de la vie et de la mort de chaque citoyen . Il est bon qu’existe dans ce domaine une sorte de " trou noir " législatif , l’Etat ne peut pas se mêler de tout .

          L’intérêt de la discrétion est malheureusement illustré par l’invraisemblable et choquant bouclage du quartier par une cohorte de forces de l’ordre à la suite du décès de Mme Chantal Sébire , et la mobilisation d’un procureur dont on espère qu’il ne va pas , par des décisions inopportunes , judiciariser encore plus ce décès qui n’en a sûrement pas besoin ...

          Bruxman avait mis en commentaire de mon article que , en Hollande , 1,3% des décès feraient suite à une euthanasie . Il ne s’agit plus là de cas exceptionnels , mais de ce qui ressemble fort , malheureusement , à une dérive .


        • Atlantis Atlantis 20 mars 2008 22:36

          @ docdory : vous n’espérez pas d’autopsie de crainte de la confirmation du suicide surtout ...


        • Patience Patience 24 mars 2008 23:33

          Docdory,

          Vous citez :

          ""Bruxman avait mis en commentaire de mon article que , en Hollande , 1,3% des décès feraient suite à une euthanasie . Il ne s’agit plus là de cas exceptionnels , mais de ce qui ressemble fort , malheureusement , à une dérive .""

          Qu’est-ce qui vous gène ? :

          Que 13 mourants, pour mille, confrontés à une souffrance ou une déchéance intolérables aient pu être soulagés par une euthanasie, ou que votre intuitivisme professionnel ressente ce chiffre comme anormal.

          Ce n’est, ni à vous, et encore moins aux statistiques, de décider et de fixer des limites.

          Ou serait la vraie dérive ?

          D’autant que, sur l’évaluation rapportée par Bruxman, votre appréciation semble ne se baser sur aucunes données comparatives.

           


        • morice morice 20 mars 2008 13:25

          "cependant, je vous en veux quand même un peu d’avoir médiatisé votre drame." et là le donneur de leçons gratuites, calmos : c’est pas elle qui a choisi les photos mais la presse : regarde les magazines, et tu verras ceux qui l’on respecté en ne montrant PAS son visage. C’est idiot de prendre le problème par le bout de la lorgnette : c’est de l’autre côté que ça se passe, Mr le Morano-addict !!!


          • Bretzel man 20 mars 2008 13:26

            Aux partisants de l’euthanasie, je dis ce que je dis aux partisants de la peine de mort.

            Accepteriez-vous que les personnes chargés de mettre un terme à la vie d’un condamné (dans tous les sens du terme), soient tirées au sort comme pour les jurys de court d’assises ?

            Parce que le corps médcial ne veut pas (à 95%) se charger de cette tache. Et n’allez pas me répondre que l’état n’a quà cherger des gens de faire ce travail. Soyez adulte, assumez vos propos.

            Voila le scénario.

            Il est 7h, le téléphone sonne. Bonjour, Mr X, vous avez été désigné pour venir à l’hopital X faire une injection à un malade en fin de vie. Cette personne est dans le coma, et sa famille a décidé d’abréger son existence. Veuillez vous présenter à 11h.

            Il est 7h, le téléphone sonne. Bonjour, Mr X, vous avez été désigné pour venir à la prison de la santé à Paris faire procéder à la décapitation de mr x, condamné à mort. Veuillez vous présenter à 11h.

            Si dans ces deux cas, vous estimez que vous n’aurez pas le cran d’y aller, conservez votre avis, c’est votre droit. Mais de grace cessez de venir faire de la morale de salon. Arrêtez de réclamer à de sgens qui bossent 50h par semaines qu’ils se chargent de piquer les vieux dans leurs maisons de retraites.

            Non mais je vous jure... quel pays.


            • faxtronic faxtronic 20 mars 2008 16:22

              Quel cretin tu fais. L’euthanasie est un acte medical, fait par le medecin traitant.


            • Bretzel man 20 mars 2008 18:02

              Oui, sauf que le médecin traitant il ne veut pas. Les infirmières non plus (j’étais à un colloque à ce sujet dernièrement). Bref, personne ne veut le faire.

