Lettre ouverte au CADTM, à ses responsables...
et aux membres de la Commission pour la Vérité sur la dette de la Grèce.

Bonjour à toutes et à tous, bonjour Eric, bonjour Olivier,
Vous décortiquez longuement et efficacement tous les éléments, et dieu sait s'il sont nombreux, qui vont permettre de prouver l'illégitimité de la dette. C'est un problème qui concerne au premier chef la Grèce, mais qui, pour de simples raisons mathématiques, s'étendra bientôt à la Belgique, à la France (nous avons vu le suicide récent de Jean Roujon, ancien maire français), et au monde entier.
Tous les pays sont endettés. Et bien entendu, chacun brûle de poser la célèbre question : "Mais si les pays sont endettés, alors où est passé l'argent ?"
La réponse de Thomas Piketty : "Nous sommes endettés les uns envers les autres." est doublement incomplète :
1. "Les uns" sont les plus riches, ou les plus prévoyants d'entre nous, ceux et celles qui ont réussi, avec les années, à mettre un petit pécule de côté. Ceux-là touchent les intérêts.
"Les autres" sont les plus pauvres, ou les plus démunis, ou les plus malchanceux, qui ont dû s'endetter pour survivre, qui n'ont pas eu la chance d'hériter d'un logement, ou qui n'ont pas eu la chance d'avoir les moyens physiques ou financiers de se protéger contre les difficultés de la vie. Ceux-là payent les intérêts.
2. Ces "uns" et ces "autres" n'ont pas CRÉÉ les instruments de dette, ils n'ont pas ÉMIS des titres de dette par une opération comptable qui consiste à créditer le compte de l'entité qui s'endette en premier lieu (à savoir une entreprise cotée, une collectivité locale, un ménage ou un État). Il existe en effet pour cela un certain nombre de "Spécialistes" qui n'ont pas seulement le privilège de se trouver à proximité du "robinet de papier", mais d'en constituer L'ORIGINE MÊME, car ils en ont la prérogative d'émission.
Et ces "uns" et ces "autres" dont parle Picketty ont seulement RACHETÉ ces instruments de dette, ces titres créés et émis par les Spécialistes lors d'une opération comptable simple, réalisée sans la moindre production réelle de leur part et sans le moindre centime d'imposition.
Au niveau secondaire, celui du rachat, oui nous sommes endettés les uns envers les autres, ou plutôt, les plus démunis d'entre nous sont endettés envers les plus aisés.
Mais attention : au niveau primaire, au niveau de la racine, au niveau de ce que Maria Lucia Fattorelli appelle très justement "les mécanismes qui ont créé cette dette", se trouvent des émetteurs privilégiés qui ont ce pouvoir exorbitant d'endetter autrui sans avoir rien produit eux-mêmes, par un simple mécanisme comptable.
Au premier niveau se trouve donc une étude cruciale à réaliser : est-il légitime D'ÉMETTRE de la dette par une opération comptable ? Et si oui, est-il légitime que ce soit un groupe de spécialistes qui profitent de cet avantage colossal sur tout le reste de la population, et des bénéfices financiers prodigieux de ce privilège ?
La circulation secondaire de cet endettement primaire est peut-être parfois, et même souvent elle-même illégitime. Mais que dire de quelqu'un qui vous donnerait un bout de papier à signer en vous disant : "Voici 1 million, vous devrez m'en rendre le double sur 20 ans", et qui revendrait ce papier à d'autres, leur faisant croire que sa manipulation est saine, honnête et... légitime ?
Votre combat est magnifique, mais il sera encore plus long et difficile que prévu. Les enjeux, nous le verrons bientôt, vont bien au-delà de la Grèce, bien au-delà des épargnants allemands. Je serais très heureux de vous accompagner dans ces nouveaux développements.
Et en attendant votre appel, je vous souhaite tout le succès possible dans votre lutte.
Amicalement
Gérard Foucher
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