Lettre ouverte à Monsieur Macron

 Tiens ! Il ne l'a pas trop ramené, cette fois, l'envoyé spécial des Rothschild. Apparemment, son arsenal à la big brother voté en force voire passé par décret n'est pas si efficace que ça. Certes tout n'est pas en fonction, mais ce qui l'est l'est-il, fonctionnel ?

D'Alluet-le-Roi au plateau d'Albion, les "centres de traitement de l'information" foisonnent avec des coûts chiffrables en milliards d'euros. Parce que monsieur Macron, plus que son collègue ou tout autre prédecesseur au ministère de l'intérieur, est le monsieur "tout électronique", génération geek sans concession. On ne peut pas être ministre du numérique sans avoir un pied dans le ministère de l'intérieur...n'est-il pas ? Bon, Monsieur Cazeneuve le lui rend bien, lui qui était...juriste à la banque populaire (pas mal comme CV pour un ministre de l'intérieur, non... ?)

Ce qu'une caméra ne vous dira pas, c'est quand un terroriste se dégonfle et n'actionne pas sa ceinture explosive. Ca, c'est le talon d'Achille de Daesh, Dieu merci. Ce qu'une caméra ne vous dira pas, c'est la présence d'une personne non fichée, d'une voiture non fichée. Ce que la surveillance électronique dans son ensemble ne vous dira pas, c'est où peut bien se balader untel s'il ne s'est pas équipé lui-même d'un mouchard, comme 35 millions de français (mais oui, vos chers smartphones avec applications à géolocalisations à gogo).

Dans le cadre des derniers attentats de Paris, il semble que Daesh ait évolué : il semble évident que les système de détonateurs n'étaient pas individuels, mais commandés depuis les 2 véhicules de dépose. C'est la seule explication rationnelle au fait que 4 terroristes se soient fait sauter sans tuer qui que ce soit. Ca non plus, les caméras ne vous le diront pas, ni Echelon, ni Alluet-le-Roi. On notera aussi que les enfants semblent avoir été volontairement épargnés, la mauvaise pub liée au nombre de victimes mineures lors de l'attentat contre le vol russe Kolavia 7K9268 semble avoir sensiblement modifié les cibles de Daesh. Dont acte.

Revenons au renseignement, le vrai, celui de papy et mamy, celui de Ceaucescu, celui de Hassan II : un agent de renseignement dans chaque bistrot, voire à chaque coin de rue. L'infiltration, l'îlotage, les agents de surveillance clochards, piliers de comptoirs, bref tous ceux que vous avez "mis à la retraite" comme des rénégats, en croyant les remplacer par quelques centaines, de milliers de caméras anthropométriques (qui repèrent encore à ce jour régulièrement Oussama Bin Laden aux 4 coins du monde...). Non messieurs Macron et Valls, vos Bernard Boucault, Claude Baland, et Patrick Calvar ne les ont pas remplacés. Vous avez voulu calquer la sécurité de la France (ou plutôt la coupler) avec celle des USA, celle-là même qui a permis au 11 septembre de devenir une date inoubliable.

Quid des Alain Chouet, Claude Silberzahn et autres directeurs de "la grande maison" ? Bernard Bajolet a fait le ménage, changé les méthodes, changé la tradition de l'homme pour traquer l'homme. Les anciens du SDECE vous le diraient encore aujourd'hui : ne se montrent à une caméra que ceux qui veulent bien se montrer, ne se montrent aux écoutes de quelque génération que ce soit que ceux qui veulent bien utiliser la technologie pour communiquer.

Pensez-vous sincèrement que le temps mis à retrouver Bin Laden est lié au hasard ? Ou au fait qu'il s'était coupé de toute technologie ? Une clé USB peut voyager "à coup de pigeon voyageur", comme un simple message, c'est vieux comme le monde, et ça, votre technologie anthropométrique n'y peut rien. Idem pour le bon vieux "bouche-à-oreille" ou le "téléphone arabe" (ça ne s'invente pas !).

A ce qui vient de se passer à Paris, il n'y a que 2 réponses possibles :

1) une intervention terrestre de (très) grande envergure, avec les forces de monsieur Bachar El Assad (à moins que vous ne souhaitiez voir Daesh prendre le pouvoir en Syrie, ou s'installer un merdier genre Irak ou Afghanistan ?), et avec Vladimir Poutine.

2) une révision complète des nouvelles méthodes de la DCRI, DGSE, DCRI (on finit par ne plus savoir comment appeler nos amis de la rue Saint-Dominique et de la rue de Villiers), qui ne se base plus que sur l'intelligence numérique.

Ces 2 réponses vont être dures à mettre en place, diplomatiquement en ce qui concerne la première, et logistiquement en ce qui concerne la seconde (la succession et surtout la formation des agents de renseignement de terrain "à l'ancienne" n'est plus assurée).

Conclusion : ces attentats-là ont été bien bâclés, et je le redis, Dieu merci. Si chacun des 8 candidats à l'attentat-suicide avait été formé comme celui du Bataclan et celui qui a pris la fuite, le nombre de victimes approcherait le millier (objectif estimé de l'opération).

Gilles SONDEREGGER