              Mon propos est : Et vous, voulez-vous le faire ?

              Parce que vous pouvez insulter les gens ci ca vous amuse... mais si vous pensez que les médecis traitants vont accepter une responsabilité aussi lourde (procès, plaintes, erreurs médicales) vous vous fourrez le doigt dans l’oeil.

              Au lieu de m’insulter, répondez-donc à ma question.

              Perso, je suis dispo pour venir vous débrancher quand cela vous convient (je plaisante).


            • Patience Patience 24 mars 2008 22:29

              Bretzel,

              Vous n’avez rien compris.

              Vous vous permettez même de plaisanter sur un des rares sujets qui, moi, ne me fera jamais rire.

              Il existe des personnes, j’en connais, qui auraient le courage d’aider un de leurs proches à mourir dignement et volontairement. Je pense en faire partie. Simplement, ces gens ne veulent pas aller en prison pour cet acte.

              A-t-on condamné des soldats pour avoir achevé d’une balle, un de leurs compagnons qui, agonisant, suppliait qu’on abrège ses souffrances ?

              D’une certaine façon, contre la mort et la souffrance, nous sommes toujours en guerre.

              Mais vous, vous plaisantez.

              Et les médias font du chiffre. Certains en sont là, et c’est lamentable.

               

               


            • Bretzel man 25 mars 2008 09:39

              Et comme tous les autres, vous ne répondez pas à ma question. Vous dites en gros, "oui les autres le feront", mais vous ?

              Non, je ne plaisante pas au sujet de l’euthanasie. Je me moque de ceux qui ont "euthanasie" à la bouche, à condition que ce soit les autres qui fassent le boulot. Bref, des laches, rien d’autre.

              Et votre comparaison avec l’armé est grossière et significative de quelqu’un qui n’a jamais fait son service. On ne procède pas de la sorte sauf à finir en court martiale.

              Bref, rangez votre violon et cessez de vous prendre pour un humaniste, en parlant au nom des autres vous ne parlez en fait que pour vous seul.


            • Patience Patience 25 mars 2008 10:07

              Bretzel,

              Puisque vous croyez, avec arrogance, si bien savoir qui je suis, et bien je me permets d’adopter la même posture à votre égard.

              Et donc, pas de chance pour vous, je suis maintenant d’accord avec Faxtronic : vous êtes un crétin.

              The end.

               

               

               


            • Bretzel man 25 mars 2008 13:51

              super, plus les cons me detestent et mieux je me porte. Va te faire foutre.


            • Rosemarie Fanfan1204 20 mars 2008 13:42

              Sylvain, je trouve que vous avez surfé avec habilité sur l’événement... Personnellement je n’aurai pas écrit de billet sur la mort de cette femme.

              Le sujet de l’euthanasie a été largement évoqué sur AV ces derniers jours, il n’y a rien à ajouter. Il y aura toujours les "pour" et les "contre". Laissons cette famille à son deuil.

               


              • fjr 20 mars 2008 15:22

                Je serais assez d’accord avec vous...n’était le fait que les médias et les politiques se sont maintenant pleinement emparés du débat.

                Dans ces circonstances, il me semble que ça devient à chaque citoyen, en son âme et conscience, de voir s’il pense utile d’apporter sa réflexion à l’édifice pour essayer d’influer sur les décisions qui vont se prendre dans les jours qui viennent.

                Et malgré les risques de dérapage, cette pseudo lettre ouverte me semble en définitive très respectueuse de sa destinataire.


              • Fergus fergus 20 mars 2008 13:47

                J’ai bien apprécié cet article pour sa mesure et sa distance vis à vis des propos épidermiques de trop nombreux compatriotes (y compris journalistes), prompts à monter au créneau pour défendre des positions pour le moins péremptoires, dans un sens ou dans l’autre.

                Personnellement, je serais quand même pour une évolution de la loi Léonetti, mais uniquement pour des cas où le malade en grande souffrance est physiquement (ou intellectuellement) dans l’impossibilité de mettre fin à ses jours. En écrivant cela, je pense bien évidemment à Vincent Humbert, mais aussi à ces grabataires réduits à un état végétatif et souvent douloureux. Ma propre grand-mère était dans ce cas-là. Elle a été euthanasiée par un médecin compatissant. Dans l’illégalité, comme des centaines d’autres chaque année.


                • ronchonaire 20 mars 2008 13:59

                  Nadine Morano a elle-même reconnu que la loi Leonetti ne couvrait "que" 95% des cas et que celui de Mme Sébire faisait partie des 5% restants (aujourd’hui, JT de 13 heures de France 2). Si la médiatisation voulue par Mme Sébire peut amener à une modification de la loi afin d’aider ces cas exceptionnels, tant mieux, je ne vois pas de raison de s’en plaindre.

                  Mes condoléances à la famille et aux proches.


                  • Ornithorynque Ornithorynque 20 mars 2008 19:54

                    Je suis ennuyé pour les partisans de l’euthanasie lorsqu’ils utilisent l’émotion. LA question ci dessous est cynique, mais savez vous, qui, avant Mr Romero a déclaré ceci :

                    Les autorités médicales...

                    "sont chargés, sous leur responsabilité, d’élargir les compétences des médecins qu’il conviendra de désigner nommément, afin qu’il puisse être accordée une mort charitable aux malades jugés incurables à vue humaine, après un examen très critique de leur état de santé"

                    Il s’agit de Adolf Hitler , le 1 Septembre 1939.

                    je ne veux bien évidemment pas dire que les partisans de l’euthanaise sont des petits Adolf Hitler.

                    Mais je suis troublé quand même. Et le fait même que l’on utilise systématiquement des situations exceptionnelles et visuellement fortes pour faire avancer le débat me semble un bien mauvais symptome pour la cause.

                    Je vais me faire moinsser grave !


                    • Ornithorynque Ornithorynque 20 mars 2008 20:27

                      En fait, mon post n’était pas une réponse au votre... avec lequel il avait peu de rapport d’ailleurs !


                    • Ornithorynque Ornithorynque 20 mars 2008 20:43

                      Parce que vous continuez à considérer Mme Sébire comme une personne, et pour celà à vouloir respecter un peu de décence... Et vous avez raison.

                      MAis la machine mediatique de l’ADMD n’a pas eu cette décence : si l’association était à cepoint attachée à la dignité, peut-etre aurait-elle essayé de traiter son cas dans la discrétion.

                      MAis l’ADMD a utilisé Chantal Sébire comme un Objet médiatique. Un Objet . Alors que c’est une personne.

                      J’ai encore discuté à midi avec un ami dont un parent,avait, 3 mois avant sa mort demandé à ce que l’on étudie la question en Belgique... L’entourage avait refusé catégoriquement... et le malade, quelque jours plus tard les a remerciés...

                       


                    • Atlantis Atlantis 20 mars 2008 22:50

                      La "petite" différence entre la déclaration d’hitler et l’euthanasie, c’est que dans la première la mort n’est pas voulue par la personne en question (bien au contraire) alors que dans la seconde elle est demandée par la même personne, en tout premier lieu.

                      A ceux qui refusent l’euthanasie à autrui, je pourrai souhaiter un jour d’être dans une situation où ils comprendront alors et la demanderont. Il sera alors trop tard pour eux, mais ils comprendront que c’est là une entrave à la liberté (vous savez, ce principe qui est en haut des frontons parait-il ?). La liberté de ne plus souffrir (ni faire souffrir ses proches) pour rien quand personne n’a de solution à vous proposer pour sortir de la maladie.


                    • yvesG2 20 mars 2008 20:10

                      Je reste abasourdie par les termes "douleur permanente".

                      De nos jours on est capable de gérer la douleur physique : cela aurait peut etre changé son combat si la souffrance "physique" avait été controlée.


                      • Dolores 23 mars 2008 08:51

                        Parce que vous êtes ignorant !!

                        La douleur physique ne se contrôle pas toujours.


                      • Bretzel man 25 mars 2008 09:41

                        Le plus souvent on y arrive, et qui vous intgerdit de penser que l’on n’y arrivera pas à 100% bientôt ? Vosu réviseriez votre jugement... ?


                      • phiconvers phiconvers 20 mars 2008 21:39

                        Bravo à l’auteur, admirable de bon sens et d’une modération méritoire face aux assauts sans vergogne des lobbies qui ont instrumentalisé la tragédie de cette dame, peut-être avec son consentement, malheureusement.

                        La civilisation repose sur quelques piliers parmi lesquels le respect de la vie. Tenter de briser ce pilier, c’est menacer tout l’équilibre de la vie en société, quoi qu’en disent les faux amis de Mme. Sébire.

                        Halte à ce chantage émotionnel insupportable. Laissons les morts en paix et travaillons pour l’avenir detous ceux qui, face à la mort et à la souffrance, doivent être accompagnés avec humanité, respect, douceur et déontologie.

                        L’ADMD est un groupe de pression sans états d’âme, qui prépare "les masses" à la mise en oeuvre d’une solution infâme à la question du grand âge et de la responsabilité de la société face à ceux qui souffrent. Ces gens militent pour un totalitarisme visant à écarter du monde ceux qui gênent. Des libéraux extrémistes, finalement. tout cela sous couvert d’humanisme. La ficelle est grosse et le procédé vomitif.


                        • vivelecentre 23 mars 2008 08:30

                          tout a fait ’accord avec vous

                          dommage que la fin soit gachée par le terme "liberaux extremistes"

                          je vois pas ce que le terme liberal vient faire par là..


                        • phiconvers phiconvers 26 mars 2008 21:15

                          @ vivelecentre : je me méfie d’un courant libéral français favorable à l’euthanasie et à d’autres choses, au nom d’une conception erronéee de la liberté (F. de Closets, Madelin & co.).


                        • phiconvers phiconvers 26 mars 2008 21:17

                          Une tribune du Monde, une fois n’est pas coutume, illsutre assez bien la raison qu’il faut conserver sur ce sujet : http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/03/26/existe-t-il-un-droit-a-la-mort-par-bernard-beignier_1027496_3232.html

                          Quand à la formule de Ch. Boutin, elle n’aura scandalisé que ceux qui, de toute façon, la détestent...

                           


                        • Dolores 20 mars 2008 22:03

                          La réaction des politiques est "saine" et la loi est "sage", dites-vous.

                          La réaction des politiques dit simplement : vous souffrez ! c’est regrettable, mais continuez donc à souffrir ; on s’en lave les mains, c’est la loi. Nous sommes en pleine santé,nous !

                          La loi si "sage" dit que vous avez droit à des soins palliatifs. Mais elle n’oblige pas ces soins à avoir un effet.

                          Elle dit aussi que l’on peut arrêter les soins. Mais elle oublie de préciser que si cet arrêt hâte l’évolution de la maladie et par conséquent la mort, cela n’empêche en aucune façon la souffrance.

                          Elle dit encore que l’on peut "laisser mourir" en privant le patient d’aliments et de boisson. Le patient meurt de déshydratation et agonise pendant plusieurs jours. On nous dit que les malades sont plongés dans le coma. Mais que savent exactement les médecins du coma ? Et qui est capables d’assurer à 100% que le malade ne souffre pas. En fait, c’est de la barbarie et de la cruauté volontaire qui devrait être punies légalement.Certaines personnes qui sont sorties du coma disent qu’elles entendaient tout, sentaient tout mais étaient dans l’impossibilité de bouger et de parler.

                          Donner la mort, par absence de nourriture, d’eau et de soins en suscitant une longue agonie barbare et cruelle est légal, donc sage à vos yeux.

                          Faire une piqûre létale qui fera mourir en quelques secondes (ou minutes) et sera moins cruel n’est pas légal, donc pas sage. Comme si les lois étaient l’émanation de la sagesse !

                          Contrairement à ce que vous semblez croire, la médecine n’est pas toujours capable de gérer la douleur physique.

                          Malheureusement la civilisation judéo-chrétienne a bien ancré dans les esprits que la souffrance était redemptrice et qu’il fallait enfanter et mourir dans la douleur. Mme Boutin, si elle représente l’esprit du catholicisme, a tenu des propos ignobles face à la douleur de Mme Sebire allant jusqu’à dire que ses préoccupations étaient esthétiques. Ce sont des personnes comme elle qui font des lois si "sages".

                           

                           

                           


                          • Sébastien Sébastien 20 mars 2008 22:36

                            Super article, je suis a 100% d’accord avec vous.

                            Merci.


                            • Loic 21 mars 2008 00:25

                               

                              Cette femme a fait la démarche de demander à mourir dans la dignité, de partir apaisée… c’est déjà moche, c’était pourtant la meilleure façon de partir selon elle.

                               Dura lex ced lex… la justice se trouve dans l’incapacité de répondre favorablement à ça requête.

                               Entre temps, une femme politique très connue pour avoir pleuré dans l’hémicycle lorsque des droits ont été donné aux couples homosexuels, affirme qu’elle est « "scandalisée qu’on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu’elle souffre et qu’elle est difforme" »…

                               Se faire traiter de difforme par un ministre de la république à de quoi choqué je trouve, d’autant que cette cruchotte de chrétienne extrémiste trop cher payée, avoue par cette déclaration ne rien avoir compris à l’affaire et ne pas connaître du tout le dossier, puisque la première personne à réclamer la mort de Chantal Sébire, c’est Chantal Sébire elle-même… et qu’elle n’a jamais fait allusion à son apparence pour justifier sa décision !

                               Pour elle se sera donc le suicide…

                               En tant que citoyen, je me demande en quoi les propos de cette ministre ont pu influencer son geste, certes décidé préalablement…


                              • phiconvers phiconvers 21 mars 2008 08:14

                                Au nom (ou au prétexte) de la compassion que vous dites avoir pour cette femme, vous croyez utile de taper sur Ch. Boutin. C’est facile, bien caricatural et dans le sens du poil... Le fait qu’elle soit catholique, qu’elle l’assume et tente de vivre en cohérence avec sa foi vous est sans doute insupportable.

                                Je ne vois pas que qui vous choque dans ses propos. Mme. Sébire était difforme, c’est-à-dire déformée par la maladie, et elle l’a revendiqué en convoquant la France dans sa vie, dans son intimité, dans son choix personnel (qu’elle voulait en fait partager, diluer ?). Ce qu’a dit Mme. Boutin est que la douleur et la difformité ne peuvent pas valoir condamnation à mort, c’est tout ! Il n’appartient pas à la société, ni aux médecins, ni à je ne sais quel comité d’éthique de déterminer si une vie vaut la peine d’être poursuivie ou pas. Cette question est fondamentalement personnelle, et il n’est pas tolérable qu’un candidat au suicide implique un tiers dans sa démarche.

                                Pas de quoi faire de grands moulinets contre la religion.


                              • Loic 21 mars 2008 10:47

                                A Phiconvers

                                « Au nom (ou au prétexte) de la compassion que vous dites avoir pour cette femme » 

                                Je pense que c’est un point commun que nous partageons tous ici. C’est au moins ça…  

                                Mme Boutin dit qu’une certaine partie de la société veut condamner Mme Sébire à mort, au nom de la douleur et de la difformité, or Mme Sébire n’a jamais justifiée son désir de mourir par son apparence… c’est une liberté que Mme Boutin prend pour cela et ça me dégoute un peu. Je trouve que c’est elle qui alimente son moulin à vent pro religieux sur ce coup là. 

                                Cette femme se prononce tour à tour contre les droits aux homosexuels, contre la construction de certains lieux de cultes depuis dix ans, elle fait parti de la droite actuelle qui souhaite remettre en cause l’IVG et se prononce contre les démarche de Mme Himbert et Sébire pour les plus médiatisés…. Je trouve que cela fait beaucoup de coïncidence pour une personne qui agit pour une république supposée laïque… 

                                Maintenant ce n’est que mon opinion et sachez que je respecte aussi la votre. 

                                J’espère ne pas trop vous énerver J , mais avouer que c’était limite pour une ministre du logement ?

                                 


                              • Dolores 23 mars 2008 08:38

                                A Phiconvers

                                Au nom de la compassion, je tape sur Mme Boutin sans aucune hésitation.

                                Les propos qu’elle a tenu ne sont pas dignes d’une ministre d’un gouvernement d’un pays laïque et encore moins d’une catholique . Ils était dénués de toute charité chrétienne.

                                Qu’elle soit opposée à l’euthanasie, c’est son droit le plus strict, mais qu’elle exprime son opinion de façon aussi brutale et sans la moindre compassion pour la souffrance d’autrui est pour le moins choquant.

                                Elle a cherché de plus à faire croire que la demande de Mme Sébire était des plus futile puisqu’elle n’aurait été dûe qu’à l’esthétique de son apparence. Par là même, elle nie sa souffrance et fait montre qu’une cruauté insupportable avec les mots qu’elle emploie.

                                Que Mme Boutin "soit catholique, qu’elle l’assume et qu’elle tente de vivre en cohérence avec sa foi ", est parfaitement honorable sur le plan privé mais qu’elle veuille imposer aux autres ses choix de vie est parfaitement intolérable surtout de la part d’un ministre. Je ne pense pas que sa foi lui donne le droit de se montrer cruelle, méprisante et insultante, bien au contraire. Elle avait le choix d’employer un autre vocabulaire.

                                Assumer sa foi doit déssécher le coeur.

                                Mme Sebire avait demandé qu’on l’aide à mourir , il ne s’agissait pas de lui appliquer la peine de mort ni de "tuer" une personne en bonne santé. Cétait son choix.

                                J’ignore ce que j’aurais fait à sa place et je pense que beaucoup sont dans mon cas : tant qu’on a pas réellement expérimenté la douleur en sachant qu’elle ne vous quittera plus jamais, on ne sais pas comment on réagira. Dire "il faut vivre avec" est un peu court comme réponse.

                                Personnellement la souffrance d’un être vivant, humain ou animal, me remplit de pitié et de compassion.

                                Je ne suis donc pas comme Phiconvers et Mme Boutin.

                                Mais il est vrai que je suis athée et donc totalement cohérente avec mes croyances !!!

                                 

                                 

                                 


                                • Bretzel man 25 mars 2008 09:43

                                  Être fier d’être athé, cela signifie tout simplement que l’on n’est pas athé mais en révolte. Le vrai athé ne s’en vante pas... Tout comme vous ne vous ventez pas d’être plus fort qu’une fourmi.


                                • Dolores 25 mars 2008 19:20

                                  A Bretzel

                                  J’ai plutôt l’impression à votre réaction que vous avez honte d’être catholique puisque vous n’êtes pas capable de dire clairement que vous l’êtes.

                                  Vous devez faire un complexe.

                                  Je suis pas fière, je suis. Et je ne vois pas très bien pourquoi je devrais en avoir honte !

                                  Et contrairement à vous, je suis tolérante : je ne cherche pas à imposer aux autres ma façon de penser, ni mes croyances. Mais je suis libre d’exprimer mes idées, les autres en font ce qu’ils veulent.

                                  J’ai dû toucher un point sensible.

                                  Croyez- moi une fourmi est assez costaud pour transporter et dévorer un Bretzel !

                                  A lire ce que vous écrivez, j’ai la forte impression que l’homme en colère, c’est vous.

                                  A cela vous ajoutez un QI particulièrement bas.


                                  • Patience Patience 26 mars 2008 03:26

                                    Le QI d’un bretzel, qui, faut-il le rappeler, est la pâtisserie préférée de Doubeliou, et se consomme généralement accompagnée de bière.

                                    Alors, "bretzel-Bush-Beer" ça doit flanquer une sacrée pagaille entre neurones déjà clairsemés.

                                     

                                     

                                     

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